Timeless - Elely

C'était étrange de revenir ici, de constater l'avancement des choses.
C'était comme un retour dans l'temps, avant qu'Isrâ n'soit bouffé•e par les vers et que sa précieuse ne se retrouve prisonnière du chaos.

Ca faisait du bien, aussi, d'rentrer, elle devait bien l'avouer, Onyx. Ces visages familiers, ceux de ces Solitaires bâtisseurs du refuge qui serait leur lui avaient presque manqué, durant sa quête pour retrouver Miraj.
Beaucoup de choses restaient à faire et beaucoup de réponses lui manquaient encore -pour le moment-, il y avait cependant une promesse qu'elle tiendrait, encore : Celle de ramener des pierres brillants à la môme.

Et qui donc, sur leurs terres, possédait des pierres plus belles que celles de sa super frangine 'Gathou ?
Elle gagnerait du temps en passant par elle et, de ce temps, Onyx en avait besoin.

Un sourire sur les babines et d'une tranquillité qui aurait pu être étonnante lorsque l'on avait connaissance de tout ce qu'elle avait eu à encaisser dernièrement -mais la licorne se voulait optimiste et forte, toujours-, la louve brune partit en quête de sa petite grande soeur.
Ce fut une autre odeur, qui lui parvint, pourtant.

Et le souvenir de la lagune.

Son sourire s'effaça et elle oublia, un instant, les cailloux.
Mais pas Miraj. Elle ne l'oubliera jamais, Miraj.

Ses pattes l'emmenèrent jusqu'à elle.

- Elely...

Elely

Plus les soleils se levaient sur le gouffre, plus Elely culpabilisait de se cacher dans cet endroit où dormait autrefois sa grand mère. Ce n'était pas dans ses principes de se cacher mais la honte de sa défaite était beaucoup trop grande, elle se sentait laide et faible au travers de ses cicatrices fraîches et de ses bandages ridicules, de ce corps mal entretenu qu'elle n'aimait plus. Elle ne voulait pas qu'un membre de sa famille la voit ainsi et elle ne voulait surtout pas affronter le jugement sévère de Mère.

Oh Elely si tu savais.. Si tu savais qu'en réalité elle avait déjà fermé les yeux pendant ton absence..

Elle passait donc ses journées avec son oncle Teddy et au fur et à mesure qu'il était à ses côtés elle se sentait plus apaisée, plus protégée. Elle pouvait lui parler ouvertement un peu plus chaque jour, chose qu'elle n'avait jamais osé faire autrefois par fierté et parce que c'est ainsi qu'elle avait grandit : dans une famille impassible, sous l'éducation intransigeante d'une reine forte et impressionnante dont elle s'efforçait de suivre les pas. Il avait cependant une manière de pensée tellement différente de sa mère, qui lui rappelait un peu son défunt père. C'est peut être pour ça qu'Elely acceptait de l'écouter, parce que ça lui rappelait les valeurs et paroles de son paternel, de cet être déchiré disparu un beau jour, il y a si longtemps maintenant au point qu'elle en avait oublié les enseignements.

Pardon père, de t'avoir déçu toi aussi..

Son regard bouleversé était perdu sur le paysage nuageux à côté d'elle, tête tournée vers la forêt où se situait la cascade d'Ao. L'odeur qui lui parvint la laissa indifférente et elle ne détourna pas les yeux car elle la sentait déjà tous les jours, c'était sans aucun doute son oncle qui rentrait. La voix qui murmura à ses oreilles au loin en revanche n'avait rien de la sienne. Elle était plus douce, plus féminine et délicate.. Son cœur fit un saut dans sa poitrine et ses yeux, eux, s'ecarquillèrent sur son visage figé lorsqu'elle reconnut sa source. Onyx..

Oh non. Elle va me voir dans cet état. Je ne veux pas qu'elle me voit, je..

Elle tourna ses prunelles sur la disciple bleue et la fixa avec stupéfaction, gueule entrouverte. Elle avait le poil ébouriffé, ses cheveux étaient lâchés en pagaille et son corps était creusé sur les côtes, ainsi que sur les joues. Elle n'était donc pas du tout présentable, au pire d'elle même, une épave. Elle se sentait affreusement nue devant son amie, une amie bien particulière puisqu'elle torturait ses pensées chaque nuit.
Sa queue vint se replier sur ses pattes pour cacher un maximum de son corps et elle baissa les oreilles d'un air gêné. Il était hors de question de fuir cette fois, elle l'avait déjà trop fait devant elle et elle s'était résolue à ne plus le faire, parce qu'elle ne voulait pas la perdre. C'était la seule qu'elle avait après tout, la seule qui la rendait plus joyeuse, plus naturelle. La seule qui restait et l'appreciait malgré son sale caractère.

