Quand être une mère devient l'enfer. ☆ libre

• 7 ans et demi •
F A E I

Joy était… Epuisée. D’une fatigue qui ne saurait avoir de fin, d’une lassitude qui lui donnait le tournis. Pourtant elle dormait. Beaucoup. Parfois. Il y avait des jours où elle ne parvenait à se lever qu’au prix d’un effort cuisant, des nuits où elle ne fermait pas l’oeil, des moments où elle se laissait aller dans un coin sombre et tomber de sommeil… Ces derniers mois, la femelle n’était plus elle même : préférant se reclure au fond de sa tanière où fuir le Castel en quête de silence et de solitude. Et elle détestait ça. Comme elle haïssait tout le monde, comme elle désaimait ses derniers-nés, comme elle se méprisait d’un dégoût sans pareil. Quelque cloche clochait, mais elle ne parvenait à l’accepter, elle ne pouvait l’entendre, c’était impensable. La guerrière au pelage sablée était forte, elle était une dure à cuir, elle était disciplinée, et pourtant… Pourtant elle pleurait tant. A l’abri des regards, sans un bruit, loin… Loin de ce monde qu’elle ne supportait plus…

Les prunelles d’or de la femelle quittèrent les lumières qui dansaient dans le petit courant, observant l’une de ses filles à la dérobée. Epine jouait dans l’eau, souriant lorsqu’elle écrasait un reflet et ronchonnant dès qu’il réapparaissait alors qu’elle levait la patte. Une boule douloureuse, presque suffocante vint bloquer la respiration de la Conseillère alors qu’elle s’imaginait noyer l’enfant plutot que lui apprendre à nager. Aussitôt la culpabilité et la honte la submergèrent. Ses enfants étaient adorables, curieux, vaillants. Elle en était fière, car ils seraient de bons et loyaux Etelkrus, elle n’en doutait pas. Et en même temps, ils étaient tant en demande d’attention, d’affection… Epine surtout. Pourtant indépendante et capable de s’occuper de longs moments tranquillement, elle avait cette manie de souvent désirer du contact physique. Elle avait ce besoin d’être rassurée en permanence. Et en même temps, elle parlait, parlait, parlait, sans s’arrêter. Seulement avec elle.

Peut-être était-ce son manque de patience ? Son caractère brute de décoffrage ? Ses doutes constants ? Peut-être qu’au fond elle était la pire mère de toutes… Joy ne parvenait plus à penser clairement. Pourtant elle aimait ses petits, elle aurait donné sa vie pour eux, elle aurait tout fait pour leur accorder le moindre de leurs désirs… Et en même temps, elle ne les supportait pas. Elle ne voulait pas les voir, tout en ayant le coeur brisé de ne pas être auprès d’eux lorsqu’elle partait en mission. Elle était si soulagée de les laisser à une nourrice ou à leur père pour travailler, s’imaginant même rallonger ses patrouilles exprès pour rentrer tard tout en ayant envie de rentrer au plus vite et de passer du temps avec les jeunes pour leur faire découvrir le monde et leur apprendre à chasser, à se battre ou à faire n’importe quoi d’autre ! Elle se privait plus ou moins volontairement de nourriture, trouvant toujours une excuse comme la fatigue, le manque d'appétit ou de temps, comme punition à toutes ses pensées mauvaises et mesquines…

Qu’elle s’en voulait d’espérer parfois que les louveteaux disparaissent en forêt -après tout c’était pas si rare qu’un prédateur mange un lardon imprudent-, qu’elle se haïssait pour s’imaginer secouer brusquement Epine pour qu’elle se taise, ou gifler Etna lorsqu’elle la griffait pour jouer et ne se rendait pas compte de sa force, ou repousser violemment Artyom qui ne demandait qu’un énième coup de langue maternelle, ou encore mordre Taehyung en retour de ses mordillements de jeu. Elle préférait bien entendu disparaître elle-même plutôt que de s’en prendre à ses rejetons pour qui son coeur débordait d’amour, malgré tout. Il arrivait parfois pourtant que la violence qu’elle réprimait s’exprime en brusquerie avec les enfants. Jamais de quoi leur faire mal, mais elle était persuadée qu’ils sentaient dans sa sécheresse, son manque de tendresse, qu’elle manquait de tendresse. Elle était convaincue qu’ils la détestait à leur tour de n’être qu’une louve misérable, incapable d’être une bonne mère comme elle avait pu l’être avec Meshret et Léo.

