[Iris et Miraj] Une merveilleuse idylle

-Iris-

Elle qui était si belle ...

Assez belle pour conquérir son frère. Les pas lent la mènent aux falaises, l'esprit plongé dans ses pensées. Qu'avait-elle de plus, cette demoiselle rose ? Le mystère l'entourait, celle qui reliait confusément les plans démoniaques et des morts, l'entité qui faisait des enfants et son frère piégé au milieu. Celle qui se riait de leurs frontières, celle qui avait participé à leur cauchemar et avait rencontré un autre plan. Celle qui ...

Se tenait là ?

Etrange. Iris cru rêver, un instant, mais la silhouette de la louve se détache clairement sur le ciel pâle derrière elle. Figure gracile, cheveux dansant dans le vent, une odeur -toujours la même- de fleur qui vient chatouiller les narines d'Iris. Celle-ci s'approche, composée, étonnée. Elle croise son regard, croit toujours à un rêve, et en perd son assurance. Elle ne l'attendait pas de si tôt ...


La dame au masque lui aurait-elle parlé ? Malgré elle, son coeur bat fort dans sa poitrine. De peur, peut-être, ou bien tout simplement de cette étrange excitation que 'on a lorsqu'on touche à un mystère, à un trésor. Car c'est bien ce qu'elle était : un mystère. Et le danger de la trouver ici, de ne pas pouvoir la chasser sans mettre à l'eau son plan, l'idée que quelqu'un intervienne ne rendait le moment qu'encore plus singulier, comme suspendu dans le temps.

-Iris-

Elle est dangereuse, cette solitaire - lui souffle sa raison.
Mais un rayon de soleil vient caresser le visage emprunt d'une infinie tristesse, faisant briller les perles de sel sur les joues mauves, et le coeur d'Iris se serre d'une empathie malvenue. Elle soupire, et Iris soupire avec elle. Elle tremble, et les pattes de la disciple rouge tremblent de même. Les doigts qui se pressent contre la frêle poitrine la captivent, l'inquiètent et dévore sa raison. Elle était un mystère, une histoire chuchotée qui ne demandait qu'à être écoutée, ou plutôt un trésor qu'il fallait trouver. Une rose qu'il fallait cueillir en hiver.

Soudain, elle s'approche, et son odeur l'emplit toute entière. Iris ne recule pas, au contraire, se grandit et contracte inconsciemment ses muscles. Comme en réponse à la fragilité affichée de cette louve si délicate, elle incarne une solidité plus virile. Enfin, le couperet tombe : la demoiselle rose et Ibéris ne sont plus ensemble. Le soulagement est intense, mais de courte durée. Car la louve piège son regard dans le sien, la questionne, joue avec son coeur qui s'emballe. Iris ne sait plus que penser. Son frère lui a fait du mal ? Elle sent une étrange chaleur se répandre dans son ventre.


La voix gronde légèrement. Iris comprenait pourquoi son frère avait choisi une telle louve comme compagne : un délicat alliage de beauté et de mystère, noble et féminine. Mais la question demeurait : comment avait-il pu la laisser filer entre ses doigts ?

-Iris-

Les mots s'engrainent, et la colère se fat plus intense. Il lui avait menti, était parti avec une autre, mais qui d'autre aurait pu supplanter la demoiselle rose ? Le poil se gonfle, légèrement, à la vue des yeux mouillés et de la douleur. Un instinct fort, protectif peut-être, possessif surtout prend Iris. Les compliments glissent sur elle, restent seulement la possibilité d'obtenir ce que son frère n'avait su garder, de faire mieux que lui. Iris ne sait que faire de ces sentiments, partagée entre la confusion de ce qu'elle ressentait pour celle qui était, ce matin même, son ennemie, et la chaleur puissante qui l'attire vers le soleil qu'était la belle demoiselle rose.

Finalement, elle cède, répondant à ce que son coeur lui hurlait : elle la ferait sienne, elle réussirait là où Ibéris avait échoué. Elle deviendrait meilleure. Elle avance le museau, encore débutante dans le jeu qui s'initiait, mais le regard dévorant le visage fin et rayonnant de la solitaire. Le contact n'est pas encore initié, hésitant encore, mais déjà les yeux communiquent bien trop.

