En quête de puissance, Miraj...

L'aube se vient, parmi l'orage auquel elle ne cesse de porter attention. Cherchant parmi les éclairs violacés qui restent en hauteur, les traces d'une lutte qu'elle craint se passer. Pour ne point avoir manqué, ce qui vint perturber la pérennité d'un ciel qu'elle ne connaissait que trop bien, et qui assura ces années durant bouclier contre l'astre solaire.
Elle ne quitte cette vue que pour s'occuper de ce fils venu cherché une mamelle, pour y trouver pitance qu'elle lui offre volontiers.
C'est ainsi !
Qu'il deviendra vaillant enfant.
Après la lumière, vint la prosternation.
Il est notre seconde petite vie.
Celui que nous avons porté bien plus vite, pourtant avec tant d'envie.
Empressé, de l'offrir à ce monde comme une bénédiction.
Elle caresse du museau le dos de son nouveau-né.

« Sajda, mon futur Roi. Puisses-tu boire encore un peu, pour faire de toi pareil mâle que ton père. Tu es déjà si beau ! »

Elle a un rire en une note éclatante.
Et lorsque repu fut l'enfant, et lorsque il trouva place contre son flanc...
Nous avons vu le ciel.
L'on nous appelle.
Miraj est restée silencieuse à observer l'extérieur.
De longues secondes.
De longues minutes.

Puis elle se leva, sans plus d'attention pour sa seconde petite vie, endormie.
Elle apprêta sa chevelure d'une couronne ornée d'une perle noire, peigna son pelage. Elle semblait enfiler, tenue de cérémonie.
N'en était-ce pas une ?
En même temps qu'est renvoyé son reflet, que passe le murex pecten dans ses mèches rouges et blanches, sa voix appelle.

« Ma lumière. Puis-tu t'occuper de ton frère ? Il me faut un peu prendre l'air. »

Obéissante est sa première vie, de parfaite conception. Elle recoiffe quelques unes de ses mèches noires, comme elle prend tant plaisir à le faire.

« Tu es si merveilleuse ! »

Elle lui laisse le tout-petit, pour quitter leur palais.
C'est à notre tour,
De leur promettre vie grandiose.

La notre va atteindre apothéose,
Nous le savons, car il est de retour.

Il y a une longue langue de sable, qui sépare encore Miraj de son Oncle. Et un sentiment puissant, qui la traversent alors. La joie, la joie, la joie !
Mais aussi
Une certitude, venue par instinct.
Et qui ne provoque, point de chagrin.

Il lui faut alors dire, alors qu'elle s'approche, d'yeux éclatants et d'un pas vif !
Il lui faut dire à sa Dame Noire quelques derniers mots importants. Car elle sait ce qui l'attend.

Dame Noire !
Je viens te dire au-revoir.

Pour ne point laisser leur dieux gagner,
Pour permettre au Chaos d'encore exister,
Il me faut me consumer.

Mais si mon Oncle est revenu, mes enfants resteront,
Puis-tu me promettre de veiller sur eux ?
Tu sauras les conserver, sur le bon chemin des ombres.

De toute ma petite vie,
Je n'aurais pu rêver meilleure amie.

Et son sourire est chiroptère, quand la présence de son Oncle se fit sentir autour d'elle. Quand il vint la trouver, nièce favorite.

« Vous m'avez tant manqué, mon Oncle. Je n'eus de cesse de penser à vous, tout du long de ma petite vie qui ne le fut pas tant. Je me suis fait tant d'amie, retrouva un peu de famille, vécue tant d'évènements ! Vous me permirent de l'avoir bien remplie.
Et tant pour celle-ci que pour l'orage qui nous préserva,
Je serais vôtre. »

Ses longs cils blancs se levèrent en ce même instant sur Ibéris, Roi venue la rejoindre et à qui elle tendit une patte, pour ses mots qui n'auraient su lui échapper.

« Comme je suis tienne. »

C'est enlacé par son Roi et par son Oncle,
Que Miraj n'eut point de regret,

A achever ainsi sa grandiose petite vie.