Avancer · Ted

Route est faite depuis les Champs Mystiques.
Galvanisé plus tôt, le temps qui passe émousse certes l'émotion, tout en laissant derrière elle une contemplation motivée. Il n'y a plus de froid autour de lui, ce qui contraste avec la première note qui l'a poussé dans la bonne direction. Dans la grotte d'Ao, frigorifié et terrifié, poussé à se confronter par la déesse... Cela ne date que de quelques jours et il a pourtant l'impression que ça fait une éternité. C'est un bouleversement titanesque. Il est porté par cette croyance en lui-même. Enfin, enfin la vie lui sourit.

Et il n'est plus seul non plus.  
Il avance aux côtés de Ted, au littéral et figuré : il l'a aidé à trouver les ingrédients pour la recette, motivé à aller voir Mido, et son ami l'accompagne jusqu'ici puis aux recherches à la bibliothèque. Il est si reconnaissant d'avoir trouvé au milieu de tout ceci, le loup anthracite. Et il est heureux, ému que la dynamique ai changé, qu'il ai réussit à lui apporter. Leur duo inattendu transcende désormais un simple lien de gratitude. C'est son ami. Un réel ami trouvé dans le chaos de la vie qui lui a proposé une maison.

Il a hâte, d'en forger encore plus et d'avoir ce groupe dont il a tant rêvé.
Et tellement hâte, quand bien même il a aussi peur, lorsqu'il voit la ligne de l'horizon devant eux, loin où se joint le bleu maritime miroir du ciel. La mer meurtrière avec en son sein l'île dont il est venu et les trois lieux en son sein. Les flashs n'ont pas disparu, sous les flots sombres il se revoit couler... Mais il inspire, force ses poumons.

Il puise dans l'état qui lui a permis de passer la cascade. Puise dans la présence de Ted à ses côtés. Puis dans les paroles de la déesse qui l'a mise au défi. Et surtout, puise en lui-même et sa foi.

Il avance, les yeux embués, et les sourcils froncés, mais les yeux rivés sur l'étendue salée. Ils y sont presque.

Il n'y a que le contact et la voix, pour le détourner de la vue de la mer.
C'est un mouvement lent qui le ramène à Ted et sa question, comme devenue statue de pierre forcée à sortir de son axe éternel. Il ne le fait pourtant pas contre son gré, c'est juste l'impression que lui donne ses os qui grincent, parce qu'il s'est crispé. Est-ce que ça ira ? Il le croit. Il n'y a pas d'autre choix : il ne faut plus se contenter d'essayer et voir, il faut mettre toute sa volonté et y aller.
Il ne nie aussi que le contact lui fait du bien, il réchauffe avant le froid de l'eau.

"J'y crois. Merci d'être venu avec moi."

Avec ces paroles, il presse une seconde contre Ted. C'est la dernière poussée et la dernière chaleur qu'il lui faut. Il détend ses muscles volontairement, un par un, à ce contact et ferme les yeux. Un mouvement de sa nuque pour la faire craquer et la décoincer... Puis il se détache. Un dernier coup d'œil vers son ami, puis il marche vers l'eau.

Il est l'heure d'avancer, de reconquérir.
Les vagues enrobent ses doigts et le froid est déjà là. Ce n'est pas aussi rapide et bref que la cascade et il est plus dur de rentrer dans l'eau petit à petit. Le temps que l'eau arrive jusqu'à ses épaules les images dansent sous ses yeux et il a l'impression d'étouffer avec la pression de l'eau sur ses côtes. La plus grande partie du challenge débute ici, car si s'approcher a été dur, s'y enfoncer angoissant, plonger est encore paralysant.

Il se retrouve face à sa peur, celle de mourir à nouveau.
Le doute revient, l'incertitude de savoir comment faire est là dans un coin. Elle bifurque entre les bulles de détermination. Se jeter tout entier a bien fonctionné pour la première étape, a.k.a celle de parvenir jusqu'ici. Ne pas réfléchir et foncer, s'emparer de son inconscient, oui. Mais il bloque à nouveau, c'est que ce n'est pas suffisant.

