La haine prend les tripes de Pandore. Cela devenait insupportable de l’entendre rire, de l’entendre se faufiler en elle tel un poison. Il fallait qu’elle la fasse taire, qu’elle lui dise d’arrêter de parler. Sa gueule s’ouvre sur une rangée de crocs, et, à l'unisson de son cœur et de son esprit, la bleutée tente d’attraper son reflet d’un coup de mâchoire bien placé. Elle se disait que peut-être en la mordant ou lui faisant mal, elle pourrait lui faire fermer son clapet une bonne fois pour toutes. Comme tous ceux de la surface. Brutaliser permettait de les faire taire et de les faire fuir. Qu’elle pourrait lui faire peur pour qu’elle arrête de la regarder et de la faire chier.
(lancé AGI 1 des deux - Pandore cherche à la mordre, mais l’autre est 2 fois plus rapide)Mais comme si elle n’était pas assez rapide, ce fut elle, qui fut mordue la première. Une morsure redoutable, une morsure douloureuse en plein sur le museau. La surprise se lit sur le visage de la bleuter, effaçant toute envie de tentative prochaine. Comment c’était possible?? La haine que l’autre lui portait était insupportable.
“Elle me croit faible??” Elle savait elle-même qu’elle n’était pas faible.
Pandore se tient le museau, pleurant de douleur alors que le sang s’évapore dans l’eau pour disparaître dans la noirceur qui l’entourait.
“C’est douloureux…” L’autre l’appelle encore. L’incitant à laisser aller sa haine pour utiliser cette force contre les autres. Mais Pandore ferme les yeux un moment. La brûlure de la douleur sur son museau l’empêche de se concentrer.
Quand elle rouvre les yeux, l’autre est encore devant elle. Elle ne bouge pas. Lentement elle dresse la tête pour chercher la surface, mais rien, juste le noir. Personne ne viendrait l’aider, pas cette fois..
Pourquoi Paquot laissait faire?? Pourquoi il ne faisait rien? La négativité portée jusque-là s'estompe. Pandore ne savait pas quoi faire. Elle se sentait faible face à elle-même. Lentement elle retire ses pattes de son museau et se regarde.
Elle voulait fuir. Comme toujours elle le faisait avec la mer. Avec l’eau. Avec les voix. Avec ceux qui l'emmerdent.
(Lancé 2 - Pandore tente une fuite vers le haut - Mais stagne sur place)Cette fois, l’autre ne l’en empêche pas. Pandore et son reflet s’avancent tous deux vers la surface. L’idée même de pouvoir remonter lui procure une certaine confiance et joie. L’idée même que l’autre cesse de la tourmenter lui fait du bien. Elle pourrait fuir encore une fois et cesser ce jeu.
Mais quelque chose la fait ralentir. Que se passerait-il si elle remontait avec son double d'elle-même?? Que se passerait-il si Pandore la laissait encore en liberté dans son esprit?? Son regard doré se tourne vers celui rosé à ses côtés. Le sourire malsain de son double lui fit froncer les sourcils.
Les paroles des autres lui viennent en tête:
Contrôle toi. Tu es folle. Pauvre fille. Cinglée. Triste vie.
Pandore réfléchit. Elle se souvenait de son entretien avec Paquot. Et plus elle y songe, et plus elle se dit que peut-être, c’était lui qui avait organisé ça pour une raison. Et que, au lieu de fuir comme elle le faisait depuis toujours, qu’au lieu de fuir, comme elle le faisait maintenant, elle ne pourrait pas la contrôler?? Chercher une solution pour simplement calmer son double, la retenir. Prendre le dessus.
Elle cesse donc son ascension pour se retourner face à elle. Elle devait réfléchir à comment faire.
