Reo ▬ Le temps est bon, le ciel est bleu [Libre]

Le soleil d'été darde sur le sable chaud, réchauffant la brise parcourant la Lagune en cette fin de journée. Allongé là où le sable devient humide, à la recherche d'un peu de fraîcheur, Reo profite du calme environnant. Il est épuisé. Le fracas du tonnerre résonne encore dans son esprit, et l'image les corps mutilés de ses camarades blessés y est encore imprimée. Pour en chasser l'obscurité, il a fait l'effort de traîner son corps courbaturé jusqu'à la mer du sud, décidé à prendre sur place un ou deux jours de vacances. Il ne souhaite plus penser à tout ça.

Pour ne pas abîmer ses vêtements, il les a laissés dans le sable un peu plus loin derrière, laissant sa Marque de Chasseur apparente sur sa patte avant gauche. Il la fixe, un peu partagé. Il n'a pas aimé se laisser aller à ses instincts durant la bataille, mais...c'était libérateur. Il n'aime pas non plus cette conclusion. Il ne compte pas devenir un acharné comme l'ont été certains membres de sa famille, rongés par un besoin dévorant de massacrer des monstres. Il souhaite rester dévoué aux Etelkrus, et ce détail lui reste comme une épine dans la patte, toujours présent dans le fond de son esprit.

Mais le glowstick sur sa broche, qu'il porte en collier lorsqu'il retire son harnais, luit toujours paisiblement dans sa fourrure, et il croit fermement au fait que tant que Dairo éclairera sa vie, il possédera toujours une ancre à laquelle se raccrocher pour ne pas succomber.

L'odeur marine couvre longtemps celle de l'inconnue, avant qu'elle n'apparaisse spontanément dans le champ de vision du grand mâle. Il plisse d'abord les yeux, après tout il est un peu fatigué, mais il les écarquille devant la vision qui s'offre à lui. Une demoiselle dérivant au milieu d'une crinière ondulée d'un ébène ravissant, le visage tranché d'étranges protubérances florales d'un rouge safran entêtant.

- Bien le bonjour, Sire.

Et qui lui adresse si élégamment la parole, par-dessus tout ça. Il en oublie quelques instants qu'il ne la connaît pas, et donc qu'elle n'est point de sa meute, le souffle coupé d'une telle apparition fantasmagorique.

Il finit par cligner des yeux, et, embarrassé de sa réaction, ou plutôt de son absence de réaction, cache rapidement sa patte gauche de la droite et redresse l'encolure, ne prenant pas de position défensive. Après tout, malgré son sens du spectacle mystérieux, elle ne semble ni vindicative ni dangereuse à première vue.

« Bien le bonjour, Damoiselle. »

Même de loin, elle lui semble un peu jeune, plus adolescente que femme. La constatation le refroidit légèrement, mais la surprise le maintient alerte.

« L'eau est-elle bonne ? »

Elle a beau être probablement solitaire, il ne peut se résoudre à lui être impoli.