Tout ira bien ✡ Tawana

Le louveteau était devenu pré-adolescent, dans une taille qui n'avait eu de cesse de croître, à chaque rencontre supplémentaire auprès du mentor. Celui qui lui avait apprit beaucoup déjà, et dont les enseignements se gravaient dans son esprit.
Désastre connaissait maintenant les plantes qui soignent, pouvait se composer un herbier sans hésiter sur le nom d'une plante. Il les avait vu, maintes et maintes fois, dans les tanières des panseurs. Avaient demandé leurs noms, puis assimilé celui-ci. Il savait lesquels s'infusaient, pour le plaisir de goûter eau parfumée ou se faire nécessité et soigner. Il savait lesquels se mangeaient, mêlés à la viande d'une proie chassée. Du moins récupéré sur le tas de gibier, maintenant qu'il craignait le fait même de poursuivre et traquer proie, par appréhension d'une chute ou d'un dérapage qui aurait égratigné sa cuisse.
Il avait aussi fait de l'huile. Des macérats de marguerites et de pissenlit, aussi. Des expérimentations poussées par sa curiosité.


Il n'avait encore abordé ce qui intéressait le plus Désastre. Lui qui voulait maîtriser les blessures des combats. Les plaies profondes, celles qu'on ne pouvait pas que recouvrir de miel et puis bander. Les côtes fêlées et les os cassés. Ceux qui sortent de la patte et s'affiche à l'air. Les hématomes, violents, plus que les petits bleus sur lesquels on appliquait un petit baume.
Il voulait connaître tout ça.
Parce qu'à l'inverse des maladies, ça ne s'attrapait pas, les blessures. Et alors qu'il commençait à craindre la maladie, comme il craignait d'avoir mal, elles lui semblaient plus importantes encore à aborder.

Il devrait peut-être lui parler de ça, Désastre. De cet aspect presque hypocondriaque, qui se révélait. Une seconde phobie, qui survenait aussi proche de la première que du drame. Et lui a du mal à le supporter, parce que ça fait beaucoup, parce qu'à chaque symptômes de grippes il avalait quelques plantes.
Pour se soigner, avant d'être atteint.
Et parce qu'il avait goûté à cette auto-médication, il réfléchissait maintenant aux anti-inflammatoires. Pour oublier la douleur, comme il oubliait comme ça les maladies et le risque d'en être atteint.

Il oublie les phobies sous couverts de factices solutions, il pense s'en sortir comme ça.


Lorsqu'ils arrivent sur l'île Abysse, Désastre lève ses yeux vers Tawana, cherche un ordre du mentor. Il l'écoute plus que d'autres, il tient haute place dans la hiérarchie de ceux capables d'obtenir quelque chose de lui. Il est troisième, d'une place qu'il se fait indétrônable, derrière Pepper puis Anette.

Il ne sait pas s'il doit chercher une plante ou s'il doit l'observer.
Il ne prend initiative aucune.
Il attend.

Et l'attente et le silence sont récompensés, quand parle le mentor. C'est une voix assurée, un ordre qui le fait lever la tête et redresser ses oreilles.

« D'accord. »

Il les cherche déjà, dans les arbres autour de lui, il essaye de surprendre la peau colorée du pitaya. C'est rose, c'est vif, ça ne peut pas se cacher aux yeux des cueilleurs, dans leur indiscrétion. Il sent le regard en coin du loup-lycaon, et il essaye de s'appliquer davantage. Plus que ce qu'il fait déjà, dans l'ambition de satisfaire à toute tâche de celui qu'il respecte et suit avec autant d'attention que de brio l'enseignement. Façon comme une autre de le remercier, que de se montrer investi pour ce temps accordé. Ce temps qu'il aurait pu passer avec un autre.
Quelqu'un de plus souriant. De plus bavard. Quelqu'un de plus intelligent, aussi, qui aurait eu lui aussi quelque chose à lui apporter.

Un jour, peut-être. Il offrirait à son mentor ce que lui ne pouvait obtenir seul.

Mais il doit cesser de chercher et de penser, Désastre, quand le mentor reprend avant qu'un pas n'ait pu être fait. Il l'appelle par ce nom dont il est maintenant coutumier.
Wakiza.
Un autre nom parmi tous ceux qu'il porte, car chaque rencontre apportait souvent une façon de s'appeler autre que Désastre. C'était comme si on cherchait à l'apprivoiser. Il était un désastre, laissé en sauvage, que l'on domestiquait d'un nom. Daisy, Dez, Astre ou Wakiza.
Pour le désigner, lui. Il réagissait de la même façon à tous ces surnoms. Les oreilles qui se lèvent, la tête qui se tourne et-

Depuis quelques jours je vois bien que tu n'es pas bien.