Que va-t-elle penser de moi maintenant ? Elle doit me trouver bien pitoyable.

Bonjour Onyx.. Marmonna-t-elle d'une voix à peine audible.

L'expression peinée, ses prunelles retournèrent sur le paysage loin de ses yeux violacées, loin de sa pitié blessante.

Qu'Elely se retrouve au gouffre ne la surprenait pas vraiment : Après tout, la rouge avait pu être intriguée par ces quelques loups réunis, ou alors, avait ressenti l'envie de passer un moment avec Teddy.
Mais la découvrir comme ça, affaiblie, le visage émacié et, surtout, l'air si mal...
Elle l'avait toujours connue bien trop fière.

Putain, Papa, pourquoi tu m'as rien dit ?
A quel moment t'as oublié d'me prévenir de ce genre de choses. C'pas comme si tu savais pas, qu'elle est importante, pour moi, Elely.

- Fais pas cette tête, t'es belle dans n'importe quelle situation.

Un léger sourire flotta sur ses babines, une expression et des mots audacieux prononcés d'une légèreté qui, elle l'espérait, détendraient un peu l'atmosphère.
Et par ce que ce n'était pas totalement faux, ça : Elely n'avait pas à rougir de se retrouver dans un tel état, par ce que n'importe qui pouvait vivre des choses éprouvantes, dans sa vie, par ce qu'Onyx n'était pas du genre à s'attarder sur des cheveux ébouriffés -il ne manquerait que ça, vu les siens et l'odeur saline qu'elle portait sur son poil- et par ce que, ouais, c'était vrai, elle était disciple d'la tigresse, Elely, et elle était toujours jolie.

Y'avait vraiment qu'elle pour se préoccuper de c'genre de choses, ici.

Onyx cessa de l'observer, elle ne l'avait pas fait longtemps, d'ailleurs, sentant l'embarras de son amie. Elle jugea d'ailleurs qu'il était, tout d'même, plus sympa d'avaler, de quelques pas, la distance qui les séparaient encore, pour la prendre contre elle, entre ses pattes avant.
Voilà, comme ça. Un p'tit câlin pour celle qui en avait sûrement besoin.

La vie n'avait pas été facile, pour Elely. Au moins, ici, ils seraient là pour veiller sur elle, son père et elle. Son attention se devrait d'être partager entre Miraj et sa tante.
C'était comme si quelque chose viendrait toujours lier sa famille à celle de l'amie d'son père, eh.

- J'suis là.

Parle, si tu veux.
Pleure, si tu veux.
J'suis là, pour tout, pour toi.

Elely

Le compliment lui fit plisser les yeux et elle soupira d'une grande bouffée par les naseaux. Toujours aussi belle. Pas vraiment non, Moiro aurait probablement honte de voir son relâchement.. Elle n'y croyait pas du tout à ce genre de parole, surtout lorsque c'était prononcé dans le but d'apaiser un cœur blessé. Elle était du genre bornée et trop fière pour accepter que ce soit aussi facile, surtout venant d'une personne aussi importante à ses yeux.

Lorsqu'elle vit du coin de l'œil la silhouette de la disciple bleue s'approcher elle eut un mouvement de recul de la tête mais le corps n'eut pas le temps de suivre qu'elle était déjà prise au piège, encerclée par ses pattes. Un piège étrangement agréable, mais aussi très gênant et quelque peu humiliant. Quand son cœur appréciait sa proximité, sa tête elle, ne pouvait s'empêcher de répugner ce sentiment de faiblesse. Elle connaissait bien ça, dans ses romans : la compassion.. La pitié que l'on a devant une âme triste, l'envie de la blottir contre soi, parfois non pas par désir mais par simple empathie. Elle était une licorne après tout, la douleur des autres était aussi la sienne, elle ne pouvait pas s'empêcher de vouloir aider toutes les âmes désolées qu'elle croisait. Ce contact n'avait peut être rien d'unique à ses yeux alors, Elely n'avait certainement pas plus de place qu'un autre dans son cœur.

