La bûche ♖ Ted

-Ted-

Aujourd'hui sonnait la première journée d'entraînement de Ted. Papa lui avait proposé de lui transmettre ce qu'il savait avant qu'il ne parte en voyage, et Ted avait accepté de bon cœur. Un dernier moment avec son père avant qu'il ne parte véritablement, peut-être seul, peut-être accompagné de Vanhir si le mâle repassait par ici. Il était tellement nerveux, à la fois excité et anxieux, que dormir cette nuit avait été difficile. Dès que le soleil avait blanchi le ciel, il s'était levé d'un bond, et avait parcouru son fatras de choses désorganisées de sa tanière pour se constituer un sac de préparation.

De quoi avait-il besoin, d'eau ? Probablement : une gourde est ajoutée au fond du sac. De papier, évidemment, pour noter les conseils de son papa ! Avec plumes, encres et crayons, pour dessiner et tout noter. Peut-être même de son livre de soin, qu'il pourrait compléter ... Les objets s'ajoutent peu à peu à son sac déjà lourd : de quoi soigner, au cas ou lui ou Teddy se blesse, un morceau de tissu pour se couvrir aussi, s'il avait froid avec la neige, des protège pattes pour ne pas blesser ses coussinets, des plantes, des plumes, encore du papier en rab au cas où il ai beaucoup à écrire ....

Lorsque la silhouette dégingandé s'extrait enfin de sa tanière, le soleil est déjà haut dans le ciel. Il est en retard. Le poids de son sac le pousse vers le bas, les couture distendues tant il a amené de choses, et cette préparation n'a pas apaisé son excitation un peu anxieuse. Il se presse vers le point de rendez-vous, pestant intérieurement contre sa lenteur : il va être en retard à son tout premier cours, ça ne faisait pas bien ! Il trotte comme il peut, déséquilibré par le poids de son sac, et finit tant bien que mal par arriver devant son père, qu'il trouve juché en haut .... D'une grosse bûche. Déjà essoufflé par la course, il pose son sac par terre -pouf- suivi immédiatement par son doux fessier -boum- et c'est son museau qui vient se lever vers Teddy :


Il couche les oreilles, gêné. Il aurait du se lever plus tôt, c'est ça qui a pêché, lui qui n'a pourtant pas dormi de la nuit !

-Ted-

Son père descend de la bûche, encore souple et -il doit l'avouer- fringuant. Ted le regarde faire, se demandant un instant si à son âge, il serait toujours aussi bon. La remarque du père fait monter le rouge aux joues du fils, qui balbutie quelques mots en baissant les yeux. Il ne voyait pas quelles folies il aurait pu faire ... A part se préparer pour aujourd'hui ! Il oscille légèrement de droite à gauche, relevant les yeux pour regarder Teddy. Il avait hâte, était un peu stressé mais surtout excité, et cette excitation chassait le sommeil qui s'accrochait encore à ses paupières.

Il ne tiens pas sur place, mais lorsque son papa lui demande de réciter ce qu'il sait, il se pose un instant pour réfléchir. Il connait beaucoup ... Et à la fois rien du tout. Il pose une patte sur sa sacoche, la tapote nerveusement en commençant à répondre :



C'était tout ce qu'il savait sur les plantes de soin : faire un cataplasme, arrêter un léger saignement, mais pas vraiment plus. Il se penche pour sortir un de ses carnets, où il a dessiné en quelques coups de crayon la face effrayante de la cockatrice qu'il a rencontré.


Il déglutit, pensant nerveusement à sa dernière excursion là-bas. Il y avait tué un habitant des lieux en voulant sauver une louve au look étrange, et s'en voulait toujours un peu, au fond. Il ne pouvait imaginer ce que ses sœurs enduraient, elles, à devoir rester passives.

-Ted-

Le fils laisse son père regarder ses croquis, avec une certaine fierté. Ses observations, il les montre très peu, préférant les garder pour lui, encore trop insécure sur sa manière de dessiner ou d'écrire. Ou bien, c'est plutôt qu'il n'a pas tant de personne à qui les montrer. Vanhir, une fois, les a vues, et l'avait même complimenté. Alors, il en était un peu plus fier, assez pour les montrer à son papa, qui semble les apprécier également. Par contre le sac … Il fait la moue, avant de se décharger. Il n'avait pris que le nécessaire pourtant ! Se préparant au pire, certes, mais il fallait être sûr de pouvoir être paré à toute éventualité.