-Iris-

La solitaire s'approche, les pois ondulants, et le coeur d'Iris bat plus fort dans sa poitrine. Leurs deux museaux s'effleurent, et soudain l'espace qui restait -encore timide- entre elles est mangé, dévoré avec avidité. Leur baiser est fugace mais brûlant, irradiant d'une chaleur presque étouffante tout le corps de la jeune louve qui découvre avec surprise les sensations intenses de ce qu'elle comprendrait plus tard comme étant de l'amour. Comment avait-il pu faillir si vite, son coeur si durci par sa haine des solitaires ? Lorsqu'elle vient se lover contre son torse, ses deux pattes l'enveloppent par instinct, protectrices. Le souffle court, Iris ne réalise pas - tout va trop vite. Mais la demoiselle rose est dans ses bras, et tout son corps bouillonne, comme fiévreux.

Elle évoque une nuit à l'Atoll, et Iris penche la tête, s'enveloppe de son odeur, du contact de ses poil contre ses pattes et son cou. Son museau vient trouver sa joue, glisser dessous avec une légère hésitation. Fébrile, ses pattes tremblent un peu, se serrent avec possessivité autour de la louve, son coeur battant un tempo anarchique contre ses côtés. La nuit à l'Atoll ... Cela lui faisait autant peur qu'envie. La voix se fait rauque, plus grave :


Elle était piégée dans ses filets.

-Iris-

Sans qu'Iris ne l'ai réalisé, la nuit tombe peu à peu. Le soleil vient toucher tendrement la mer, embrasant le ciel d'une chaleur incomparable, à part peut-être à celle qui bouillonne dans les entrailles de la jeune louve. Mais la demoiselle s'arrache à son contact, et soudain le froid se fat cruel et le manque mordant. Si elles se sentaient capable du bout du monde ? Iris laisse son regard glisser sur le corps de celle que son frère a perdu. Le chemin pour la posséder serait peut-être plus long que prévu. Elle se mord la lèvre, recouvrant un semblant de lucidité hors de l'étreinte fiévreuse de la louve à l'odeur de fleur. Qu'est-ce qu'elle était en train de foutre ?

Mais déjà, elle revient presser sa truffe sur sa joue, et ses hésitations s'envolent. Elle fait un pas pour la suivre, la laissant prendre les devants, pour le moment. Car il fallait bien que la demoiselle -dont elle ne connaissait toujours pas le véritable nom- la guide jusqu'à son chez-elle, pour qu'elle y découvre encore d'autres facettes de ces émotions qu'elle découvrait à peine et qui déjà l'emportait. D'un geste encore une fois hésitant, elle penche la tête pour frotter l'épaule de la solitaire, avant de répondre :


Et à Iris de lui emboiter le pas, l'attente ne rendant que plus intense son envie de retrouver la chaleur de son corps et les marques de son affection.

-Iris-

La belle solitaire vient la guider sur la plage, réceptive à ses compliments maladroits. Pour aller à l'Atoll, il faudra traverser un bras d'eau de mer, mais à coeur vaillant rien d'impossible. Iris se glisse dans l'eau de mer, nageant avec bien moins d'aisance que la belle louve du Sud qui louvoie entre les vagues. Les yeux fixés sur ce qui danse devant, elle a hâte et à la fois appréhende l'arrivée sur l'île. En un sens, l'attente est tout aussi excitante que le contact lui-même. Alors, elle nage avec vigueur mais ne cherche jamais à la rattraper.

