Des questions, encore | ft. Stendhal

Il en avait des questions plein la tête. Au fur et à mesure de ses rencontres, des discussions qu'il prenait de plus en plus à coeur de suivre, il comprenait qu'on attendait quelque chose de lui, quelque chose d'autres que juste flotter dans l'espace-temps l'air de rien.

Et ça le travaille, beaucoup.
Après sa discussion avec Liza, lui aussi doute de plein de choses. Il devait y réfléchir seul à tout ça, et remplir sa mission, sa promesse. Et puis ... Il y avait ces questions de Séléné, qui incluaient aussi les projets que voudraient éventuellement avoir son compagnon. Le sujet des enfants était revenu plusieurs fois, avec plusieurs loups différents. Etait-ce quelque chose qu'on attendait d'eux, des descendants ? Il réfléchit longtemps avant de penser savoir comment poser la question à son ami, déjà prendre la température, et voir ... ensemble. Sans doute, oui.

Si la question avait été abordée avec papa Violette il y a longtemps, Hol' peinait à comprendre comment. Il savait, avec un mâle et une femelle, il venait de deux mamans, mais dans ces deux cas, les louves ont ce qu'il faut pour faire grandir de petites choses en elles correctement. Il fronce les sourcils. Comment ? Comment ... Mh. Peut-être une bénédiction, ce qui ferait plus sens. Il espérait fort en tout cas.

- Stendhal.

Il lui sourit et vient se lover contre lui, comme à son habitude. Ils s'étaient quittés ce matin pour faire leurs vies chacun de leur côté, mais il y avait toujours cette vive émotion de bonheur qui réchauffait ses pensées, balayant tout le sombre qu'il pouvait y avoir.

- Comment est ta journée ?

Il l'écoute. Ah, les ruches ! Oui, bientôt il serait temps de proposer aux fleurs d'éclore afin de nourir ce petit monde dont le nombre allait être multiplié dans les prochains jours. Demain ... Demain, Hol' irait apporter une terre meilleure pour le jardin. Il commence d'ailleurs déjà à penser à comment il allait s'y prendre.

Puis son attention est reportée sur son grand brun avec son "regarde". Tout de suite, il double d'attention et observe, tente de deviner l'objet de l'enthousiasme de Stendhal. Mais d'ici, il peine un peu à voir ce qu'il fait avec ses pattes, pourtant attentif au plus qu'il pouvait. Les doigts filaient un peu partout, touchant poitrail et truffe (ce qui ne manque pas de surprendre le loup blanc).

Puis quelques secondes à repasser en boucle cette vision ... Meh, décidément, rien ne vient. Son museau se plisse, gêné, ne pouvant donc pas partager la joie de son Compagnon. Il s'assied, confus, désolé.

- ... Tu veux un câlin de moi ?

Passer de l'un à l'autre ainsi, oui ça devait être ça. Un câlin poitrail contre poitreil, peu commun mais pourquoi pas après tout.

Un léger flottement avant que son compagnon ne lui dise que ce soit presque pas, donc pas tout à fait. Un élan bref de tension le fait frissonner à l'idée de ne pas toujours comprendre Stendhal, ça arrivait rarement, mais ce n'était pas toujours un instant de plaisir. La bonne réponse ne se fait pas attendre et ne manque pas de faire sourire timidement Holzër en un rougissement bien visible alors que pour se changer les idées, il tente de mimer les mêmes signes sans grand succès.

Et puis, lorsque la voix maladroite du loup poilu se relève, le Sortcellier fige son regard dans le sien, écoutant des paroles de plus en plus précises sur son projet, très flou, très ... Jusqu'à ce que le loup blanc n'écarquille grand les yeux, le souffle coupé et le poil un peu gonflé. C'est comme si une fois encore, leurs âmes étaient liées ! Sten' l'avait devancé, ce qui tend et détend l'enfant de Cloud en même temps. Si ses crocs se délient après plusieurs secondes, il se voit incapable de parler.

Cependant, son corps tremblant parle. Un sourire peu perceptible mais bien présent, un pas qui ose s'avancer au bout de ses pattes fines qui le retienne se s'écrouler, et il s'approche contre son Stendhal, les yeux humides. Un simple câlin pour se réconforter, pour décharger la tension. Un câlin qui consentait à cette idée de mini-eux à qui il faudrait éventuellement apprendre à signer. Un nouvel objectif de vie.

Hol' recule toujours ému. S'il était très terre à terre dans ses réflexions, encore là ils avaient la preuve que leurs esprits étaient liés dans un autre univers et leurs soufflaient bien des choses.

- C-c-c'est une b-bonne id-idée oui.

Un signe de tête spasmodique qui vient appuyer ses propos.

- Mh. Tu ... tu sais qu-qu'avec Séléné, on ... elle m'en a p-parlé aussi. Enfin-

Un geste vague de la patte, fermant les yeux en les tournant vers le bas. C'était si compliqué ! S'il avait su ... Puis, son menton remonte tout de même, soupire un coup. Il avait chaud d'un coup. Terriblement chaud. Il lui semblait perdre pied quelque part.

- C-ce serait mer-merveilleux.

Et là, c'est son coeur qui menace de sortir de sa poitrine tant il frappe fort. Un mélange de bonheur pur et de crainte, car même si là il est sujet de l'un des fruits de ses divagations, il avait toujours eu cette appréhension du sujet et de la réalisation. Oui, évidemment qu'il aimerait si fort voir son être préféré heureux avec le fruit de leur amour commun palpable, les voir tous sans aucune crainte. Mais la peur d'être parent était bien plus présente. Serait-il un bon pilier, pour des âmes innocentes ? Il doutait, un peu.

- Je dois apprendre aussi.

Sa façon de dire qu'il le voulait et qu'il y croyait tout de même, lui aussi. Si d'autres y arrivaient, ça devait le faire pour eux, non ?

Encore tout chose par cette annonce et réalisation alors que plein de nouvelles questions lui arrivent, Stendhal se propose de devenir professeur. Les oreilles d'Hol' se dressent, approuvant totalement cette solution. Qui de mieux placé pour apprendre des mots silencieux que quelqu'un ne pouvant entendre ? Et ça les rapprocherait encore plus qu'ils ne le sont.

Il en était convaincu.
Donc il acquiesce sagement. Oh oui ! Ils allaient les aimer, ils allaient s'aimer encore plus avec des petits êtres qui mélangent les qualités des deux amants. Les erreurs du passé ne devaient pas se répéter, là était la crainte du Nakhu blanc : lui ayant été abandonné, rejeté, allait-il arriver à donner l'amour qu'il n'avait pas su avoir lors de ses premiers mois ? Cloud avait bien rectifié le tir.

Alors ce serait cet amour qui sera légué à la génération à venir. Et il ne doutait pas des valeurs plus qu'honorables de son Stendhal. Le tout serait parfait.

- Oh. Nous devrions ... nous devons apprendre les soins. Et comment les nourrir. Et ... et mh. Qu'ils soient là.

Papa Violette avait parlé d'un couple de mâles au refuge, et il lui semblait en avoir vu un rond comme un ballon encore récemment sans certitude. Ce qui implique ... aller lui parler à l'occasion. Puis, sa voix se baisse un peu, une confession timide.

- J'ai hâte. Je crois.