Petites étapes, alors.
Aller là où il n'a plus assez pied. Se concentrer à prendre une inspiration. Maintenant encore esquisser quelques pas. C'est bien, il flotte. Maintenant il faut accepter, il faut revivre : se laisser couler.

Il disparait sous la surface de l'eau et ouvre les yeux.
La lumière de la surface ricoche encore à l'endroit où il se trouve, elle ondoie. Une vue similaire à celle moqueuse qui le saluait, lors de leur dernière rencontre. Il doit réaliser que ce n'était qu'une question de perspective : l'eau n'est que ce qu'elle est. Elle n'est pas une traîtresse comme il se l'est forgé, rien que l'endroit inopportun de sa malefortune. Il se le répète encore quelques fois et  laisse l'air s'échapper en petite quantité de ses poumons pour qu'il puisse aller plus loin dans l'eau froide. Il faut qu'il se le rentre dans l'esprit, le froid n'est pas une morsure comme il se l'imagine, ni créature représentante de sa tristesse, juste une température logique née de son tour dans la neige après sa renaissance.

La chaleur dans son corps, le froid dans son cœur, des métaphores.
Ce sont ses émotions, celles qu'il construit comme des créatures loin de son contrôle qui l'emportent avec lui. Il érige une part de lui-même en ennemi, pour se détacher de ce qu'il ressent et les blâmer. Et ne rien en faire. Il subit, subit de son propre fait. La malchance le frappe il est vrai, on ne peut pas appeler autrement toutes les blessures qu'il a reçu. Mais ses plus grandes peines n'en sont pas : elles tiennent d'autres personnes qui le blesse, ou de lui-même qui se créer des mécanismes de défenses qui ne servent pas les objectifs qu'il désire.

Ses membres se débloquent doucement, il peut se tourner vers le fond. Quelques coups de pattes et il progresse vers le tapis de sable et de flore maritime pour chercher l'objet dont le souvenir a été implanté. Ses yeux scannent autant qu'ils peuvent avant qu'ils ne piquent à cause du sel. Il les clôt assez et doit remonter à la surface chercher une autre gorgée d'air. Sa réflexion n'est pas terminée. Il y retourne avec un coup de bassin habitué, quoi qu'encore rigide.

Dans l'obscurité redoutée de l'eau, beaucoup de choses s'éclairent encore.
Il mérite de croire en lui et de s'accorder de la douceur ; il se doit à lui-même aussi de se tenir responsable de ses propres erreurs pour ne plus les commettre. Il reconnait là où il a échoué et pourquoi essayer n'est pas suffisant. S'il ne travaille pas sur lui-même pour comprendre pourquoi il agit d'une certaine manière, il ne pourra pas stopper ses actions inefficaces.

Le souvenir qui lui a été implanté de l'objet lui rappelle qu'il est bleu, et force un cercle représentant une créature se mordant la queue. Un cercle vicieux, il voit pourquoi. Il s'était enfermé dans l'un d'eux.

Il n'a pas tout à fait peur de mourir, il a eu peur de ne jamais vivre heureux.
Ce qui se touche de la patte désormais, il est sur la bonne voie. Demander de l'aide quand il y a besoin et retourner l'appareil pour se sentir bien et pas dépendant, pas tout à fait en pas mentir plutôt être honnête avec lui-même sur ses émotions, étendre son entourage en parlant aux autres sans essayer de parler à tous, ne pas forcer sans tomber dans l'apathie. Trouver un équilibre.

C'est là, enfin, qu'il voit l'objet sur le fond.
Pour briser le cercle, il faut viser l'équilibre et changer une habitude. Son museau passe dans le trou que forme la sodalite taillée, et il soulève l'objet lourd. Ce sera son dernier effort : le remonter et le trainer vers la plage en dernier. Il retrouve dans cette étape les souvenir de ses mois d'entrainement. Un apprentissage qui revient dans ses pattes et débloquent enfin la pleine flexibilité acquise de ses membres. Son plein mouvement.