Il plisse les yeux et couche ses oreilles. Ces quelques jours, c'est depuis la chute de la Grosse Bamboo. Après qu'il se soit remit, de la patte blessée et des denses courbatures.
Et parce qu'il l'a dit à Alexandrine, il se dit qu'il doit faire parti de ceux qui savent. Parce que la peur est une erreur, qu'il doit apprendre à combattre.
Il répond machinalement. Parce qu'il apprend à gérer la peur d'avoir mal, il apprendra avec lui la peur de la maladie.
A chacun son domaine.
Sa spécialité.

« J'ai des peurs, depuis la chute de la Grosse Bamboo. »

Puis il poursuit, d'une voix qui ne laisse place à une hésitation. Car Désastre ne craignait pas ses faiblesses, et les exposait à ceux capable de le rendre plus fort.
Il voulait en ressortir grandit.

« Avec toi, je veux me défaire de la peur des maladies. »

Car c'est celle-ci qui venait souvent, lorsqu'il pratiquait avec lui, dans une tanière pleine de miasme, de virus et de bactéries qui infectent l'organisme et oblige à frotter menthe poivrée et tea-tea sur ses pattes à chaque chose qu'il touche.

« Je désensibilise celle de la douleur avec Alexandrine, en nous battant pour de faux un tout petit peu plus à chaque fois. Je crois que ça marche.
Pour éviter les maladies je prend des plantes.

Mais je ne sais pas lesquelles sont celles qui éteignent la peur, de la même façon que certaines éteignent la douleur. »

Il ne les lui a pas encore montré, celles-ci, Tawana. Il sait juste qu'elles existent. Et des fois il pense à en prendre, pour ne plus jamais la sentir, la douleur qui fait peur.

Tawana est comme Alex. Sans jugement aucun.
Désastre se dit que là aussi, l'erreur aurait été de ne pas parler, que la confidence n'est pas une chose mauvaise, qu'elle ne peut que lui apporter du bon. Une aide, car il ne craint d'en demander.
Est faible celui qui reste seul, alors qu'en meute il vit.
Un soupir.
Une réponse.

Sur cette peur venu soudain, il pose un nom : hyponcondriaque. Cela sonne comme être malade, cela veut donc dire qu'on en guérit.

Il sait maintenant que dans le silence qui s'instaure, Tawana trouverait une solution. Il n'aurait plus qu'à s'appliquer, ensuite, pour chasser ce mal, pour en ressortir plus grand et plus fort. Pour ne plus avoir peur de tout, tant ces peurs combinées mettaient à mal son quotidien.
Il se lève alors et s'approche, le loup-lycaon. Il romps la distance et lui hésite à reculer d'un pas pour lui laisser le passage, lui qui se trouvait dans son axe de marche. Peut-être fallait il le suivre, peut-être...
Peut-être simplement ne pas bouger et accepter le contact de son front contre le sien.

Est-ce que ça fait du bien ? Est-ce rassurant ?
Il ne sait pas.
Mais il ferme les yeux et ne s'en dégage.

« Oui. »

C'est la réponse soufflé dans le noir, aux mots du mentor qui promet que tout ira mieux. Que petit à petit, il s'en sortira. L'accord est donné, il serait désormais son binôme face à cette peur. Et il compterait sur lui, autant qu'il ne ménagerait ses efforts pour s'en sortir.
Le sourire est bienveillant. Et même si Désastre ne souriait pas, il ne portait plus cet air aussi malheureux sur ses traits.
Il avait un air presque serein.

Tawana lui parle alors de passiflore, pour calmer son anxiété. Un traitement qui épaulerait le processus de guérison. Un troisième allié.

« D'accord. »

Et le pitaya ? Ses yeux remontent vers l'arbre, vers les fruits à la peau si rose. Il est là. Accessible. Mais le mentor ne désirait plus l'obtenir, et malgré l'obsession d'obéir à l'ordre premier, il ne pouvait manquer au second de son ainé. Celui qui avait écrasé le but premier, changeant le cours pour lui donner autre tournure. Est-ce que le mentor n'était pas déçu, de ne pouvoir s'en tenir au cours premier ?
Il avait désir de satisfaire, Désastre.

