Silencieuse [Solo]

Les terres sombres refleurissaient. L'automne arrivait, l'été partait. Et les terres sombres se ravivaient, avec lenteur. Dysis continuait à y travailler. Régulièrement, elle les inspectait. Les chemins que Stendhal et Lucian avaient placés. Les appâts qu'elle y avait posé. Les monstres reviendraient. Il y aurait la flore, d'abord. Puis, la faune. Les insectes, les oiseaux, les petits mamiphères. Les gros, ensuite.
Enfin, les monstres.

Parfois, la chasseuse se demandait quelle magie imprégnait ces terres. Sûrement celle du dragon. Les monstres croisés lui ressemblaient. C'était étonnant. Ce pensées étaient passagères. Elle aimait avoir la surprise de voir les terres changer et se peupler sans qu'ils ne décident de tout. Mais elle devait remplir sa part du marché : éloigner les monstres des chemins placés. Pour ça, elle avait besoin d'un monstre spécifique. Ou plutôt, de son sang.

Alors, elle était partie en chasse. Seule, cette fois.
Concentrée, regard fixe sur l'entrée du Dédale, la louve attend. Vent dans ses poils. Appel de la nature. Elle n'aimait pas le dédale.
Elle y entre quand même.

Droite. Droite. Gauche.
Le jardin.
Ses pas l'avaient amené ici directement. Elle et maman l'avait déjà visité, ce jardin. Elle s'y sentait mieux que dans les murs froids et hauts. Trois runes sur un mur, et elle y passe à travers. Elle inspire. Odeur d'humus, et indéfinissablement magique. Elle s'arrête. Regarde autour. Elle cherchait les runes du Dédale, avant. Elle ne les avait jamais trouvées. Peut-être cette fois ... ?

Soudain, un rire. Elle se fige. Lève le museau. Il s'arrête. Son pelage s'est hérissé, mais elle n'était pas inquiète. Des distractions, avait dit Grimalk. Elle détestait l'avouer, mais il avait raison. Le Dédale s'était empli de magie après que les nakhus l'ait quitté. Mais il avait gardé son rôle, comme une coquille vide. Celui de perdre ceux qu'il n'était pas sensé accueillir. A présent, ils étaient tous les malvenus. Dysis fronce le museau.
Rien.

Alors, elle inspire. Expire. Puis, elle repart. Pas un bruit, dans le Dédale.
Celui qu'elle cherchait n'en ferait pas.

Elle était repartie dans les couloirs vides. Il faisait froid, ici. Plus qu'avant. Elle passe un nouvel angle. Encore un croisement. D'une patte, marque d'où elle était venue. Elle arrivait à ressortir du Dédale assez facilement chaque fois. Comme si le lieu la guidait vers la sortie lorsqu'elle le voulait. C'était logique, en un sens. Elle savait aussi que les murs bougeaient. Stendhal lui avait montré. Marquer les murs ne servait peut-être pas beaucoup, mais la rassurait un peu. Si elle pouvait retrouver le jardin à tout moment, tout irait bien.

Elle inspecte le croisement. Pas de monstres. Mais un objet sur le sol. Une corne. Elle s'en approche. La saisit, l'inspecte. Un reste de monstre. Elle le place dans ses affaires. Puis, continue.

Droite. Droite. Gauche. En haut.
Le Dédale la rendait un peu confuse, parfois. Dysis avait un bon sens de l'orientation. Mais certains passages étaient sur les murs, ou le plafond. Il y avait de quoi rendre confus n'importe qui. Elle s'arrête en face d'un tapis. Soupire. Soudain, son regard est attiré par une boite.
Elle reconnaissait cette boite.

Elle s'approche, perplexe. L'ouvre. Dedans, un petit cheval en peluche. Le tissu est usé. Griffé, mordillé. Les coutures n'nt pas toutes tenues. La mousse jaunie est vomie par le dos en deux endroits. Les petits yeux sont peints sur l'objet d'une patte experte. Elle s'en souvenait. Maman l'avait fait, pour elle et Priam.
Elle sent son coeur se serrer. Une étrange émotion la prend. Comme à chaque fois, la chasseuse se recule en elle, surprise. Elle observe la nouvelle émotion. Ne parvient pas à mettre le doigt dessus. Elle plisse les yeux.
Elle avait tellement grandi, depuis.
Sa patte passe sur son épaule. Sous son armure, la cicatrice en forme d'éclair.