Il décharge son bazar devant son père, étale ses livres, notes, plantes, bandages et autres joyeuseté en cas de blessures. Apparemment, ce qu'il a pris est trop lourd… Et vrai dire, il aurait pu le deviner. Il a déjà eu du mal à le porter jusqu'ici, il n'imagine pas partir dans le grand Nord avec tout ça. Mais en même temps, c'est tout ce qui lui faut ! Il passe une patte sur chacun de ses livres. Il va devoir choisir ? Déjà, l'aventure lui semble bien demandeuse. Mais il le fera, peut-être pourrait-il résumer le plus utile dans quelques feuillets, condenser l'information : cela sera également nettement plus utile pour les prochains aventuriers. Oui, il ferait plutôt ça. Alors, il hoche la tête : il faudra également qu'il fasse avec les plantes trouvées sur place plutôt que de prendre les espèces endémiques d'ici, qu'il ait bien utiliser. Un projet complexe, effrayant et un peu excitant.

Son papa lui parle ensuite de préparation physique. Ted a toujours appréhender ce moment, mais il doit passer par là, il le sait. Alors, il se redresse un peu, essaye de se donner une contenance, avant d'accepter :

-Ted-

Après avoir accepté, il fallait écouter. Pour ça, Ted était bon : il est posé devant son père, attentif, les oreilles pointées en avant. Teddy lui parle de son type de corps : apparemment, il serait plus taillé pour la vitesse. A ces mots, Ted baisse les yeux. C'est vrai qu'il était haut sur patte ... Et qu'il fuyait souvent. Il rougit légèrement. Ce n'était pas très glorieux, mais ça pouvait être utile. S'il partait en voyage, au moins, il pourrait tenter d'aller vite, mais papa avait raison, il lui manquait l'endurance. Il fallait se renforcer ! Il hoche la tête, convaincu.

Mais dès lors qu'on parle d'effort physique, il se renfrogne un peu. Il le savait, oui, qu'il faudrait faire des efforts, mais lui aimait bien plus dessiner et lire que de faire du sport. Bon grès mal grès, il va se placer les pattes avant posées sur la bûche, pattes arrière au sol. Il tourne un regard incertain vers son père, bougeant un peu ses pattes, lui demandant du regard si sa position était bonne.

-Ted-

Le jeune mâle se sent scruté un instant, et se voit obligé de bouger sa patte et d'engager son dos. Une position inconfortable à tenir, mais il fait confiance à son père. Enfin, le signal est donné, et une fraction de seconde, les doutes l'assaillissent. Va-t-il y arriver, à pousser ce truc énorme ? Mais les mots de son père le déconcentrent -évidemment- et il rougit. Un tombeur ? Il n'arrivait même pas à parler. Il s'imagine un instant bien plus musclé, attirant des femelles rien qu'en contractant ses biceps. La vision lui arrache un sourire amusé : il n'arrivera jamais à la hauteur du disciple rose, il s'en doute.

Il se reconcentre, et se met à pousse, mais la bûche ne bouge pas. Il sent son dos se tordre douloureusement, contracte ses abdos pour le rendre et moins souffrir. Ted pousse, mais il semble que rien n'y fait : la bûche frémis, mais ne bouge pas. Il s'épuise un peu, jusqu'à ce que le signal d'arrêt soit donné. Il peut se relâcher, et souffle, le coeur battant fort et les muscles engourdis. L'effort fut court, mais intense, bien plus intense que tout ce qu'il faisait habituellement en une journée. Il fallait dire qu'il était plutôt habitué à porter des livres ... Mais il fallait déjà y retourner ! Les muscles encore endoloris, Ted s'y remet, pousse de nouveau, cette fois-ci avec plus de douleur et moins d'entrain. Ha, qu'il était dur de s'entraîner, il en vient presque à regretter sa décision.

