Tarte aux pommes [PV Lucian]

Des erreurs ?
Il était sûr qu’ils étaient nombreux à en faire, à s’y plonger même que ce soit par égarement ou par manque de volonté, mais comment dissocier les erreurs acceptables, des atteintes volontaires à l’intégrité des autres. Jusqu’où était-il possible de pardonner, d’accepter l’échec et l’erreur, devait-il la prendre pour exemple, ou bien la guider vers un autre chemin.


Les aigrettes se couchent, il n’était pas d’accord avec la louve, lui faisait preuve de bien trop peu de cohésion, bien trop peu de pardon et de confiance, il n’était adapte de compassion comme l’était son frère, il était sans pitié, mais juste en quelque sorte. Car il n’avait de demi-mesure. Son refus était des plus radicales, la sanction ne pouvait être évitée.

Du moins, c’est ce qu’il s’imaginait, mais l’était-il tout autant digne de confiance qu’arriverai-t-il si leurs intérêts se mettaient à diverger subitement ? Accepterai-t-il la défaite ?

La brume vint à les couper du monde, et de la forêt, Lucian n’aimait pas lorsque sa vision était brouillée de la sorte, il gonfla son plumage et vint se position près de la louve.

De toute évidence, la réponse était non, la louve se fichait bien des fautes et des erreurs qui pouvaient être celle d’autres, elle n’y voyait que l’égarement quant lui pensait trahison. Leur valeur et tolérance se faisait opposées, pourtant aucune ne sortirait vainqueurs de cette confrontation.

Est-ce que tu es heureux, comme ça ?

Le corbeau se ferma, ses mâchoires demeurèrent closes pendant quelques instants. Il mit du temps à réfléchir avant de répondre.
Avait-il seulement eu autre choix de vivre ainsi ?

« Je pense dire et faire tout ce que j’ai envie, et quand j’en ai envie. Cette vie me convient, même si je ne peux pas vraiment dire que je l’ai choisi, je sais m’en contenter. Je suis libre de refuser lorsqu’une demande ne me convient pas, libre d’apporter mon aide à autrui, si je l’ai décidé. Après tout, il n’y a que les Dieux pour apporter de l’ordre, il n’y a que Mido qui puisse me punir. »

Il était ainsi libre d’abandonner, de trahir, de déjouer, mais aussi de soutenir, de défendre ou bien de protéger. La seule différence, c’est qu’il exerçait avec peu de contrainte sur sa personne. Les autres s’illusionnaient s’ils pensaient avoir du contrôle sur lui. Car il était ainsi, le cœur solitaire parmi les siens, protégeant un héritage plus qu’une famille. Les autres, ils ne l’accepteraient pas de tout façon, ce n’était faute de les avoir mis en garde. Maintenant, il laissait le temps s’écoulait simple observateur contemplant les dégâts qu’il pensait voir subvenir parmi les siens.

Il vit selon son propre libre arbitre, ne pliera que par adoration pour le Dieu vert. Il s’avança un peu sur le chemin qui semblait s’ouvrir devant et une nouvelle fois, un odeur de mort parvint à ses babines. Il plissa le museau, avant de le contourner.

« Pourquoi as-tu accepté de m’aider sans me connaître ? »

Pour maintenant lui poser toutes ces questions. Les aigrettes en avant, il l’interrogea du regard sans la juger.

« J’ai essayé de créer des liens avec les nôtres, cela s’est soldé que par des échecs. »

Il m’ont rejeté à l’unanimité.

Tous s’était fait barrière face à son entêtement.
Il n’avait pu en convaincre aucun à par elle.
Il avait renoncé, abandonné. Tout cela n’avait fait que le rapprocher plus encore de Mido.

Parfois, il s’interrogeait, pourquoi la mort et l’infortune se trouvait toujours sur son chemin. Loin de ralentir l’allure pourtant, il tentait de se dérober à l’odeur désagréable. Mais c’était sans compter sur le caprice des zéphyrs. Le vent tourna, l’odeur se fit incommodante , prenant gorge et narine, faisant grimacer le mâle d’avantage. Les aigrettes restèrent plaquées un instant contre son crâne, le temps que la bourrasque ne passe chassant les dernières nappes de brumes qui s’attardaient encore entre eux.

j'ai accepté, car tu avais besoin d'aide.
Si la demande avait été sincère -celle de lui apporter des héritiers-, il ne pouvait nier que la réponse attendue était bien différente, et qu’elle avait apporté quelques confusions dans son esprit. Si elle n’avait accepté, si elle n’avait laissé une opportunité pour que ce souhait ce réalise, alors peut-être aurait-il lui aussi fermé la porte, se serait privé d’une telle relation dont le bénéfice de l’échange ne lui aurait semblé que ponctuel. L’échange s’il n’était tel qu’il l’aurait imaginé, lui apportait quelques satisfactions, il se plaisait à penser qu’ils étaient utiles l’un à l’autre, s’apportait mutuellement et en partage chacun de leur pensée et bientôt peut-être partagerait autre chose.



Parce que même si parfois, il pouvait en douter, elle n’avait été obligé, elle avait choisi, lui n’avait été que force de proposition dans cet échange. Il s’arrêta. Lui fit face alors qu’elle portait une étrange ramure de cristal dont le poids ne faisait aucun doute. Il observa, n’ayant jamais vu pareil chose, il avait bien eu connaissance des écailles de dragon que son frère avait trouvé ici, mais jamais il n’avait vu tel trophée de chasse entre les mains d’un chasseur quelqu’il soit. Blizzard était peut-être chanceuse, se faisant une fois de plus antagoniste à sa propre personne.


