Voeu poussière [Aiiro]

Liza partageait toujours la lavvu de maman, se levant avec plaisir pour regarder le soleil réchauffer les poisson du lac du Plateau. Elle les aimait, ces matins où les deux louves pâles aéraient la tente après la nuit. Un thé entre les pattes pour se réchauffer, le regard sur l'horizon.
Ces derniers temps, ces moments étaient interrompus par ses nausées. Liza était certaine, à présent, que la recette avait fonctionné. Sa maman le lui avait dit ; Et les infusions de gingembre avaient remplacées le thé du matin, calmant les mouvements intempestifs de son ventre.

Etait-elle heureuse ? Elle ne savait pas encore, Liza. Tout était trop neuf, trop chamboulé, trop rapide pour qu'elle y réfléchisse. Elle doutait encore, comme si son esprit avait appris à le faire, et ne voulait plus lâcher. Mais elle essayait, oui.

Aujourd'hui, il y avait quelqu'un qu'elle voulait voir. Après que le gingembre eut fait effet, elle avait pris son chapeau de paille, attaché sa besace, et était partie. Ha ! Il ne fallait pas qu'elle oublie son cadeau pour Aiiro : une ramure de cristal, trouvée dans la forêt, très très jolie. Tout équipée, elle était partie vers le Temple. Monter était facile, le matin, mais elle s'essoufflait plus vite maintenant. Elle avait fait quelques pauses, regardant le soleil se lever sur leur maison. Pendant l'une d'entre elle, elle avait ramassé un morceau de tissu pour faire un voeu en haut. Il était grisé par la poussière, comme Lucian. Ca l'avait amusée !

Une fois arrivée en haut, la louve prend une grande inspiration face au lac qui s'étale sous ses pattes. Puis, elle sourit. Ici, au dessus de tout ... Elle se sentait plus calme.
Le silence l'apaise. Apaise ses pensées, surtout.

Elle se tourne alors vers l'arbre planté, qui était encore un bébé. Des pattes, y attache le premier morceau de tissu qu'elle avait jamais attaché. Silencieusement, elle prie pour la santé des vies qui grandissaient dans son ventre. Puis, vient déposer la ramure devant l'arbre.


Elle attend, avec patience. Aiiro pouvait être autre part, oui : ael était occupée avec les projets des nakhus.
Mais alors ... Elle reviendrait demain.

La divinité n'attend pas pour apparaitre. Enfin, apparaitre : Aiiro marchait, comme tous les loups de son clan, sortant de sa résidence d'un air content. Et puis, aussi, avec deux ailes sur son dos. C'était nouveau, ça, non ? Liza relève les yeux, hausse les sourcils. Elle ne peut pas s'empêcher de sourire.


Oui, mais ce n'était pas pour ça qu'elle était venue, Liza. Elle cille, et se reprend. Ses yeux tombent sur le bandeau de tissu gris poussière, et elle se rappelle sa prière. Elle avait fait beaucoup depuis sa dernière discussion avec Aiiro.
Beaucoup de chemin, beaucoup de peines et de bonheurs.
Elle inspire.


Elle rit. C'est vrai qu'ils avaient eu du mal, à aller chercher tous les ... Trucs magiques dans la forêt, puis à se blesser pour faire la recette. Mais ça avait fonctionné. Liza n'en avait, à vrai dire, jamais vraiment douté. Elle pose ses yeux verts dans ceux de la divinité.


Elle sourit, sa courte queue battant l'air derrière elle. L'émotion la rendait un peu confuse, heureuse et triste en même temps. Mais elle n'avait pas vraiment envie de se forcer, aujourd'hui. Tant pis si ses pensées vaquaient à leurs aventures propres !

Un nouveau bout d’ael. L’expression fait souffler Liza du museau c’était vrai, bien sûr, mais étrangement, ça lui faisait aussi penser à ce qu’elle allait vivre. Après tout, elle ne pouvait pas faire poussr d’ailes, elle !
Et Aiiro ne pouvait pas avoir d’enfants.

La réfléxion est vite chassée devant le sourire de la divinité. Une vague chaude submerge Liza, qui lui sourit en retour, un instant déboussolée par l’émotion. La divinité était heureuse du résultat de tout ça, mais la disciple n’en avait jamais douté ! Le sentiment, lui, perdure encore, mêlé comme souvent d’une tristesse poignante et d’un espoir féroce.

Doucement, elle reprend ses esprits. Le museau baissé, se prête aux rêveries qui souvent l’agitent, maitenant. Celle de ses enfants à naître, de leur apparence, de leur personnalités. Elle sourit, avant de secouer la tête :


Lucian n’aurait peut-être pas été d’accord, mais … Oh, diable, c’était son corps après tout !
Elle se redresse sous sa capeline pâle, penchant la tête en observanta divinité de ses deux yeux bien plus droits, maintenant.


Peut-être que tous les nakhus étaient un peu les siens, d’enfants, mais Liza sentait aussi que parfois ce n’était pas tout à fait pareil que de les avoir, de les porter.

Elle rougit, d’un coup. C’était une question un peu bête, peut-être. Les Dieux n’étaient pas mortels, n’avaient pas besoin de descendants car ils étaient imortels. Pourant …
Elle se le demandait. Voilà.

Calmement, Liza écoute la déité. Visiblement, ael n'y avais jamais pensé ... Et c'était vrai, aussi, que Liza non plus. Peut-être que c'était une bêtise, que cela expliquerait pourquoi aucun dieu n'en avait.
Mais Aiiro n'était pas comme les autres Dieux.

Ael se pose la question, mais Liza ne peut pas y répondre. Elle n'en a pas non plus envie, elle se contente d'écouter, oreilles tendues en avant, museau dodelinant un peu dans le vent agréable. Ses pensées errent, vers ses propres enfants. Et puis, vers Nyméria, bien sûr.
Vers ses mots, qui l'avait blessée.
Elle ferme les yeux, redirigeant doucement ses pensées sur le moment présent, laissant le souvenir glisser le long de sa conscience comme un rêve qui s'effriterai au toucher du réveil.

A la suite des mots, Liza hoche la tête. Elle comprenait, la différence de pouvoir.
Fugacement, les pattes de Nyméria qui heurtent son domicile, explosion de violence dans son quotidien le plus sécure.
Elle serre les crocs, et prend son temps.


Elle tourne ses yeux verts sur l'horizon. Elle avait choisi Lucian, car elle lui faisait confiance. Mais, devenir mère seule une nouvelle fois avait été une possibilité, pour elle.
Pourquoi pas pour Aiiro ?

Elle lui sourit, doucement.