Mizutsune - Libre

Nymeria

Iel avait l’impression de tourner en rond. Encore et encore, iel parcourait des livres sur la musique, des partitions, des leçons de musique depuis des jours et des jours. Mais rien ne lui plaisait. Tout sonnait faux, désagréable sur son instrument de musique. Peu importe comme iel tendait les cordes ou les relâchaient, cela ne lui plaisait pas. La musique était tantôt trop aigu, tantôt pas assez harmonieuse, trop rapide, trop lente, trop agaçante, pas assez émotionnelle… rien ne lui plaisait.

Iel avait donc posé -délicatement- l’instrument brillant légèrement de rose sur un coussin, et avait décidé de faire autre chose de sa journée – qu’elle ne soit pas complètement ruinée par ces recherches infructueuses. D’abord, iel se repencha sur les livres de médecine. Iel les avait lus plusieurs fois, maintenant – mais iel avait toujours l’impression de manquer d’une information ou d’une autre, l’impression qu’iel oubliait quelque chose de crucial. Et s’il allait vraiment combattre le dragon, iel ne devrait rien oublier. Iel feuilletait le livre, s’imprégnant une énième fois des techniques, des choses à ne pas oublier…. Puis ferma le livre avec un soupir. Pourquoi Liza allait-elle se fourrer dans des situations comme ça ? Enfin, iel ne lui avait pas demandé si elle irait, mais iel était persuadé.e que gentille comme elle était, elle voudrait aider les autres à tout prix. Ugh, quel casse-tête. Iel n’avait pas envie d’y aller, et Moiro n’était pas ravie non plus. Mais pour Liza... iel soupira, poussant son livre loin d’iel sur la table, pour se tourner vers sa pile de livres à lire. Iel pousse un peu les couvertures d’une griffe, la tête penchée pour lire les titres, cherchant le livre qui l’intéressera.

Il y a beaucoup de livres sur les dragons, dans la pile. Des encyclopédies d’animaux fantastiques, de légendes, de contes … iel attrape un conte au hasard, et l’ouvre devant iel sur la table. Alors, de quoi ça parle, ça ? Iel feuillette, lisant en diagonale la première page. Un dragon, abandonné par les siens dans une tour gardée par des loups féroces … mais, c’était quoi cette idée. Iel retourne la couverture pour vérifier le nom de l’autre. Drakovie. C’est qui Drakovie ? Ça ne lui dit rien, et pourtant vu la quantité de lires qu’iel à ingurgités, cela devrait. Iel se replonge dedans. Bon, lisons tout alors.

Cela parlait d’une dragonne, aussi forte que belle, qui était née sans ailes. Ses parents dépités, l’avaient envoyée dans un château, pour attendre le dragon le plus beau – non mais c’était quoi cette méthode d’éducation ? Car celui qui aurait la force de lever l’armée de louvains aurait l’honneur de lui demander sa main.

Pffrt, classique. Cependant, iel ne ferma pas immédiatement le livre, captivé par trois mots dans la première page. Née sans ailes. Iel savait ce que cela faisait de se retrouver collé.e au sol alors que le reste de sa fratrie pouvait aller voler dans le ciel quand ils voulaient. Et puis, sur l’illustration de la page suivante, la dragonne était représentée avec des écailles roses autour de la tête et sur son dos. Est-ce que c’était un signe de la tigresse ? Iel jeta un coup d’œil à son instrument, sur un coussin. Iel avait envie de jouer quelque chose en l’honneur de cette dragonne rose. Pfff, mais rien qu’iel avait lu et tenté de jouer ne lui avait plu, alors iel ‘avait rien à jouer. Iel ferma le livre et le posa sur sa pile de livres lus. La princesse et le louvain, de Drakovie.

De toute évidence il y avait un autre retournement de situation plus tard dans l’histoire. Mais si Drakovie, cette louve inconnue pouvait écrire quelque chose, iel aussi, pourrait écrire quelque chose. Mais iel ferait de la musique.
Iel attrapa son instrument, une plume et un bout de papier, et griffonna des lignes dessus, puis commença à jouer des notes – puis iel les assembla – puis soudain, alors qu’iel jouait quelque chose qui commençait enfin à lui plaire, une poussière rose commença à se lever près d’iel. Iel s’interrompit, surpris.e … et la poussière disparut. Iel se redressa, alla vérifier de quoi il s’agissait en reniflant le sol, mais il n’y avait plus rien.

Comfus.e, iel se rassit, et recommença à jouer ce début de musique, voyant la poussière se reformer. Plein.e d’enthousiasme, iel continua, inventant sans les écrire les notes, celles qui lui venaient à l’esprit, rentrant soudain dans la musique, dans la joie, la force qu’elle décrivait… La poussière semblait prendre une forme, mais ce n’était pas une forme pérenne – à chaque fois qu’iel jouait une note qui n’était pas harmonieuse, qui tranchait avec le reste, la poussière commençait à se disperser. Iel s’appliqua. Nota les notes, répéta les enchaînements, pendant que le soleil descendait derrière les vitraux de la bibliothèque.

Enfin, alors que la lune montait dans le ciel, iel prit une inspiration, puis, les yeux sur le papier, commença à jouer la musique qu’iel avait composé. Pendant qu’iel jouait, une dragonne, faite de lumière rose vint à ses côtés. Elle était géante, si elle s’étendait, sa tête rejoignait le plafond de la bibliothèque sans difficultés. Mais pendant qu’iel jouait, tout.e ravi.e d’avoir enfin réussi à utiliser son pouvoir tel que la dragonne l’avait voulu pour iel, la dragonne s’enroula autour d’iel et de sa table, et le regarda avec satisfaction. Iel était véritablement un disciple de la tigresse, à présent.

[902 mots]