C'est pour ça qu'il suit Tawana et en pose davantage de questions.

Sa course est précautionneuse et par ce fait, moins rapide que celle du disciple de Kiro. C'était un glowstick auquel il finissait par prétendre, lui dont l'agilité de l'esquive n'avait fait qu'augmenter au profit de sa force physique pure, celle entretenue initialement mais qui maintenant n'évoluait plus.
Et peut-être n'était-il plus fait pour Aka, maintenant. Et peut-être avait-il envie d'appartenir à Kiro.

Le mentor avait promis de le faire devenir ce qu'il avait envie d'être. Il s'en souvient encore, même si ça fait longtemps maintenant.
Et puis le mâle ralenti, ses longs cheveux retombent le long de son encolure. Il marche et s'approche d'une fleur. Petite, blanche et violette.
C'était donc elle, le troisième alliée ?

« Il faut la manger, pour aller mieux, ou bien la prendre en infusion.
Pas en cataplasme, je pense. La voie oracle est plus appropriée, pour le mal qui prend de l'intérieur, à l'exception d'un rhume où un baume sur le thorax et sous le museau peut dégager les voies. »

Il ressort les leçons, pose sa réflexion. C'est en se faisant reprendre que l'on apprend mieux, car présenter seulement son intérêt ne suffit pas.

Il ne se sent pas en si mauvaise santé que ça, Désastre. Il sait qu'il peut ramasser le pitaya sans aller moins bien, que cela ne presse pas. Que la phobie restera, même s'il mange la plante pour la cacher, et qu'elle ne se serait manifestée face à un fruit rose. Mais il ne peut contredire le mentor, il ne peut pas non.
Désastre suit, bonds rapides au dessus des branches des arbres tombés lors du dernier orage, réception sur les antérieurs qui roulent et se soulèvent avant de laisse les postérieurs prendre leur place.
Il décompose ses mouvements agiles, suis les voies où les blessures ne seront pas même l'ombre d'un risque.
Il fait ses choix d'itinéraires.
En gardant rapidité, pour ne pas perdre de vue son mentor qui avance avec l'honneur de son glowstick jaune.

On entend même plus la mer battre les falaises, maintenant.
Il y a seulement les oiseaux, qui parlent entre eux de leur langue inconnu.
C'est agréable, il trouve.
Après avoir parlé c'est maintenant à Tawana, de fournir plus amples explications. Lui se fait élève attentif, s'assoit et laisse trainer la longue queue féline dans son dos, qui ne s'agite pas même d'un battement.
Elle soignait bien des choses, la passiflore. Elle servait d'antidouleur (il sentait qu'il l'apprécierait, cette plante, et qu'elle trouverait sa place dans le bandage de son postérieur, là où il rangeait tant de plantes), mais aussi pour les maux de tête (cela ne rentrait pas dans le cadre d'un anti-douleur ?), pour l’agitation, pour les troubles du sommeil et...
Et pour les règles douloureuses.

Désastre a tiqué, à cette annonce.
Il n'en a jamais entendu mention, jusqu'à maintenant. Etait-ce un mal qui ne frappait que les plus âgés, comme l'arthrose et la cataracte ; ou uniquement les femelles, comme leurs chaleurs ? Il réfléchit, en même temps que Tawana poursuit. Qu'est-ce que peut donc être ce mal ? Les règles peuvent l'être à ce point ? Il pense à celles qui régissent le clan. Celle de défendre les frontières, peut-être, car l'on pouvait vite essuyer une bataille contre un solitaire, et en ressortir avec bien des plaies. Respecter cette règle, c'était donc risquer de subir la douleur. Faisant d'elle une règle douloureuse, nécessitant la passiflore pour s'apaiser et calmer ses nerfs.
Mmh. Oui. Logique.
Il comprenait mieux, maintenant, une fois cette réflexion faite.
Cela lui donnait une raison de plus, d'avoir toujours en stock cette plante.

Sans en prendre trop. Oui, il retient.
Même si là encore se soulève question. Il comprend la somnolence, puisqu'elle aide à calmer les troubles du sommeil. Un détail lui fait demander, cette fois-ci :

« Je ne comprends pas, Tawana. Si l'on souffre de mal de tête, mais que l'on surdose cette plante, cela accentuera donc ce mal par une céphalée ? »

Il plisse les yeux, regarde cette plante aux multiples vertus. Il aime savoir, Désastre. Et pour cette question, ces pensées se stoppent à l'interrogation prononcée.

