To hate or to hate | Rowena

Un nouveau jour se levait, dans cette forteresse qui était devenue sa prison. Sous prétexte qu'elle partageait du sang avec certains d'entre eux - et apparemment avec un grand nombre - il avait décidé qu'elle resterait ici. Tout le monde la voyait comme revenue, alors qu'elle ne se rappelait jamais avoir senti l'odeur de ces terres, vu cette cuvette de roche dans laquelle ils vivaient, ces grandes salles étouffantes, et tant de loups rassemblés. Elle se refusait à croire qu'ils étaient sa famille, parce qu'elle n'avait qu'un seul nom dans sa famille. Celui de Mère, celui d'Oxomo, dont la présence lui manquait cruellement à l'heure actuelle. Il était difficile pour elle d'admettre ce genre de... tristesse, parce qu'elle ne pouvait s'empêcher d'associer cela à de la faiblesse. mais l louve noire avait toujours été son repère, celle qui ordonnait, unissait, mais aussi celle qui récompensait, qui venait la tirer de ses mauvais pas, qui lui avait tout appris. Et Ama était encore bien jeune pour que le poids de la solitude puisse vraiment être ignoré.

Elle avait dormi dans une petite grotte, surveillée par un grand loup coloré, roulée en boule le plus loin possible de la sortie. Elle n'avait pas beaucoup fermé l'oeil, gardant son regard fixe et furieux vers le ciel qu'elle apercevait. La colère s'était légèrement calmée sous la fatigue, mais ce matin-là elle s'était éveillée perclue de de courbatures et de fort mauvaise humeur. Une humeur qui allait difficilement s'améliorer dans les lunes à venir, sans aucun doute. Le mâle qui la surveillait lui dit qu'elle devait le suivre, et il la gratifia d'un coup de museau qui la fit grogner pour qu'elle se mette en route. Elle finit par accepter, l'échine hérissée et la tête basse. Elle coula des regards froids sur tout ce qui l'entourait, alors que des milliers de petites choses s'inscrivaient dans son esprit. Les loups présents, leur couleur, leur odeur. Les grottes d'où ils sortaient. Le son de leur voix. Les empreintes récentes qui striaient le sol, indiquant avec la piste froide qu'il y avait le départ d'une patrouille quelques heures auparavant. Ses sens étaient presque éblouis par toutes ces choses. Il y avait bien trop d'activité à cet endroit, elle trouvait cela désagréable.

Elle fut déposée près d'une silhouette désagréablement familière : celle du loup gris et orangé qui avait fait partie de la troupe l'ayant ramenée ici. Elle ne savait pas trop si elle devait blâmer la louve dorée, cet individu ou le loup blanc - ou alors tous - pour l'avoir mise dans cette situation. Une chose était sûre : elle allait tout faire pour s'en sortir et au plus vite. Elle releva son regard, dans lequel rien n'y était sympathique à lire, vers celui qui lui parlait et l'écouta sans mot dire. Elle finit par répondre en grondant :

"Ce n'est pas ici que j'habite."

Elle secoua la tête et parcourut les alentours du regard. Comment pourrait-elle s'en aller ? Il y avait des adultes partout, qui n'hésiteraient sans doute pas à lui sauter au cou pour l'attraper si elle décidait de s'en aller maintenant. Bon sang.

"Tu es qui ?" Finit-elle par demander froidement en plantant ses prunelles claires dans celles du gris. "Pourquoi je dois venir avec toi ?"