Exploration et sécurisation [PV Grimalk]

Chez Violette, pas de regard écarquillé ou de réaction de dégoût à l'idée de devoir potentiellement abattre une créature.
Il s'estime rassuré de ça. S'il est prêt à entendre tout ce qui motive à éviter de donner la mort, s'il est curieux de toutes les autres façons de se défendre et de repousser sans avoir besoin de faire couler le sang car il les voit comme autant de compétences à maîtriser, il rejette en revanche la conviction qui estime que jamais aucune vie ne puisse être prise.
C'est peut-être parce que lui ne la trouve pas si précieuse que ça. Fascinante, oui ; et il leur fallait la protéger. Mais estimer suffisamment certaines choses pour se dire vouloir les protéger, cela inclut nécessairement d'établir des comparaisons et des oppositions.
Comme le fait incontesté de devoir se nourrir d'autres vies que l'on considère alors moins importantes que leur propre existence.
Ainsi va l'ordre des choses.

Alors à la question, Grimalk n'hésite pas longtemps avant de répondre.

— J'aurais pesé le pour et le contre. Il y a un équilibre à trouver entre le risque et le bénéfice, on peut accepter la mort d'un membre s'il s'agit d'en sauver plusieurs autres.

A condition de toute faire pour éviter cette perte ; que jusqu'au bout, même une seule mort ne soit pas facilement accordée. Si quelqu'un devait périr pour un conflit sans intérêt, sans résultat, ça n'en valait probablement pas la peine.
Mais si par un guerrier tombé on obtient la sécurité pour ceux qui restent et pour tous ceux à venir, c'est le plus logique à considérer.
Il repose sa tête sur ses pattes et son regard quitte un instant le vieux mâle pour aller chercher le ciel assombri, à l'extérieur.

— De là où je viens, il faut souvent tuer pour sauver. C'est nécessaire.

Lui a été trop jeune pour l'appliquer - mais c'est valeur transmise, et acte auquel il a en de rares occasions pu assister de loin.
Et si parmi eux il avait atteint la maturité et complété l'entraînement à son rôle il aurait été de ses prérogatives de brandir ses lames, possesseur du droit de vie ou de mort, sur ceux qui auraient menacé la survie des siens.

Le vieux mâle reste prudent dans ses réponses, ne s'avance pas sur beaucoup de points. Il comprend de plus en plus à quel point les loups d'ici s'en remettent souvent - trop souvent ? - à leurs divinités, et semblent oublier de devoir faire des choix difficiles par eux-mêmes.
Ou peut-être préfèrent-ils s'en remettre à la volonté des Dieux par peur de leur colère. Le jeune mâle reste attentif aux paroles de Violette, même si certaines paraissent incertaines ou divaguent un peu - il a bien intégré que chaque Dieu est différent, tant dans ses valeurs que dans l'influence exercée chez ses disciples, et il cherche encore à cerner ce qui fait du Nakhu en face de lui un loup porteur du bleu. Il finit par froncer les sourcils à la conclusion du loup qui baille pour la énième fois, et il l'observe pendant de longues minutes sans rien rajouter quand il pose sa tête blanche sur ses pattes et ne tarde pas à s'endormir.

L'adolescent, regard fixe, reste enfermé avec ses propres pensées et tente d'ordonner ses ressentis. Il ne sait pas s'il est convaincu par ce qu'il a vu de Violette : il est peut-être même au contraire un peu plus perplexe. Il aurait pensé des affirmations plus prononcées de la part de l'un de ses disciples, davantage de certitudes.
Mais il a aussi vu d'autres parts de lui, dans la journée partagée - comme dans certaines phrases qui avaient pu renvoyer à des moments de son passé, à ces fameuses erreurs de jeunesse. Violette n'a pas l'air de savoir beaucoup théoriser, ou d'être capable de se prononcer face à des hypothèses qui n'en restent qu'à ce stade. Mais il a été prompt à agir, en revanche.
C'est peut-être en ça qu'elle s'exprime, sa force mentale. En ne reculant pas, en assumant de devoir trancher au dernier moment pour agir.
C'est quelque chose qu'il peut comprendre, voire relier à sa propre expérience.

Un bref soupir quitte les lèvres de Grimalk alors qu'à son tour, un long moment après l'autre Nakhu, il finit par relâcher son encolure puis le reste de son corps et se laisse glisser vers un sommeil dans lequel s'agitent les silhouettes d'immenses bêtes aquatiques.