Le corps tendu, sa tête resta en suspend au dessus de l'épaule d'Onyx. Elle pouvait y sentir son odeur comme un lointain souvenir de joie et de chamailleries. Ça la rendait nostalgique ces moments d'innocence qu'elles avaient pu vivre au début, des moments de joie, simplement, où Elely ne réfléchissait pas trop. Pas comme maintenant.

Excuse moi d'être partie comme ça la dernière fois.

Sa voix est légère mais un peu amère, elle avait déjà versé tant de larmes ces derniers jours qu'elle ignorait si il y avait encore de l'eau dans son corps. Ses poches sous ses yeux rougis témoignaient du triste état qu'elle essayait de maîtriser encore maintenant. Mais elle ne pleurerait pas non, pas devant Onyx.

Tu n'as pas dû le vivre très bien toi aussi, ce qu'il s'est passé..

Elle préférait éviter le sujet, Elely, mais elle savait que son amie avait aussi des souffrances qu'elle taisait. Elle n'était pas vraiment du genre à écouter ce genre de chose mais elle pouvait comprendre, du moins, et ça la rendait empathique elle aussi.

- T'inquiètes pas pour ça.

C'était vrai qu'Elely était la championne pour prendre la poudre d'escampette à chacune de leurs rencontres, dès lorsque le sujet de la famille, ou quelque chose comme ça, venait à être abordée.
Onyx n'était, cependant, pas rancunière et lui ne lui avait fallu, d'ailleurs, pas bien longtemps pour voir ce qui était évident : Elle était sacrément émotive, Elely.

La sentant tendue, Onyx relâcha un peu son étreinte, sans s'écarter pour autant.
Elle hocha la tête.

- Oui.

Y'avait pas un jour ou elle se sentait pas coupable, en partie, de ce qu'il s'était passé, et pas un jour non plus sans qu'elle ne s'inquiète pour la p'tite Mimi.
C'était, cependant, pas trop dans ses habitudes de ruminer ce genre de choses, en tout cas, pas trop, et pas en restant inactive : Restait en elle cette furieuse envie de réparer, ou au moins, de faire de son mieux pour que la gosse soit en sécurité.
Elle prit les pattes avant d'Elely entre les siennes.

- Y'a beaucoup de choses que j'regrette et j'sais que si je pouvais revenir en arrière... Mais j'peux pas revenir en arrière, y'a pas d'autres choix que de faire avec ce que sont les choses actuellement. J'pourrai pas ramener Isrâ. Mais j'sais que j'peux faire quelque chose pour sa fille.

Son regard trouva celui d'Elely, tenta de l'accrocher.

- T'as mal, toi aussi. Mais tu sais quoi ? On se relèvera, ensemble, par ce qu'on est pas seules. J'te lâcherai pas, jamais. T'entends ? Jamais.

Toi, tu vivras vieille et tu s'ras heureuse. Pas maintenant, pas demain non plus, mais ça viendra.
J'veux voir, sur ton visage, le plus beau des sourires.

Elely

Elle pardonne tout, Onyx, tout le temps. Comment fait-elle pour ne pas ressentir de la rancune envers elle, après toute ses fois où elle a fui, après tous ses secrets qu'elle garde égoïstement ? Elely ne comprenait pas vraiment d'où la disciple bleue tirait une telle force, ou peut-être était-ce de la naïveté après tout. Dans sa famille la pitié n'existe pas, les sentiments non plus d'ailleurs et c'est bien pour ça qu'Elely resta perplexe et un peu froide.

Lorsque la louve se détacha, elle affronta son regard non sans mal-aisance. Bien qu'elle la repoussait, une part d'elle jalousait la violette pour avoir été aussi proche d'Isrâ avant son sacrifice. Elle, n'avait jamais su qu'iel avait porté un enfant, ni qu'iel souffrait en silence. Sa propre sœur, son propre sang n'était pas plus proche d'iel qu'une étrangère finalement. Quelle déception dans son cœur en découvrant que son amour pour Isrâ n'était pas réciproque.. Même si dans leur famille les sentiments étaient refoulés cela n'empêchait pas Elely d'en avoir malgré tout, d'aimer sa fratrie parce qu'ils avaient grandis ensemble, vécus les mêmes difficultés. Mais de toutes évidences elle était naïve elle aussi. Assez naïve pour rêver d'un amour fraternel, d'un amour parfait, d'un amour impossible.

Ses oreilles piquèrent vers le ciel lorsqu'Onyx mentionna la fille d'Isrâ et ses prunelles la fixèrent avec plus d'attention.

