A ceux qui servent de décoration ✡ Familiers

A vous, qui serviez de décorations.
A vous, que l’on stockait dans des inventaires, vous, la ligne familier perdue entre deux lots.
A vous, les inconsidérés, que l’on oubliait souvent de mentionner, quand on ne les oubliait pas tout court.
A vous, les animaux domestiques.
Il était temps d’exister.

Serpent, bongarus candidus, se serait souvent vanté auprès de ses pairs de ne pas se souvenir d’une autre vie que celle-ci : celle auprès de son petit maître, qui ne l’était plus tant depuis le premier jour où ils s’étaient rencontrés, il y a déjà huit mues de ça. Ceci, s’il avait ma foi côtoyer d’un peu plus prêt ses pairs.
Mais Serpent était un serpent solitaire -correction, il était Etelkrus- et ne fréquentait guère cette petite population de reptiles sans possesseur -eux, les vrais solitaires, eux, les sans-colliers (s’ils avaient portés un collier)-. Il préférait passer ses journées lové contre l’échine de son maître, partageant avec lui quelques lupines rencontres qu’il savait apprécier, osé mener une danse face à un dieu ou jouer pour lui un peu de musique. A ses heures perdues, de mener une relation conflictuelle avec Sourire, tantôt collé à lui dans une étreinte passionnel pour profiter de son ardente chaleur, tantôt en train de le brutaliser par pur jalousie, ainsi forcé de partager son Maître avec lui, et de le voir préféré à lui lorsqu’il s’agissait de mener escale dans le Grand Nord.
Qu’importe !
Il possédait avec lui la puissance d’un lien tout autre, celle de pouvoir partager une vision, une émotion (il se trouvait que Serpent en avait, beaucoup, beaucoup plus que Désastre), un ressenti qu’il aurait ressenti (!) face à la lumière déclinante du soleil entre le feuillage éparses de la moère.
De façon indétrônable, il se voulait aussi rester le premier.

Glissant sur les épines des conifères et remontant la montagne, gonflé d'orgueil à la suite de telles pensées, Serpent, qui était bien au-delà d’une simple décoration pour Désastre, se voulait justement aller trouver de quoi embellir -dans un terme plus scientifique, disons enrichir- l’environnement dans lequel il se voulait vivre. Son maître avait bien des talents, il n’était cependant fin décorateur…
Serpent comblerait cette lacune. Il irait chercher un petit caillou, un crâne léger, un morceau de branche jolie.
Il avait après tout une vie, lorsqu’on ne l’évoquait dans les Rps.

Et peut-être que d’autres familiers aussi.