Ennemi commun ! • Volstein

Après sa visite à Mido le Raptor, la jeune Savante avait commencé à vérifier chacune des réserves en plantes médicinales de la meute. Heever était donc en quête d'arnica. Cette fleur jaune permettait d'apaiser les hématomes et contusions,et parfois les douleur liées, et ne se trouvait qu'en montagne. Par chance, ou par intelligence, les Séides avaient leur campement au coeur d'une jeune chaîne de montagne où la végétation était déjà fournie et dense par endroit. La Savante avançait donc à un rythme assez soutenu, car son oeil glacé averti savait reconnaître la plante cherchée rapidement. Cela lui permettait de couvrir pas mal de terrain assez rapidement. La tête basse, pour mieux sentir les effluves des fleurs aussi, elle trottinait depuis un bon moment déjà. La petite sacoche qu'elle avait cousu lors de son apprentissage était à moitié remplie. Cette besace usée et simpliste était pourtant d'une utilité à en faire pâlir certain soldats flemmards s'amusait à penser la jeune louve gris claire. Ses deux tresses avaient pas mal poussées ces derniers mois, si bien qu'elle effleuraient à présent le sol dans cette position tapie. Heever devait se méfier de ne pas marcher dessus par inadvertance lorsqu'elle avait ainsi la tête basse. C'est pourquoi elle se redressa finalement, histoire d'éviter tout risques. De cette manière, ses longs cheveux de cendre s'arrêtait à mi-pattes. Ce qui était largement convenable et plus pratique. Son esprit un instant perdue dans ce fil de réflexion typiquement féminin, elle se rendit soudain compte que son cerveau avait capté une image d'arnica. Heever se stoppa nette avant de se retourner lestement. Plusieurs longueurs de queue derrière elle, un plant trônait sur une petite saillie rocheuse. Heureusement à porter de gueule. Fronçant les sourcils, la petite Savante bondit récupérer son butin.

Délicate et attentive, la louve pâle saisit entre ses crocs les tiges de plusieurs fleurs pour les cisailler proprement. Elle fit attention de ne pas tirer sur les racines afin de ne pas compromettre le plant et permettre ainsi son renouvellement naturel. Lorsqu'elle revint vers le sentier principale, elle remarqua une odeur musqué puissante. Tiens, c'était étrange, elle n'avait pas eu l'impression de la sentir si fraîche en passant quelques minutes plus tôt. La truffe dans les fleurs, évidemment, elle ne parvenait plus à mettre un nom sur cette fragrance. Pourtant son cerveau lui, s'alarmait déjà. Elle sentit des frissons lui parcourir le corps avant même de comprendre qu'elle n'était plus seule. Un grondement rauque et bestial figea la frêle femelle qu'elle était. Ses prunelles bleu glacé se tournèrent lentement sur sa gauche, puis remontèrent à cette même vitesse le terrain escarpé des hauteurs de la Cordillère pour y découvrir l'ennemi en puissance : l'ours. Heever fit un pas en arrière, les oreilles planquées contre son crâne et la queue haute. Elle déposa très doucement les fleurs d'arnica sur un rocher, parce qu'elle ne pouvait pas quitter des yeux l'animal qui la toisait d'en haut au risque de le voir débouler sur elle. Plusieurs secondes d'inattention lui serait à coup sûr fatales. Laisser tomber la plante là, quitte à revenir plus tard, était une meilleure idée. Clairement une très bonne idée. Lorsqu'elle se redressa, son doux et soyeux pelage gris pâle avait gonflé, et l’énergie offerte par la peur lui permit de ne pas rester tétanisée devant le danger : elle partit en courant le plus vite possible. L'ours n'était pas un adulte accompli, mais sa taille dépassait de loin celle d'Heever qui était plutôt svelte, et de toute façon petite pour son âge.