Elle avait l'impression d'avoir pris vingt ans depuis.

Il avait voulu la prendre par surprise.
Le silence s'était fait lourd. Elle, dans ses pensées. Soudain, elle se crispe. Un sixième sens ? Un silence trop pesant ? Elle sent l'air vibrer. Un déplacement. D'un geste instinctif, se décale.
Devant elle, une tentacule.

C'était lui. L'oeil est à moitié caché. Ils avaient toujours été timide. Timide, mais agressifs. A leur manière. Les tentacules devant elles se tendent. Elle, plisse les yeux. Sur son iris, la croix se mets à briller.

[Dysis : jet pouvoir / Silencieux : jet FOR]

Et d'un coup, la croix apparaît. Sur le corps du silencieux. En plein centre de son oeil. Dysis sent affluer les informations à la frange de sa conscience. Elle n'a qu'à tendre la patte pour les saisir. Elle pourrait le tuer maintenant. Il était faible. Elle le savait, à présent. Un coup de crocs bien placé. Elle attirerait à elle le corps en usant des tentacules. Elle le saisirait à l'arrière de la tête. Elle l'immobiliserait au sol. Quelques minutes, au moins.
Il mourrait en silence.

Elle recule.
Elle n'avait pas à le faire. Pas si ce n'était pas nécessaire. Il tend ses fines tentacules vers elle. Il n'avait pas réussi à se nourrir. Il rééssayait. Elle ne lui en laisserait pas le temps. Elle se saisit d'un tapis au sol. Le jette sur lui d'un geste de tête. Puis, s'enfuit.
Gauche. gauche. Droite.

Elle reviendrait si elle en avait besoin. La marque sur son oeil s'en assurerait.

Mais il ne la laissera pas fuir.
D'un geste agile, il a évité le tapis. S'en enfilé à sa suite. Dysis sent dans son dos la tentacule la titiller. La toucher, même. Elle souffle. Elle n'était pas rapide, sous son armure. Il lui fallait autre chose. Elle avise une torche, accrochée au mur. Elle s'en saisit. Derrière elle, le monstre la talonne. Lui est rapide. Elle recule du mur. Agite la torche. Puis, la lance.
Le feu l'effrayerait, peut-être.

[Jet FOR du monstre/Jet fuite de Dysis]

En silence, Dysis était sortie du Dédale. Comme souvent, il était plus simple d'en sortir que d'y entrer. La marque verte dans son champ de vision n'avait pas bougée. Elle saurait retrouver le monstre. Mais savait qu'elle n'avait pas plusieurs jours. Elle avait déjà constaté l'augmentation de la marque lorsqu'elle l'utilisait trop longtemps. Ses migraines augmentaient, aussi. Alors, elle s'était pressé.

Une fois sortie du Dédale, elle n'avait pas trainé. Elle avait rejoint la mer. Nagé jusqu'à la bibliothèque. Avait pris les vingt minutes pour se sécher en marchant dans la brume et les chuchotements de la plage. Puis, elle était entrée. S'était dirigée directement vers les bestiaires. Elle devait savoir ce qu'était le silencieux. Plus précisément, quel était son type de magie.

Elle avait déjà épluché les bestiaires, plusieurs fois. Elle se dirige instinctivement vers ceux qu'elle connaissait. Sa marque guidait sa patte ; Avec elle, elle n'échouerait pas. Elle commence à lire, alors. Cherche le plus d'informations possibles sur le silencieux. Elle connaissait son mode de chasse : le vampirisme. Elle essaye d'en savoir plus sur sa magie.

Bien ce qui lui semblait.
La chasseuse referme son livre. Sort ses notes. Complète son tableau. Finalement, ils avaient trouvé un morceau de monstre de magie noire. Pas besoin de chasser celui-ci. Elle inspire. Puis, ferme les yeux.
La marque verte disparaît.

Elle range le livre, et fait demi-tour.
La chasse serait pour une autre fois.