Un peu comme une sirène, son agilité lui permet d'onduler dans l'eau et de mieux utiliser son dos pour aider ses pattes. Il peut enfin développer la puissance nécessaire grâce à ça pour transporter l'ouroboros. La lumière de la surface revient, et il voit la pente que forme la plage s'approcher. L'assouvissement cogne dans sa cage thoracique et enfin il retrouve l'air. Une grande inspiration au travers de sa gueule ouverte est prise, celle d'une victoire. Le sourire aux babines, il pédale et revient enfin sur les coquillages broyés en cristaux fins. Il retrouve l'image de Ted.

Il lance, même, l'objet devant lui comme un poids. Le bruit de celui-ci qui s'écrase sur le rivage est plaisant, et il rit. Fatigué, il ne parvient pas à courir comme il l'aurait aimé. Mais ce n'est pas grave, il a avancé. Il a progressé.

"Hey." Lance-t-il finalement, le souffle un peu court et les cheveux mouillés en bataille. "Une pause, et- on pourra aller à l'île."

Et il s'allonge a côté de Ted pour reprendre son souffle.
C'est une nouvelle réussite pour lui.  

Il a les poumons tout vide, les coussinets frippés, le dos plein de sable, les cheveux emmêlés...
Et pourtant il ne croit pas avoir déjà eu le moral aussi haut. Que Ted le félicite est un tout autre parfum de joie, Avoir la présence d'un paire, avoir une bonne dynamique avec, c'est déjà une réussite en soi pour lui. Mais avoir sa reconnaissance est une autre étape. Il sait, que longtemps il va s'en souvenir. Il grave dans un coin de sa tête cet instant, en prenant une grande respiration.

"Oui. Je suis fier !"

Il exhale un souffle satisfait, grisé, qui prend en ampleur.
Petit à petit, il se met à rire, plusieurs notes qui se suivent comme une petite mélodie. Il lui vient droit du cœur, depuis combien de temps n'avait-il pas rit ? Est-ce que ça importe vraiment, à cet instant précis. Ça lui fait la pause dont il a besoin, un shoot d'endorphines bienvenues qui aide ses muscles fatigués à se détendre assez pour gagner un second souffle.

Ils ne seront pas restés très longtemps là. Mais ce n'est pas grave.
Lùgh se relève au bout d'un moment et s'étire. Il veille à bien tirer sur ses pattes pour les préparer à une traversée. Il planque l'anneau avec sa cape qu'il a laissé avant d'aller plonger, dans un coin de la pierre. Il n'a pas envie de le trainer plusieurs fois le long de l'eau non plus.

Ne leur reste plus qu'à aller jusqu'à la Bibliothèque désormais.
Il revient vers Ted, puis regarde le bras de mer qui les sépare de l'île à l'horizon.

"Prêt ?"

Lui, il l'est enfin.
Et heureux de l'être.

Prêts.
Alors Lùgh se ravance vers la mer : ce n'est pas encore simple, et il ressent encore la pression de l'eau un peu trop intense sur son corps. Mais déjà il y rentre plus vite, sa victoire est encore là. Ses muscles sont décrispés, ses dents ne se broient plus les une contre les autres. Il pouffe même à la complainte de Ted, qui tire un peu son esprit hors de la peur résiduelle aussi.

"Elle est encore plus fraiche au Penn ar bed, dis-toi que tu as de la chance."

Il taquine un peu, ça lui fait plaisir.
La blague lancée, désormais, il se met à nager pour de vrai. Battre des pattes, garder la tête bien courbée pour la maintenir hors de l'eau et penser à bien respirer... Et bientôt le rivage de l'île de profilera.

L'autre rive les acceuille.
Il halète en sortant de l'eau, la gorge un peu enflammée par l'effort. Il tousse même quelques gouttes salées avalées malgré toute sa bonne volonté. La fatigue est présente pour lui aussi, même si compte tenu de sa plongée, il estime bien s'en sortir. Il pose même un regard vers la rive dont ils viennent, avec un petit sourire satisfait.