L'ours était devenu fou de rage. Non seulement il grognait comme un forcené mais en plus il l'avait pris en chasse. Les pulsations régulières et très accélérées qui tonnaient aux tempes d'Heever martelaient le rythme qu'elle s'efforçait de suivre. Courir aussi vite que ses battements de coeur qui tambourinaient dans sa poitrine était un défi qui allait peut-être lui sauver la vie. Cette idée fixe lui permettait aussi de ne pas trop paniquer. Evidemment, elle était loin d'être capable de synchroniser son pas avec son myocarde, mais essayer était la clef du succès. Ou de la survie dans ce cas précis. Or un bruit de course différent du sien accompagné de très près d'une voix masculine perturba la jeune Savante qui perdit l'équilibre mental auquel elle s'accrochait. Sans idée fixe où se focaliser, la femelle gris cendré perdit le contrôle de ses pattes qui allaient beaucoup trop vite. Jamais elle n'avait eu a se sauver de la sorte. Jamais elle n'avait atteint une telle vitesse, et s'en rendre compte brisa l'enchaînement cohérent de ses membres. Heever trébucha et roula dans la poussière et les cailloux dans un jappement surpris qui ressemblait plutôt à un hoquet de terreur. Ayant mordu la poussière à une vitesse folle, il fallu plusieurs secondes à la svelte louve pour secouer le museau et se relever en hâte et repartir, encore distraite. Descendre. Zig-zag. Descendre. Zig-zag. Descendre. Zig-zag. Le loup blanc ailé qui l'avait dépassé en lui jetant ces quelques conseils au passage avait déjà commencé la descente tout en suivant la technique ordonnée à la jeune Séide.

Heever le suivit sans faire d'histoire car l'ours rugissait plus fort et surtout, plus près d'elle. Trop prêt. Bien trop prêt. Il devait rester maximum quatre ou cinq longueur de queue entre le chasseur et sa proie. C'était si étrange de ne pas être le prédateur ! Sa course n'était pas très assurée mais elle parvenait à re-distancer très légèrement la bête qui lui filait le train. Les prunelles bleu glacé de la nouvelle Savante ne quittait plus le terrain accidenté pour éviter toute mauvaise réception. Parfois, elle jeta un très vif coup d'oeil en direction du loup qui était venu apporter son aide de manière tout à fait inattendue mais d'un timing parfait. Elle le reconnu de loin du coup, à son pelage de neige et ses grandes ailes. Il était le jeune frère de son mentor et Alpha. Volstein. Elle se souvenait l'avoir croisé quelques fois dans les terrains de jeux des louveteaux. Elle avait un peu moins de six mois de plus que lui. Elle était agréablement surprise de le voir si brave et si prompt à venir aider quelqu'un d'autre ! Surtout que courir à cette vitesse, avec les immenses ailes qui ornaient son dos... Il devait être hyper endurant ! Un grognement sourd et caverneux fit sursauter Heever qui bondit en avant. Le vent sifflait dans ses oreilles et giflait ses joues. Par chance elle se réceptionna sur une petite saillie plate et pu repartir sans devoir revoir son équilibre et donc perdre une seconde. Malheureusement l'ours furieux semblait ne pas vouloir lâcher sa proie. Ses proies.

En jetant quelques regards rapides en arrière, elle vit que de temps en temps, les yeux noirs de l'animal à fourrure ne suivait pas toujours le même loup. Ils étaient désormais tout deux sur la liste des ennemis publics numéro un de ce mastodonte de muscle. Heever déglutit, elle n'imaginait même pas s'ils avaient eu affaire à un ours deux fois plus gros avec l'expérience de la montagne ! Foulées après foulées, la jeune Savante parvenait à regagner un peu d'avance et en même temps supprimer peu à peu la distance entre l'ailé chauve et elle. Son souffle était court, rauque. Elle n'était pas très sportive, et même si elle se défendait en combat, l'endurance était loin d'être son point fort. Elle s'en rendit compte quand elle comprit qu'en fait elle cessait de se rapprocher du frère de l'Alpha mâle, et même qu'il la distançait carrément... Ce qui n'augurait rien de bon pour elle, car si elle ralentissait... Alors l'ours... A bout de souffle, Heever aboya pour interpeller le loup devant elle. Elle n'en pouvait plus ! Mais si elle arrêtait maintenant, elle allait se faire manger crue par la bête sauvage qui la coursait.