Il n'est pas sûr de comprendre, il le croit seulement. Et cela serait suffisant, car il gardait réflexion pour plus tard, lorsque son cerveau cherchait les ombres de la Grosse Bamboo qui tombe de la montagne et qu'il calmait celles-ci par des pensées réfléchis, des cours que l'on revoit encore et encore, des notions que l'on mémorise et une fissure dans la roche qu'on contemple intensément en même temps, en s'accrochant au moindre détail de poussière ou d'éclat dans la roche qu'il y a autour.
Si la plante soigne les céphalées comme elle peut engendré un mal de tête, et soigne le mal de tête en risquant d'engendrer une céphalée, quand le tout est prit avec outrance... C'est à cause du surdosage. Ainsi, si le corps n'était habitué, le mal de tête devait s'intensifier au lieu de se soigner.
Mmh. Il reste incertain.
S'il n'avait pas eu peur d'avoir si mal, sans doute aurait il essayé, pour apprendre de cette erreur et la saisir. Comme en combat, oui.

Tawana se relève et maintenant il sent l’œuf.
...
Étrangement Désastre n'est pas surpris. Il voit tant de choses étranges que plus rien ne l'étonne maintenant. Il se dit que ce n'est pas plus mal, ainsi rien ne viendrait le surprendre dans son morne quotidien et perturber sa routine.

Le mentor n'est donc pas jugé ni moqué, ce n'est dans le caractère de l'adolescent en approche. Il se contente de le suivre jusqu'à une marre, où se glisse le loup-lycaon, disparaissant dans l'eau et laissant ses longs cheveux devenir bouée autour de sa tête. Il nage, Désastre s’assoit sur le bord de la rive.
Il attend de continuer la leçon ; il a cueillit des passiflores.

Tu devrais venir, dit Tawana.
Cela veut dire vient et Désastre n'hésite pas.

Il se lève avec souplesse et ne cherche à tâter la température de l'eau, il y rentre et s'y enfonce. La fraîcheur surprend un peu son corps, fait dresser le poil de sa nuque. Sa queue, comme un long serpent, flotte à la surface et ondule en même temps qu'il nage.
Il n'est pas très bon pour ça, il ne s'est jamais trop entraîné. C'est une erreur, il devait s'y remettre pour ne pas être ni plus faible, ni moins rapide, dans ce milieu inhabituel pour lui mais zone de l'ennemi.

« D'accord. »

Il retient, pour le sirop de nénuphar, en même temps qu'il bat de ses pattes. L'adolescence les rendent toutes en muscles, c'est un atout pour rester à la surface. Un peu mal à l'aise, pourtant, de rester ainsi dans l'eau. Il aimerait retrouver la terre ferme, là où est sa place.
Mais il pense à Serpent son serpent. Et se dit que s'il est animal terrestre, il ondule parfois à la surface d'une eau peu profonde.
Enfin il s'approche des nénuphars, tire sur une feuille pour la sortir de l'eau, puis la reposer après avoir vu les racines sous elles, partant loin sous l'eau. Drôle de plante.

« Est-ce par infusion des fleurs, des feuilles ou des racines, que le sirop doit être fait ? »

Après la pitaya, après le passiflore, il cueillerait des nénuphars.

Les racines et les fleurs, dans un grammage précis. De l'eau bouillante pour une infusion de six heures. Il se demande si l'eau devait rester à cette température tout du long, ou bien si elle devait l'être au début pour ne plus l'être à la fin.
Il se dit que la pratique lui apporterait ce qu'il ne savait pas, il n'avait donc pas besoin de poser toutes ces questions, se contentent d'hocher la tête et d'ajouter un éternel :

« D'accord. »

Puis le loup-lycaon nage vers la berge, quitte l'eau pour s'ébrouer sur la terre ferme. Désastre jette un œil aux nénuphars. Il n'en a pas prit, ne lui a rien dit non plus. Mais il se décide à s'en saisir d'un, le tient fermement en gueule alors qu'il retourne vers la rive, entrainant avec lui cette plante qui, après une pression qui la retient en arrière, finit par céder et venir toute entière avec lui.
Il la lâche à côté du reste, alors que son poil se plaque contre son corps. L'encolure est chargé d'eau, de longs et fins ruisseaux s'égouttent au bout de ses poils qui ne remontent plus jusqu'à ses joues...jusqu'à ce qu'il se secoue, lui aussi, et qu'ils viennent cette fois-ci s'y coller.

