Acacia - Chardon

Melon

Il était parti à la recherche d’acacias. La sève était réputée comme étant très bonne pour la digestion, mais il n'en poussait pas sur les terres Etelkrus. Du coup, il était parti à leur recherche en terres Solitaires. Chay était censé l'accompagner, mais avait été appelé de dernière minute au sujet d'une patrouille. Melon s'était donc enhardi, et avait décidé d'y aller tout seul. Ce n'est pas qu'il manquait de courage, mais il avait été abreuvé aux mêmes histoires que tous les jeunes Etelkrus de son temps, et voyait les Solitaires d'un œil très suspicieux.

Il arriva dans la savane et maudit sa taille. Il était plus petit que les longues herbes. Impossible de voir les arbres de loin, et encore moins de les discerner entre eux ! Il regarda autour de lui, et avisa un petit rocher, sur lequel il grimpa pour chercher des yeux sa proie: l'acacia. Debout sur son rocher, malgré son pelage aux ton d'herbes brûlées, il était facile à voir de loin.

Chardon

Chardon était encore et toujours d'une humeur massacrante. A croire que le monde se jouait de lui, il en avait ras le cul de tout ça. Il avait le mal du pays, tout ceux qu'il croisait se montrait violent, dénigrant et le jugeait. Il n'avait rien demandé de tout ça. Il voulait seulement retrouver Mimosa. Sa chère soeur perdu depuis si longtemps. Son coeur se serrait dans sa poitrine alors qu'il marchait d'un pas énervée, le poil hirsute et l'oeil presque fou. A défaut de trouver sa soeur malgré tout ses efforts. Il était bien décidé à retrouver la trace de sa salopard de loup crocodile qui lui avait volé son foulard après lui avoir pété les dents. Il remontait sa piste inlassablement et cette dernière avait fini par le trainer dans le sud. Il avait pris soin de contourner un autre clan puant, n'ayant absolument aucune envie de discuter avec d'autre loups. Il gardait seulement son objectif en tête. Récupérer ce souvenir précieux quel qu'en soit le prix. Et s'il pouvait éclater la tronche de l'autre connard au passage et bien ce serait parfait !

Il avait fini par s'enfoncer dans une plaine aux herbes hautes, bien plus haute que lui. Des fois il maudissait sa petite taille. Il avait l'air bien fin à sauter comme un lièvre pour voir ou il allait. D'ailleurs à force il perdit patience s'énervant encore plus et comme à son habitude se met à hurler sa frustration au vent:

-ET MERDE j'en ai ras-la casquette de s'putain pays d'gros VIER et d'Payo !!!!

Il saute à nouveau pour voir si cette marée d'herbe fini quelque part. Mais à la place il voit autre chose. Retombant sur ses pattes, il fronce les sourcil. Se trompait-il ? Il saute à nouveau. Non. Il y avait bien un putain de loup perché sur un rocher entrain de l'observer. Genre ils avaient que ça à faire décidément d'le regarder et d'le juger !

Il regarda autour de lui, cherchant l'arbre. C'était un arbre qui serait plat au dessus, avec des feuilles étendues sur le côté. Il repéra un potentiel candidat au loin, et se décida à aller vérifier si c'était bien l'arbre en question. Soudain, il vit quelque chose qui attira son attention. Un loup aux teintes qui sautillait dans les hautes herbes pour regarder autour de lui. Hypnotisé par la démarche de l'inconnu, Melon l'observa quelques instants, avant de sentir le regard du loup se darder sur lui avec agacement. Melon se fit un peu plus petit, inquiet. Il ne voulait pas chercher des soucis avec les Solitaires, mais ce loup là avait plutôt l'air de comprendre les difficultés de la vie de loup petit, alors peut être qu'ils pourraient s'entendre. Melon redressa ses oreilles à cette pensée, et sauta de son rocher, pour s'approcher, ses oreilles pointés en avant, ses yeux joyeux, la mine souriante.

"Bonjour Monsieur !" dit-il, en souriant.

"Est ce que vous êtes du coin ?"

Chardon

Bonjour ? BONJOUR !? Non clairement pas. Ce n'était absolument pas un bon jour pour Chardon et ce petit loup pastel ce permettait de faire des supposition quant à l'état de sa journée sans même le connaitre. Chardon avait horreur de cette formulation, il la trouvait particulièrement débile. Comment une chose aussi bête avait-elle pu rentrer dans la langage courant. N'avait-il jamais pensé à ceux qui passait une mauvaise journée. Il se renfrogna. Pourquoi y v'nez lui causer c'ui là en plus ? Et puis Monsieur ? Avait-il l'air d'un monsieur. Pouah. Décidément ces formules de politesse toute conçu était des plus agaçante.
Et l'autre avait l'air si heureux et guilleret. C'était affligeant ces loups qui étalait leur bonheur à tous va, l'histoire que les autres qui se sente mal se sente encore plus mal en voyant à quel point eux se sentait bien. A quel point tout roulait dans leurs vie. A quel point il était sur un petit nuage alors que lui se débattait dans la mélasse immonde qui manquait de happer les quelques instant de lucidité qu'il lui restait.

