For Greater Glory | Libre

Sujet: For Greater Glory | Libre Jeu 08 Oct 2015, 19:29

Il s'y était aventuré, comme une ombre, en ces terres qui n'étaient pas vraiment - plus vraiment - les siennes.

Le soleil rougissait l'horizon et les lourds nuages qui y flottaient deçà delà de ses derniers rayons, jetant sur les terres une lueur sanglante et crue. Le vent soufflait, et la poussière des sols - comment pouvait-il y en avoir encore avec cette bise qui la balayait sans cesse, c'était là un beau mystère. Auquel les méninges de l'anthracite répondaient par usure, érosion, temps qui passait sur la pierre comme il passait sur les corps et les âmes - voletait en arabesques désunies autour de la silhouette du mâle. Cheveux ramenés en arrière par les caprices d'Eole, il contemplait ce qui s'étendait par delà le canyon. On aurait pu croire à une sorte de fascination, mais cette contemplation était bien moins riche de sens. Les doigts du vents semblaient vider ses pensées, laisser son encéphale trop lourds de souvenirs s'alléger enfin. Ne plus rien ressentir.

Ne plus rien regretter.

Drôle d'utopie que cela. Pourtant, il lui semblait ce soir-là qu'elle n'était pas si lointaine. Ses paupières se refermèrent un instant sur son regard bicolore, alors que son poitrail se gonflait de cet air poussiéreux et rouge. De cette espèce de vide qui n'en était pas. Comme lui se faisait fantôme ne gardant une patte, un corps même, dans cette réalité. Puis il rouvrit les yeux, et ses pupilles s'étrécirent de nouveau à la brutale lumière du couchant. Il baissa légèrement le museau et observa sans mot dire le précipice qui s'étendait à quelques pas de ses pattes, et qui plongeait loin, bine loin, jusqu'à cette rivière qui ne semblait qu'un lacet d'argent plongé dans la pénombre. Il faisait déjà nuit, une sorte de nuit, au fond du gouffre.

Pris d'une impulsion soudaine, il s'avança, auréolé de sa chevelure blanche. Le vide s'approchait encore, et lui le narguait de ces petits cailloux qui roulaient jusque dans ses mâchoires. Sans trop savoir pourquoi, il éprouvait soudain le désir de descendre jusque dans ces profondeurs lointaines. D'aller s'y enfoncer comme pour échapper au temps, à la nuit qui venait et à toutes celles qui suivraient. Il longea le bord à pas mesurés, puis se mit à descendre avec précaution, suivant les corniches abruptes et les sailles de la pierre, le long de la paroi. A mesure qu'il s'éloignait du bord, il lui semblait plonger dans une sorte d'infini exaltant. Le sol était si lointain qu'il ne semblait même pas se rapprocher, alors que le haut lui était déjà inaccessible. Il avait l'impression dérangeante et plaisante de flotter entre deux mondes, entre deux réalités, sans qu'aucune d'elles ne puisse le rattraper pour aller le plaquer dans l'univers d'un coup de griffes écrasant. Il sentait son coeur battre, il avait le vertige, et pourtant il ne pouvait détacher son regard de ce vide qu'emplissait les eaux, tout en bas, loin loin, loin là-bas. A chaque pas, la peur semblait refluer, s'isoler dans un coin de son esprit comme un petit nuage, une pelote de cordes serrées qui ne touchait plus rien. Il allait plus vite, plus facilement. Peu à peu, la distance s'amincissait.
Il volait, frôlant la pierre de ses pattes, lueur sombre avec dans son sillages, les reflets bleutés de ses marquages et celui, émeraude, de son glowstick.
La nuit ne l'atteindrait pas, il demeurerait dans cette flottement de pénombre teintée de rouge et du bruit de l'eau tumultueuse.

Puis il tomba.

Il n'entendit pas ce qui céda sous son poids mais soudain, il fut happé par le vide, qui lui ricana fort et stridemment au nez - Je t'ai eu !. Un instant durant, il semblait réellement voler, sans que rien ne l'arrête, ne le ralentisse.

