Comme un père [Ft Gloriel][Ne pas archiver]

Comme un père
Rhaegar ft Gloriel

Le soleil pointait tout juste son nez derrière la ligne des arbres, illuminant la cime des montagnes d'une douce lumière chaleureuse. L'aube offrait une magnifique palette de jaune et de rose dans le ciel sans nuages, la température était encore fraiche.
Rhaegar arriva sur le lieu de rendez-vous à l'heure de justesse, il n'aimait pas se lever aussi tôt, ce n'était pas dans ses habitudes. Anianka avait pris soin de le bousculer pour qu'il se décide finalement à se lever. Il n'avait pas encore mangé, son ventre grognait et il était de mauvaise humeur.
Quelle absurdité de se lever aussi tôt ! Pensait-il avec colère en soufflant du nez.

Alpha Gloriel. Salua-t-il d'un mouvement de la tête en s'approchant du chevalier, il s'assit en face de lui le dos rond.

Les oreilles rabattues vers son crâne, son regard fuyait vers cet horizon calme et reposant qui le narguait. Qu'allaient-ils faire aujourd'hui ? Il espérait que ça ne soit pas trop long, il avait des choses de prévus lui aussi. Un soupir s'échappa de ses naseaux, il était nerveux et impatient.

Que faisons-nous ? Interrogea-t-il en rivant ses prunelles intimidantes vers son alpha, l'air renfrogné.

En observant attentivement le visage de Rhaegar, on pouvait apercevoir quelques traits de son père, notamment ses mâchoires carrées et l'épaisseur de son crâne. Il faut croire qu'il avait hérité de son apparence d'Ours mal-léché. Il était pleinement dans l'âge de l'adolescence, l'âge rebel, il était crucial de le recadrer et de lui faire comprendre la dure réalité de la vie. Anianka savait que Gloriel était le mâle idéal pour cette mission, il était leur alpha après tout, le mâle dominant.

Rhaegar

Un nouveau bruit résonna dans son ventre, un grondement grave qui fit presque penser au grognement d'un ours. Les oreilles de Rhaegar se plaquèrent sur son crâne.

Non, pas encore. Avoua l'imposant mâle sombre, sa langue passa sur ses grosses babines et dévoila l'une de ses grandes canines pointues.

Il avait bien envie de manger un Cerf pour changer, cela faisait longtemps qu'il n'y en avait pas eu dans les réserves. Maintenant qu'il était grand, il pouvait en maîtriser un à lui tout seul. Rhaegar n'avait pas chassé depuis longtemps, il se contentait de se servir dans la chasse des autres. Il passait son temps à grignoter, à voler dans les rations, mais chasser n'était pas son passe temps préféré — contrairement à son père —.
Allait-il être à la hauteur ? Il espérait que l'alpha l'emmène aux réserves, la chasse n'était pas pour lui, lui il était un combattant.

Rhaegar

Le visage impassible, presque ennuyé du loup sombre se tourna sur le vasque qu'indiqua son alpha. Puis ses yeux roulèrent vers la silhouette de celui-ci qui s'y dirigeait avec silence. Rhaegar haussa un sourcil, perplexe, et se leva sans grande motivation pour suivre son mentor. Il s'immobilisa devant l'eau du vasque et observa Gloriel avec questionnement. Quand vint la réponse, la surprise se peignit sur sa gueule froide. Pêcher ? Il n'avait jamais mangé de poisson de sa vie, il était habitué à une viande bien rouge et juteuse lui. Il hésita, sa patte testa la température de l'eau puis se retira pour se reposer à sa juste place : sur la terre ferme.

Je ne sais pas pêcher. Avoua-t-il d'un ton acerbe, le museau plissé.

Il détourna son regard sévère et mécontent sur le côté, ses oreilles s'étaient dressées sur son crâne. Sa queue fouettait l'air nerveusement derrière lui, il était à fleur de peau, encore. Il lui en fallait peu pour s'énerver, l'adolescence était un âge emprunt d'impertinence et de révolte et il était en pleins dedans. Il était l'incarnation du jeune mâle désobéissant et rebelle, l'incompris qui s'isole dans son coin et gronde contre tous le monde. La travail s'annonçait difficile pour Gloriel..

Rhaegar

Il l'observe, seules ses paupières qui battent lentement et ses oreilles qui remuent attestent qu'il est attentif. Même si ça ne l'enchante pas autant que son mentor, il est bien là, à regarder bouger ses foutus poissons à travers la fine couche d'eau transparente. Avec l'arrivée récente de Gloriel, de la terre s'était élevée du sol et brouillait le fond dans lequel il s'était engouffré. Rhaegar n'y comprenait pas grand chose à la sagesse de son mentor, il était né pour se battre, mais Anianka n'était pas la meilleure professeur pour son gabarit. Il avait appris les bases et jusqu'ici ça lui avait largement suffit pour remporter tous ses combats. Il était bien trop sûr de lui, comme sa mère, peut-être qu'un 1v1 sur la terre ferme suffirait à faire taire sa fierté ?
Il baissa son regard indifférent sur le poisson lancé à ses pattes qui luttait pour respirer, les yeux grands ouverts. Après quelques débats il finit par s'immobiliser, ses grandes pupilles le fixaient avec impuissance.