Il n'avait pas la force de s'énervé outre mesure alors elle se contente de cracher acerbe:

-Ta gueule c'est pas un bon jour. Et tu m'as r'gardé !? tu crois vraiment qu'j'suis du coin ?

Au moins cet inconnu n'avait pas une allure de monstre c'était déjà ça. il en venait à croire qu'aucun loup normale ne peuplait ces terres. Il se demandait bien ce qu'un petit guilleret telle que lui à l'air foncièrement débile pouvait bien foutre tout seul au milieux de la cambrousse. D'autant que maintenant qu'il était plus proche, il sentait clairement sur lui l'odeur du groupe qu'il avait croisé quelques jours plus tôt.
En l'observant il constatait qu'il avait clairement pas l'air bien solide. Il avait pas peur l'nabot !

Il fut surpris par la voix forte et la mauvaise humeur de l'inconnu. Il se reprit vite - il avait pris l'habitude des loups qui criaient en ayant mal, ce n'était pas très différent de cette rencontre-ci.

"Je suis vraiment désolé de vous avoir confondu avec un local ! Vous venez de loin ?" demanda-il, en essayant de brosser un peu le loup dans le sens du poil.
Dans le sens des brindilles, dans ce cas.

Il décida de tenter d'y aller doucement. De toute évidence, ce loup ne saurait pas lui indiquer quel arbre était un acacia. Cependant, c'était vrai qu'il ne ressemblait à aucun autre loup que Melon ait déjà croisé. Il n'était pas d'ici. Melon aimerait en savoir plus sur cet ailleurs. Alors il prit un air moins joyeux, plus refermé, à l'écoute, sans émettre de jugement. C'était son regard de panseur.

Visiblement le nouveau v'nu était bouché. Son accueille voulait clairement dire fout moi la paix et casse toi et pourtant il restait là comme souche à lui taper la discute. Chardon laissa échapper un soupir avant de s'assoir. Il était claqué t'façon. Et ce genre de loup qui f'sait comme si il comprenait pas et qui insistait, ça l'épuisait encore plus. Il posa un regard des plus agacé sur l'autre gardant le silence en le détail pour finir par cracher fatigué:

- Qu'est ça peut'foutre ?

Sa changerez quoi ? Par ce que oui y v'nais de loin, de très loin même. En témoignait ses pattes douloureuse qui avait une sale gueule. Il avait pas fait gaffe tiens qui c'les était tant esquinté. Il le sentait qu'maintenant qu'il c'était arrêté et ça f'sait mal. Il en leva une léchant ses coussinets sanguinolent avec précaution? Pt'ain manquait plus qu'ça. Si elle était dans c't'état alors il avait laissé une piste derrière lui qu'les prédateur pourrait facilement suivre. Ça craint p'tain ! En plus dans quelque heure la nuit tomb'rait. Et ici il était à découvert. Il avait merdé là et son expression se fit plus sombre. Il était énervé, contre, le monde contre ce p'ti loup trop collant, contre lui-même. Qu'elle merde. Il se mit à frotter ses pattes dans la poussière pour essayer d'arrêter le saignement mais ça f'sait pire que mieux.

Il remarqua soudain l'odeur du sang, et ses yeux bleus se tournèrent immédiatement vers les pattes du Solitaire. Il saignait des coussinets ! Alors ça, c'était pas bon du tout.

D'un coup, il se fit plus sérieux encore, et regarda l'inconnu dans les yeux.
"Vous avez des blessures aux pattes. Je suis un soigneur, si vous permettez je peux vous soigner."

Il se disait d'avance que le loup ne voudrait certainement pas d'aide - vu à quel point il était réticent à parler de lui même, se faire soigner devait être encore plus complexe.

"Si cela s'infectait, vous pourrez perdre une ou plusieurs pattes."
Une petite menace médicale faisait parfois plier les grognons face à la peur. Il se retourna, ouvrit sa sacoche médicale et sortit plusieurs objets, dont des bandages et de la pommade antiseptique, pour les poser devant lui, que le loup puisse voir qu'il allait rien faire de bizarre. Il ne voulait pas laisser ce loup dans cet état. Ce serait pas professionnel du tout.

