Un rêve pour l'avenir - Elely

Des rêves, elle en avait plein la tête, certains insignifiants et d’autres si puissants.

Petite, elle rêvait, et l’affirmait avec force et conviction, de devenir une grande sorcière qui maîtriserait, à merveille, l’art de la magie blanche.
Onyx n’en était toujours pas une, de grande sorcière, au contraire : Elle était une putain de novice par ce qu’elle s’était laissée distraire par plein de trucs, d’abord par l’amour, si prenant, qu’elle éprouvait pour chacun de ses proches.
Passer des moments avec eux, à discuter, à rire et à jouer, c’était tellement plus cool que de se retrouver seule entre deux étagères démesurées, à consulter des livres poussiéreux, elle devait bien l’admettre.

Mais y’avait pas que ça : Les derniers mois (années ?) avaient été difficiles et, même si elle s’était un peu plus approchée de la sorcellerie, y’avait surtout eu la mort tragique et brutale d’Isrâ, l’enlèvement de Miraj et toutes les menaces qui planaient autour de la gosse.
Ses rêves s’étaient alors davantage tournés vers les autres : Elle avait rêvé que tout ceci n’soit, finalement, qu’un horrible cauchemar, qu’Isrâ soit pas mort•e, que Miraj n’ai pas été enlevée et n’soit pas en danger, qu’Elely ne se soit pas retrouvée dans une telle détresse…
Qu’ils puissent se retrouver, tous, ça aurait été idéal. Elle aurait tant aimé, et se serait battue, pour voir, sur leurs babines, les plus beaux sourires.

Pouvait-on, cependant, rêver de choses passées ? Est-ce que c’était pas s’faire du mal, quand aucun retour en arrière n’était possible et que l’on se devait de faire avec l’état actuel des choses ? Mais le rêve, en lui même, n’était-il pas un moyen de fuir une réalité dont on ne voulait pas ?
Woah, c’était une réflexion un peu trop poussée pour sa p’tite tête, elle allait finir avec un mal de crâne.

Ou alors, elle pouvait aussi rêver de l’avenir, comme elle l’avait fait en étant encore une enfant : Onyx pouvait espérer que les choses s’arrangeraient et deviendraient belles. C’était encore possible, de construire quelque chose, de se lier, de s’aimer.
Tout était possible, lorsqu’on le voulait très fort.
C’était ce qu’elle aimait penser.

C’était ça, son rêve : Elle voulait voir ceux qu’elle aimait heureux, ceux pour qui les choses étaient difficiles, ceux mêlés dans cette sombre histoire, son p’tit Vio’ qui lui avait confié se sentir seul chez les Nakhus, Cloud blessée par l’une de ses amies, son vieux daron, sa vieille daronne, ses sœurs et son p’tit frère…
Et bien plus encore.

Un sourire sur les babines, Onyx mit un terme à ces pensées là et se redressa de la couche qu’elle occupait lorsqu’elle venait au Refuge. Ca faisait un moment, qu’elle était là, couchée sur le dos et le regard mi-clos posé sur le plafond rocailleux du gouffre.
La petite licorne roula sur le flanc pour se hisser, solidement, sur ses quatre pattes. Penser à tout ça lui avait donné envie de transmettre un peu de bonne humeur, et de l’espoir si c’était possible, si elle avait un peu de ce pouvoir là.

Elle quitta donc sa grotte, déterminée comme elle l’avait toujours été, digne (elle l’espérait) disciple d’Ao. Son regard de chat balaya le gouffre à la recherche d’une silhouette familière, par ce que ça faisait un p’tit moment qu’elles n’avaient pas discuté, celle d’une louve aux teintes chaudes et aux plumes roses.
Elle savait pas trop c’qui avait été entrepris, de son côté, depuis le temps… Ce serait sûrement l’occasion de le savoir.

Sourire aux babines, elle s’avança et fouilla les environs jusqu’à l’apercevoir.
Elely.