Pour le coup, elle ne faisait pas la fière. Heever n'avait pas une très grande connaissance du terrain, ni même de l'extérieur en général hormis des bons coins de cueillettes et de ce qu'elle avait pu découvrir à l'occasion durant don enfance turbulente. Donc elle obéissait sans hésitation à Volstein, pourtant son cadet, mais qui semblait clairement connaître la réaction à adopter dans ce genre de situation. Lorsqu'il revint vers elle pour lui permettre une fuite plus facile, Heever se sentit libérée du poids de la panique. Elle n'était pas seule et elle allait s'en sortir si elle courait assez... Avec horreur elle se figea brusquement. Devant elle s'étendait le vide. Volstein et elle avait prit la direction du précipice. La jeune Savante et disciple du Raptor se pencha au au bord de la falaise pour essayer de trouver un passage utilisable. Mais il n'y avait rien à porter. Elle prit une inspiration et lança un regard furtif au loup blanc avant de retourner observer le vide une demi-seconde : le temps que son cerveau décrypte l'image qu'il avait imprimé. Alors elle retourna vivement la tête vers l'autre jeune Savant qui recula peu à peu vers elle. Il avait l'air d'un dieu sauveur dans cette position. Debout sur ses pattes arrières, de grandes ailes scintillantes déployées autour de lui et grognant avec bravoure contre l'ours en colère. Ce dernier se laissa retomber sur ses quatre patte et fit trembler la terre. Heever jappa, inquiète de sentir les vibrations sous ses coussinets. Volstein sembla se rendre compte qu'elle était encore là... Comme si elle allait le laisser seul ?!

Evidemment elle avait peur, et elle voulait sauver sa peau, mais il était venu l'aider, ce qui faisait d'eux une équipe qui devait survivre ensemble. Même si jusque là, elle n'avait pas vraiment agit pour le bien de tout le monde... Volstein retomba à terre et replia ses magnifiques ailes de cristal et d'or qui, sous les rayons de l'astre solaire, renvoyaient des reflets de nacre et de miel sur le sol de pierre. Ces couleur chatoyantes viraient autour d'eau dans un ballet hypnotisant. Mais Heever devait se ressaisir car le prédateur n'était pas content. Pas content du tout. Et il avançait de nouveau vers eux...

« Volstein... On est coincés ici ! »

Elle aboya pour qu'il lance ne serait-ce qu'un micro regard vers elle et surtout, vers le trou, avant de tomber dedans. Par sécurité, elle se positionna juste derrière lui au cas où il n'arriverait pas à détacher ses yeux des immenses crocs et/ou griffes de l'ours.

« C'est trop raide derrière, on peut pas reculer plus sans se tuer ! »

Gronda la jeune louve gris clair. Son encéphale turbinait. Elle était depuis peu diplômée de l’Épreuve du Raptor, elle était donc capable de les sortir de là ! Les yeux bleu glacés de la femelle se coulèrent tout autour d'eux et analysa la situation. Jusque là il y avait eu une éventuelle porte de sortie donc elle n'avait pas vraiment prit le temps de trouver une solution, mais là, sous l'urgence réelle, sa capacité à réfléchir se voyait décuplée. Heever réagissait tellement mieux sous une forte pression. Désormais la vie du Savant blanc -qui prenait le même chemin que son frère d'ailleurs, pâle copie è_è- étaient entre ses griffes aussi... Elle inspira et lança son idée d'une voix assurée et forte qui tranchait violemment avec sa panique précédente, tout en effectuant la moitié du trajet entre le bord du gouffre et le mâle bichromatique, afin d'arriver à la falaise une ou deux petites secondes avant lui :

« Ecoute moi Volstein, ne réfléchis pas et écoute moi juste. Tu vas te retourner a mon signal et courir jusqu'à moi. Dès que tu seras à ma hauteur il te faudra bondir sur ta droite ok ? Sur ta droite !! Et saute le plus loin possible ! Si tu te loupe, tu tombes dans le vide ! Dès que tu me frôle tu saute de côté, prépare toi bien mentalement parce que tu auras peut-être pas le temps de voir ! Pose pas de questions et exécute...

...

Maintenant !! »

Hurla la louve juste avant de grogner le plus férocement possible en direction de l'ours, essayant d'être intimidante à son tour avec sa taille de guêpe doublée de fourrure dressée. Elle essayait d'énerver un poil plus le prédateur. Il n'en fallait pas plus à la bête sauvage pour sauter en avant vers ce qu'elle devait considérer comme des menaces sur son territoire pour être aussi borné à vouloir les chasser. Heever espérait juste que Volstein arrivait à comprendre l'importance qu'il saute de côté, et surtout, du bon côté... parce qu'en se séparant au dernier instant juste devant le précipice, alors logiquement, le lourd animal serait entraîné par son élan en voulant se jeter sur les deux jeunes Séides, et le fait qu'il se sépare l'empêcherait de réagir assez vite puisqu'il lui faudrait le temps de réflexion pour savoir qui pourchasser. C'était leur seule chance de toute façon. C'était eux ou l'ours. Le choix était vite fait !