Je ne vois pas en quoi chasser un poisson va m'aider à être plus puissant. Rétorqua le mâle en relevant ses prunelles sur le chevalier.

Si vous n'êtes pas foutu de m'apprendre à me battre, je dirai à mère qu'elle me trouve un autre mentor plus.. compétent.

Un sourire arrogant tira ses babines sur le côté de son visage. Rien de tel qu'un peu de défis pour pimenter tout ça et pour tester la dominance de son mentor.

Rhaegar

Ses yeux s'agrandirent avec un mélange de surprise et de mépris lorsque l'alpha lui ria au nez, moqueur. Rhaegar n'était pas né d'une famille noble, il était né dans la noirceur exercée par sa mère. Il avait grandi dans une éducation basée que sur la méfiance, la fierté, la fidélité et la rigueur. Bien qu'elle paraissait une mère aimante et douce, Anianka était en réalité très sévère et stricte avec ses enfants, ils devaient garder la tête haute et se montrer forts, impitoyables. C'est ainsi qu'est la vie que lui a dévoilé la prêtresse : Injuste et impitoyable. Rhaegar n'avait pas d'autre choix que de se forger une armure, une force redoutable capable d'anticiper les coups les plus durs, qu'ils visent le corps ou le cœur.

Ses arcades se froncèrent au dessus de ses yeux ambrés. Sa mère était tout ce qu'il avait, tout ce qu'il chérissait en ce bas monde. Elle lui avait tout donné et il l'aimait si fort que personne ne pourrait rien y changer, ni même elle, quoi qu'elle puisse faire de monstrueux.
Son sourire sur ses babines beiges.. Son air un peu trop assuré, presque insultant. C'était trop pour le fils d'Anianka qui claqua des mâchoires, furieux. Depuis quelques temps les émotions le submergeaient et il suffisait d'un rien pour qu'il s'importe. La colère montait très vite et il devenait incontrôlable.

[Dé lutte]

Ses muscles se bandèrent d'un coup, un grondement grinça entre ses crocs et contre toutes attentes, il bondit. La terre fut éjectée lorsque ses pattes s'y appuyèrent pour élancer ce corps massif, les poissons s'enfuirent comme des flèches de part et d'autre de l'alpha. Il était déterminé à lui montrer qui était le plus fort, à lui prouver qu'il n'était pas un moins que rien.

Rhaegar

Lamentable. Tu es lamentable Rhaegar.. Anianka serait si déçue de toi ! Oh, elle te l'aurait fait payé elle aussi, ton insolence. Gloriel n'était pas un loup ordinaire, il n'était pas n'importe qui. Anianka ne l'avait pas choisi lui plutôt qu'un autre parce qu'il était faible et vieux. Non.. Il avait l'expérience, il avait l'intelligence. Il avait tout ce que toi, tu ne possédais pas.
L'adolescent ne s'attendait pas à une réaction aussi rapide du gris, le choc fut rude pour les deux mâles. Alors qu'il espérait dominer son mentor, c'est lui qui fut le dominant. Le fils d'Anianka se retrouva vite la gueule écrasée dans l'eau, le corps mutilé contre la caillasse. Son sang coula et se répandit dans le fleuve comme une encre rouge. Le temps qu'il comprenne ce qui lui arrive, Gloriel l'avait déjà traîné sur la terre ferme comme un moins que rien.
Rhaegar ouvrit ses yeux sur les pattes du gris recouvertes de cicatrices, il se tenait debout devant lui, droit et sévère. Il releva la tête, ses yeux se posèrent avec honte dans ceux, intransigeants, de son alpha.
Quelle humiliation..

Appuyant sur ses pattes, il se releva tant bien que mal et sentit avec amertume ses genoux et ses coudes lui piquer. A ses endroits précis, il était éraflé, du sang coulait le long de ses membres.
Bien pitoyable, il resta debout, faiblard, la gueule et la queue basse. Les oreilles rabattues contre son crâne, il gronda un long moment la gueule contre sa poitrine. Il avait mal et cela l'enrageait encore plus.

Lorsqu'enfin il se décida à se calmer, après de longues minutes à subir le regard amer de son mentor, il s'assit et laissa le silence planer. Un silence pesant, qui marquait la fin de sa stupidité, qui marquait sa rédemption. Mais il n'osa pas affronter ce regard, non, il préféra fixer le sol, la tête abaissée à hauteur de ses épaules. Il attendait la punition. Il se soumettait, désormais. Car c'est ainsi que régnait la loi du plus fort.