Les vacances au soleil - Miraj

Malgré ses tentatives pour ne pas passer devant la salle des trônes ou la tanière qu'elle occupait, Iberis s'était trouvé nez à nez avec sa mère, en fin de journée.
L'éclat rose de son glowstick tout juste acquis contre son pelage sombre avait immédiatement attiré son attention, sans que cela ne soit vraiment surprenant.
Elle s'était alors écriée :

- MAIS BON SANG, IBERIS !

Le dénommé, pourtant si grand, s'était fait un peu plus petit.
Il crut, durant un instant, recevoir un coup, lorsqu'elle se rapprocha rapidement de lui, pour placer son museau à quelques petits milimètres du sien.
Iberis avait retenu son souffle.

- Du rose, vraiment ?! DU ROSE ?! CE SERA QUOI, LA PROCHAINE FOIS ? UNE PETITE AMIE RAEDER ?

Il ne dit rien, décidé à attendre, silencieusement, que la tempête passe.
Car elle allait passer, n'est-ce pas ?

- Très bien. Puisque tu aimes tant les Dieux Solitaires, tu n'as qu'à aller vivre parmi ceux qui les vénèrent. Dès demain matin, tu t'en iras, jusqu'à ce que je décide avec Anita de ce que nous allons faire de toi.
- Tu me chasses ?

Le loup sombre ouvrit la gueule, hébété.

- Oui. Demain, dès l'aube. Si j'étais toi, j'irais dormir maintenant pour être en forme.

Elle partit, furieuse.
Iberis ne dormit pas très bien, cette nuit là.

____

Ce n'était pas des promesses en l'air.
Il avait connu des réveils plus doux.

Quelques affaires rassemblées : Il était hors de question qu'il ne puisse prendre soin de sa chevelure lors de ce voyage, Iberis se mit en marche jusqu'à la frontière, sous escorte, puis seul lorsqu'il passa au delà.
Il eut un dernier regard mi-déçu, mi-outré, envers ces terres qui étaient pourtant siennes mais qu'il n'avait, désormais, plus le droit de fouler et reprit son voyage.

La destination était, pour lui, évidente.

Lorsque ses pattes rencontrèrent le sable, il s'ébroua, remit un peu d'ordre dans ses cheveux et son pelage, et partir à la recherche de sa si chère épouse.
Malgré ce départ précipité, il avait pris la peine de cueillir quelques fleurs, pour elle, en chemin.

Ce ne sera pas son seul cadeau, ce pendant : il y avait bien des choses à raconter.

Troublé par tout ce qu’il venait de vivre, Iberis en aurait oublié une merveilleuse nouvelle.
Les chaleurs.

Oh ! Pas qu’il ai soudainement l’envie de devenir père : C’était un projet qu’il laissait au jeune lui qui n’avait, alors, point eu à apercevoir quelques jeunes loups et subir leur tapage agaçant et qui n’avait, non plus, il devait bien l’avouer, songé à toutes les responsabilités que cela représentait.
Pour être honnête, et désormais qu’il était banni, Iberis espérait bien que rien ne prendra, cette fois là non plus.
C’était bien parti pour : Durant quatre années, ils s’étaient étreints bien des fois et les recherches à la bibliothèques n’avaient point été menées avec beaucoup d’assiduité.
Sans craintes, il s’amusera donc.

Mais d’abord, il avait toutes ces choses à lui raconter.

- Ma si chère Reine ! Eh bien oui, et ce n’est point n’importe quelle lumière mais celle qui atteste que je suis doté de grâce et de charme. Enfin, cela n’a jamais été un secret, il me semble !

Il sourit, victorieux et trouvant inutile de faire preuve de fausse modestie.
Cependant, puisque la lumière gênait visiblement sa femme, il prit soin de la cacher derrière son armure.

- Hélas ! Il semblerait que cela ne soit pas au goût de tous. Au clan, l’on préfère les combattants couturés de cicatrices à ceux qui ont le goût de prendre soin de leur apparence et ne font point preuve de sauvagerie. L’on m’a congédié, si je peux nommer cela ainsi, d’une façon fort peu agréable. Ma propre mère s’est montrée injuste i

Son minois se déforma en une expression outrée.
Pour cela, il aura bien besoin de réconfort.

- Il est vrai qu'une lumière n'est point la preuve absolue qu'un être est doté de grâce : Tu en es la preuve, ma chère épouse. Du rose de ton pelage seul, tu incarnes également ces valeurs.

Avait-il encore besoin de le souligner ?
Dans le doute, Iberis considérait qu'il sera plaisant aux oreilles de son épouse, de l'entendre reconnaitre son incroyable beauté.
Elle était une Déesse, à sa manière, à la senteur de framboise épicée et au pelage si doux...
Et lui était ivre de sa présence autant que de ses contacts : Presque frustré, lorsqu'elle s'éloigna pour ne garder que la rose en contact entre eux deux.
Joueuse.

Son sourire s'allongea, à sa proposition.

- Rien ne me ferait plus plaisir que de profiter de ta présence bien plus souvent. Ainsi, nous n'aurons point à être séparés.

Il ferma les yeux et apprécia ce contact plus intime rétabli.
Joueur, aussi, et peut-être un peu faible face à elle, il laissa courir son museau le long de sa mâchoire.

Il y avait des choses qu'il aurait voulu lui dire.
Ces choses là furent bien vite oubliées.

Avait-il réellement envie de parler davantage des Etelkrus, de toutes manières, lorsque sa femme semblait attendre tout autre chose de sa part ?
Avait-il réellement envie de lui résister plus longtemps ?

Depuis des années, Miraj obtenait de lui ce qu'elle voulait, sans qu'il ne trouve à y redire et, ce ne sera pas aujourd'hui que les choses changeront.
Ni demain, ni après-demain.

- Eh bien, je risquerais de perdre mon chemin, si la plus charmante des louves ne m'y accompagne pas ~

Ne serait-ce pas tragique ?
Iberis lui lança un regard enamouré et, son sourire toujours sur les babines, prit la suite de sa compagne. Dans son palais, et à l'abri de tout regard indiscret, il vint la retrouver.