Finalement, elles débarquent sur la plage. La lune fait briller le pelage d'Iris, comme en réponse à son sang nacré, et elle en chasse l'eau d'un geste fluide. Malgré l'hiver, elle est bien loin d'avoir froid, et suit la demoiselle le long de la plage. Les embruns l'imprègnent, mais l'odeur de fleur demeure sur ce sable où elle est maîtresse. Elle guide Iris, joueuse, et celle-ci lui répond, entrant dans son jeu :


Elle semblait s'y plaire, ici, et Iris l'envie un instant d'avoir un chez-elle où rien ni personne ne venait la déranger. Un écrin de solitude, qui devait peut-être la peser, si elle devait ramener d'autres pour lui tenir compagnie la nuit. Etait-ce tout ce qu'elle était, Iris ? De la compagnie ? Le doute lui mord le coeur, mais elle le chasse, encore trop enivrée des sentiments naissant. Si la demoiselle rose l'avait choisie ce soir, c'était qu'il y avait une raison, et elle s'en enorgueillie un peu, juste un peu. Et elle bombe le torse, un peu, avant d'entrer dans la demeure de la belle solitaire.

Une demeure aux couleurs de celle qui l'avait attirée. Des teintures délicates au sol et à l'entrée, des coquillages et des statuettes, et ce qui la frappe le plus : un morceau de ciel, au plafond. Un écrin de liberté, où l'on entend le bruit des vagues, où rien ni personne ne peut venir nous déranger. Pourquoi Ibéris l'avait-elle choisie ? Iris en avait, de plus en plus, le goût de la réponse sur le bout de la langue. Elle s'avance, admire un peu autour d'elle, mais ses yeux reviennent avec une attirance magnétique sur celle qui la guide, qui mène la danse. Elle s'assoit, dans la pénombre, le coeur palpitant et les yeux dévorant chacun des gestes de la solitaire. Celle qui se fait sorcière étonne encore une fois Iris de sa magie, de celle qui ne connait que celle des Dieux. Elle lève les yeux, regarde les orbes lumineuses, et sourit. Ses yeux brillants redescendent vers la louve à la rose, et elle demande d'une voix grave :

-Iris-

La patte sur l'ancien livre et les yeux seulement éclairés par la lumière irréelle des orbes, la demoiselle rose se rapproche plus du spectre que de la mortelle. Elle qui a voyagé dans le Royaume des morts -cela n'inquiète plus Iris désormais- mais en est revenue, il est naturel qu'elle soit proche de tout type de magie que recèle ce monde. Iris n'en est pas étonnée, mais écoute quand même avec une attention non feinte les sorts que la belle ensorceleuse maîtrise : les différents états de l'eau, glace et transmission de message, le tout a l'air utile, et Iris se demande un instant si elle-même pourrait s'y essayer. Mais l'heure n'est pas à la magie, à part celle née entre les deux femelles en cette belle soirée.

La demoiselle rose semble du même avis, car elle abandonne ses écrits pour venir engager de nouveau un contact. L'etelkru se laisse faire, glissant sur la couche sans quitter ses iris azures. Elle laisse le museau se glisser sous son cou, explorer son corps avec un frisson de nouveauté. Il fallait bien qu'elle soit sorcière pour l'avoir autant charmée, mais quelque chose dérange celle qui aime avoir le contrôle : ici, elle doit lâcher prise, et accepter de ne pas mener la danse. Pourrait-elle, devrait-elle prendre les devants ?

Elle l'avait attirée de ses larmes, piégée dans son filet. Iris gronde doucement, plus instinct que séduction, referme ses pattes sur le corps de sa nouvelle amante. D'une poussée contrôlée, elle l'amène à ses côtés et glisse son museau dans son cou, s'enivrant de sa chaleur, de son odeur et de sa vie. Était-ce comme ça que l'on s'aimait ? Iris avait tout à apprendre, à découvrir, mais son instinct lui traçait un chemin hésitant. Le coeur bat le tempo, et d'un geste elle prend le contrôle, allongeant doucement la solitaire sur la couche moelleuse. Les poils s'emmêlent, les souffles aussi, et le désir balaye la timide hésitation.

