Le temps de Dairo. Un moment devenu plus important, maintenant que l’emprise du pouvoir était faite sur son esprit. Une emprise mesurée, aujourd’hui. Ainsi, comme chaque jour, Nirvana se rendit au temple de sa déesse, se recueillait auprès de la statue.
Le silence du temple l’apaisait.
Mais, Dairo en avait décidé autrement. Un sourire qui étire ses babines à l’apparition de la renarde.

« — Dairo. »

L’attitude de sa déesse est différente pourtant.
L’expression devient plus sérieuse.
Ce n’était pas complètement la prêtresse qui dominait aujourd’hui.

« — Je… Je ne comprends pas.
Je veille sur les disciples oranges, cherche un moyen de combattre l’entité.
Nous approchons du but.
Je conseille au mieux les autres, les aide à trouver des solutions.
Rien ne me détourne de notre couleur. »

Plus rien ne le fera.
La voix s'était alourdie à chaque mot. Nirvana ne comprend pas. Parce qu’elle avait cherché des réponses sans obtenir de réponses, avait préféré ne plus s’éloigner du chemin de sa déesse, de son clan. L'emprise de la brume lui permettait cela.
Étais-ce mal ?
De ne plus vouloir ressentir la douleur que lui infligeaient ceux qui se disaient proches d'elle ?
Alors que cela la blessait, obstruant son jugement.
Étais-ce mal d'oublier un amour impossible ?
Lorsqu'il n'y avait pas d'issue possible ?

« — Que dois-je faire de plus ? »

Que dois-je donner ?

Avait-elle échoué en tant que prêtresse ? En tant que disciple de Dairo ? Le contact de la déesse vient la rassurer, apaise ses craintes, un instant.
C’était le deuxième contact, depuis l’emprise de la brume.
Peut-être cela aussi, qui la calme un peu.

« — J’ai dû évoluer, ils ne m’en ont pas laissé le choix.
Ma mère a banni mon frère, qui a choisi la création de l’entité.
Mon autre frère est un égoïste.
Les autres… »

La brume semble vaciller un bref instant.
J’ai essayé de me faire un ami, là dehors, mais c’est devenu tout autre chose. Une chose impossible.
Les autres partent, quand toi tu restes.
Ça me va.
Je guide ceux qui cherchent la lumière, qui ont besoin de réponses.
Rien ne changeait au final, Nirvana resterait la même, les émotions envers ceux qui ne sont pas touchés par Dairo simplement inexistantes. À quoi bon, souffrir à cause de cela ? À quoi bon s’éloigner du chemin de la Renarde pour eux ?
Un sourire qui vient étirer ses babines, alors que ses yeux sont un peu humides.

« — Je ne veux pas à avoir à choisir entre mon clan et ce que je ressens.
Entre les autres et toi.
Pourquoi le faire, alors que je n’y suis pas obligée ? »

Une pause.

« — Je suis assez futée, pour savoir que cela ne se terminera pas bien. »

Mais si tu le demandes, alors… je m’y plierai.

La déesse désapprouve. Nirvana allait à l’encontre des attentes de sa déesse. Ses yeux deviennent humides, alors qu’un sourire triste étire ses babines. Décevoir les autres, cela n’avait plus d’importance, mais Dairo…
Dairo était tout.
Non, son pouvoir n’était pas destinée à cela.

« — Je suis désolée. »

La prêtresse passa une patte sur son front.

« — Je ne te décevrai plus, je te le promets. »

Je ne veux pas te perdre.
Délicatement, elle se saisit de la broche, l’observe un instant avant de l’accrocher à son harnais. Avec ça, la brume n’aurait plus son utilité.
Il était temps.

« — Merci, Dairo. »

Un sourire plein d’amour qui se lève vers la déesse.