Sa fille.. Mais oui ! Quelle conne je peux être, ça m'était sortie de la tête.. S'exclama-t-elle d'abord, puis sa voix redescendant pour ne devenir qu'un marmonnement évasif, triste.

Ainsi donc, elle était tata. Un nouveau membre de la famille errait quelque part, un bout d'Isrâ, un bout de leur chair et de leur sang.

Je dois la retrouver.

Elle se releva, d'un coup, prête à partir déjà, le regard fixant son objectifs au loin, un itinéraire, un chemin inconnu encore.

Je dois m'en occuper, la présenter à ma famille.. Je dois..

Elle se coupa, un peu perdue. Et puis elle se rendit compte de ce que venait de dire son amie.

« J'te lâcherai pas, jamais. T'entends ? Jamais. »

Son cœur fit une embardée et elle sentit quelque chose d'étrange dans sa poitrine, dans son ventre. Elle ne savait pas si elle devait y croire mais en tout cas elle n'était pas insensible à cette déclaration. Toutes ses pensées s'évaporèrent comme si elle venait de souffler dessus et elle devint nerveuse, sa queue fouettant l'air de manière irrégulière. Elle mit du temps mais son regard revint chercher le sien, avec plus de courage que les fois précédentes.

Pourquoi ? Pourquoi tu es si gentille avec moi?

Pourquoi mériterait-elle autant d'attention ? Elle, elle en avait eu si peu, pour Onyx. Était-ce encore un élan de générosité venant de son sang de licorne ? Était-elle comme ça avec tous ses amis ?

Comment peux-tu en être aussi certaine.. ?

La question était posée d'une voix neutre, incertaine. La réponse n'allait peut-être pas lui plaire mais elle devait comprendre. C'était beaucoup trop facile, Elely avait besoin de temps, d'actes pour y croire sincèrement. Ce n'était peut-être que des mots jetés sans réfléchir, car qui sait ce que l'avenir leur réserve ? Des promesses comme celles-ci il y en avait tellement.. et dans ses romans ce genre de paroles étaient synonymes de tromperies. Elle ne voulait pas souffrir d'avantage non, elle ne voulait pas perdre de nouveau quelqu'un de cher. Son frère lui avait promis, lui aussi, et il était parti. Elle aussi, partira.

La mention de la fille d'Isrâ fit instantanément réagir son amie, lui greffant dors et déjà des projets dans la tête.
C'était pas une mauvaise chose, si ça lui donnait un objectif et, mieux encore, une raison d'avancer, de se battre et de vivre. Onyx ne pourrait que la soutenir, tout en tentant de la protéger, elle aussi.
Qui savait vraiment de quoi le chaos, celui qui entourait l'enfant, était capable...

Les paroles de la louve rouge ne la heurtèrent pas : Elle comprenait ce manque de confiance. Son contexte familial n'était pas des plus simples, et puis, elle était tellement cassée, Elely.
Onyx, elle, avait eu la chance de naître et de grandir entourée d'amour, qu'ils soient celui que ses parents se portaient mutuellement mais aussi celui qu'il lui portait, et ses sœurs Mais c'était clairement pas le cas, pour son amie.
Alors, elle ne pouvait pas lui en vouloir, pour cette méfiance.

- J'suis bête mais pas assez pour pas savoir qu'on fait pas c'genre de promesses si on est pas prêts à tout mettre en œuvre pour les tenir. Puis t'es importante pour moi, Elely.

Elle ne promettait pas à tout le monde par ce qu'il y avait des gens pour qui elle ne pourrait déployer tant d'énergies. Mais pour elle, ce serait sans hésiter, sans ciller.
La licorne lui offrit un sourire sincère.

- Je t'aiderai.

Ca ne faisait aucun doute.
Elely était peut-être la seule alliée qu'elle pouvait accepter dans cette quête sans avoir à froncer les sourcils.

- La p'tite... Elle s'appelle Miraj. C'est le nom qu'Isrâ lui a donné. Mais faut faire attention, Elely : les circonstances de son retour sont particulières. Ce sont des Nakhus, qui l'ont trouvée en premier, guidées par leur déesse, Yurai. Celle ci a vue Miraj portant la mort et le chaos.
On en a vite eu la confirmation : y'a un monstre noir qui est arrivé, il a parlé, il a dit qu'on était... pas drôles. Et il a emmené Miraj, et l'une des Nakhus.

Elle fronça les sourcils, à cette évocations.
C'était elle, qui aurait du se retrouver sur l'Atoll, avec Miraj, pas... pas une étrangère.

