L'hiver est là — LIBRE

L’air s’était rafraichie ces derniers jours, au points que Prudence aurait préféré passer plus de temps sous ses couvertures. M’enfin ça n’aurait pas été parfaitement juste pour ceux qui s’occupaient de la meute, nan ? De la fumée blanche s’échappa de sa gueule lorsqu’elle soupira. À sa patte, elle sentit l’étreinte de son serpent se resserrer, alors que sous ses pattes les herbes craquaient, complètement gelées par le froid.
Ce serait un hiver rude de toute évidence, mais elle n’avait de toute évidence rien à craindre aux côtés des Nakhus. Pour le moment.
Au moins, elle ne serait pas seule dehors, contrairement aux années précédentes. M’enfin… restait à prier qu’il n’y ait pas une armée de marmots dans le clan… Prudence ne les détestait pas, mais à petite dose c’était mieux. Fallait pas non plus en abuser…

La louve se secoua, pour se donner un peu d’énergie probablement, elle devait passer à la bibliothèque, mais par ce temps, se mouiller les pattes n’avait rien de très engageant. Et puis… avant d’y retourner elle allait devoir se préparer à rendre visite à Yurai. Sa queue nattée se balance doucement, alors qu’elle pénètre dans le temple. Au-dessus de sa tête, elle entend les corneilles s’agiter… et puis il y a un bruit au sol. La Licorne observe à distance un instant sans trop osé s’approcher de crainte qu’une bête ne soit morte… mais en voyant des mouvements, l’ancienne solitaire rompt la distance. C’était une corneille, mais blanche. Une couleur peu commune. Son aile semblait la gêner. Étudiant rapidement de ses prunelles mauves si il n’y avait pas d’autres blessures, Prudence finit par saisir délicatement l’oiseau entre ses coussinets, prenant garde à ne pas appuyer sur l’aile blessée.
Hum… avec un peu de repos et une attelle ça devrait se remettre rapidement en place. Sentant Peter s’agiter, la louve maintint l’oiseau à distance, avant de doucement l’envelopper dans sa cape pour la transporter plus facilement.

L’hiver était rude pour tous, mais au moins chez les Nakhus, Prudence pouvait plus facilement aider qu’en tant que solitaire. Elle espérait que le refuge serait suffisant pour aider les sans-meutes.
En sortant du temple, la Licorne se stoppa net, levant son museau vers les nuages cotonneux, un large sourire venant étirer ses babines. Un flocon vint se poser sur le bout de sa truffe, alors qu’elle entendit Peter siffloter à sa patte.

« — Arrêtes de bouder un peu, Peter, ce n’est que de la neige. »

L’hiver est là.