La voix de Ted s'élève à nouveau et il revient sur lui.
Il passe sur le ciel, qui s'est assombri, il n'a pas remarqué avant la question, et prend conscience de la luminosité basse d'un coup. Ce qui ajoute une autre couche à la fatigue, il a l'impression qu'elle vient de s'aggraver rien que d'y penser. Ce n'est pas bon. Cheminer vers un bâtiment pour être l'abri était le plan, et de loin la meilleure option. Mais sa, leur, limite semble être atteinte. Il décide donc, le ton prudent malgré tout.

"Je crois que je serais trop lent. 'Trop fatigué." Il lèche une babine, la gorge sèche. "Mais on peut camper. Y'a du bois pas loin."

Il en appelle à des mécaniques anciennes comme la nage, pour aller récolter du bois et de la mousse. Deux branches fine et solide, puis de plus gros morceaux qu'il ramène en deux fois. Vers un endroit assez sécurisé, il entasse ses petites buches en pyramide, assez espacées pour laisser circuler la chaleur. Puis, il frotte les deux branches fines, l'une dans ses pattes avant sur l'autre mise au sol. Il grommelle un peu ; c'est toujours plus long que ce qu'il aime, de créer du feu. Mais enfin le bois noirci et il peut poser la mousse dessus et souffler. Il attise, attise, jusqu'à ce que la lueur rouge naisse.

La mousse rejoint le bas de la pyramide, et le feu peut naitre.
Il fait toute confiance à Ted pour s'occuper du reste. Mais s'il a besoin d'aide il va pouvoir l'aider maintenant que les flammes ont démarré.

Des baies, des plantes et de l'eau, voilà de quoi passer la nuit avec le confort suffisant.
La proposition de chasser est appréciée, refusée malgré tout avec un petit mouvement de tête. Il n'y a pas besoin, les baies suffiront pour le moment. Demain sera plus approprié pour reprendre des forces et alimenter leurs cerveaux avant les recherches. Il n'exprime rien de tout ça et s'allonge simplement non loin de Ted, de tout son long et ventre vers le foyer pour faire sécher son pelage récalcitrant.

La seconde est à la détente, et à une réflexion plus douce. Il traite encore toutes celles qu'il s'est faite sous l'eau, des réalisations importantes qui, il le sent, mettront au moins quelques jours à s'installer et enfin s'appliquer. Voir quels mécanismes il s'est forgé outre les habitudes qu'il a déjà promis d'arrêter. Il pourra commencer demain.

Ce soir, est le soir pour la couture.
Il se tourne pour reprendre une position digne d'être appelée ainsi, et piquer des baies qu'il mange, ou plutôt avale comme un trou noir. Tout ce qui a transpiré avant donne faim. L'absence de mastication a l'avantage de permettre une discussion plus rapide avec Ted. Pas mal.

"Tu veux commencer quand la couture ? Quand ce sera vraiment la nuit ?"

Il imagine que plus tard c'est mieux ça doit fonctionner. Enfin, rien ne lui dit mais la logique irait vers là à ses yeux.

"On peut-être dormir un peu pour faire passer un peu de temps, se réveiller et coudre ensuite."

Au final, faire une sieste, quoi.

Ted préfère ne pas dormir en deux fois, ce qui se comprend.
Lùgh n'a pas envie de le laisser éveiller seul, alors la proposition est directement jetée à l'eau avec un petit commentaire. Il n'a pas à avoir honte de ce fait, il le sait, et pourtant cela lui fait quand même un peu gonfler les joues comme un louveteau.

"Non, j'ai déjà dormi trop de fois en te laissant veiller sur moi."

Cette fois, il va l'accompagner.
Et rien de tel que cette occasion pour combler, au final, la curiosité immense qui le ronge et le pousse à poser des questions sur les choses que son ami préfère. Il a déjà parlé plusieurs fois de sa mère, alors la question lui trotte dans la tête. Pour ça, il gigote et s'installe plus droit, pour une ambiance presque plus solennelle. On ne sait jamais à quel point le sujet peut être délicat, ou triste.

"Tu as dis que tu avait trois sœurs et tes parents ?"

