[Lùgh et Agathe] Construire

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Elle répond qu'elle n'en a jamais vu elle, de fée.
Sa théorie, il ne sait pas s'il en est triste ou étonné, ça voudrait dire qu'il est peut-être vraiment l'enfant changelin dont on a dit de lui... Il range ces pensées dans un coin. Il lutte, fort, fort, pour ne pas tomber dans une spirale de pensées. C'est peut-être d'être aussi exalté, le voilà en tout cas porté et il arrive à se focaliser sur Agathe.

C'est toute la nature qu'elle aime et il comprend. Il trouve beaucoup de joie à regarder les paysages, les ciels, par-dessus tout la mer et ses vagues. Il se sent bien, près des animaux et des plantes. Sur la plage, il se sent léger, libre, tout petit face à la colossale masse de l'univers et pourtant consolé. Rien n'est grave, à cette échelle immense.

Les dessins lui plaisent et il est très content d'apprendre qu'elle aime surtout l'elvez. Il rentre un peu la tête dans les épaules avec un rire fluet, un peu benêt, mais surtout benoît. La demande suivante allume ses joues à son tour avec un petit 'oh'. Il se met à l'ouvrage avec son petit bout de charbon.

Et l'oeuvre ne le convainc pas.
Il a une moue et traficote la pauvre feuille en étalant un peu plus la trace de coussinet sur la droite.

"Aaaaa euh... je peux faire mieux."

Ce n'est pas vraiment bien.

"Tu mérites mieux."

Oui, elle a droit à mieux que ça.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Elle vole le dessin, oh non !
Il ne peut le reprendre pour l'échanger contre un meilleur, elle vient de dire qu'elle le trouve parfait il est vrai, cela n'empêche qu'il veut bien aussi être fier du cadeau qu'il offre et-

Ce n'est pas ce qui compte.
Du moins, plus.

Le contact éjecte au loin toute trace de pensée, chose rare pour cet esprit toujours embrouillé. Seule existe et devient percevable cette chaleur contre sa truffe, dont la perception grandit, grandit, jusqu'à faire monter plus haut qu'il n'aurait pu penser, son cœur qui volait déjà. Roi du ciel, capable de contempler l'échange du plus beau point de vue. Une sensation plaisante et éternelle.

Embrasé de cette brûlure merveilleuse, le sang a gagné les saillies de son visage. Mais petite pivoine sera damné s'il ne presse en retour son nez contre celle qui l'a touché ; au littéral comme au figuré. Sa queue bat tout son bonheur, ses oreilles s'agitent au même honneur. Sous cet assaut de sentiments incompréhensibles, il est traversé de tremblements charmants, charmés.  

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Il fait bon, ces derniers jours.
Une chaleur qui l'entoure et qui l'habite ; à laquelle il se fait pour celle qui l'enrobe, mais pas du tout pour celle qui a fleurit dans son âme. Il n'en revient tout simplement pas. Il ne pensait pas un jour devenir si riches de relations, ne serait-ce qu'avoir un ami était une perspective enchantante. Alors trouver un groupe entier... Et à côté de cela, une relation romantique ?
Peut-être qu'il a été maudit de naissance et seul, avant, pour le devenir ici.

Lùgh est sorti de son sommeil léger par un mouvement à côté de lui.
Une plus grande inspiration soulève ses côtes, et il bouge assez la tête pour regarder Agathe. Il se le confirme, quelle chose impossible à croire. Il sourit immédiatement, comme chaque matin qu'il la voit. Grande, forte, cristalline au littéral et figuré.

"Oh, tu as une pierre violette aujourd'hui, ça te va bien."

Sa voix est encore graveleuse du sommeil.
Il est vrai qu'il pourrait dire ça de toutes les couleurs. Mais, il trouve que le rose, le vert et le violet sont les plus seyants sur elle. Il n'a pas tant de filtre, au réveil, à ce niveau de confort. Il étire une patte et sent son estomac vide, qui réclame pitance régulière pour ce corps stressé qui assimile tout très vite. Ça attendra un peu, il préfère mirer Agathe d'abord.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Il prend le petit caillou avec grand plaisir et l'observe sous tous les angles en l'écoutant.
Il le met sur lui, car sûrement il lui faut de la charoïte si elle calme les pensées, les siennes vont toujours à cent à l'heure. Il avale un "trop bien" parce qu'il dit ça à chaque fois qu'elle lui explique une pierre et c'est redondant.

Elle s'occupe de la nourriture, quelle attention.
Il a bien envie de dire que tout lui ira, tant que c'est elle qui le prépare il peut se repaître d'euphorie. Mais ce n'est pas tout à fait vrai alors il ne le fait pas. Même si ça ne compte pas pour ce matin car tout ce qu'elle mentionne, il apprécie. Et s'il veut quelque chose... la réponse sera presque toujours :

"Des brocolis ?"

Certains aliments déclenchent un profond dégoût en lui, un frisson qui le parcoure et un réflexe nauséeux ; leurs textures. Les champignons surtout. Mais d'autres textures ont l'effet inverse. Il vie pour les brocolis, il tuerait peut-être, pour des brocolis.