Il affichait un air renfrogné. Décidément c'loup était un vrai génie ! Un des plus fin et des plus vif d'esprit qui lui avait été donné d'rencontrer, du grand art. Y z'avait une capacité à énoncer les évidences dans s'coin c'était tout d'même incroyable. Le ton toujours énervé se faisait maintenant en plus moqueur:

-Sans blague ! Tu crois qu'j'le sais pas détronché !? J'marche dessus j'le sent bien. Qu'est c't'aurais à gagner à soigner un inconnu ?

Mais la phrase qui suivit lui fit fermer son caquet. Y pouvait perdre ses pattes ? Son expression changea pour se transformer en inquiétude alors que son regard se dirigeait vers ses coussinets entaillé. Ça s'rait quand même embêtant. Très embêtant même. C'qu'il en avait besoin d'ses pattes. Il releva un regard méfiant vers le petit loup déjà occupé à sortir son matérielle. Purée c'tait comme avec la dinde, il allait pas avoir l'choix d'le laisser l'toucher. Il frissonna à l'idée. Ou p't'être qu'il se fichait de sa tronche et qu'c'était un mensonge. Il le fixait suspicieux. Mais à vrai dire il ne savais pas s'que l'autre aurait à gagner à faire ça. Alors il s'adoucit un peu, capitulant dans un soupire:

-Si j'risque d'perdre mes pattes alors ...

Il se concentra. Il fallait qu'il se contrôle.

Il se sentait vraiment rassuré que le loup ait accepté. Honnêtement, il ne pensait pas qu'il se laisserait intimider par la peur... mais finalement oui. Il était Solitaire, mais intelligent quand même alors. Il hocha la tête, se retenant de sourire - il avait bien compris que les sourires, le solitaire n'aimait pas. Puis très rapidement, en discernant le malaise qu'avait le loup plein de banches à se laisser toucher, il appliqua la pommade antiseptique.

"Ca va piquer, désolé." prévint-t'il juste avant.

Puis il enroula les pattes de bandages, sans trop serrer, et se retira rapidement. Il avait l'habitude que certains loup n'aiment pas trop de proximité avec mêmes les loups de leur propre clan - alors il ne voulait pas s'imposer.

"Quand j'étais petit, j'ai promis à ma mère que je serais soigneur, et que je soignerais tous ceux qui avaient besoin... je ne voulais pas vous laisser partir sans avoir essayé" s'expliqua-t'il un peu. C'était vrai, il avait suivi la voie que sa maman, Perrine, avait prise: celle des panseurs. C'était elle qui l'avait enseigné, et il était devenu grâce à elle vraiment bon dans son travail.

Une patte, cependant, l'inquiétait plus que les autres.
"Cette patte-ci, est ce qu'elle vous fait mal plus que les autres ?" demanda-il, en avisant une patte qui semblait avoir été griffé par de nombreuses ronces.

Si il était infectée, il pourrait la soigner avec son pouvoir ... mais il faudrait que le Solitaire lui dise un secret... il avait l'impression que ça ne lui plairait pas beaucoup.

Les oreille d'Chardon tombaient à l'horizontal. Pourquoi il lui racontait sa vie c'lui là ? Qu'est ce qu'il en avait à foutre lui hein ? Pas b'soin d'écrire un roman pour lui donner la raison d'l'attention qu'il lui portait. En plus il le prenait pour une tapette... Genre lui il allait avoir mal avec un p'tit bobo comme ça d'rien du tout. C'tait presque insultant pt'ain ! Décidément ce p'tit truc avait l'dons d'l'emboucaner ! Il disait rien, la mine renfrognée plutôt concentré pour éviter de bouffer ou d'frapper son soigneur. Malgré ça il était tout d'même pris d'spasme violent par moment et son corps tremblaient sans qu'il puisse le contrôler. Y f'sait son possible pour pas laisser affluer les horrible souv'nir qui hantaient sa mémoire.

Le p'tit loup lui indique une d'ses pattes qui était plus amoché qu'les autres c'tait vrai. Et Elle f'sait mal à n'en pas douter. Mais Chardon il était pas du genre à l'dire. C'est un sourire arrogant qui s'dessinait sur ses babines alors qu'il répondait:

-Pfff c'est rien ça ! Tu crois quoi, j'ai même pas mal, j'suis pas une p'tain brêle moi !

Bien sûr y f'sait l'kéké plus qu'autre chose mais pas question d'admettre une faiblesse d'vant un autres loup. La situation était bien assez gênante comme ça.

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