Puis vint le premier choc.
Il roula contre la pierre et se mit descendre la pente dans une glissage infernale, ponctuée de rebonds. Il bascula queue par-dessus tête, soudain le silence se fit à ses oreilles. La froideur l'envahit, et il sentit un calme étrange s'emparer de lui. L'eau. L'eau, son étrange alliée, semblait être venue l'accueillir dans ses bras pour l'arracher à ce vide sinistre et vicieux. Il resta en apnée, ballotté par le courant, les paupières closes. Puis, d'un coup de pattes, il refit surface. Alors le bruit des rapides lui arracha les tympans, et il sentit l'eau le rappeler à elle avec violence. Il eut tout juste le temps d'inspirer avant d'être de nouveau aspiré vers le fond. Il bascula de nouveau, perdit le sens du haut et du bas. Nouveau battement de patte, souffle qui s'épuise. Il creva de nouveau la surface, plus proche de la berge, et dans un élan désespéré se jeta vers celle-ci. Ses griffes ripèrent sur la pierre, mais il tint bond, alors que les courants s'acharnaient sur ses pattes arrières. Il serra les dents et força sur les muscles de ses épaules. L'effort lui parut durer une éternité, mais il parvint à se hisser totalement sur le sol pierreux. Il fit quelques pas, puis se laissa tomber assis, les babines entrouvertes et le regard dans le vague. Il n'eut pas tout de suite conscience de l'estafilade sur son épaule qui teintait sa patte de rouge, ni des coupures sur ses oreilles et ses cuisses.

Comme un rêveur ayant cru un instant à son rêve, et que la réalité venait de rappeler.

Sujet: Re: For Greater Glory | Libre Dim 18 Oct 2015, 23:19

~ Esterno ~

Le soleil se reflétait sur mon pelage de braise tandis que j'avançais à pas régulier au fond de ce grand canyon. Je me cachai derrière un peu d'ombre de temps en temps avant de reprendre mon chemin sous le soleil de braise. Cet endroit est encore loin d'être touché par l'hiver. Je sentais que mon corps était encore plus bouillant que d'habitude. Comme un feu dans lequel ont rajoute des brindilles particulièrement inflammable. La chaleur de mon corps était si puissante que j'avais l'impression que le sol allait fondre sous mes pattes.

A côté de moi, le courant. Un courant si puissant que si j'essayais de tremper une patte dedans pour me rafraîchir, je serais emporté sans pitié par la force de la nature. Je me secouai, laissant s'échapper de mon corps quelque flammes qui disparurent au bout de quelque centimètres fait dans les airs. Je devrai peut-être m'arrêter. Je devrais peut-être faire une pause et reprendre mon périple dans une direction inconnu plus tard. Seulement, mes pattes refusèrent de s'arrêter.

Soudain, un bruit. Un bruit qui venait de l'eau mais bien différent des claquements incessant que j'entendait depuis le début de mon voyage dans ce ravin. Ce bruit était un bruit de plongeon. Un plongeon. Quelque chose venait de tomber dans l'eau avec une violence incomparable. En tournant la tête, j'aperçu un corps blanc et noir valser dans l'eau, transporté par les violente caresses de l'eau. Pas un mot, pas un cri, la créature s'en allait en aval du courant.

Sans réfléchir, je couru à sa poursuite. Je poursuivait cette créature d'une course affolée mais silencieuse. On entendait que les bruits du courant et le cliquètement de mes griffes sur la roche bouillante. La bête se débattait dans ce brouhaha. Et tentait de trouver une sortie de cet enfer et moi, je continuais à courir, dans l'incapacité de faire quoi que ce sois. Finalement, la créature réussi avec difficulté à rejoindre le bord. Je me stoppai net. Elle sortit de l'eau et vint s’asseoir quelque mètre plus loin. Je m'approchai avec prudence pour observé l'individu. L'odeur du sang transperça mes narine ce qui me fit presque trembler. La créature était un grand loup mâle noir à la chevelure blanche. Enfin, sa couleur noir était difficile à déterminer tellement son pelage était couvert de rouge. Couvert de sang.

