De bon matin, bien trop tôt pour bien des loups ici, la grande rose s'était levée et pomponné plus qu'usuel avec un objectif en tête : devenir disciple de la renarde. Cela faisait désormais plusieurs semaines qu'elle se renseignait, se préparait, réfléchissait pour réussir. De toute façon, il n'y avait pas d'autre possibilité : elle réussirait, peu importe le prix.

Si bien elle ne confondait aucunement Moiro avec Dairo, les apparences restaient importantes. C'est donc la tête haute, le buste droit qu'elle se présente devant la statue du canin orangé sans faire milles manières, juste au naturelle, elle était déjà haute en couleurs.

- Dairo, je suis ravie d'enfin vous faire face comme il se doit !

Elle s'assied sur le sol froid sans faire plus de bruit, ni même une griffe qui viendrait racler la pierre grise. Fifi se sentait tendue, mais cette pression lui faisait pousser des ailes. Oui ! Aujourd'hui, elle serait adulte, enfin. Aujourd'hui, et demain, plus rien ne se dressera devant elle. Elle voulait ruser, agir, toujours dans l'ombre et les éloges ; Devenir une grande Dame, quelqu'un qui invoque des chuchottements. Ses yeux se rivent dans ceux de la Déesse.

- Nul besoin de tourner autour du pot en milles mots pour ne brasser, au final, que du vent je me permets. Mettez-moi à l'épreuve, que je mérite votre protection, votre couleur, et être fière de dépendre des Renards.

Parce que Kiro lui semblait bien trop taquin et speed, et Aka bien trop branché gonflette. Un fin sourire se dessine, malicieuse, et emplie de curiosité sur ce qui allait l'attendre.

Pas un mot alors qu'elle admire la grâce assurée de la Renarde. Danc ce regard, il y avait ce que la jeune louve convoitait jalousement : l'assurance et une forme d'intelligence indéniable. Et puis tout devient sombre, gris, humide. Autour d'elle, des débris, de la mousse. Un endroit abandonné qui dénotait bien de trop par rapport aux grandes plaines qu'elle connaissait.

Si d'abord la confusion gagne Physalis, un sifflement de serpent accompagne les paroles de la Déesse. Ah. Super, un dragon. Et quel dragon ! Si les légendes l'ennuyaient beaucoup, elle les avait survolées en inspectant les livres d'histoire. Les mythes restaient une grande inspiration pour beaucoup qui ont tenté de suivre les pas de leurs héros.

Donc, un Basilic, et la Renarde s'autorise même une petite farce.
Bien, bien.

Pour le coup, pas de puzzle. Un jeu de regard à mener par intermédiaires où elle ne pouvait pas elle-même observer ce qu'il se passait, où elle ne pouvait pas surveiller le danger droit dans les yeux. Il se passe quelques secondes où, pour la première fois de sa vie, elle a le souffle coupé de peur, acculée contre un mur invisible. Il n'y avait personne pour servir d'appât ou de diversion. Pourtant, cette peur anime quelque chose de bon. Autour d'elle ... De la vieille roche, de l'eau. La pierre devait être bien friable avec le cumul d'humidité qu'elle laissait deviner.

Les choses deviennent un peu plus sérieuses. Il fallait le coincer sans se faire attraper. La louve était grande, mais plutôt agile. Oui, il fallait faire ça. Alors en s'animant cette fois-ci, elle jette un caillou au hasard derrière elle pour attirer l'attention de la créature avant de commencer à courir lourdement volontairement, le bruit l'attirerait sans doute. Et elle s'enfonce dans l'un des larges couloirs du temple.

Une fuite méthodique, espérant que la créature ne s'en lasse pas trop tôt.

Derrière elle, un serpent la suit, n'est pas bien loin. Des pas lourds et peu soignés font même trembler le sol, vibrer l'eau. Quelle brute ! Phy' continue d'arpenter les rues du temple, ses yeux parcourant partout sauf derrière elle, de peur de ne devenir qu'une statue dans le temple de la déesse. Il fallait trouver une solution et vite, car si la bête était endurante, elle non.

Ses pattes alternent entre droite et gauche dans les couloirs, choisissant avec précaution les plus étroits, là où le monstre serait le moins à l'aise. Un mètre de distance gagné lui accordait une seconde en plus où elle pouvait aviser, improviser, chercher. Dans le dédale, elle commence à voir des objets. Des réflexions en une fraction de seconde sur leur utilité, mais rien ne lui convenait vraiment jusque là.

[Dé sur base ING pour voir si elle trouve et atteint un objet utile]

Au dernier moment, elle aperçoit un escalier qui descend dans l'une des veines étroites du temple. C'était plus calme, plus exigu ici, le basilic allait peiner à la rejoindre et lui laissait donc un peu de répit pour réfléchir. Les cornes de la louve frottait parfois le plafond, le passage n'étant définitivement pas fait pour des loups plus grands que la moyenne. Tête basse, elle trouve refuge dans une cuvette, profitant du temps pour inspecter. Par les fenêtres remontant à l'étage, un éclat. Un miroir !

Il le lui fallait pour s'en sortir vivante. Il lui fallait aussi beaucoup de courage et d'endurance pour remonter, fuir, et tenter un coup de maître pour enfin en finir.

Nul besoin de courage lorsque le corps réagit au danger et la tête pense pour survivre. Derrière elle, le brouhaha persiste, approche. C'était le bon moment. Rapidement, elle repère des ruines qui forment une sorte d'escalier de fortune donnant sur cette petite fenêtre plus haut. D'un bond, elle rampe rapidement, l'encart lui donnerait encore plus de temps. Il fallait qu'elle saisisse le miroir. Plateforme par plateforme, la voilà hissée de nouveau au rez de chaussée, la pierre froide, le peu de lumière, pouvoir se redressée correctement. C'était agréable, oui.

Sans un regard en arrière, Physalis galope à grandes enjambées. Le Basilic n'était pas bête. Il fallait penser à comment le prendre à son propre jeu. L'attendre pour mieux le saisir. Ouais, c'était ça la clé ! Elle attrape le miroir, quelques morceaux se brisent à sa levée, alors elle choisit le plus gros morceau, presque aussi grand qu'elle. Et elle patiente, figée sur sa vue plutôt que ses tripes et son ouïe qui lui alertaient le monstre luttant encore en dessous pour sortir de cette prison.

Et le voilà, explosant tout sur son passage, empruntant lui aussi l'ouverture prise précédemment. Tout ça, ça n'avait pris qu'une poignée de secondes. Aux yeux de la louve, le temps avait ralenti. Et alors qu'il vient à elle, elle reste immobile, elle le sentait : le sol vibrait plus fort encore, les hurlements de la bête aussi. Et alors qu'une ombre se profile sur elle, Fifi dresse son bout de miroir sans regarder si elle avait réussi son coup. Juste, elle en était sûre, il était assez proche, elle sentait son regard affamé sur elle, et il n'aurait pas le temps de le détourner lorsqu'elle lui montrera son propre reflet. Le miroir comme un bouclier, ses dents se serrent.