Il y eu un temps de silence où tout sembla suspendu. Où même le myocarde la jeune louve cessa de battre. Un temps d'hésitation qui manqua de la tuer. L'ours, en la frôlant, avait posé ses griffes acérées sur le flanc d'Heever qui, en bondissant de côté, avait accidentellement donné le heurt nécessaire pour que sa peau se transperce. Elle s'en sortait donc avec une vilaine empreinte de plantigrade sur la cuisse. Le point positif était cependant la survie certaine de l'équipe ! La petite Savante avait roulé dans la poussière. La poudre brune s'agglutina autour des traces sanglantes et les recouvrit à l'instar de son pelage pâle. La disciple du Raptor était sale. De couleur cendre elle passait à terre. Peu à peu le souffle de la Séide s'apaisa et elle se releva doucement tout en vérifiant ses articulations pour être sûre de ne pas s'être fait mal. Elle ne sentait pas encore les traits dans sa chair à vif. Et c'était presque mieux ainsi, car les plaies sales étaient très douloureuses. Le risque d'infection était important. Mais elle ne pouvait pas s'en douter encore. Volstein sauta dans sa direction après s'être lui-même remit du choc. Elle fût soulagée de voir qu'il allait bien et s'apprêta à répondre à sa gratitude que sans sa première intervention, elle n'aurait jamais eu le temps de trouver un plan B mais un râle la coupa nette. La bête remontait-elle la pente escarpée ? Avait-elle survécu ? Si oui, sa rage serait plus sévère et dangereuse ! Heever se releva et s'ébroua. C'est là qu'elle sentit les lames de feu dans sa cuisse et qu'elle retint un glapissement. Elle donna quelques coups de langues hésitants là où elle remarqua la poussière se colorer de grenat. Les oreilles de la jeune louve grise se plaquèrent contre son crâne quand elle entendit encore l'ours grogner, mais elle comprit bien vite qu'il ne s'agissait plus que d'appels déchirants et paniqués face à la mort. Puis on n'entendit plus que le vent mugir férocement. Heever n'avait pas l'envie de voir le monstre au bas de la falaise. Ses prunelles couleur bleu givre s’agrippèrent aux larges entailles dans la roche avant de revenir observer celles, similaires, qui ornaient son flanc. Par chance, elles n'étaient pas profonde et la poussière avait aidé le sang à coaguler très vite, même si c'était loin d'être sain. Elle devait maintenant rapidement trouver de l'eau claire pour nettoyer sa patte, puis elle pourrait appliquer de l'argile verte. Il lui semblait en avoir encore dans la tanière de Roy. Sa tanière, que l'Alpha lui avait légué. La fille de Mido inspira et fit un pas vers Volstein qui contemplait le corps sans vie du plantigrade. Il la fixa ensuite, avec... de la peine ?

C'était une maman.
C'était une maman.
C'était une maman.

Une... maman.

Les orbes d'Heever s'arrondirent de surprise avant de laisser la place à la consternation. La même tristesse emprisonna le coeur de la jeune Savante et étreignit sa gorge. Venaient-ils de... tuer une mère protégeant son petit ? Sa vocation de sauver des vies l'empêchait d'accepter cela. Elle était une meurtrière ! La svelte louve déglutit. Mais... peut-être que Volstein se trompait...

« Comment peux-tu en être aussi certain ? » contra-t-elle d'une voix blanche.

C'était impossible. Elle n'avait pas pu commettre une horreur pareil. Même si les ours étaient des prédateurs dangereux pour les loups, supprimer une femelle allaitante était un crime. Un vertige prit la disciple de Roy. A la fois parce que la culpabilité l'étouffait, mais aussi et surtout, à cause de la tension qui retombait et de la douleur de sa cuisse. Heever recula d'un pas en titubant, les pupilles dilatées à leur maximum de sorte qu'il ne restait qu'un fin liseret glacé autour.

