One-way ticket for another life ♖ Elely

Elely

La folie avait finalement eu raison d'elle et c'est en sombrant dans le désespoir qu'elle s'était involontairement conduit à une mort certaine. C'était un combat perdu d'avance et pourtant elle n'avait pas hésité bien longtemps à s'y risquer. Peut-être cherchait-elle à se punir, parce qu'elle ne supportait plus de se regarder en face après la mort d'Isrâ ou encore la trahison de son frère cadet.

Parce que la souffrance du cœur était trop insupportable, alors elle voulait la faire disparaître derrière une souffrance physique plus intense encore.

Parce que cette louve pâle avait planté la petite graine de la haine en elle, chose insignifiante qu'elle avait ignoré, aujourd'hui devenue une plante envahissante et dévastatrice nourrie par la déception et la rancœur. Une plante qui n'avait cessée de grandir et de s'enrouler autour de son cœur pour mieux l’étouffer.

Mais voilà qu'elle avait échouée et qu'elle était à terre, vulnérable.

Dans ce voile épais qui se forme autour d'elle elle ne voit plus qu'une silhouette s'approcher d'elle. Elle n'entend que des sons incertains mais elle reconnaît la menace. Elle sait au fond d'elle qu'elle ne sera pas épargnée. Elle sent le souffle chaud s'approcher de sa gorge, la pointe des crocs lui effleurer la peau mais elle ne peut plus bouger. Et le veut-elle? Quand son cœur a déjà abandonné, son esprit et sa fierté eux combattent encore et la maintiennent consciente. Les blessures sont graves, la motivation s'évanouit de plus en plus à mesure que la sentence approche. La souffrance qu'elle désirait tant est là et elle l'accueille sans débattre, fermant les yeux. Elle sent sa chair mise à nue lui brûler comme si elle était en contact avec des flammes ardentes. Elle sent ses muscles se paralyser comme si on venait de la transpercer avec des milliards de lames. Elle avait l'impression que son corps n'était plus que lambeaux baignés dans un sang chaud.

C'était beaucoup trop long. Qu'attendait-elle pour l'achever ? Pour mettre fin à toute cette douleur ?

Elle l'avait accepté, finalement, sa fin. Mais elle ne venait pas. A la place, elle sentit son corps se tordre, malmené, elle sentit ses blessures se déchirer davantage. Quand elle voulut ouvrir les yeux elle ne vit que tâche rouge. Quand elle voulut se repérer à l'odorat, elle ne sentit que fer. Quand elle voulut entendre, elle n'entendit qu'un bourdonnement lointain. Il n'y avait plus rien, plus rien à part ce gouffre qui l'appelait, ce trou noir dans lequel elle tomba doucement.
Son cœur était enfin apaisé.

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Ses pensées lui revinrent peu à peu, puis vinrent ensuite les sons. Une voix, grave, une voix qu'elle connaissait..  Où était-elle ? Pourquoi était-elle dans cet état ? Pourquoi.. Pourquoi mon corps me démange-il autant ? Impossible d'ouvrir les yeux ou la gueule cependant. Elle ne pouvait se fier qu'à ces douleurs ciblées et à cette voix. Elle finit par la reconnaître cette voix, après un long moment d'égarement et quand elle put finalement ouvrir les yeux ou même bouger, elle choisit de ne pas le faire. Parce qu'elle se souvint, maintenant, et elle a honte. Elle choisit de faire semblant d'être inconsciente, de ne pas entendre ces paroles emplie de pitié.