Qui sont-ils, sont-ils encore seulement là ?
Il se demande s'ils ont des noms de pierre comme deux de ses sœurs, ou un terme se rapportant à un concept comme Prudence. La réponse est attendue avec une curiosité prudente, et une acceptation pré offerte d'un refus d'en discuter, transmis dans son sourire léger et ses sourcils un peu relevés.

Oh.
C'est vrai, que Ted a une apparence bien différente d'Agathe. Mais Lùgh a juste imaginé qu'elle ressemblait à un parent et lui au second ce n'est pas si rare qu'il soit parfois difficile de déterminer si deux loups sont liés par le sang. La mention cependant de son adoption chauffe un peu ses joues, par compassion certaine. Une similarité entre eux, il se dit qu'il peut comprendre alors, tout l'amour alors qu'il ressent pour sa famille.

"Désolé pour ta mère... Elle doit te manquer. Teddy a l'air d'être quelqu'un de bien."

Il sourit, puis confesse leur origines pas si différentes.

"J'ai été adopté aussi." Il sourit. "On m'a trouvé dans la forêt."

Il ne s'étend guère plus sur le fait que ce soit cette trouvaille et sa morphologie qui les ont poussé à le croire être changeling en plus d'être de la lignée maudite. Il explique plutôt le reste de son arbre généalogique.

"Ce que je sais de ma lignée, je le tiens des anciens du village qui connaissaient la malédiction, et d'un cousin lointain."

Un cousin un peu étrange, s'il s'en souvient bien. Il se dit qu'il aurait peut-être pu retrouver un ou une partenaire de sa famille pas touché par la malédiction pour en apprendre un peu plus aussi. Mais il n'a jamais trop cherché. Peut-être que l'un de ses parents biologique n'en était pas touché, non plus. Uh... Qui sait, peut-être est-iel encore en vie quelque part ? Mais il ne sait pas s'il voudrait en savoir plus à son sujet, ce n'est qu'une personne qui l'a laissé après tout. Celle qui compte, c'est celle qui l'a choisit.

"Elle s'appelle Gwenn, ma mère. Ça veut dire blanc."

Ted plisse les yeux et offre ce qui ressemble fort à une boutade.
Grand bien l'en prend, parce que Lùgh l'acceuille avec autant de plaisir presque que de ressortir de l'eau avec son anneau de sodalite. Il s'esclaffe et ne tarde pas à répondre, le ton un peu badin aussi.

"Maque de pot pour toi, elle l'est !"

Même si c'est involontaire, ça rend les choses encore plus drôles, parce que c'est vrai. Il pose un peu de contexte, ceci dit, parce que c'est encore un peu plus profond que ça, et donc hilarant.

"On l'est tous en fait, par là-bas. Gwenn est l'un des noms les plus répandus. On a même une emblême, le gween ha du. Blanc et noir... parce qu'il est blanc et noir."

Quand il y pense d'ailleurs, les loups de chez lui sont plutôt pragmatiques dans le nom qu'ils donnent aux choses. Le nom d'un dieu, selon la couleur, ou selon ce dont il s'agit par essence... Il pouffe.

"Penn ar bed, ça veut dire 'bout du monde', parce qu'on croit qu'on est au bout du monde, et qu'aller plus loin, c'est aller vers le Sidh."

Il pouffe encore un petit peu, la seconde blague faisant mouche aussi.
Il agite une oreille à la mention des couleurs de l'arc-en-ciel, et que les disciples soient appelés par la couleur de leur lumière. Il penche la tête. Il va bien évidemment demander plus d'informations, pour le moment Ted lui a présenté le raptor et la dragonne, Ao et Mido donc.

"Ao est bleue, donc... Et les autres alors sont quelles couleurs ?"

Il ne sait pas quelle est la taille de leur panthéon non plus, peut-être qu'il y a plusieurs dieux pour chaque couleur, avec chacun une déclinaison ? Il y a tellement de couleurs différentes donc pourquoi pas. Il se questionne à voix haute aussi, calquant ses propres croyances sur ces terres.