[]

-Iris-

Iris se laisse happer par les brumes rêveuses de la hutte au goût d'étoile, donnant son coeur en offrande à celle qui devint, pour une nuit, sa déesse. Elle est laissée épuisée mais sereine, allongée aux côtés de celle au parfum de rose, les yeux levés vers les étoiles. Un soupire d'aise, le coeur comblé d'un peu de bonheur, elle profite du contact doux et sensible de son poil contre le sien, de son museau sous son cou. Et chaque geste éveille un frisson doux, et une chaleur plus douce encore. Les mots éveillent la conscience à moitié endormie de l'etel : elle l'aimera ainsi tous les soirs. Alors, Iris sourit, et d'un geste tendre frotte sa tête contre la sienne. Roi, elle aimerait volontiers le devenir, mais aucun Dieu n'en avait le pouvoir.

Alors, son oncle peut-être ? Elle cille, et lui revient des souvenirs confus. Celui d'un miroir, d'un lion, d'un Autre qu'elle a, peut-être, aimé. Mais le tout est confus, comme à travers une brume pénible. Et dans son corps elle le sent : tout est possible dès lors que sa Dame est avec elle. Elle pose son front sur celui de la louve, rencontre ses yeux azurs :


Elle ferme les yeux. C'était une évidence qui s'imposait si fort qu'elle la coupe dans son élan, lui brule la gorge d'une émotion forte, d'un bonheur indescriptible. Aimer, et être aimé, était ce qui lui avait toujours manqué. Plus rien n'avait d'importance.


Taquine, elle relève une mèche des yeux de la louve. Tout était si naturel, si facile que ç'en était effrayant. Mais pourquoi avoir peur, lorsqu'on aimait si fort ? Elle irait demander à Aka, à tout le panthéon s'il le fallait, pour qu'on lui offre ce qu'elle voulait, et ce qui était une évidence. Elle sourit, apaisée, et demande naturellement :


Était-ce pour que je ressemble plus à mon frère ?
Le doute revient, poison du coeur, mais elle possède la force de le chasser.

-Iris-

Les regards ne se lâchent plus, et Iris sent que dans cette intimité sera dévoilé, peut-être une sorte de secret. Seules les étoiles les écoutent, et elle prête une oreille toute attentive à celle qui aura volé son coeur : elle voulait des enfants. Plus que cela, elle en avait besoin. Iris serre la patte de la demoiselle, soudain émue. Des enfants, pour ne plus jamais se sentir seule, elle pouvait le concevoir. Et l'émotion qu'elle témoigne finit d'emporter son coeur : elle ferait tout pour effacer cette expression douloureuse. Si devenir un mâle n'était, pour elle, que de réaliser un rêve longtemps enfoui, avoir des enfants était une autre étape. Etait-elle prête à cela ? A devenir parent ? Tendrement, elle vient frotter son museau contre celle de la belle. Elle aurait le temps d'y penser si son premier souhait était exaucé.

Elle penche la tête. Dans ses yeux, elle pouvait y voir un futur, avec des enfants, peut-être. Mais comme toujours, la vérité n'est toujours pas vraiment exposée : elle cache ses peurs et ses appréhensions dans un coin de sa tête. Car elle n'était pas prête, vraiment, à les avoir ces enfants avec une solitaire dont elle ne connaissait pas le nom. Mais la première étape était déjà grande, alors rien ne coûtait une promesse ainsi faite. Elle sourit.


Tout était si facile, en amour. Il suffisait de ne pas trop réfléchir, ni aux conséquences, ni à ce qu'en diront les autres. Elle s'allonge, pose sa tête au sol sans quitter sa déesse d'une nuit des yeux. Elle ne se laissait pas de la regarder, et la révélation de son souhait ajoutait une autre facette à ce beau visage : celui d'une mère. Le seul doute qui venait -toujours- gangréner son coeur était celui de sa place : pourrait-elle être parent, elle aussi ? Elle choisit de chasser ces pensées, et d'humeur plus taquine, demande :


Les yeux pétillent. La séduction en était certainement un.

