Un peu de tranquilité [ ft. Stendhal

Ils avaient pu se retrouver sur les terres Nakhus plus tôt, sans doute de nouveau grâce à Yurai ! Alors, profitant d'un peu plus de temps qu'à l'accoutumée, ils avaient pu cavaler comme d'habitude ensemble sur le territoire.

- On se repose ?

Ses mots lents et articulés, accentués d'un regard appuyé interrogateur tandis qu'il ralenti dans sa course pour se laisser tomber sans retenue par terre, et se rouler, les quatre fers en l'air.

Un regard joueur et amusé vers son ami, comme pour l'inviter à en faire de même. La froideur du sol était largement supportable, seulement l'air pur brûlait un peu plus les poumons. Mais ça faisait du bien quelque part, un bon bol d'air frais.

Rapidement rejoint par le loup zébré, Hol' nage dans un lac de bonheur, et ne lâche pas son ami du regard, amusé de voir le Nakhu pelucheux devenir tout blanc à son tour.

Et surpris de se prendre des petits tas de neige, il se roule encore plus, en riant à plein poumons, tentant de se défendre sans trop d'effort, et il se lève, ses yeux s'affinent, amusés, un air de fouine.

- Ah ouais, tu veux jouer à ça !

Et à son tour, avec son nez fin, il éclabousse Stendhal avec la poudreuse alentours en riant comme un enfant. Enfin, il en mettait surtout partout autour, et peu sur le long poil du sans-oreille.

Lorsqu'il n'y eut plus de neige, un éclair de bêtise dans le regard, et Hol' saute sur son ami pour rouler ensemble dans la neige. Son coup de fatigue s'était un peu dissipé, du moins, assez pour jouer à la bagarre avec son ami.

Et parmi les éclats de rire, des "arrête" suppliés qu'à moitié, c'est qu'il savait où chatouiller Stendhal ! Et rapidement, Hol' se retrouve à son tour sur le dos, de nouveau, officiellement contre son gré, officieusement il s'amusait d'avantage lorsque son ami avait le dessus.

- Oh non pitié, ne me tue pas !

Et il se fichait si Sten' l'entendait ou non, il râlait pour la forme, et sans doute qu'il pourrait lire à son expression un air très faussement apeuré. Il l'espérait fort pour éviter les quiproquo et faire vraiment peur au sans oreilles.

Donc il continue de s'agiter exagérément, ses pattes arrières aux grandes chaussettes noires se mêlant dans les poils de la même couleur de l'enfant de l'Oracle à la fois pour l'éloigner et le tenir.

Un moment d'acalmie. Stendhal se fait grand et fort, bien qu'aux yeux du loup blanc, il l'était déjà. Son long poil noir cachait superbement bien son jeu en cachant ses muscles. Le regard perçant est hypnotisant, Holzër peine à s'en détacher, se sentant proie face à son prédateur. Son instinct le stresse un peu, signifiant un danger, mais sa conscience parvenait à le rassurer. Son ami ne lui fera jamais de mal.

Et il en était sûr.

En prouvait la douceur autoritaire qui venait de se poser sur lui, l'immobilisant un peu plus.

Hol' se pétrifie un peu plus, attentif et quoi qu'un peu prudent. Sten' lui faisait un peu peur tout de même ainsi. Mais il se prête au jeu, et feint une mine appeurée, toujours ses yeux couleur ciel dans les prunelles dorées jusqu'à ce qu'elles fondent dans un angle mort. La lèche le surprend et il sursaute, s'agitant de nouveau.

- Non !

Et un fin sourire. Ils avaient chacun leur petit jardin avec des herbes aromatiques, peut-être qu'éventuellement ...

Et en guise de réponse, Hol' se met à mordiller le cou de son ami, ainsi que son épaule. Des petites pincettes qui ne faisait même pas mal, à l'image des chatouilles précédentes, comme pour gratouiller les endroits ciblés.

Et à l'inverse, c'est désormais Stendhal qui se débat, attaqué en traître par cet ennemi qui se refusait de lâcher l'affaire maintenant qu'une ouverture était faite. Holzër rit, rythmé par des petits claquements de dents amusés, jusqu'à ce que le mâle noir se place enfin en position de soumission, dos à la terre.

Le jeune loup blanc se redresse, se secoue, et jauge son adversaire en haletant, le nez toujours un peu retroussé en se voulant faussement agressif. Evidemment, un long sourire venait dédramatiser les choses, mais leurs regards ne se perdent pas un instant.

Quand il pensait qu'il voulait se reposer.

Il tique. Puis, dans un mouvement bref et rapide, il met un coup de museau sur le flanc du Nakhus.

- Touché !

Un grand sourire encore, et enfin, il se couche aux côté de son adversaire, et pose même sa tête sur ce même flanc vaincu, y frottant allègrement sa tête, s'emmitoufflant dans ses longs poils. L'odeur de son ami s'envolait d'avantage autour d'eux, loin de lui l'idée que ça pouvait le déranger, au contraire ! Et son corps se fait las, d'un coup, liquide pour épouser au mieux les formes du sol et de son oreiller préféré.

- Comment tu te sens ?

A son tour, il semble se liquéfier de bonheur. Stendhal se sentait bien. Crédule, Hol' sourit. Il n'avait pas de raison de mentir, après tout, ils avaient toujours été honnêtes l'un envers l'autre, pour le meilleur et pour le pire. Enfin, il n'y avait jamais eu de pire, et n'y en aurait jamais. Le loup noir était la douceur même, la sincérité et le juste en même temps.

- Bien aussi.

