Première leçon de jardinage [PV les Théos]

-Ted-

L'été arriverait bientot, et le temps devenait de plus en plus clair, chaud et beau. Avec le beau temps, le jardin et les trois fils de Ted s'étoffaient à vue d'oeil, de manière presque étourdissante. Depuis leur naissance, Ted n'avait cessé de vérifier leur développement : Reflexes, étapes importantes, marche. Il avait scrupuleusement respecté les différentes étapes pour la parole, l'apprentissage de l'inhibition, les couleurs et les formes, la diversification alimentaire, les premières histoires et premiers contes, la rencontre d'autres enfants et d'autres adultes, la rencontre d'autres espèces, la propreté, et tant d'autres choses qui formaient sa feuille de route de papa presque parfait.

Oui, mais voilà. Depuis qu'ils avaient passé leurs six mois, le tout devenait moins clair. Les livres insistaient sur le développement de leur personnalité, de leur liberté encadrée en préparation de l'adolescence, cette période que le père redoutait tant, et Ted se trouvait un peu perdu. Lui qui s'était accroché aux chiffres, aux graphiques, à la science, le voilà dans un flou relationnel un peu trop grand. Il réalisait petit à petit, et avec autant de difficulté que d'émerveillement, que ses trois enfants avaient chacun une personnalité distincte, des gouts distincts, des envies distinctes.
Qu'ils étaient trois personnes, à présent qu'ils avaient quitté la petite enfance et leur statut complètement dépendant de lui.

C'était la réalisation qu'il faisait chaque jour un peu plus, en les accompagnant dans leurs passions changeantes, les guidant petit à petit vers l'age adulte. Ils se détachaient de lui et de Lugh avec douceur pour se confronter d'abord entre eux, puis au reste du monde, toujours si petit sous leur lourde amulette, mais pas moins aventureux ou curieux. Tout ça était une source innattendue d'angoisse, pour le père qui avait pensé que la mise bas d'un male serait la plus grande épreuve. Il en avait parlé à son mari, bien sur, à demi-voix lorsque leurs trois petits étaient en compagnie de leur tante. La discussion avait été tendre, et Ted en était sorti avec quelques pistes pour résoudre cette angoisse sourde de l'indépendance de leurs enfants. La première, celle de se réinvestir dans la sienne, d'indépendance, lui qui avait vécu pour eux pendant ces quelques mois. Et puis, aussi, de s'investir avec eux dans des passions et activités nouvelles, adultes, de celles qu'ils pourraient garder peut-être toute leur vie.

Alors, il avait proposé à Madig, Findias et Louarn une première leçon de jardinage, de celles qu'il aurait pu dispenser à un adulte, avec des outils nouveaux et des connaissances à dispenser. Au petit matin, parce que la chaleur n'était pas encore trop grande et que leurs esprits serait concentré, ils étaient allés ensemble au jardin, qui avait bien besoin de soins avec la grande poussée du printemps. Là, il avait commencé par le plus dur : la plantation des salades pour l'été. Devant une petite zone presque dégagée, il s'était assis devant ses fils.


Il démontre, en commençant le désherbage.

-Théophane Louarn-

Aujourd'hui ... C'était jardinage. Louarn aimait bien le jardinage, même si ce n'était clairement pas passionnant comme courir après les poules, ou explorer de nouveaux endroits. C'était, surtout, qu'il aimait bien passer du temps avec papa et avec ses deux frères, même si ils se disputaient souvent avec Findias. En même temps, Findias, et bah il était ennuyant, çà jamais rien vouloir faire et avec son bonnet au cas où il attraperait froid et avec ses petits gants de jardinage pour pas se piquer. Il avait peur de quoi, qu'une plante vienne le dévorer ?

Ca donnait une idée à Louarn.
Il lui fallait encore un peu de temps pour la mettre en oeuvre, oui. Alors, il se plie au jeu et se concentre sur papa, en attendant. Oreilles tombantes s'agitant un peu, il écoute avant de s'avancer. Puis, d'une patte plus habile qu'elle n'en avait l'air, commence à enlever les mauvaises herbes.
Mais son regard en coin à Findias ne trompe pas : dans son crâne fomentait déjà sa prochaine blague.

-Ted-

Il gratifie son fils le plus calme d'un sourire apaisé, continuant à enlever lui-même les mauvaises herbes. A quatre pattes, ça allait bien plus vite, et Ted se surprend à se dire que tous ensemble, l'entretien du jardin pourrait être bien plus rapide au quotidien. Enfin ... Si tout le monde était concentré. Il surveille ses rejetons comme le lait sur le feu, attentif à leurs interactions sans pourtant se départir de son attendrissement. Ils étaient tous les trois mignons, à oeuvrer ensemble pour le jardin. D'ailleurs, le grand loup se dit qu'avec leur arrivée et leur bientôt adolescence, il faudrait agrandir un peu leur garde-manger ...

Puis, son Madig lui propose d'utiliser ses pattes, qui avaient l'étrange capacité de faire pousser les plantes plus vite, pour les pousses. Ted lui sourit.


Il leur sourit, à eux trois. Le désherbage allait vite, et il ne se faisait pas trop de soucis. Alors, leur proposer d'augmenter le jardin avec ce que eux aimaient le plus lui semblait une bonne solution, pour eux tous. Et puis, s'ils choisissaient, plantaient, faisaient pousser puis récoltaient et mangeaient, ils se sentiraient probablement plus fiers du travail accompli. Après tout, c'était aussi l'intérêt d'un jardin, en plus de se nourrir.

-Théophane Louarn-

Lui était bien loin des considérations du jardin, déjà. Les carottes, les navets, tout ça, c'est pas que ça l'intérressait pas, c'est qu'il préférait une autre cible : son frère. En continuant à lentement enlever les mauvaises herbes, le petit roux en repère une qui piquait, et surtout, qui était tout proche des fesses de Findias. Oh, que ça serait drôle si elle se mettait soudain à se tordre, à pousser et à tirer juuuste un peu pour aller lui piquer les fesses ! Oui, ça serait hilarant, alors, Louarn se concentre, car il sait que parfois, souvent, en le voulant assez fort ...
Il y arrivait.

Et cette fois-ci, le sort semblait lui être favorable. Il sourit en voyant la petite plante pousser un peu, se tortiller vers le fessier de Findias et soudain ... Bam ! Le piauqe.
Et lui attend la réaction, yeux grand ouverts pétillant de malice.

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