Il se redresse comme il peut et décide sur un coup de tête que puis-ce qu'elle s'occupe du repas, il va lui, s'occuper d'une idée qui lui est venue la veille en récupérant du bois flotté et une souche. Elle mérite qu'elle la mette à exécution.

Il ne s'éclipse que le temps de ramener les deux objets et espère qu'il aura le temps.

*

C'est un peu de temps plus tard et peut-être juste à temps avant qu'elle ne revienne qu'il termine. Il patiente qu'elle approche, bienheureux. Et sans détours parce qu'il n'est pas très fort pour les présentations, il dévoile d'un pas de côté une souche creusée avec désormais un yucca dedans.

"Aaah, ta-dah ! Un pot tout naturel pour Lucas, ça aide à retenir l'eau et... j'ai mis une terre adaptée."

Le mieux pour la petite plante de compagnie, il a glissé la question l'air de rien. Ça a été si dur de ne rien dire, ne pas dévoiler les surprises est une torture. Ça en vaut le coup, pourtant. Il se tourne à la hâte aussi vers l'endroit où elle prépare la nourriture normalement. Il y a quelques bougies d'huile sur des morceaux de bois flottés arrangés de telle façon à former un chandelier.

"ET U-" Il contrôle le volume de sa voix. "Et un porte-bougies, pour en mettre six et voir encore mieux ce que tu fais."

Il la regarde, un grand sourire sur les babines, pendu aux siennes pour sa réaction.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Elle a beau dire qu'il est bête, il voit bien sa truffe plus rose et le bout de ses oreilles aussi !
Un peu plus de chaleur dans l'âme encore qu'avant, il est satisfait parce que ça lui plait. Il chavire un peu plus pour elle aussi à la vue du plateau : elle a ramené tant de bonnes choses à dévorer, et surtout la partie qu'il préfère du brocolis, les têtes. Elle commence à bien le connaître. Il s'en saisit presque tout de suite, ne se suspend que pour l'écouter parler.

Ramener plus de végétaux et planter plus de brocolis ?
La réponse est toute évidente, il ne peut qu'apprécier et dire oui ! Il garder les yeux grands ouverts de surprise et d'enthousiasme, puis s'en vient le moment où elle tapote son museau et il s'esclaffe. C'est un petit son enchanté. Il s'imagine déjà.

"Oh, ce serait parfait. On peut même en faire des suspendues, tu sais ? C'est très joli. Pour y mettre tes fleurs préférées de la savane... Je peux même mettre des plantes pour les sabbats ! Ostara sera bientôt."

Et c'est en disant ça, qu'il réalise un peu, que finalement il se fait une place dans cette tanière... Et qu'elle la lui fait aussi, à ses côtés. Et d'un coup, il a envie de pleurer. C'est des bonnes larmes, parce qu'il est rempli, rempli de bonheur et ça déborde. Il mâchouille un bout de légume en les retenant du mieux qu'il peut pour ne pas être trop pathétique et se jure qu'il va lui laisser des moments de liberté. Pour qu'elle continue de faire ce qu'elle veut, sans avoir à paniquer. Il ne sait pas encore comment. Mais il se le jure.

Il s'imagine juste, ce qu'il peut continuer d'apporter à ce petit chez eux.

"Je peux aussi mettre un petit triskel à l'entrée pour protéger la demeure. Faire une cheminée pour laisser des offrandes au coin de l'âtre pour les fées si elles existent ici..."

Il la regarde.

"Je peux te faire un craque-noix aussi, et même des cuillères en bois, pour aider à cuisiner ! Et une planche à découper ?"

C'est idéal, un lieu où rester protégé, chaud, avec de quoi manger et surtout de quoi bien le préparer !

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Il s'est affairé quelque jours, entouré de copaux de bois qu'il a emporté une fois jusque dans les draps avec ses plus plates excuses quant à ce fait. Il s'est aussi emparé de quelques pierres pour agrandir le foyer et dédié un petit espace à cet autel dont il a parlé. Mais à la fin, la planche à découper, le craque noix, les pots et les cuillères ornées trônent dans l'espace ; il s'en sent fier.

Agathe observe ce qui est désormais leur espace, leur maison. Il manque encore une fois de pleurer de joie, et renifle tout plein d'air pour arriver à ses côtés et s'exclamer à son tour.

"De rien du tout !"

Il glisse un petit geste encore maladroit, peu habitué à les distribuer (à pouvoir les distribuer) vers la joue d'Agathe. Puis il avance avec ses deux chandelles qu'il a façonné grâce à un mélange végétal pour une cire colorée.

Il place les deux chandelles mauves, dispose les deux pots de violette et aspérule, entoure de la jaspe rouge et l'héliotrope (don de sa douce !!) , et termine avec la branche de saule qu'il a récupéré. Tout content il regarde Agathe. Quand il a expliqué elle lui a avoué son aversion pour les dieux et déesses... Mais il a quand même envie d'essayer, il n'y perd rien. Et c'est la nature, peut-être qu'elle tolère assez.

"Tu veux allumer les chandelles ?"

C'est une autre forme de partage. Et qu'il est heureux, de fêter ce printemps avec elle.