Je m'approchai à pas de loup sans un bruit avant de dire doucement pour ne pas faire peur à ce lupin au pelage d'ébène :

"Monsieur... Est-ce que ça va ?"

La question pouvait paraître totalement idiote mais je n'ai rien trouvé d'autre à dire.

Un sifflement incertain crissait à ses oreilles, alors que son regard s'était accroché à quelques pierres amoncelées devant lui. Cela lui sembla durer une éternité, avant qu'une voix ne brise le silence. Une voix aux accents de jeunesse, qui venait de derrière lui. L'anthracite laissé s'écouler quelques battements de coeur, avant d'incliner la tête sur le côté, apercevant entre ses mèches blanches l'inconnu qui était venu à sa rencontre. Si ce qu'il venait de faire lui semblait désormais totalement absurde - ce n'était pas pour rien qu'il ne s'était jamais laissé allé aux élans de poètes de certains lupins ; il aurait au moins appris cette leçon -, il se demanda par tous les diables que venait faire ce jeunot ici ? Les Brethens envoyaient-ils des patrouilles surveiller les recoins les plus abrupts de leurs terres à l'heure où déclinait le soleil ? Etrange. Intéressante question. Il n'avait jamais beaucoup côtoyé les membres de cette meute, qu'il avait appris formée à son retour de... A son retour. L'odeur qui flottait sur le pelage du jeune loup ne laissiat en tout cas aucun doute sur sa provenance.

Etrangement, alors qu'il s'était approché, il avait semblé à Anthem qu'il émana une sorte de... chaleur. Etait-ce une impression seulement liée au fait qu'il venait de s'extirper de l'onde glacée ? Ou dûe à la présence d'un congénère qui lui réchaufferait le coeur et donc le corps par une sorte d'effet placebo ? Non, non, beaucoup trop improbable cette dernière option. Il semblait s'inquiéter pour lui, en témoignait son ton et l'expression qu'on lisait dans son regard. Anthem le détailla rapidement. Il était légèrement plus petit que lui - rien d'étonnant - et d'une teinte toute particulière, un noir cuivré, dont les reflets étaient rehaussés par une chevelure flamboyante. Avec un tel physique, Anthem aurait été fort étonné que ce jeunot maîtrise la glace ou la téléportation plutôt qu'un quelque-chose lié de près ou de loin au feu. Peut-être l'explication de cette impression de chaleur était-elle là, plus magique que rationnelle, finalement.

"Rien de grave." Répondit-il finalement.

Voulant ponctuer sa remarque d'un geste désinvolte de la patte, il sentit soudain la douleur de sa blessure, qui irradia tout son antérieur. Serrant les dents, il baissa les yeux et considéra en silence la plaie qui barrait sa patte, juste sous son épaule. Elle était profonde, mais fine. Rien de grave en effet. Il passa quelques coups de langue dessus pour y enlever le gros du sang puis secoua la tête et releva les prunelles vers l'inconnu, silencieux.

Un grand silence. La seule chose que je pouvais entendre était les violentes claques que les roches se prenait par le cours d'eau. Le loup noir aux cheveux de neige finit par se tourner vers moi, me dévoilant ses yeux bleus glacés. Il me dévisagea un instant tandis que des gouttelette tombaient de son pelage. Des gouttelettes d'eau et des gouttelettes de sang à intervalle régulier. Je me sentais de plus en plus mal à l'aise tandis que le temps avançait sans que le loup ne me réponde. Ai-je bien fais de venir le voir ? Je ne pouvais quand même pas le laisser souffrir tout seul. En tout cas, même si le mâle ne montrai pas sa douleur, je ne pense pas que cette chute ai été très agréable. J'en ai des frissons rien que d'y repenser.

Je m'assis et commençais à remuer la queue, signalant que j'attendais bien une réponse. Le Séide noir et blanc me fit finalement part d'une réponse :

"Rien de grave."