“- Quand je te laisse prendre le dessus, malheur arrive! Pourquoi je le ferais??” “-Mais c’est normal! Nous sommes la destruction! Nous sommes les reines! Les faibles sont notre repas! Leur peur est notre joie! N'aimes-tu pas savourer les corps chauds??” “-C’est toi qui les demandes!”“-Vraiment??” La grise rigole. Pandore hésite. Les souvenirs de ces doux moments de chasse, de ces délicieux mets de viandes.
“-Notre nom est celui du malheur! Pandore! La jalousie, la colère! Et tout ce qui va ensuite.. la misère, la maladie… La mort! C’est toi! C’est moi! C’est nous!” Nous? Pandore gronde.
“- A cause de toi, je vis une vie d’enfer! Et je ne peux pas profiter des miens!” “- Les tiens?? Ceux qui te détestent?? Ceux qui te fuient?? Qui te regarde comme si tu étais la tâche noire de la famille??” Pandore baisse les oreilles. La folle. L'hystérique. Mais ils n'étaient pas tous comme ça. Non? Donatas qui la collait toujours et cherchait toujours à lui faire plaisir, à lui offrir de belles choses. Ses mamans, toujours à lui donner des conseils, à l'aider.
“-Laisse moi prendre le dessus, laisser aller ton autre côté, et tout le monde te respectera!”Pandore doutait réellement de cette phrase. Si elle avait appris quelque chose sur sa vie, c’est que le monde était plus fort qu' elle. Et que seulement dans l’eau, elle avait la chance de les vaincre. Et encore. Elle n’avait pas héritée de branchies comme ses parents, ni de la force nécessaire. Et elle n'avait pas la chance de croiser beaucoup de monde pour se dire de se les mettre en poche.
Son autre elle lui tournait autour. Nageant comme si elle se trouvait dans une piscine. Elle était même à deux doigts d’accepter l’offre, juste histoire de pouvoir se montrer et se faire bien voir à la surface. De se dire que la folie et les meurtres seraient sa vie. Mais… sa famille lui revient. Ses quelques amis. Et…triste à dire, mais oui, sa fille aussi. Ils l'aidaient, ils essayaient.
Sa jalousie maladive laissait place à la tristesse en vrai. Sa jalousie sur tout, la rendait malheureuse, parce qu’elle ne pouvait rien faire comme les autres. Aller nager par exemple. Elle n’avait jamais vu le fond marin, elle n’avait jamais pu aller voir les merveilles de l’océan. Ni même avoir eu la chance de passer du temps avec son autre mère et son père. La surface était source de conflits. Sans la mer, elle n’était rien.
Pandore se mit à pleurer. Elle savait que ses défauts ne changeraient pas, parce que c’était elle, mais pensait que peut-être, en partageant ses journées avec d’autres, elle pourrait atténuer tout ça. Elle en était persuadée.
La voix de son autre elle revient à la charge en disant que le temps était compté. Qu’elle devait choisir. Puis Pandore eut une idée. Elle regardait son foulard translucide voler sous les vagues lentes. Son esprit travaille, réfléchissant à tout ça. Elle aurait tellement aimé pouvoir accepter l’offre de son démon de toujours, mais le visage des siens lui revint en tête. Elle se disait que, à défaut d’être une personne gentille et aimable, elle pourrait faire un sacrifice. Un signe de bonté envers eux. Elle fait taire sa partie noire pour profiter avec eux.
[Lancer AGi pour que Pandore puisse bloquer son autre elle avec le foulard]Pandore inspire longuement et regarde autour d’elle. Rien. Rien qui pourrait l’aider à attacher la corde. Fin, le foulard. Cependant, elle n’abandonne pas et tient le foulard entre ses pattes.
Et, mielleuse, s’approche. Comme l’autre faisait toujours ce qu’elle faisait, cela devrait fonctionner.
“- Tu as raison! J’aurais toujours besoin de toi!” La grise souris de tous ses crocs.
“Le monde est cruel. Et sans une part de vilaine fille je me ferais marcher dessus!” Elle s’approche. Se retrouvant truffe à truffe avec l’autre elle.