Le cours reprend. Beaucoup de plantes sont vues, aujourd'hui. Il ne craint pas d'oublier.
Ce genre de savoir est une obsession. Elle s'ancre en son esprit plus que les visages et les noms de ses comparses.

Il lui parle de l'écorce du saule. De ses indications. De ses contre-indications. Désastre pense au sang qui se fluidifie, maintenant.
C'est un détail qu'il retient. Il pense à l'usage que l'on peut en faire sur l'ennemi. Qui d'une plaie, se videra un peu plus, si l'excès était fait de cette solution. En combat, cela devait être impossible. En torture, il pense que cela était envisageable. Mais ce n'était pas son rôle, ça.
Lui était panseur. Pour couvrir l'assassin.
Vient le pavot, enfin.
Il est là bas, c'est un antidouleur. C'est quelque chose dont il pourrait avoir besoin, pour ne plus avoir mal...

C'est une plante idéale pour quiconque est sur le terrain.
Il s'en approche, présente ses crocs prêts de la tige pour la couper d'une morsure nette.

« Les effets sont immédiats ? Pour effacer la douleur des Épées lors d'un combat... »

Puis ça lui revient, à Désastre. Il poursuit sans laisser le temps d'une réponse, il saisit l'opportunité de le dire.

« Je veux me spécialiser dans les soins à apporter au cœur même d'un combat. »

Les maladies, les troubles du sommeil, les soucis mineurs... Il ne parvenait à trouvait ce même intérêt que pour les plaies, les fractures. La douleur.
Il était un soldat et avait le goût du front.
C'est en pansant qu'il voulait y revenir.

Il coupe un pavot, deux, trois. Désastre en fait un bouquet, de ces plantes à l'usage si puissante. Il en aura souvent besoin, il le sait.
Les combats à mener sont nombreux, et il se devait d'être présent. Il doit devenir plus rapide, pour se trouver là où on aurait besoin de lui. Il doit encore courir, comme il doit progresser en soin.
Tawana est là pour ça. L'orage de sa détermination tonne en lui, l'adolescent sait ce qu'il veut.

Bientôt, il deviendrait apte à devenir un panseur de guerre. Capable de soigner. Capable de défendre.

Il rapporte le pavots au près de toutes ces autres plantes. Il y en a beaucoup, il réfléchit à comment les transporter maintenant. Finalement tout est placé sur la grande feuille de nénuphar, qu'il rabat d'abord en deux dans le sens de la longueur, avant de plier les extrémités, pour former un paquet maladroit contenant tous ses biens amassés. Il lit le long d'une des longues feuilles du saule pleureur.
Ainsi, il pourrait transporter le tout. L'attacher autour de son cou pour le laisser contre son échine, quand ils retraverseraient la mer pour gagner le continent, si la marrée n'était pas basse et que la nage était alors nécessaire.

« J'y travaillerais entre deux de nos cessions. »

Désastre était un élève appliqué, soucieux de bien faire. Il pensait aux boulettes façonnées avec la viande. Mais on ne savait jamais quand l'on pouvait être prit dans un conflit, et quand on aurait alors besoin de prendre rapidement ces plantes.
Il pense à l'argile. Une petite bille d'argile que l'on croque et qu'on avale, gardé sèches dans un bandage. Il ne fallait seulement pas la mouiller, ou plonge dans l'eau en l'ayant avec soit. Ou l'emballer avec une feuille de nénuphar ou de lots, hydrophobe ? Mmh... C'était une solution. Il s'y repencherait, ferait quelques essais.
Il s'appliquerait.

Tawana le dépasse et s'avance, poursuivant les enseignements si précieux aux oreilles de Désastre.
On en revenait à la pitaya initiale.
Le tour de l'île était fait, la boucle était bouclée.

Désastre la gueule, dans une expression...satisfaite. Oui, c'était ça. Il était satisfait, de ce qui se trouvait maintenant dans sa tête, de toutes les questions qu'il se posait encore et auxquelles il répondrait de lui même, en expérimentant, en faisant des erreurs pour mieux retenir comment aller à la réussite.

« Je vous regarderais faire une première fois. »

Apprenez-moi encore.

Le jeune mâle se positionna face à la mer, dirigé vers le continent. Il rejette sur son dos le paquet, et s'enfonce dans l'eau salée. La marée n'est pas basse, mais ils devraient garder patte jusqu'à retrouver la terre ferme.
Bien.

Le créneau achevé, Désastre s'en irait ensuite au repos.