Sûrement le mensonge le plus colossale que j'ai jamais entendu de ma vie. Bon, il est vrai que je n'ai pas vécu depuis très longtemps étant donné que je ne suis encore qu'un louveteau, mais bon un mensonge pareil il fallait y aller... Le monsieur bougea sa patte pour me montrer qu'il n'y a "rien de grave" mais la grimace qu'il fit par la suite me montra que la douleur était bien présente. Je ressentis de la pitié pour le monsieur Séide. Je pouvais pas le laisser comme ça ! J'aperçu un coin d'ombre non loin sous les rochers. Je me tourna vers le loup noir et je lui lançai :

"Vous feriez mieux d'aller vous mettre à l'ombre, c'est pas très bon de rester sous le soleil après une chute pareil."

Je me dirigea vers le monsieur pour l'aider à marcher vers le coin d'ombre.

Les congénères qu'il croisait en tête à tête ces dernières lunes étaient décidément soit trop attentionnés, soit trop agressifs.
Fantastique.

A moins que ce ne soit son tempérament qui soit devenu de moins en moins tolérant envers les autres êtres qui lui étaient socialement et naturellement associés. C'était une piste non négligeable, bien que le peu d'orgueil que possédai Anthem ne défende encore cette piste avec hargne. Il n'était qu'un loup après tout, avec ses - multiples et bien nombreuses - imperfections.

Quoi qu'il en était, ce jeune loup se montrait tout à fait serviable, mais un chouilla trop proche. Anthem se redressa sur ses quatre membres lorsqu'il fit mine de s'approcher pour l'aider à marcher, lui montrant implicitement que c'était fort sympathique, mais qu'il n'avait pas besoin d'assistance, et encore moins d'ombre. Les rayons du soleil frappaient certes avec beaucoup de lumière, mais étaient à leur déclin, et il ne risquait rien. Et en soi, il ne risquait déjà rien, ce n'était pas la première blessure qu'il attrapait. Elles avaient poussé plus vite que des mauvaises herbes sur sa silhouette élancée lors de son exil, et avaient laissé leur trace, quand bien même son pelage anthracite avait tout recouvert et tout caché. Et certaines cicatrices demeuraient très bien cachées, bien plus loin que la pelisse et le cuir.

Il s'ébroua après avoir passé un nouveau coup de langue rapide sur sa blessure - sa langue prit un goût salé et métallique - et jeta un regard au jeunot.

"Ca ira, ne t'inquiète pas." Répondit-il, en espérant avoir suffisamment d'écart d'âge avec le petit loup pour que celui-ci ne cherche pas à insister.

Il lui fallait changer de sujet, attirer son attention - elle était si volatile à cet âge là que ce ne serait sans doute pas bien compliqué, il avait déjà largement usé de cela - sur quelque-chose de moins préoccupant. Recentrer la conversation sur lui par exemple. C'était quelque-chose qui fonctionnait étonnement bien. La plupart des loups semblaient trouver extrêmement plaisant e producteur de fierté de se présenter.

"Qui es-tu ?" Laissa-t-il tomber finalement en vrillant ses prunelles vairons dans celles de l'inconnu.

Sujet: Re: For Greater Glory | Libre Lun 25 Jan 2016, 17:28

Le grand monsieur n'avait pas l'air d'avoir envie de se poser à l'ombre. Bah purée après une chute pareil faut être costaud pour ne pas avoir envie de se mettre à l'ombre où au moins de s’asseoir. Où alors il refuse par fierté ? Ma fois tant pis, il fait ce qu'il veut. De toute façon le soleil commençais doucement à se cacher donc ça devrait aller.
Le grand loup tout noir s’ébroua et passa quelque coups de langue sur ses blessures.

"Ca ira, ne t'inquiète pas."

Je l'observait de mes grand yeux jaunes-orangés. Qu'est-ce qu'un Séide venait faire si loin de ses terres et si proche des terre Brethens ? Il s'était perdu ? Et pourquoi il se baladait au dessus du canyon ? Tout le monde sait que c'est hyper dangereux de faire ça. Sûrement qu'il s'en fichait de tomber mais moi ça m'aurais fait super peur de me balader là-haut.