Il s'étire, les pattes droites vers le ciel, son dos cambré avec toujours sa tête et ses épaules sur son coussin adoré. Ses yeux fixent naïvement ses doigts.

- J'aimerais que cette journée ne s'arrête jamais.

Car bien que maintenant, le stress du au revoir n'était plus qu'une vilaine histoire, il était encore en peine lorsque le soleil se couchait, signe qu'ils devaient de nouveau se quitter jusqu'à la prochaine fois. Ils étaient tous deux bien occupés chacun de leur côté, et plusieurs jours se passaient entre deux retrouvailles bien qu'elles étaient toujours chaleureuses.

Un air taquin, et il chuchote.

- On devrait s'enfuir tous les deux.

Une petite blague, qu'il savait fausse. Hol' tenait trop à sa famille pour partir du jour au lendemain sans vraie raison, et il devait en être de même pour Stendhal.

Ca amuse le loup noir, cette petite fausse proposition. Alors Hol' sourit malicieusement à son tour, emballé par ce jeu de rôle, Stendhal jouant mais quelque part, tout semblait si ... réalisable ? Il le laisse réfléchir.

La sylve. Mais mieux, le lac.

Les billes bleus s'illuminent d'un coup. Oui ! Le lac ! C'était si joli et agréable comme endroit, un cocon calme où personne ne pouvait les atteindre.

- Quelle merveilleuse idée.

Il chuchotte, dans sa tête, il s'imagine bien, tous deux, avec leur jardin, leurs insectes, leur cabane et-

- Ce serait le paradis. Mais en mieux.

La question de quand est-ce qu'ils y allaient lui brûlaient les lèvres. En simple suite de son souhait exposé tout haut, il enlace Stendhal très fort.

Finalement, il se redresse, quittant le contact de son oreiller préféré pour mieux le voir. Il trouvait que c'était plus simple pour parler, laisser Stendhal lire ses mots et ses expressions. C'était très important. Il tique à la mention de la dragonne, déesse de Dusk. Ils auraient peut être alors plus d'occasion de se recroiser ?

Son coeur se resserre subitement de bonheur. Un sentiment de bien être, de bonheur, la sensation de se liquéfier. Un ressenti qu'il semblait connaître, comme quand Cloud lui disait qu'elle l'aimait. Mais c'était différent. L'ensemble de mot venant de l'être qu'il chérissait le plus ici le chamboulait, et dessine un grand sourire tendre.

Sa gorge se bloque tout de même, bien qu'il veuille lui dire que c'était réciproque.

Il l'aimait, différemment des autres qu'il connaissait déjà.

Il se rapproche pour lui mettre un petit coup de tête tout doux, toujours souriant, le regard pétillant. Une pensée continue de prendre racine dans sa tête.

- Stendhal ...

Ses yeux regardent le sol quelques secondes, et reviennent sur son ami.

- ... Je vais demander à ta maman si je peux rejoindre les Nakhus.

Pour retrouver Cloud, Papa Violette, pouvoir protéger Liza depuis ses attaques. Et puis, être proche de la bibliothèque, du savoir. Des choses qu'il faisait déjà actuellement, mais officialiser les choses. Il se tend un peu.

- Et on pourra avoir notre chez nous, à tous les deux, et rien que tous les deux.

Sa queue remue doucement dans son dos.

Un bref moment où le temps semble s'arrêter. Plein d'émotions des deux côtés, Hol' le devinait. L'air de son aimé changeait au fil des mots, concentré comme il l'était très rarement. Mais pour cette fois, le petit loup blanc voulait s'accaparer toute son attention. Qu'il lise tout, qu'il comprenne tout.

Et l'effet escompté se fait. Un sourire, il hoche la tête à sa question. Oui, vraiment. Tant de raisons de se rapprocher des êtres qu'il aimait, et même si ça lui déchirait le coeur, devoir quitter la maison qui l'a vu grandir n'avait plus réellement de sens. Maman n'était plus là. Ses soeurs non plus. Papa Violette ne passait que de temps à autre, et même si c'était chez lui ... Il ne se sentait jamais vraiment à la maison, très souvent seul, ailleurs que dans son jardin.

L'embrassade lui réchauffe le coeur. Il accepte ce contact qu'il convoite toujours, jour comme nuit, qu'il espérait trouver les matins et les soirs pour se réconforter, décharger toute cette tension qui semblait l'animer. Le sans-oreilles recule, et confirme le même souhait. Les yeux bleus s'humidifient un peu à cette idée, du pur bonheur. Notre maison. Chez nous. Ensemble.

- Finalement, on va le vivre notre paradis.

Un petit rire qui parvient à faire rouler une petite larme sur la joue du cornu. Les choses semblaient bien se goupiller, et il était sur un petit nuage, accompagné de Stendhal. Devait-il exiger plus, alors que ce qui comptait le plus allait finalement être à portée de mains ?

Stendhal attrape aussi cette petite larme de joie au passage, un contact sur son museau, tendre et plein de sens que Hol' chérit le temps qu'il dure. L'être chéri en face de lui, trépigne, s'agite d'un coup et pousse un hurlement que l'enfant de la douziène comprend comme un cri de joie.

Naturellement, son chant l'accompagne. Oh, qu'il était heureux, comme il ne l'avait jamais été ! Et il espérait, au fond, qu'ensemble désormais ils en auraient plein, des moments heureux comme ça. Non- Des meilleurs même ! Rien ne pouvait être moins bien.

A la fin du hurlement, Holzër se jette de nouveau dans les bras de Stendhal, un petit rire s'envolant avec le vent.