La traitresse - Iris

Ils revenaient de la battue.
Laissant les autres vaquer à leurs occupations, Iberis décida d'interpeler sa plus jeune soeur.
La façon dont elle s'était donnée en spectacle, devant tous les Etelkrus, lui avaient fortement déplu et il espérait fort qu'elle ne se tourne plus jamais en ridicule de la sorte.
Surtout pour une louve qui n'en valait pas la peine.

- Par les Dieux, l'enfant à eu de la chance. Il aurait pu mourir, si personne ne l'avait trouvé. Quel monstre que cette Maps, je ne la pensais pas capable de telle bassesse.

Ou peut-être que si.
Le mâle sombre soupira.

- J'espère bien que tu ne t'abaisseras plus à fréquenter quelqu'un d'aussi ignoble.

Elle ne le regardait même pas.
Iberis sentit son cœur palpiter de colère et il serra, lui aussi les crocs.
Si l'emportement des siens n'avait guère d'effets sur lui, l'amusaient tout au plus, il ne pouvait accepter cette ignorance sans s'en sentir frustré. Pour qui se prenait-elle, Iris, soudainement ?
Il souffla.

- Je ne te comprend pas, ma sœur.

Il ne l'avait jamais trop comprise.
Comment avaient-il pu partager le même ventre, avant de naître, pendant prêt de deux mois, grandir contre le même flanc, avoir le même sans et être aussi différents ?

C'était définitivement frustrant, oui.
Il l'aimait, pourtant.
L'aimait-il réellement ?

...
Réagis, bon sang.
Ne m'ignore pas.

- J'espère que tu comprendras avant qu'elle ne t'abandonne comme elle l'a abandonné lui.

Réagis.

Elle avait réagi.
Iberis ne sourit pas, pourtant, et malgré le soulagement ressenti. Il fronça même légèrement les sourcils.
Le jeune mâle haussa les épaules.

- Comme tu voudras.

ll l'observa se diriger vers la tanière.

- Je m'inquiète pour toi.

Cette louve la manipulait, clairement.
Elle n'était pas saine, pour Iris.

Iberis souffla du museau.

- Bien sûr que non.

Il l’observa.
Elle avait toujours été particulièrement sensible, particulièrement fragile, Iris, et c’était probablement pour cette raison que Maman la couvait davantage que ce qu’elle pouvait faire avec Nirvana et lui-même.
C’était sûrement facile, de la manipuler, de la blesser. Il avait lui même, par le passé, ressenti sa peur qu’il s’en aille.

Et c’était justement par ce qu’elle était si influençable qu’il se devrait de supprimer Maps de sa vie. Ou, du moins, de l’en éloigner.
Pour le moment, cependant, ses paroles sur cette dernière n’avait pas un grands effet et il espérait, sincèrement, qu’Iris n’accorderait point davantage d’importance à cette louve de petite vertu plutôt qu’à sa personne.

- Les choses… n’ont pas toujours été simples, entre nous et elles ne le sont toujours pas.

Il soupira.

- Mais, quoi qu’il arrive et même si parfois je ne comprend pas tes actions… et n’approuve pas vraiment tes fréquentations, tout comme les miennes ne doivent guère t’enchanter, tu restes ma petite soeur, et je t’aime.

Ses paroles le touchèrent, un peu.

- Me pense-tu seulement capable de tant de bassesse, Iris ?

Il s'avança vers elle, les oreilles plaquées sur l'arrière de son crâne.
Lui, ne l'avait pas poussée à élever la voix contre leur propre mère, lui ne la retournait pas contre sa propre famille. Lui, ne faisait pas tout pour attirer sa pitié et sa compassion, quitte à mentir.
D'ailleurs, il ne mentait jamais.

- Soit, si tu préfères faire la tête : Ainsi soit-il. Tu devrais te hâter de retrouver ta très chère Maps afin de la féliciter... Ou de la plaindre, qu'en sais-je.

Iberis haussa les épaules, agacé, et tourna les talons.
Finalement, hors de question de rentrer maintenant : il souhaitait, d'abord, se vider la tête en terres libres. Peut-être aux côtés de sa charmante épouse ?