-Iris-

La promesse éclaire le visage fin de la solitaire, chassant définitivement les nuages qui l'avaient accablée plus tôt. La chaleur irradie de nouveau dans le ventre d'Iris, et avec elle, l'envie de la satisfaire. Mais la peur est toujours là, l'hésitation à s'engager déjà, si tôt, si vite. Les beaux yeux, si proches des siens, museaux contre museaux, chassent bien vite ses inquiétudes. Comment pourrait-elle résister devant ce regard ? Elle lui offrirait enfant, avenir et même plus puisqu'elle le désirait, peu importe les conséquences. La demoiselle la rendait presque folle, et elle s'y glissait avec délice : tant qu'elle restait à elle, elle en ferait la plus heureuse des louve.

Et comme elle aurait pu le parier, celle-ci possède un talent encore surprenant. Iris penche la tête, détaillant l'instrument sorti d'un étuis. C'est la première fois qu'elle en voit un, et l'objet le fascine de part son apparente vieillesse, et sa beauté. Des courbes lui rappelant étrangement la musicienne, une odeur de bois douce et un son clair et agréable, son attention état toute entière sur le jeu. Et Iris n'en fut pas déçue : la voix s'élève, arrêtant un instant le temps. Elle s'entremêle avec le son des cordes, dansant avec, les caressant avec douceur et parfois dissonance résolue avec soulagement. Une rengaine répétitive, envoutante à la manière d'un psaume, qui emporte sans mal Iris dans un état étrange d'écoute intense. Yeux mi-clos, la fin de la chanson la surprend plus que le son du violon. C'est déjà fini ?

Elle rouvre les yeux, le poil encore électrisé par le sortilège auditif qu'était la voix de la demoiselle rose. Ses yeux mauves croisent ceux de la louve, un peu impressionnée. C'était beau. Elle n'en avait pas l'habitude, dans son clan. Et lorsque vient son tour, elle s'éclaircit la voix :

Elle avait appris le chant, il y a longtemps, enfin il lui semblait. Elle lève les yeux vers le ciel : celle-ci était dédiée à Aka, prière apprise dans un livre traitant des divinités. Un sourire vient étirer ses babines : elle espérait que le Dieu pourrait exaucer son voeux, en échange d'un beau combat peut-être. D'une voix un peu rauque, au début, elle entame son chant, battant doucement un rythme guerrier de sa patte :


Sa gorge se serre, et l'attente est plus longue. L'ambiance a, un peu, changé : le chant est guerrier, puissant en bataille, mais agressif face aux étoiles. Alors, Iris décide d'en changer. L'esprit sagace, elle continue presque sans heurts :


Elle se tait, peu convaincue finalement. Elle se laisse choir de nouveau, un peu lascive, avant de soupirer, relevant un regard légèrement taquin vers la solitaire:

-Iris-

La voix s'éraille et monte vers le ciel, le museau d'Iris aussi. Elle regarde les étoiles un bref instant, pense à ceux qu'elle a lassé derrière. Son clan ... Aka, sa mère, les autres. Elle est loin d'eux, en la plus belle des compagnie, mais comment pourra-t-elle l'avouer aux autres ? Cette idylle est-elle vouée à restée sur l'Atoll, et elle à choisir entre ses deux vies ? Un bref instant de lucidité vient percer le rêve, alors qu'elle pense à son frère, là-bas. Lui aussi est passé par ces questions, ces angoisses peut-être. Mais le rêve emporte tout dans son brouillard délicieux, et l'odeur de la demoiselle rose l'envoie de nouveau baigner dans un bonheur béat.

La louve vient la rejoindre dans le sable et la mélancolie d'Iris s'envole complètement. La chanson lui a plu, et la fierté gonfle son torse, plus intense encore que lorsqu'elle eut vaincu le lynx d'Aka. Elle se laisse aimer, le regard doux, appréciant chacun des gestes tendres de la louve. D'une phrase, elle balaye de nouveau le choix qu'Iris aurait pu avoir : elle ne peut la quitter. Elle passe une patte sur son dos, l'attire contre elle d'un geste possessif.


