Dans la neige des montagnes | Vanitas

Il s'était retrouvé seul pendant longtemps, Auberon. Trop petit pour chasser, il ne mangeait que ce qu'il parvenait à attraper, des souris et des mulots. C'était si peu qu'il avait maigri mais au moins il avait survécu à l'absence de sa tante. D'ailleurs lorsqu'il retrouva Elely il pleura de joie, il avait été si inquiet pendant tout ce temps qu'il ne croyait plus à son retour. Quoi, combien, une lune, deux ? Il ne sait même plus. Il croyait avoir perdu sa tante, n'avoir plus aucune famille.. Mais elle est revenue, Elely, revenue pour lui. Elle n'est pas morte, non, elle est trop forte pour mourir. Une chose est sûre elle est différente depuis son retour, elle est plus gentille et aussi elle a de nouvelles cicatrices. C'est étrange car quand il la regarde il a l'impression que rien ne peut lui faire peur, pas même de mourir. Il aimerait être comme elle Auberon, aussi fort d'esprit et de corps. Depuis qu'il l'a retrouvé ils parcourent plusieurs territoires solitaires ensemble pour s’entraîner, elle semble tout connaître de ces terrains car jamais elle n'hésite sur les chemins à prendre. S'entrainait-elle elle aussi quand elle était jeune ? Elle ne parle pas beaucoup de son passé, Elely. Elle est mystérieuse et Auberon se garde de poser des questions à ce sujet car il ne veut pas l'énerver.

Aujourd'hui c'est dans les profondeurs des montagnes qu'Elely l'avait guidé. Le vent était glacé, la neige parfois épaisse et glissante, les gigantesques pins étaient tout blanc jusqu'à la cime et seul quelques reliefs étaient colorés ainsi que quelques troncs et buissons abrités sous les branches. Les rivières étaient complètement gelées à certains endroits et le vent dans les hauteurs était si froid que Auberon ne sentait même plus ses oreilles et ses coussinets. Elely entraînait le gamin à monter des pentes rudes, à faire face au froid et aux bourrasque menaçantes, à descendre des pentes raides. Elle lui apprenait les différentes espèces, à reconnaître la flore, tout ce qui est comestible. Quand vint la pause de fin de journée, lorsque le soleil déclina et se cacha sous les pointes montagneuses Elely lui proposa d'aller chasser quelque chose à manger chacun de leur côté avant que la nuit n’engloutisse toute lumière.

Et le voilà maintenant entrain de chasser comme un grand. Elle lui a appris à se baisser, à être discret, à attaquer et il est capable d'attraper bien plus gros qu'une souris désormais. Au moins un lapin ou un faon. Faut-il qu'il croise l'un deux ou quelque chose de la même taille aussi.. Dans cette peinture blanche il est aux aguets, il guette les moindres mouvements, la moindre tâche d'encre. Soudain il aperçoit une ombre noir et son cœur s'emporte, il y croit. Il s'approche lentement, se cache dans l'ombre des arbres et quand il peut enfin analyser sa cible il soupire, déçu. Ce n'est pas à manger, c'est un louveteau un peu plus jeune que lui.

Salut toi !

Il est avenant et sourit. Peut-être sera-t-il un nouvel ami ?

▬ VANITAS
6 mois

Froid. Il avait terriblement froid. Les principales embrouilles de la jeunesse, sont souvent un manque de prévoyance, d'analyse de la situation un peu plus loin que là tout de suite maintenant...et Vanitas en payait le prix, grelottant dans un univers plus blanc qu'il ne l'avait encore jamais vu.

A la mer, l'air salé empêche la neige de prendre trop d'emprise, de rester vraiment longtemps au bord de l'eau ; et il faut dire, aux Côtes de Nacre le temps est bien plus doux qu'au nord de Punk Wolf. Cela combiné au fait d'être né au milieu de l'hiver l'avait rendu un peu trop prompt à croire que le froid habituel n'était finalement pas si dangereux. Levé à l'aube, il avait d'abord suivi un oiseau, puis un grand animal pourvu de cornes, puis un loup inconnu qu'il avait filé discrètement jusque dans les montagnes...avant de s'émerveiller sur la quantité de neige là-haut. Il avait joué comme un fou pendant quelques temps, avant que la fatigue ne le rattrape, et qu'il ne se roule en boule entre deux racines au pied d'un arbre, et ne s'assoupisse quelques temps. Maintnenant qu'il s'était réveillé, beaucoup de temps était passé, et il avait peur de devoir passer la nuit dehors. Arriverait-il à rentrer tout en bas, avec ces jours qui commençaient à peine à se rallonger ? Cependant, il avait bizarrement moins peur qu'un grand démon le mange ici qu'en contrebas, sûrement parce que tout était si blanc. Il ne voyait pas une créature démoniaque se plaire à un endroit d'apparence si pure, lui dont les pattes se démarquaient tant dans la poudreuse. Son pelage faisait tache, son allure semblait inadaptée à cet endroit. Il se sentait un peu bizarre. Il avait froid. Il voulait rentrer.

Une voix derrière lui le fait subitement sursauter, et il se retourne d'un saut vif, le poil gonflé et ses crocs de lait apparents ; la fatigue et le doute le rendent un peu chafouin. En face de lui, un loup, pour l'instant amical, mais surtout beaucoup moins grand et large que les adultes dont il a l'habitude. Est-ce que c'est un comme lui ? Non, il a quand même plus l'air d'un grand que lui. L'allure agressive de Vanitas se calme un peu, mais il reste sur la défensive.

« T'es qui ? »