« Il faut trouver son bébé. »

Dit-elle finalement après plusieurs secondes à chercher son souffle. Il était important de vite voir si le bébé était très jeune ou déjà un danger pour les petits Séides qui se baladaient dans la Cordillère souvent sans surveillance. Il était primordial de ne pas rester là à fixer Volstein, hagarde. Alors son cerveau se remit en marche et elle se redressa en frissonnant. Son assurance revint peu à peu, accompagné de son autorité naturelle de fille d'anciens Alphas. Aussi n'ajouta-elle rien d'autre qu'un regard interrogateur au blanc pour savoir s'il la suivait ou non, et se retourna pour commencer sa quête en boitant très légèrement. Elle devait réparer son erreur.

Heever se força à l'arrêt pour observer son compagnon de survie. Elle le jaugea en silence, tandis qu'il déblatérait des mots qui rentrant dans une oreille de la jeune louve pour sortir par l'autre. Elle n'avait pas mal. Pas vraiment. Pas tant que ça. C'était pas grand chose. Les prunelles glacées de la nouvellement Savante quittèrent Volstein pour se focaliser sur sa cuisse. La poussière agglutinée sur le plaie, teintée de rouge, suintait de l'hémoglobine en goutte à goutte. Le mâle blanc n'avait pas tort : elle ne pouvait pas attendre d'être rentrée pour s'occuper de sa patte. Elle devait corriger ça rapidement. Loin d'être encore parfaitement calée dans le domaine, elle hésita quelques minutes avant de répondre. Il était vraie que l'obtention de son glowstick la propulsait au rang de Guérisseuse, mais ses connaissances étaient encore incomplètes. Son apprentissage n'était pas fini. Malheureusement, aucun Savant confirmé ne traînait dans le coin, donc elle devait fouiller dans sa mémoire pour adapter les soins à la situation. Heever commença à parler tout en continuant sa réflexion à haute voix :

« Je vais nettoyer la plaie déjà. Et, il me faudrait quelque chose qui pousse facilement en montagne, et avec la saison... Je crois que... Des baies d'airelles feraient l'affaire ! S'il te plait. Ce sera peut-être dur à trouver par contre... Ça pousse à flanc de montagne, cherches des petites baies noires dans les brousailles. Elles ont des propriétés désinfectantes et astringentes. C'est à dire qu'un cataplasme de ces fruits aide à resserrer et assécher les tissus organiques. Idéal pour aider à cicatriser ce genre de blessures peu profonde et endiguer un léger flux sanguin. »

Récita-t-elle en plongeant ses iris bleu pâle dans le regard chaleureux, couleur miel, du loup blanc. Heever remarqua la différence que cela faisait d'avec le frère de Volstein, et accessoirement son mentor et leur Alpha. Roy avait des yeux pénétrant bleu glacé, qui ajoutait à sa personnalité distante un voile froid. Volstein c'était le contraire, ses orbes d'or lui offrait le luxe d'avoir un regard captivant et réconfortant. Heever sourit à son compagnon de meute. Et de rang, puisqu'il aspirait lui aussi à devenir un soigneur, et... de survie. L'un comme l'autre ne s'en serait très probablement pas sorti sans le second, aujourd'hui. Aussi Heever s'empressa t-elle de la gratifier d'un visage plus encourageant et bienveillant.

« Merci beaucoup, Volstein. »

Puis elle s'allongea sur le flanc opposé aux griffues d'ours et commença à les lécher avec un peu plus de conviction. La salive de loup était antiseptique, et permettait un premier nettoyage. La peau avait une surface acide, ce qui transformait la salive à son contact en un antimicrobien naturel et relativement efficace. Malgré cela, les grains de sable qui bougeaient avant d'être enlevés par les coups répétés de langue, rendaient le travail douloureux et plus long. Heever retenait des grimaces. Elle ne voulait pas se montrer ainsi affaiblis, et surtout pas souffrante. Elle devait se montrer forte, toujours, peu importait les circonstances. Cela elle l'avait appris de Paprika, il y avait déjà bien longtemps dans sa pourtant très courte vie. Heever chercha ensuite le loup blanc des yeux, à la fois inquiète et curieuse de le voir travailler à confectionner son petit remède improvisé. Lorsque ses prunelles de givre se posèrent sur sa forme pâle dans la montagne brune,
un fin sourire étira ses babines. Elle s'était fait un ami aujourd'hui.