Le grand amour † Iberis

De temps en temps, quelqu'un appelait sa mère qui s'en allait alors.
Et parfois, Iberis en profitait pour faire le mur, une heure ou deux... parfois un peu plus, lorsqu'Holly promettait d'être absente un bon moment. Il s'arrangeait toujours pour revenir avant qu'elle ne remarque son absence, impeccable, et elle ne pouvait alors -du moins, le pensait-il- se douter de rien.
Il y avait, en lui, tant d'esprit.

Un sourire confiant sur les babines, Iberis s'était hâté de franchir la frontière. Comme à son habitude, il s'était apprêté : hors de question de paraître négligé lorsque l'on était enfant d'Alpha.
Plus encore, il se savait, se trouvait, beau et était décidé à rendre justice à ce don offert. L'on oublierait alors son arrière train un peu trop haut et ses pattes encore fines, comme celles de bien des adolescents.

Et puis, en terres libres, il croiserait sûrement des jolies filles.
C'était peut-être la principale raison de ce physique particulièrement soigné, aujourd'hui.

Il ne s'attendait, cependant, pas à ce que l'une de ces jolies filles l'attende ici même et ne crie son nom.
C'était agréable, bien plus que tout ce qu'il avait envisagé pour cette journée. Il n'avait pas pensé la revoir, ou du moins, pas de sitôt, à moins, peut-être, de s'infiltrer sur son Atoll.
Elle était toujours aussi mignonne, peut-être même plus encore... Alors pourquoi pas passer un peu de temps avec elle.

Iberis sourit.

- Bonjour Miraj. Je suis content de te revoir.

Et l'on commençait cette nouvelle entrevue par de douces paroles.
Il savait y faire.

Elle était folle de lui.
Son attitude ne laissait aucun doute quant à son adoration -du moins, c'était ainsi qu'il le percevait- pour sa personne et, bien sûr, le jeune mâle ne pouvait qu'en être flatté.
Il redressa d'ailleurs le menton, fier, et la laissa venir à son contact. Lui, la gratifia d'un sourire plus éclatant encore.

- Merci.

Et il deviendra plus beau encore, avec le temps, il le savait.

- Tu deviens aussi de plus en plus belle.

Il n'était pas gênant, pour lui, d'être vu aux côtés d'une beauté comme elle.
Sauf, peut-être, si leur route venait à croiser celle d'un autre Etelkru : il lui faudrait alors, probablement, expliquer pourquoi il se trouvait en compagnie d'une solitaire, aussi mignonne soit-elle... Mais soit, malgré le risque et par ce qu'il n'avait rien contre ces étrangers, pourtant méprisés par sa propre mère, cela ne lui posait pas de problèmes.
De toutes manières, les filles de sa meute étaient bien ennuyeuses.

Charmeur, il vint doucement glisser l'une des mèches lisses de la femelle derrière son oreille.

- Que devient donc la plus jolie ?

Que de flatteries.

Les oreilles pointées vers elle, Iberis était attentif.

- Oh, les terres Nakhus... Je n'ai jamais été jusque là bas. J'aimerais m'y rendre, un jour.

Il n'avait pas le droit de s'y rendre seul, pour le moment. Il n'avait, techniquement, même pas le droit de sortir des terres Etelkrus sans être accompagné... voir même en étant accompagné.
Se rendre chez les Nakhus prendrait, cependant, un moment et il craignait que ses absences soient remarquées. Or, il lui fallait rester discret si il ne souhaitait pas inquiéter sa mère, renforcer sa vigilance sur sa personne et, à cause de ça, ne plus pouvoir jouir de sa liberté.

- Il me tarde de découvrir ces trésors.

Il se demandait si il s'agissait d'objets précieux ou de quelque chose de plus personnel et ne savait pas pourquoi elle avait besoin de les trouver, pourquoi il ne les lui donnait pas directement, son parent.
Soit. Les interrogations de son épouse mirent un terme à ses pensées.

Iberis bomba fièrement le torse.

- Oui, je m'entraine à me battre contre ma sœur et je vais bientôt commencer mon mentorat.

Avec Anita, cela ne faisait aucun doute.

Le mâle bleu hocha la tête, sourire aux babines.

- Bien sûr.

Ce n'était pas si loin de la maison, l'Atoll : il ne devrait pas rencontrer de difficultés au moment de s'y rendre, à condition d'être discret. Mais discret, Iberis l'était, alors tout irait bien.
D'une patte, il la serra un peu plus contre son torse lorsqu'elle vint s'y blottir.

Pour ce qui était de, toujours, gagner contre sa soeur, ce serait plus compliqué : aspirante au rouge d'Aka, elle l'avait déjà mis à terre, lorsqu'ils étaient plus jeunes. Lui savait mieux danser que combattre, c'était une situation qui lui convenait guère et des lacunes qu'il espérait voir comblées par son mentorat.

- Ca ne fait aucun doute.

Il sera fort, l'échec ne lui était permis, compte tenu de son sang.
Sa mère était une guerrière et il ne pouvait lui être, à ce point, inférieur.

Iberis réfléchit.

- Non. Les monstres n'osent pas venir en terres Etelkrus.

Pensait-il.
Il n'y en avait eu aucun d'assez fou pour commettre tel outrage, depuis les nominations d'Anita et de sa mère et Iberis voulait croire qu'ils étaient désormais en sécurité.
La seule étrangeté connue fut, finalement, la présence de ces poissons-loups dont il ne pensait plus grand chose.

- Et toi ? En as-tu déjà aperçu, des monstres ?

L'invitation ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd.
Lesdites oreilles pivotèrent vers l'avant droites, plus qu'elles ne l'étaient à l'accoutumée, sur son crâne. La proposition était intéressante, exaltante : Il n'avait, évidemment, pas le droit de sortir, une fois la nuit tombée -mais ne se gênait pas pour le faire, lorsque l'envie se faisait sentir- mais c'était justement l'interdit, le franchissement des limites, qui rendait les choses plus intéressantes encore.

Entre deux de ses doigts, il fit glisser l'une des mèches de cheveux de sa femme.

- C'est une mission qu'il me tarde d'accomplir.

Elle était jolie et faisait naître, en lui, les premier émois.
C'était peut-être ça, l'amour, ou du moins, un amour juvénile, la sensation de tous ces papillons qui dansaient, dans son ventre, et son regard qui venait trouver le sien. C'était peut-être plus que de la trouver jolie, c'était aussi l'envie de la revoir, bientôt, alors qu'ils ne s'étaient pas encore quittés.

C'était tout ce qu'il ne comprenait pas et des préoccupations qu'il n'avait pas.