Mais la deuxième pause vient le soulager. Il s'assoit, essoufflé, en écoutant son papa lui parler d'une deuxième exercice. Encore ? Il lui lance un regard éperdu, mais ne dit rien. Il s'y est engagé, il fallait tenir à présent. Ce qui ne l'empêche pas de souffler avant de se redresser. Son visage s'éclaire un peu alors qu'il comprend que le deuxième exercice n'est pas pour tout de suite. Un éclaircissement de courte durée, quand il comprends qu'en fait, il devra tirer une autre bûche. Encore une fois, il se laisse faire, un peu inquiet pour la résistance de son corps. Il se fait harnacher par le pouvoir de Teddy, et suit ses instruction. Marcher, il connaît, mais avec un tel poids derrière lui, c'est un trésor de force et de résistance qu'il doit déployer pour y arriver. Son corps est un peu faiblard, mais il s'applique à garder le dos droit (hors de question de se faire mal !), même si son pas est aussi lent que celui d'une tortue. Il ouvre la gueule, haletant, mais continue avec lenteur, essayant de respirer comme il pouvait sans avoir vraiment honte de sa piètre endurance. Il fallait souffrir, pour progresser. Enfin, il aurait quand même préféré lire un livre sur l'aérobic pour pouvoir gagner du muscle. Plutôt qu'aux femelles, il pense à tous ces livres qu'il pourra ramener de ses pattes musclées, traversant le Désert sans mal malgré les feuillets et matériel de dessin. Il se concentre dessus, et ça l'aide à tenir l'effort : chacun faisait comme il pouvait !

-Ted-

Il tire, pousse sur ses cuisses qui le brûlent, sent le sang affluer dans sa tête et la chaleur le faire haleter. A ses côtés, les encouragements de son père percent à peine la bulle de douleur dans laquelle il est tant l'effort est inhabituel pour lui. Mais il veut bien faire, et l'idée de rendre son père fier le font redoubler d'énergie. La bûche bouge, lentement, derrière lui, et chaque centimètre est une victoire pour le mâle. Le temps s'étire en une torture d'effort, et à présent c'est chaque seconde qui représente une victoire sur les jambes flageolantes de Ted, qui reste concentré sur une seule dernière chose : quand est-ce que tout cela prendra fin ?

Et, finalement, le signal d'arrêt est donné. Ted s'assoit immédiatement, écroulé, haletant, épuisé, se promettant que plus jamais on ne l'y reprendrai à essayer d'être meilleur. Les paroles de son père peinent à atteindre le chemin de son cerveau embué, mais lorsqu'elles finissent par impacter, il souffle et bégaye :


Jamais il n'avait pensé y arriver, et la simple idée de le refaire encore faisait trembler ses pattes. Comment Teddy avait-il fait, lui aussi s'était entraîné comme ça ? Plusieurs jours, pendant longtemps ? Combien de temps tout cela prendrait-il ? C'était définitivement plus difficile que tout ce qu'il avait essayé de faire depuis qu'il était né (sans aucune exagération, bien sûr).

-Ted-

Tous. Les. Jours. L'air décrépi de Ted ne laisse aucun doute quant à ses pensées, alors que résonne le rire de son père. Jusqu'à la fin de sa vie ? Mais il allait tellement souffrir ! Mais finalement, les paroles de Teddy le rassure un peu : ça devrait devenir plus facile ... Et surtout, une habitude. Un peu lorsqu'il apprenait à lire, au début, c'était compliqué et il avait du mal, mais l'envie de découvrir était plus forte. A l'époque il avait très peu d'amis, aussi. Il hoche la tête, l'air un peu moins déprimé, et note dans un coin de sa mémoire la fréquence des entraînements. Même à son âge, son papa s'entrainait encore, et il glisse un regard un peu impressionné sur son père : cela expliquait la différence de morphologie entre eux !

La phrase d'après par contre le percute comme un roc. Un ... Petit copain ? Ted rougit jusqu'à la racine de ses poils, se recroquevillant un peu sur lui-même. Se balançant légèrement, le regard fuyant, il grommèle :


Il n'avait personne, de toute façon, et les histoires de l'amour ne l'intéressaient pas. Il préférait ses livres, voilà tout ! Même si... Il n'avait pu s'empêcher de penser à quelqu'un, lorsque son papa avait dit ça. Il secoue un peu la tête, chassant ses pensées. Non, non, c'était trop gênant !