La chaleur dans nos coeurs [PV Lugh]

-Ted-

Ils rentraient du Nord, enfin ! Enfin. Ted avait aimé, cette aventure. C'est ce qu'il se disait, alors que les champs nakhus s'étalaient sous ses yeux mouillés. Il avait aimé partir, découvrir, se gorger d'aventure et de froid, mais qu'est-ce qu'il était heureux de rentrer entier !
La marche se faisait de plus en plus facile, et Ted aurait presque courru pour rentrer chez lui. Mais -car il avait un mais- dans toute sa ferveur brulante de vouloir retrouver ses habitudes, une question le taraudait. Enfin, même, plusieurs. Et alors qu'ils traversent les terres plus chaudes, au point de se débarrasser des capes et de soigner leurs doigts gelés, Ted se renferme, un peu.
Il savait qu'il devait en discuter. Il le savait. Mais ce n'est qu'après quelques jours qu'il se décide :


Le temps était bon, presque caniculaire pour le male habitué au Nord. Il avait commencé à muer avec violence, perdant des touffes de poils bruns au vent doux. Il ne s'en souciait pas, l'appréciait, même. Oeil un peu angoissé tournè vers le loup beige, il continue à marcher avec lenteur.

-Ted-

Le stress lui noue un peu le ventre, mais Ted a appris à parler avec son compagnon. Il prenait du temps, oui. Hésitait, souvent, mais savait que c'était important d'y arriver, à un moment. Sa tête se baisse, comme concentré sur ses pas, mais sa voix continue, un peu faible :


Mmh. Trop flou, Ted. Trop flou. Il continue :


Il relève ses yeux orangés, sourcils plissés en une expression inquiète.

-Ted-

...
Il y avait bien plus pensé que Ted, à cette famille. Le pas du grand loup reste régulier, mais il écoute, et réfléchit, surtout. Il ne savait pas si il voulait des enfants, lui. N'y avait jamais réfléchit. Mais Fenouil en avait eu, sa soeur aussi, et lui avait rencontré cette petite Lark, le temps de quelques jours ...
Il était confus.

Bon. Il y avait, bien sur, qu'ils étaient deux males, et qu'il faudrait un peu de magie et beaucoup de volonté. Et puis, la malédiction qui se transmettait. Tout cela pointait vers un non rationnel, alors, ou bien considérer l'adoption.
Mais adopter ne tombait pas forcément du ciel, et ils ne rajeunissaient pas vraiment.

Il hésite, encore.

Et si on ne peut jamais adopter ?

Il a peur, Ted, que son compagnon passe à coté de quelque chose par sa faute.

-Ted-

Le rythme ralentit, et le ventre de Ted semble se retourner sur lui-même. Oh non oh non oh non il avait posé la mauvaise question ... Non, plutot, la bonne, mais l'effet était toujours un peu difficile. Il s'arrête aux coté du beige, patient, inquiet aussi.
Et quand Lugh se dit triste, lui aussi l'est, sans savoir si c'était par empathie ou parce que l'idée de renoncer lui faisait aussi mal au coeur.

Lugh était perdu, il le voit. Lui aussi l'était, un peu. Sa patte vient se poser sur la sienne, oreilles en avion. La gorge nouée, il ne sait pas vraiment quoi dire, car il ne sait pas ce qu'il veut, non plus.


Il avale sa salive.


Il fronce les sourcils, sa voix devenant un peu plus douce.


Mais avoir des enfants, c'était pas du tout pareil, hein ?
Il relève deux yeux un peu perdu sur Lugh. Une montagne de raisons leurs disaient qu'ils étaient mieux en tonton-histoire qu'en parents. Rationnellement, le choix était facile, alors pourquoi ... ?
Il baisse le museau.

Je crois que ça me rend triste, aussi.

-Ted-

Ted ouvre la gueule, puis la referme en un petit clac. Faire apparaitre un enfant ? Il baisse la tête, digérant l'idée avec difficulté. La dissèque, un peu, car c'était ce qui lui permettait d'éviter les émotions trop fortes.

D'abord ... D'abord le principal : Lugh en voulait, d'une famille. Sinon il n'aurait pas été triste et sinon, il ne lui proposerait pas tout ça. Et lui ? L'idée lui travaille l'estomac, car il sait qu'il y a des barrières, et beaucoup de choses qu'il ne veut pas. Mais .... mais il se voit dans le rôle de son père, non ?
Alors peut-être.

Ensuite ... Ted savait, comment les autres faisaient des enfants. Il avait lu des livres, il était au courant. Et il savait aussi que la première étape ne l'attirait pas, du tout, et que pour le reste, il fallait malheureusement une femelle. Sa patte tapote le sol, et avant qu'il ne le réalise, il se dit que la recette, utilisée deux fois, pourrait le transformer en femelle, lui.

