Debout · Edessa

-Edessa-

Ses petits avaient été largués chez leur mamuma, et Edessa avait immédiatement bifurqué vers les terres nakhus pour tenter de rejoindre sa belle Séléné, et sa fille si stoique Dysis. Elle avait pris la direction du Dédale, non sans traverser un morceau de ce marais terrifiant, dont la principale menace avait été éliminée. L'odeur pestilentielle l'avait fait accélérer, et elle devait avouer ne pas se sentir à l'aise dans ce lieu imprégné par la mort et la maladie. Elle avait alors retrouvé un Dédale presque vide, non sans inquiétude.

L'odeur de Séléné était récente, et elle avait eu vite fait de la pister pour la retrouver. Toujours aussi belle, mais un air un peu las sur le visage, fatigué peut-être. La frisée voit son coeur se serrer, regretter de n'avoir rien apporté cette fois-ci pour essayer de l'aider. Mais leur ile pleurait toujours des morts, eux aussi, et ses enfants suçaient tout son temps libre. Alors, son cadeau serai sa présence ; Pour peu que son amie accepte de la voir. Elle se glisse devant elle et le salue, jouant, comme toujours, sans pour autant chasser l'air ingénu d'inquiétude de son visage :


Elle fait un pas dans sa direction, un jeu moins vif que d'habitude. Pas que le coeur n'y était plus, mais ... Disons que le coeur n'y était plus, oui.

-Edessa-

Les oreilles de la pirate se couchent, fêlant sans honte le jeu qui s'était toujours instauré entre elles. Les enfants étaient tristes, bien sur, mais son amante peut-être surement plus. Avait-elle pris sur elle pour Dysis et Priam, cachant la tristesse de la perte pour ne devenir que support ? La louve frisée cherche une réponse dans les yeux pales, et y voit une sorte de miroir. Lentement, elle s'approche, moins joueuse que tendre, compatissante. Ses yeux ambres se baissent, eux aussi, miroirs fêlés qui laissaient filtrer un peu de vulnérabilité, avec la seule qui y avait jamais eu droit.


Sa gorge se noue, et ses épaules se carrent, comme par réflexe. Elle avait été si prise après cette perte qu'elle n'avait pas eu l'impression d'avoir eu le temps -ni le droit- de faire le deuil d'Abysse et d'Ann. Sa voix devient un souffle plus doux alors qu'elle s'approche pour trouver, ou donner, confort dans le contact.


Ses yeux le sont un peu, tristes, et elle sait que cela ne lui sied pas. Elle préfère planifier, elle préfère s'amuser, rire, danser avec le vent. Elle préfère se laisser aller, jouer, plutôt que de pleurer. Mais elle a chassé bien trop longtemps la tristesse d'avoir perdu celui qui l'avait invitée sur l'ile devenue sa maison, tant qu'enfin, avec celle qui était probablement son amie la plus proche, elle n'y parvenait plus. Le front de la pirate se pose sur l'épaule de la louve étoilée.
Fatigué.


De ne pas parvenir à te divertir.

-Edessa-

L'excuse la soulage, bien plus que ce qu'elle avait prévu. Elle avait le droit d'être triste, juste pour une journée. Contre le pelage qui sentait bon le Nord de son amante, elle se laisse aller à une expression plus douloureuse, fissurant la force qu'elle avait tant de mal à maintenant. Elle inspire. Elle avait le droit, d'être imparfaite. Rien qu'une fois, vulnérable. Cela l'étourdissait, mais elle en avait immensément besoin.


Raconte moi leur vie, leurs histoires. Fais les vivre un instant, si tu en as la force. Ainsi, peut-être que leurs esprits nous accompagnerons, que nos pensées iront vers eux et qu'ils sentiront toute l'affection que nous avons pour eux. Elle souffle, caresse, se love et chuchote.


La belle Séléné avait peut-être envie de silence.