"Oh, vous avez un dieu principal qui a toutes les couleurs à la fois aussi ?"

Rouge, orange, jaune. Aka Dairo et Kiro.
Ce sont les dieux es Etelkrus, il a entendu parler de la meute, il a prévenu pour Thorn, ça ok. Il replace donc, Thorn était une disciple de Kiro alors. Violet pour les Nakhus, Yurai. Umaïna est Nakhu il croit. Et en derniers rose, bleu puis vert, Moiro, Ao et le fameux Mido que Ted est allé voir. Sa curiosité est rassasiée ensuite pour l'idée d'un dieu primordial, quoi qu'il manque de pâlir à l'idée d'un dieu tué par des mortels. Il est rassuré ceci dit d'apprendre qu'il a "juste" disparu. Mais il s'étonne quand même de ce fait.

"Disparu... vous avez... genre euh. Banni votre dieu primordial ??"

Leurs dieux leur parlent ; il suppose que leur dieu principal, originel, peu importe le nom qu'on lui donne, s'est incarné et que c'est lors de cet échange que le peuple de ces terre a décidé de l'écarter. Ce qui est une sorte de prouesse ? Il n'est pas sûr que ce soit le mot. Il n'a pas pensé ça possible, ça lui retourne le cerveau.

"Incroyable. Enfin, triste aussi. Enfin... Je sais pas, c'est." Il fronce les sourcils et reprend, "chez moi nos dieux ne se présentent pas à nous, c'est encore moins imaginable de les chasser ? Les dieux peuvent s'entretuer mais... Je ne sais pas ce qu'il se passerait si on en chassait un."

Il se redresse.

"Il y a eu des conséquences à sa disparition ?"

Son visage s'éclaire d'une hypothèque qu'il pose tout de suite.

"Y'en a un autre qui a accédé à sa position ?"

Oh, donc ce sont les autres dieux qui ont guerroyés.
Ce qui est déjà plus probable... Ou du moins plus concevable pour lui qui a été bercé de légendes telles que celle qu'il raconte alors ; il illustre l'origine de son étonnement et questions avec elle.

"Je vois. On raconte que Lug a tué son grand-père, un dieu géant. Et qu'il a défié Nuada pour devenir le dieu primordial et régner sur le Sidh."

Quand il y pense en réalité, il y a bien, bien plus d'autres légendes sur leurs dieux du même acabit. Leur vérité est à démontrer puis-ce que eux ne témoignent pas directement de tout ceci. Il est vraiment encore tellement surpris que leurs dieux leur parlent, une preuve directe c'est... à la fois incroyable et terrifiant !

"Nos dieux se battent beaucoup, en fait. Mais jamais ils ne s'adressent à nous." Il se rend compte qu'il se répète. "J'en revient toujours pas, en fait !"

Il se doit de demander.

"Ils exigent des choses du coup, ou vous bénissent ?"

Il n'y a pas d'histoire de dieu tyrans régnant sur leurs contrées à plier les mortels à leur volonté, non plus d'actes bienveillants par centaine poussant les loups à l'oisiveté. Il est surpris, c'est assez agréable, de l'équilibre relatif qui semble opérer malgré la proximité des déités, alors. Mais il faut toujours une ombre au tableau : il y avait eu des guerres ici aussi.

"Je vois. Même en leur absence il y avait quand même des conflits chez moi."

Il le regrette, il a toujours été répugné de ces désirs de conquêtes, ces disputes qui dégénèrent, ces rejets successifs des autres. Incapable de les comprendre. Incapable de comprendre la justification d'être repoussé lui aussi par tous ces autres. Il se demande s'il s'agit d'une nature inhérente, si la présence de libre arbitre veut dire que les conflits entre les mortels eux peuvent éclateront. S'il s'agit d'un défaut irrésolvable, d'un apprentissage à défaire. Il secoue la tête, n'ayant pas envie de s'enfoncer dans cette question très précise au risque il pense de s'attrister seul.

"Je préfère quand on créer des choses. Est-ce que certains ont les arts dans leurs valeurs ?"