Elle souffle, glisse son museau dans le cou de la solitaire. Puis, remonte vers son oreille, et murmure :

-Iris-

L'heure est aux confidences, et Iris sent le souffle de la demoiselle se dévoiler à ses oreilles. Une promesse de toujours l'écouter, d'abord, celle de ne jamais être seule qui conforte Iris dans son choix. Puis le nom -Miraj- celui exotique sentant le sable et la chaleur, le mystère est la tromperie aussi. Mais elle parle d'ascension, et l'etelkru la croit. Iris sourit, regardant celle qui désormais avait un nom, mais n'en était pas moins désirable. Elle pose son front sur le sien, les yeux rivés dans ceux d'azur : tout ce qu'elle demandait après tout, c'était de s'élever avec elle.


Car il était magnifique. Pouvait-on complimenter un nom, alors qu'il n'était ni gagné, ni mérité ? Iris n'en avait rien à faire. Elle pourrait tout lui donner, tout, tant qu'elle ne se refusait à elle, jamais. Iris apprenait à peine à aimer, mais déjà être aimé la rendait folle d'envie et de reconnaissance. Elle pouvait s'y complaire pour toujours, avec celle que son frère avait laissé échapper ... Comment devrait-elle lui annoncer, d'ailleurs ? Pas maintenant, peut-être : il faudrait d'abord s'assurer des sentiments de la belle Miraj, mais Iris brûlait d'une drôle d'envie de lui montrer sa nouvelle possession, de voir la colère dans ses yeux. Ce soir, cependant, n'était pas pour son frère, mais uniquement pour leur idylle qui débutait à peine. Iris se couche auprès de Miraj, et laisse les étoiles devenir leurs seules confidentes.



La matinée était pluvieuse, le ciel couvant une bruine fine qui tombait sur les feuilles en un bruissement doux. Une pluie de celle qu'on ne remarque pas, de prime abord, mais capable de glacer jusqu'au sang quiconque est assez téméraire pour y rester trop longtemps. Iris faisait partie de ces gens là : son chemin jusqu'à l'Atoll avait été long, et son poil lustré pour l'occasion avait perdu de sa superbe. De toute façon, la traversée du bras de mer aurait enlevé de sa superbe, mais la pluie n'arrangeait rien.

Iris était allé prier Aka, comme prévu. Et Aka avait répondu à ses prières. En échange d'un combat, son corps avait été changé par une magie ancienne et un vœux puissant, et depuis, Iris vivait comme un mâle. L'acclimatation s'était faite naturellement, comme si c'était la place d'Iris depuis toujours. Les autres l'avaient accepté sans heurts, et depuis, la vie était plus douce encore. On aurait presque pu croire à un rêve ... Miraj avait, évidemment, été la première à en profiter, et leurs nuits sur l'Atoll s'étaient faites encore plus nombreuses. Iris passait du temps avec elle, retournant parfois au clan sans se soucier des regards, pour le moment. Sa vie s'était soudainement axée autour d'Elle, ne pensant plus qu'à leur prochaine rencontre lorsqu'ils étaient séparés.

Le bras de mer s'offre aux yeux d'Iris, et il s'enfonce dans l'eau de mer sans hésiter. Le chemin est tout tracé vers sa belle, et sa proximité avec la demoiselle le rendait presque fébrile. Elle avait cet effet étrange sur lui ... Celui de le rendre fou d'elle, à ne plus pouvoir s'en passer, ni le jour lorsqu'il chassait ou gardait leurs frontières, ni la nuit lorsqu'il allait pourtant la rejoindre. Elle était devenue son obsession, sa vie en entier, et ses seuls loisirs étaient de lui confectionner toujours plus de bijoux, de la couvrir de cadeaux pour que jamais elle ne pense à l'abandonner.

Les pattes foulent enfin le sable, hérissé par la pluie fine et froide. Iris s'avance, un sourire aux babines : son voyage se termine enfin, et avec lui se terminera la frustration. Déjà, la silhouette de sa Reine se profile devant lui, et il va la saluer, d'une légère révérence.


Iris avait compris qu'elle se repaissait de compliments, et aimait voir ses sourires lorsqu'il lui disait les bons mots. Les mots d'amour, les mots de reconnaissance et de beauté, tous ces mots qui sonnaient comme des promesses qu'il lui faisait jour après jour.