- On a rien pu faire, avec l'autre Nakhu. On s'est séparées, j'me suis lancée à la recherche de Miraj, j'ai parcouru tout le territoire, pour finalement la trouver. Elle va bien et agit comme n'importe quelle gamine, mais l'endroit où elle se trouve est sous l'effet du chaos. J'sais que le monstre n'est pas loin. Ao m'a mise en garde contre lui. Il embrouille même les Dieux. Il faut que j'trouve un moyen de sauver Miraj.

Elely

Importante. Une esquisse de sourire étira timidement ses babines sur son visage assombri. Comme si un rayon de soleil venait de passer sur son visage pour l'illuminer, brièvement, avant de se faire engloutir par les nuages qui encombraient son cœur. Elle n'était pas du genre à accepter de l'aide Elely, elle avait trop de fierté pour admettre qu'elle avait besoin d'un coup de patte. Elle avait été élevée à accepter tous les défis, à affronter tous les obstacles, seule, forte. Elle n'avait jamais reçu d'aide, tout simplement, à part celle de son oncle récemment. Une aide qui lui restera à jamais en travers de la gorge car bien que ça vie aie été sauvée, son honneur lui, avait été sali et enterré.

Elle écouta les informations murée dans un silence impassible, à la fois intéressée et perturbée par certaines d'entre elles. Son regard finit par se baisser en biais, perdu dans les profondeurs de ses pensées. Elle devait aller voir Moiro pour lui demander conseil, peut-être saura-t-elle quelque chose de ce monstre. Ou alors devrait-elle directement en discuter avec ce grincheux de Raptor ? Isrâ était son disciple alors il devait forcément avoir d'autres informations, et puis il était le dieu du savoir et de l'intelligence non ?

Qu'importe ce qu'est cette chose, je ramènerai cette enfant chez elle par tous les moyens possibles.

Sa voix était calme mais déterminée et dure.

Elle fait partie de ma famille, sa place est avec nous et personne d'autre.

Une étincelle se ralluma dans ses prunelles d'azur, elle avait trouvé un nouvel objectif, une raison assez importante pour avancer, pour se relever. Il ne s'agissait plus de son honneur maintenant, mais des dernières volontés d'Isrâ et elle ne pouvait pas échouer une seconde fois. Elle avait été trop absente pour iel et elle ne pouvait plus rattraper le temps perdu. Il ne restait que sa fille maintenant, pour qui elle pouvait être présente, cette fois.

Elle posa son regard sur la violette, l'expression reconnaissante et un peu gênée.

Merci Onyx..

Des mots difficilement prononcés, presque trop bas pour être entendus. D'un coup de patte rapide et pour chasser son malaise, elle remonta ses cheveux en un chignon grossier, le temps de trouver une flaque pour se recoiffer correctement plus tard. Elle finit par s'immobiliser face à la disciple bleue après un petit moment de nervosité, pour la sonder, étrangement, yeux plissés.

Pourquoi veux-tu la sauver ?

Une enfant qui n'avait aucun lien de sang avec elle, aucun lien affectif et pourtant elle était prêtre à affronter le danger pour elle. Se pourrait-il qu'Isrâ avait eu beaucoup d'importance pour la violette aussi ? Elely ne comprenait pas ce genre de gentillesse gratuite, elle, ne connaissait que ce qui était payant. Pour elle tout avait une récompense, tout était fait dans un but précis et égoïste. Elle avait beau lire des romans sentimentalistes, elle ne parvenait pas toujours à comprendre certaines moralités.

Onyx hocha la tête.
Elle préférait clairement la voir comme ça, Elely, pleine de détermination et prête à en découdre.
Au point qu'elle ne jugea pas nécessaire d'apporter d'autres précisions, comme le fait que Miraj ayant été élevée par une Nakhu, ça allait être difficile, voir immoral, de l'arracher à elle. Nan, vraiment, surtout vu l'âge de la gosse, ça allait pas être possible de la ramener ici et d'finir de l'élever.
C'était quelque chose dont la licorne était consciente depuis un moment et c'était aussi pour ça, qu'elle avait laissé l'enfant sur sa plage, ce jour là.
Si elle avait voulu l'adopter, une autre (conne) l'avait fait à sa place.

Enfin, c'était des choses qu'Elely comprendrait vite, malheureusement.
...
... En fait, ce serait ptet pas mal, de le préciser.

- Elle a été élevée par une Nakhu. Même si ça fait chier, j'pense qu'elle y est attachée. On pourra... on pourra ptet pas la prendre avec nous.