"Qui es-tu ?"

Le monsieur aux cheveux blanc me lacha cette question sans crier gare. Je restait pétrifié un moment les yeux plongés dans les siens avant de répondre.

"Je m'apelle Esterno ! Je suis un Brethen !" dis-je fièrement.

J'aperçus une coquille dans un coin et une petite flaque d'eau. Ne résistant pas, j'accouru et je saisis la coquille et la replissai d'eau de la flaque avant de l'amener vers le loup séide pour qu'il puisse boire. Je lui posai à ses pied et je lui demandai :

"Et vous, vous êtes qui ? Vous venez d'où ?"

Juste pour êtes sûr que c'est un Séide.

Le jeunot sembla tout d'abord totalement paralysé par sa question et ouvrit de grands yeux comme si l'anthracite venait de lui annoncer qu'il était le fils de Yurai et de l'alpha Séide - ou quelque-chose d'aussi absurde que cela. Puis finalement, il se présenta, et Anthem nota son nom, Esterno. Savait-on jamais. Il le suivit des yeux alors qu'il se précipitait soudain, sans raison apparente au premier abord, vers... la droite. Il apparut rapidement qu'il allait chercher un petit récipient afin de le remplir d'eau pour le lui apporter. Anthem songea d'abord à trouver une manière polie de lui faire comprendre qu'près la chute dans l'eau justement qu'il venait de faire, il avait relativement peu de risque de déshydratation. Mais le petit se montrait plutôt sympathique, et il aurait été franchement... peu sympathique justement de sa part de refuser directement et franchement. Hmpf. Il le regarda revenir avec enthousiasme, et malgré son insensibilité presque chroique, il n'eut pas le coeur à briser cette générosité qui se faisait plutôt rare. Il se fit violence pour adresser un signe de tête en remerciement à Esterno et avala quelques lampées d'eau.

Le liquide ne lui fit pas de mal, au contraire, la fraîcheur qui se répandit dans sa gorge acheva de chasser la brume que la chute avait dispersée dans son esprit. Le temps qu'il redresse la tête, le jeune avait eut le temps d'enchaîner deux autres questions, dont il ne sut trop identifier le ton. Il ne semblait pas du tout hostile, aussi Anthem opta-t-il plutôt pour de la curiosité de sa part. Et après tout, lui s'était présenté - même si Anthem n'accordait que peu de valeur à cette distribution d'identité. Concrètement, un loup qui connaissait son nom n'avait pas beaucoup plus de pouvoir sur lui. Pas du tout même. -. Il s'accorda quelques secondes de silence, puis répondit :

"Anthem, soldat Séide."

Réponse concise et nette, qui englobait plutôt bien les deux questions. Peut-être un peu froide, vue de l'extérieur, aussi ajouta-t-il en montrant du menton le petit simulacre de bol.

"Merci."

Toujours mieux que rien.

Le grand mâle aux cheveux blanc but l'eau pour mon plus grand plaisir. J'aimais pas voir les gens dans des états déplorables, ça me mettait mal moi-même. Et je ne comprendrai jamais les loups qui refuse de l'aide alors qu'ils sont dans le besoin. Le modestie et la fierté ça sert vraiment à rien ! autant accepter d'être dans le besoin en recevoir de l'aide non ? Après tout c'est important de se sentir soutenu surtout quand on est malade ou blessé. On aime bien avoir un soutien de la famille ou des amis. Enfin je dis ça mais moi j'ai plus de famille et des amis bah... C'est pas mieux...

"Anthem, soldat Séide."

Le vétéran était donc bien un Séide ! Mon flair ne m'a pas trompé, j'étais fier de moi !

"Merci."

Je préfère ça ! Je souris à Anthem. J'étais content d'avoir servis à quelque chose parce que si il avait refusé mon eau je me serais sentis bien bête et ma venue aurait servie à rien. Ça aurait été dommage quand même ! Non ?

"Y'a pas d'quoi !"