Il se mordit la langue. Avait-il fait une faute ? Était-ce un rappelle à l’ordre alors qu’il la considérait seulement comme différente des autres et ne l’avait inclus dans son décompte de difficultés et d’échecs. Heureusement, le sourire de la louve vint briser la glace, chassant ses propres doutes et rassérénant son esprit tourmenté. Il dédramatise.

« Pardon, ce n’est pas ce que je voulais dire, mais tu es différente. »

Elle est différente,
elle n’est pas un échec.

Il ne la laissera pas croire.

Peut-être que tu as été différent avec moi, aussi.

Différent ?
Peut-être

Il s’immobilisa. Laissant la louve le dépasser. Il n’était guère sûr d’avoir été différent. Du moins, si différence il y a eut, il n’en avait pris conscience, la différence s’était faite involontaire. Il se pensait toujours égal à lui-même, toujours identique, toujours Lui-même. Il ne changeait pas. Pas réellement, au fond de lui. Lui, n’avait voulu que consumer son propre ennui, combler le vide par ces jeux d’enfants.


Il fit la moue. Sembla chagriné.Il n’avait pas changé, il n’avait fait que multiplier les efforts, avant de trouver son propre mode de fonctionnement par le contrat. Trouver un accord entre eux, une harmonie qu’elle soit passagère ou non. Le reste tenait du caprice, de l’idée fugace et saugrenue qui l’avait traversé et dont rapidement, il ne put se dépêtrer. Cette volonté d’obtenir des héritiers avec cette louve qu’il trouvait charmante. La proposition était née de là, et rien que l’évocation des ces idées et émotions lui faisait sentir des picotements dans la fourrure.

Toujours, ne s’était-il montré ouvert à la discussion, même lorsqu’il fut chassé après la chute de l’église ? N'aurait-il proposé cette idée à une autre si l'occasion s'était présentée ?

Non, il ne pouvait être différent.

Tu avais proposé une danse à d'autres, alors ?

« Non, cela n’a pas été le cas. Je n’avais jamais dansé avec personne hormis les membres de ma famille.»

Il secoua légèrement la tête comme pour appuyer la négation et éviter que naisse tout doute dans l’esprit de la louve. Mais alors qu’il aurait pu s’arrêter là et ne donner plus d’informations à son sujet, il se montra plus exhaustif concernant sa personne.

« Cependant si la question était est-ce que j’aurai pu proposer une danse à d’autre, bien évidemment que cela aurait été le cas, si l’occasion s’était présentée et si l’envie s’était faite sentir. C’était une occasion parmi d’autres de tuer l’ennui. »

Tout simplement.
Il la toisa une nouvelle fois, cette fois, son attitude demeura particulièrement sobre et neutre car il n’avait rien à cacher. Même si cela avait été le cas, il l’aurait annoncé de la même manière sans dissimulation et sans malice. Ne voyant de mal à proposer une danse à une louve déjà appairée , tout comme il ne verrait la faille à demander des héritiers à quelqu’un d’autre.

Est-ce qu’il aimait les enfants ?
Il hésita bien trop longtemps pour que ne transparaissent ses doutes, se trahissant par la même occasion.

Ce qu’il avait arrêté net, et l’avait poussé à choisir les mots les plus appropriés pour évoquer son désir d’obtenir des héritiers. Est- qu’il était certain qu’il ne les aimait pas autant qu’elle pouvait les aimer, elle qui en avait recueillit qui n’était de son propre sang. Pour Lucian, le lien du sang avait plus d’importance, s’il aurait défendu n’importe quel enfant, il ne nourrirait le même intérêt pour un individu quelconque qu’envers les siens.

Il était certain aussi qu’il aurait soin de la santé et du bien être de ses enfants, même s’il n’avait aucune idée des besoins et attentes de ces êtres en devenir. Il ne s’était tout simplement jamais interrogé sur ce point suffisamment pour s’en faire une idée précise.

Sa langue, il mordit, décidément, il était bien délicat de lui apporter une réponse satisfaisante, sans compter qu’il était désormais trop tard pour se dérober à ses attentes. Il soupira, expulsant l’air de ses poumons, acceptant enfin de répondre, levant enfin le voile sur ses secrets.

Sous le poids de son regard qu’il s’imagina, lourd de proche quant à la réponse qui tardait, il finit par avouer.

« Je ne suis pas très à l’aise avec les enfants »

Et réciproquement.
Il n’avait jamais vraiment eu l’occasion d’apprendre à les aimer. Ne savait pas vraiment comment il devait agir envers eux. Les souvenirs de sa famille unie lui semblaient déjà si lointain, si nébuleux. C’est sans hésitation qu’il appuya ses pensées.

D’une certaine façon.
Des enfants, Des héritiers, des Successeurs. Ceux qui comme lui, pourraient s’inscrire dans une même ligne,

«Je veux transmettre les valeurs que mes parents, m’ont transmises, leur héritage. »

Il faut dire qu’il n’était plus si jeune, pas moins de neufs années s’étaient écoulées depuis sa naissance et bien qu’il n’en semblait porter que quatre ou cinq, il n’avait que plus conscience du temps qui s’écoulait et des incidents qui pourraient l’arrachée violemment à cette vie, tout comme ses parents.

« Ce serait du gâchis de disparaitre, sans rien laisser derrière soi. »

tout ce travail, tout ces efforts réduit à néant.
L’oubli était chose terrifiante presque autant que la solitude qui lui pesait tant de fois, il n’aurait su dire ce qui aurait été le plus terrible, mourir dans l’indifférent ou perdre une nouvelle fois.

Lorsqu’une goutte perla sur sa truffe, son museau se redressa vers le ciel, derrière les frondaisons, les nuages s’amoncellent. C’est sous un grand pommier qu’il alla s’abriter sans se précipiter.