On pourra sûrement pas la prendre avec nous. Mais la protéger, ça, oui.

- Mais j'ai pas envie qu'elle aille chez eux. J'la sens pas, leur déesse. Puis ils ont fermé leurs frontières et ils voudront ptet pas nous laisser la voir.

Vraiment, si la Nakhu s'était mêlée de ses putains d'oignons, elles n'en seraient pas là.
.. Bon ok, Miraj serait ptet totalement seule sur son ile.

- Mais avant tout, j'veux qu'elle soit heureuse, c'te gosse. Et en sécurité.

C'était au moins ce qu'elle pouvait faire pour elle. Elle le serait pas, heureuse, si on l'enlevait de force pour des principes ou une histoire de famille que la gamine ne connaissait même pas.
Enfin, Elely pourrait toujours créer des liens avec Miraj, sans l'emmener avec elle, devenir une tante présente... Si les Nakhus faisaient pas leurs casse couilles.
Onyx pinça les babines.

- A la base, c'était par ce que j'me sentais responsable, de tout ça, de son retour, et tout... Mais maintenant, c'est par ce que je l'adore. Je l'ai rencontrée, c'est une gamine géniale. Elle mérite pas ce qui lui arrive.

Elely

La réalité lui revint comme une claque en pleine figure et elle fronça les sourcils, prise par un pincement au cœur. La détermination dans son regard s'était obscurci en une lame acérée prête à assassiner quiconque oserait s'y plonger.

On verra bien quand on y sera. Je n'ai aucune envie de la laisser avec une inconnue. Pesta-t-elle avec une colère contrôlée mais visible.

Heureusement il ne s'agissait pas d'une Etelkrue, mais quand même..

C'est aussi ce que je veux.. Et c'est pour ça qu'elle doit absolument revenir avec nous.

Elle croisa les prunelles de la disciple bleue, l'expression dure, presque jalouse de ces propos. Elely n'avait pas encore rencontré cette enfant mais elle était tout ce qui restait d'Isrâ et elle ne pouvait s'empêcher de la vouloir que pour elle, que pour leur famille. C'est avec eux qu'elle serait protégée, avec eux qu'elle serait choyée.

Ou peut-être pas tant que ça.. tout compte fait.

Le doute s’immisça dans son esprit en repensant à l'état de leur famille actuellement. Tout était entrain de partir en vrille et ni elle ni ses soeurs ne connaissaient ce qu'était le « bonheur », alors comment en apporter à cette enfant ?
Elle secoua la tête pour chasser son hésitation et son corps s'avança jusqu'à se mettre dos à la violette.

Quand seras-tu prête pour y aller ?

La licorne soupira.

- Tu l'emmèneras pas par la force, si elle veut pas.

Je le permettrai pas.
C'te gosse avait déjà connu trop de bouleversements dans sa vie sans que sa tante, aussi bien intentionnée soit-elle, ne vienne en rajouter.
Et puis, ils étaient déjà trop nombreux, et elle pensait notamment aux Nakhus, à vouloir décider de ce qu'il adviendrait d'elle, comme si elle n'était qu'une poupée donc chacun pouvait faire ce qu'il voulait. Onyx elle même contenait ses regrets et, surtout, sa jalousie du mieux qu'elle pouvait : Elle aurait aimé s'retrouver à l'Atoll à la place de cette Nakhu et, se l'avouait, être celle que Mimi aurait appelé Maman, à défaut d'avoir, à ses côtés, son parent.
Mais elle savait que, étant donné les évènements récents, elle pourrait jamais s'imposer comme telle, que c'était trop tard et elle n'avait pas d'autres choix que celui de l'acceptation.

Elle pouvait, cependant, compatir pour Elely.

- Moi aussi, j'aurais voulu la ramener ici. J'aurais voulu être à la place de cette Nakhu. Mais ça s'est pas fait comme ça, et faudra faire avec et pas oublier qu'elle est une individu, avec sa propre volonté, et pas seulement la fille d'Isrâ. Ses envies comptent autant, si c'est pas plus, que les nôtres.

Puisqu'elle la concernaient.
A quoi bon avoir Miraj avec elles, si elle était malheureuse ?
Onyx s'avança également et son regard s'illumina.

- Ca fait des mois que j'suis prête ~

Prête à tout pour elle.
Si Elely n'avait rien à ajouter, elles n'auraient qu'à se mettre en chemin.