J'hésitai ensuite à lui poser une question qui me trottait dans la tête. Comment est-ce possible de faire une chute pareil ! Enfin surtout comment est-ce qu'on peut être assez fou pour se balader en haut d'un profond canyon ! Faut être suicidaire quand même ! Peut-être que ce monsieur l'est après tout ? Ou alors il est juste sado ou un truc du genre.

"Excusez-moi de vous demander ça mais pourquoi vous vous baladiez au dessus du vide sachant très bien qu'il y avait un risque que vous tombiez ?"

Aussitôt dis, aussitôt regretté. J'ai un peu peur qu'il se mette en colère et qu'il me crie dessus. Je restais sur mes garde prêt à foncer dans la direction opposé pour m'enfuir en cas de problème. J'espère que je n'aurais pas à le faire quand même !

Un grand sourire s'afficha sur le visage du jeunot lorsqu'Anthem le remercia - il en fallait peu pour être heureux apparemment - et il semblait littéralement ravi. C'était presque amusant, cet espèce d’enthousiasme innocent qui semblait suinter de tout l'être qui se trouvait devant lui. Amusant, naturellement, était à prendre tout à fait relativement en ce qui concernait l'anthracite, mais ça aurait presque pu lui arracher un sourire. Il lui semblait que les loups comme celui-ci se faisaient pus rares, si ce n'était sur le continent, dans ceux qu'il côtoyaient du moins.

Il lut la question qui allait venir dans les prunelles flamboyante de son interlocuteur avant même qu'elle ne franchisse la barrière de ses babines, peut-être même avant qu'il n'aie songé à la lui poser. A peine eut-il fini de poser ladite question que le jeune loup se crispait. Apparemment, il avait conscience que cette interrogation pouvait être légèrement déplacée. Quoi que. Il était vrai que vus de l'extérieur, ses agissement pouvaient sembler légèrement... dénués de sens. Et il aurait été difficile pour lui de répondre de manière exacte, de toute façon. Pourquoi avait-il fait cela ? Il n'y avait aucune explication rationnelle. Il s'était un instant cru funambule, déambulant au milieu de brumes oniriques. La réalité, d'un grand coup de pattes dans la figure et d'une chute d'une hauteur conséquente, avait eu tôt fait de se rappeler à lui.

"Bonne question." Répondit-il, sans avoir le courage de broder une explication de comme quoi il serait tombé par accident, ou à cause du vent, ou pour une raison quelconque lui serait venue troubler un comportement tout à fait normal et rationnel.

Il releva ses prunelles bicolores sur le loup aux reflets de flamme.

"Inutile d'être si méfiant, j'ai déjà mangé ce matin." Lança-t-il pour que ce dernier cesse de sembler si près de s'enfuir.

Non pas que cette attitude était franchement dérangeante, mais elle n'était pas non plus exactement agréable. Au même instant, un bruit sourd résonna autour d'eux, son écho faisant vibrer le canyon. Anthem redressa la tête par réflexe et bondit sur ses pattes, mettant la douleur de côté. Un bloc de roc s'était décroché de la paroi, dans ce processus éternel d'usure du Canyon, et chutait en roulant sur celle-ci en laissant derrière lui un nuage de poussière rouge. Il explosa en larges masses de pierre en rencontrant un obstacle, l'entraînant dans sa chute, avec un boucan qui résonnait autour d'eux et au-dessus de la rivière. Chute qui aurait pu refléter toute la majesté de la nature, si elle n'avait pas pour ligne d'arrivée l'endroit justement où ils se trouvaient.

Anthem poussa un jappement pour indiquer au jeunot qu'il fallait bouger, et vite, et recula de quelques pas. Puis il pivota et s'élança pour partir sur le côté. Les oreilles rabattues, il se ramassa sur lui-même pour éviter une faille dans le sol, et se réceptionna sans grâce. Hélas, sa patte blessée céda sous son poids et il s'écroula lourdement au sol. Grommelant, il se redressa d'un coup de reins et se retourna, cherchant le jeune des yeux.

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