“- Il est vrai que voir la souffrance me fait plaisir! Il est vrai que voir les autres mourir et m’obéir me rend toute chose!” Elle enroule discrètement le foulard autour de son autre elle. Attirant son regard sur elle par ces simples paroles. La bleuter fait diversion.
Et puis sans prévenir, Pandore tire d’un seul coup. Le foulard s’enroule autour de son autre elle. Bloquant maladroitement le corps, ainsi que deux pattes. Son autre elle grimace, furieuse.
Pandore approche sa tête.
“- Mais parfois, tu me pourris la vie! Et je ne veux plus subir ça! LAISSE-MOI VIVRE!” Pandore grogne. Écrasant son corps, celui de son autre elle vers le fond de la mer.
“- Je pourrais te tuer! Pour être libéré!” Son autre elle ne bouge pas. Se contentant de la fixer.
“Je pourrais t’attacher… Pour toujours! Et te fuir! Pour te laisser pourrir au fond de mon âme..” Elle serre encore plus sa prise avec son foulard.
“-Mais… je serais malheureuse aussi sans toi! Alors je vais te proposer quelque chose!” Elle approche encore une fois sa tête de l’autre.
“- Je te laisse vivre avec moi! Librement! JE te laisse dans un coin paisible de mon être! Sans chaînes, sans contrainte! Et me laisse vivre ma vie! Et en échange…” Parce qu’il fallait bien de l’autre côté aussi…
“En échange, le jour où j'ai besoin de toi, je te laisse sortir et tu feras tout ce que je demande! Je laisserais aller ta force et folie!! Seulement pour me protéger ou protéger les miens!” Elle arque un sourcil. Un moyen. Comme un autre. Ainsi le jour ou elle aurait besoin, Pandore savait qu'elle pourrait demander.
“- On travaille ensemble! Toi et moi!” Son autre elle grimace. C’était à la limite de l’insensé. Mais… oui. Cela tenait la route en soit.
“-Tu veux réellement collaborer??” Pandore arque un sourcil. Son autre elle grimace. Un sourire malsain sur la gueule.
“très bien…” C’était sans doute mieux que de crever ou d’être enchaîné dans un corps sans pouvoir réagir.
“- J’accepte ton offre!” Son autre elle, laisserait Pandore tranquille. Son autre elle se gorgerait de toute la haine que Pandore lui offrirait. Pour que le jour ou elle éclatent la gueule de ses ennemis, elle puisse avoir la force nécessaire au massacre. Cela lui plaisait. Les deux pattes se joignent. Pandore sentit une vie s’insinuer en elle alors que la partie maudite d’elle-même venait d’éclater telle une bulle.
Pandore sentit l’eau s’engouffrer en elle subitement. A la limite de la noyade dans les poumons. La surface au-dessus lui semblait bien plus proche qu’il y a deux secondes. Et, vivement, se rue droit au-dessus. Son foulard, utiliser à immobiliser son autre elle, venait de s’échouer sur le sable au fond, engloutit par la noirceur. Pandore ne prendrait pas la peine d’aller le chercher.
Elle voulait vivre.
Aussi vive qu’elle le pouvait, elle nage, encore et encore vers sa nouvelle vie. Jusqu’à ce que sa gueule émerge. La première bouffée d’air remplit son être d’un éclat merveilleux. Elle ne voyait rien, se sentant perdue au milieu de nulle part. Frigorifiée, elle cherche sa sœur, son père, ou même le roi.
Elle devait les revoir. Elle se posait plein de questions. Si c'était ça l'épreuve de paquot... En quoi cela se résumait-il?? Est ce que... son autre part d'elle même était réelle?? Etait-ce réel ce contrat fait?? Pandore pourrait-elle pouvoir aller nager sans avoir envie de tuer les siens?? Elle ne savait pas..