...
Il se redresse, la tête qui lui tourne un peu.
ça faisait beaucoup d'un coup.

...
mais c'était possible, non ?
Non.
Non, il y avait plus simple.
Ted déglutit.


Il le regarde. Ses coussinnets suaient.

-Ted-

La tristesse qui transparaît sur le visage de Lugh lui fait le même effet. La malédiction ... La malédiction. Il mâchouille un peu l'air, tendu, alors que Lugh parle de se laisser guider vers un bébé abandonné.
Mais lui ne peut s'empêcher de se demander si ça allait fonctionner. Et s'il n'y en avait juste ... Pas ? Il se sent presque mal, de vouloir qu'un enfant se retrouve dans parents pour que eux puissent venir. Et tout ça ajoute encore à sa confusion. Faire apparaître une vue n'était pas compliqué pour la plupart, c'était même quelque chose de naturel, de, de-

Sa gorge se noue. C'était quelque chose auquel ils n'avaient pas droit. Et cette pensée là, bien cachée, lui fait plus mal que n'importe quoi. C'était injuste, un peu, surtout pour Lugh. Injuste que jusque dans leur bonheur, sa malédiction vienne ruiner ... Beaucoup.

Il rumine quelques instants. Son esprit se démène, cherchant une solution : ils pourraient aussi demander à une louve, de porter ... Les siens, de petits, qui deviendraient les leurs. Mais cette idée lhorrifie, et il croit qu'il préfère encore devenir une louve pour éviter de concevoir avec une inconnue. Ils pouvaient chercher dans la bibliothèque une solution pour éviter de transmettre la malédiction, mais qui sait combien de temps cela prendrait ? Ou bien, poster des petites annonces pour chercher des enfants abandonnés.
Non, rien n'était ... Parfait.
Il hoche la tête, un peu triste.


Mais si ça prenait trop de temps ?
Si ça ne marchait pas ?
Si, si ...

Il inspire, et relève les yeux.


Ce n'était pas une solution, mais peut-être une étape.

-Ted-

Bon. Il n'arrive pas a empêcher ses joues de rougir, ses pattes de se resserrer. Mais, *mais* , il se force à répondre, d'une voix rendue un peu mécanique.


Tout est mélangé. Il relève les yeux, confus.


Il ne sait pas s'il en avait envie, ne sait pas si Lugh en avait envie, ne sait pas si c'était quelque chose que son compagnon avait abandonné pour lui aussi et cela le rendait *encore plus triste*.


*Il se savait rouge tomate.*

-Ted-

*Cela ne le dérangerait pas*. Cela ne voulait pas dire qu'il ne voulait pas.
Les discussions se superposent, mais tout était un peu lié, finalement. Est-ce qu'ils allaient résoudre leur problème tout de suite ? Sûrement pas, non.
Il hésite, reste silencieux.
*Il ne voulait pas que Lugh regrette, a cause de lui.*

Le silence s'apesanti, car les mots sont coincés, un peu.

...


Il détourne les yeux. S'il y avait une personne avec qui il devrait essayer c'était bien lui, non ?
*Au fond, lui aussi voulait savoir ce que ça faisait.*

***Si tu veux.***

-Ted-

La discussion s'ouvre, et Lugh accepté d'essayer. Son ventre se tord et il réalise qu'il a peur, et sait pourquoi. Parce que c'était nouveau, intime, terrifiant. Mais il savait qu'avec Lugh, il pourrait s'arrêter n'importe quand, quoi qu'il arrive.
Alors, il souffle.

Le reste va beaucoup trop vite. Il relève deux yeux un peu paniques sur son compagnon, réalisant qu'il est déjà dans le plan pour essayer de trouver une solution. Ted balbutie, avant de se taire et d'inspirer. Communiquer.


Sa patte de tend, se pose sur celle du beige. Ce n'était pas un refus, juste une temporisation.

-Ted-

Ted hoche la tête et glisse timidement sa truffe contre son compagnon, comme pour le rassurer. Ce n'était pas un non, loin de là, même plutot un oui. Mais cette pensée là le chavire, le stresse, le destabilise et il se connait, maintenant. Il lui faut du temps pour assimiler, comprendre et réfléchir.
Une fois chez lui, il parlerait à Onyx, de tout ça.
De tout ça, s'il y arrivait.
Il lirait aussi des livres, peut-être, et irait sur la tombe de ses parents. Il savait que tout cela l'aiderait. Et une fois installés, une fois unis alors, alors-

Il sourit.

C'est un peut-être qui lui mettait ce que les auteurs de romance appelaient des papillons dans le ventre.