CXXX (libre)

"If I pray it must be for other People."

Depuis que Cloud était arrivée en ces Terres, elle avait eu moultes occasions de s'intéresser au Panthéon local. Elle avait beaucoup appris : les croyants d'ici ne se reconnaissaient pas entre eux de par des appendices propres à leur foi, mais arboraient des lumières colorées, baptisées "glowstick". Également, chaque Dieu répondait de valeurs, et il était courant pour les autochtones d'obtenir réponse de leur part, en échange d'offrandes.
Avec ce savoir était venu à l'immigrée une certaine curiosité intellectuelle, et la volonté de rencontrer autant que faire se pouvait¹ les différentes divinités Punk Wolfienne. Elle avait d'ailleurs commencé à œuvrer à ce projet, avant que sa grossesse ne vienne le mettre entre parenthèse.
Maintenant que ses enfants étaient suffisamment âgés pour voler de leurs propres ailes - avec malgré tout des valeurs familiales au centre de leur quotidien, la disciple d'Osamodas avait davantage l'opportunité de se consacrer à cette entreprise.

Confortablement installée au sein de son foyer, Cloud adressa un sourire à Twilight, qui paressait affalée sur le flan. Le Renard de l'Aube semblait souffrir de cette chaleur, et passait le plus clair de ces dernières journées à s'économiser.

Lorsque le premier coup de tonnerre retentit, ni l'une ni l'autre ne s'en affola. Bien au contraire, un orage était à prévoir, mais encore plus : espéré. Celui-ci permettrait une baisse des températures, qui serait sans aucun doute des plus salvatrices.
Les minutes passèrent, et la pluie vint. D'une façon surprenante, toutefois : elle s'abattu avec force, en un rideau, d'une intensité presque incroyable. Le bruit de cette tempête ne perçait que par l'entrée du logis et, inquiète, la louve se leva pour se poster devant celle-ci. Twilight, elle, restait couchée, s'étirant avec plaisir à l'idée de retrouver un climat moins étouffant.
Cloud pensait à ses enfants. Elle espérait que ceux-ci soient à l'abri, pourraient trouver refuge, ou que la météo serait plus clémente là où ils se trouvaient.
Ce n'est que là, postée devant l'arche qui donnait sur le paysage alentour, que la Réfugiée fit un constat qui l'horrifia.
La terre du Gouffre, sous l'effet d'un climat habituellement aride, était devenue bien trop sèche pour pouvoir absorber toute cette eau, qui tombait en torrent. Bin au contraire : des morceaux de ce sol craquelé se détachaient pour venir alimenter les ruisseaux qui commençaient à se former, les transformant en coulées boueuses.
Si ce phénomène venait à prendre de l'envergure, cela serait d'autant plus calamiteux que les grottes se trouvaient au fond des gorges.
Le premier réflexe de Cloud fut d'alarmer. Elle s'avança un peu plus, se retrouvant sous le déluge, gonfla ses poumons et hurla au danger. Il fallait avertir les Réfugiés présents, de sorte à ce que chacun et chacune puisse se prémunir de ce qui deviendrait rapidement un véritable fléau.
Après plusieurs répétitions, elle se tourna vers la Renarde, maintenant bien éveillée et dans l'attente davantage d'explications. Sa queue avait pris la forme d'un point d'interrogation.
- Nous devons agir, ou le Refuge sera détruit. Il pourrait même y avoir des blessés, ou pire.
L'interrogation devint exclamation.
- Si tu le peux, fais le tour des grottes. Assure-toi que chacun prenne conscience de la situation. Que les plus fragiles se mettent à l'abri, que les plus robustes sauvent ce qu'ils peuvent.
La louve avisa la taille de la Renarde, qui était déjà prête à partir effectuer sa mission.
- Twilight, si cela devient trop difficile, mets-toi à l'abri également. Va sur les hauteurs, repère un endroit peu atteints par les coulées, et restes-y ! Peut-être même serviras-tu de guide à certains.
Le goupil opina vivement du chef avant de sortir affronter la pluie, poussant des petits hurlements afin d'alerter comme elle avançait vers les autres résidences.

¹ Il était, bien évidemment, hors de question pour la mère de famille de se mettre en danger en franchissant les frontières Etelkrus. La Cornue avait retenu de sa rencontre avec leurs membres qu'elle encourrait moultes dangers à jouer les invitées clandestines. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de songer à la possibilité de demander le droit de passage, quitte à se le voir refuser. Que risquerait-elle alors ?

Codage par Libella sur Graphiorum et illustration par Aeva

FOR : 0 ; AGI : 2 ; END : 0 ; ING : 2

Une fois seule, et maintenant trempée jusqu'aux os, Cloud observa le trajet des écoulements. Il y avait quelques obstacles qu'il lui faudrait déblayer, de sorte à permettre à l'eau et à la boue de s'écouler sans s'étaler. De plus, s'ils venaient à être charriés par le courant, ils représentaient un danger supplémentaire.
Alors qu'elle se mettait en mouvement pour déplacer ce qui pouvait l'être, la disciple eut une pensée pour Osamodas, mais aussi pour les Divinités de ce continent. S'agissait-il là d'une sorte de mise à l'épreuve ? Si oui, de qui venait-elle ? Elle ne doutait pas du Dieu qu'elle vénérait, et ne pouvait qu'imaginer là une façon de mettre à l'épreuve sa dévotion envers son nouveau continent, son nouveau foyer, par ceux qu'elle n'avait encore jamais rencontrés. Elle savait, également, que même si elle n'avait jamais eu l'occasion d'obtenir réponse explicite de sa part, le Dompteur Céleste serait à ses côtés.
Alors, y mettant toute sa foi et sa ferveur, elle récitait des psaumes à l'attention du Grand Conjurateur, mais aussi de ces autres dont seule la description lui avait été faite. Bien sûr, elle se devait d'improviser les paroles qu'elle leur adressait, ne connaissant pas les textes religieux qui leur étaient propres, et réadaptait pour cela des prières douziennes en fonction des caractérisiques qu'elle leur connaissait : leurs noms, leurs couleurs, leurs animaux totem et leurs valeurs.

Elle entreprenait donc de déplacer ce qui pouvait l'être par ses forces toutes relatives : les bûches et branchages de leur stock de bois, les plantes en attente de retrouver terre, les tas de compost et de terreau, ainsi que leurs matériaux, laissés à même le sol en l'absence d'endroit désignés pour les ranger. La louve claire se fit la réflexion qu'il faudrait que cela soit revu, une fois la tempête passée, afin de s'assurer qu'une telle situation ne se reproduise, demandant des travaux d'aménagement bien trop tardifs.

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FOR : 0 ; AGI : 2 ; END : 0 ; ING : 2

Le déblaiement avançait bien, toutefois, il y avait des encombrants que la petite louve n'était pas parvenue à déplacer, ceux-ci étant trop lourd et elle trop faible. De plus, avoir les pattes dans l'eau ne facilitait pas du tout la manœuvre, ses coussinets glissants laborieusement sur les surfaces. Elle avait parfois du s'aider du reste de son corps, poussant de ses épaules ou de son dos. Mais il avait fallu se rendre à l'évidence, et accepter un compromis : il valait mieux déplacer ce qui pouvait l'être, plutôt que de perdre un temps précieux à s'acharner sur ce qui ne saurait mouvoir.

Jet réussite sur base ING pour déterminer l'impact des efforts de Cloud sur le chemin des torrents:

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FOR : 0 ; AGI : 2 ; END : 0 ; ING : 2

C'est avec satisfaction que Cloud, toujours trempée, constata que son travail avait eu l'issue escomptée. Même si des obstacles persistaient, l'eau avait eu tendance à former des écoulements moins élargis, plus au centre du gouffre, épargnant donc les habitations situées de part et d'autres. Certaines installations, toutefois, seraient sans aucun doute touchées par le sinistre, et il faudrait évaluer les dégâts par après pour envisager les reconstructions nécessaires.
La végétarienne eut une pensée pour tous les êtres vivants résidants au Refuge, et formula une nouvelle prière. S'il s'agissait bien là d'une mise à l'épreuve divine, que les autres créatures habitant les lieux soient au moins épargnées. La Cornue ne pensait pas seulement aux loups, mais aussi à leurs animaux domestiques. Elle espérait, quelque part, que leur repère eut été désert ce jour-là, à l'exception de sa personne, et que Twilight eut pu se mettre rapidement à l'abri sur les hauteurs.

En plus de la pluie, l'orage grondait toujours, dardant le ciel de ses éclairs, accompagnant le monologue de Cloud à l'attention des Dieux - tant douziens que punk wolfiens.
Et Cloud anticipait que le pire soit à venir.
Peut-être se trompait-elle, mais les torrents qui enflaient à ses pattes semblaient conforter sa théorie. Puisque l'eau ne cessait de tomber, une coulée de boue risquait de survenir.
Ce serait tout autre chose que ces ruisseaux salis qui se contentaient pour l'instant de suivre le chemin qu'elle leur avait gentiment tracé.
Ce serait immense. Ce serait rapide. Ce serait dévastateur.
Ce serait mortel.

Une trombe d'eau lancée à une vitesse ahurissante, qui engloutirait tout sur son passage.

Cloud lança un nouvelle appel sous la forme d'un hurlement. Si quelqu'un voulait sauver quoi que ce soit, il fallait agir vite. Il faudrait, ensuite, regagner la sécurité des hauteurs, jusqu'à ce que l'inévitable n'arrive.
Lorsque la pluie cesserait, ils découvriraient l'ampleur des dégâts.

Malgré toute la dévotion qu'elle avait pour les Réfugiés, elle ne pouvait se permettre d'assurer la sécurité que de son propre foyer. Se montrer trop altruiste ici pourrait lui être fatal, et elle ne laisserait pas ses enfants devenir orphelins.

Parmi les éléments déplacés plus tôt, elle se souvenait avoir vu des sacs de sable.
Ceux-ci allaient pouvoir servir.
Une nouvelle fois, Cloud s'efforça d'en déplacer, pour les amener devant l'entrée de la grotte qu'elle avait quittée quelques minutes plus tôt. Elle les agença de la façon qu'elle pensait être le mieux, de sorte à limiter les infiltrations dans son logis.
Puis lui adressa un dernier regard plein d'affection, avant de s'en aller sur les hauteurs, à la recherche de Twilight.

Jet fuite sur base AGI pour déterminer si la fuite de Cloud n'est pas trop tardive au regard de l'arrivée de la coulée de boue:

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