A chaque nouvelle mission, à chaque patrouille ou chasse, elle espérait avoir un accident qui l’empêcherait de revenir au Castel, ou au moins qui la plongerait dans un long coma de plusieurs semaines, ou mois, ou années. A chaque fois elle se retrouvait à penser à des scénarios rocambolesques avec une fin tragique, mais délivrante, pour elle. A chaque fois aussi, elle revoyait les petites bouilles et sourires de ses petits et se sentait soudain vide et seule à n’avoir plus qu’un désir, les retrouver et les câliner. Elle ressentait tant d’ambivalence à leur égard, elle ne comprenait pas pourquoi, ni comment gérer ce trop plein d’émotions négatives. Elle ne parvenait pas à sortir de ce tourbillon infernal. Il y avait pourtant certain jour heureux, où tout semblait bien aller… Et même là, une fois toute sa tribu endormie paisiblement, quand il n’y avait plus personne pour le voir, elle lâchait ses larmes, elle vomissait ses tripes de colère, de frustration, de honte, de désespoir.

L’enfant rit aux éclats et remonta le courant. Seigneur Aka, si la rivière pouvait emporter ce rire loin de moi, si… Joy rattrapa de justesse la louvette verte au regard brûlant qui avançait là elle n’avait pas pattes. Grands Dieux, protégez mon enfant, protégez mes petits d’eux-même, des prédateurs, et de moi... La louve posa la loupiote sur la rive et sourit à sa fille dans un soupir. Epine répondit à sa mère d’un sourire plein de malices et s’enfuit vers les buissons, lançant le jeu du chat et de la souris. La femelle au glowstick rouge n’avait pas envie de courir après l’enfant turbulente, elle n’avait pas envie de la chercher et préférait rentrer sans elle, qu’elle se trouve donc un écureuil pour jouer ! Ou elle enverrait Meshret garder sa petite soeur… A côté de ça, l’idée que peut-être, elle passerait un bon moment avec Epine et qu’il pourrait y avoir apprentissage pour la louvette lui dicta de la rejoindre. Elle sourit. Comment pouvait-on à ce point aimer quelque chose, et dans la même intensité, vouloir s’en défaire ?

Un jappement l’alerta et elle bondit en avant, le coeur soudain serré, l’angoisse montant dans ses veines comme de l’adrénaline brûlante. Son instant de maman ne l’y trompait pas, elle tomba truffe à truffe avec un tout jeune lion des montagnes. Petit félin qui avait enflammé la curiosité débordante d’Epine, prête à se faire un nouvel ami même d’une espèce autre. Sauf que non loin de lui, s'éleva le grondement féroce et colérique d’une mère fauve. D’un bond, Joy s’interposa entre son précieux trésor et la bête sanguinaire prête à le lui ravir. Hors de question qu’elle laisse le puma toucher ne serait-ce qu’un poil de son bébé. Son poil doublant de volume et ses crocs découverts mirent en garde l’animal. Mais il était trop tard, et sans doute avait-elle faim, car son ennemie louve ne l'impressionna guère. La mère du lionceau feula. Joy grogna et puisant dans le peu d’énergie qu’elle avait encore en réserve pour activer son pouvoir.

Un courant parcouru son dos et ses pattes, formant de petits arceaux électriques dans son pelage beige. Cela ne provoqua chez le prédateur qu’une étincelle de surprise et de curiosité, aucune peur.

« Epine, cours. »

Mais elle n’écoutait pas.

« EPINE, DEGAGE ! »

Mais elle ne bougea pas, cette satanée gosse. Tétanisée, la petite Etelkru ne pouvait détacher ses prunelles de feu de la bête qui menaçait sa maman, par sa faute. Joy voulu la secouer, la pousser, mais elle n’en eu pas le temps. Un mouvement du côté du puma la força à bondir en avant, griffes et crocs dehors, pour espérer faire plus de dégâts que ce qu’elle en recevrait.

EPINE
★ 4 mois ★ 4 PVs
F A E I

Incapable de bouger, incapable de réagir même quand la Conseillère lui ordonnait de fuir. Coincée par cette vision d’horreur, même quand sa mère lui gronda avec rage de chercher quelqu’un. Epine était fixée sur sa mère et le prédateur qui s’écharpaient l’une l’autre. Un coup de griffes et une éclaboussure grenat à l’odeur âcre vint lui gifler violemment le museau.
Premier électrochoc.

L’enfant leva une patte, prête à déguerpir, retrouvant peu à peu ses fonctions motrices au travers de fourmillements lui parcourant le corps. Jamais de sa vie elle n’avait eu aussi peur que ce jour-là. Même la nuit quand Maman n’était pas là, elle ne s’était jamais sentie aussi… Faible, fragile, inutile, incapable. Du rouge tâcha plus encore sa vision, sans qu’elle ne puisse savoir s’il appartenait à Joy ou au lion des montagnes. Des grognements féroces, des claquements de mâchoires brutaux et des bruits sourds de corps qui se jettent l’un contre l’autre faisaient remuer les grandes oreilles de la louvette.
« PEP’S ! »
La voix de la disciple du Grizzli, érayée, affaiblie et qui utilisait le surnom, réminiscence de moments tendres bien trop rare.
Second électrochoc.

Le puma feula plus fort alors que la louve s'agrippait fermement à son cou. Cette dernière glapit alors que le fauve lacérait son flanc. Epine se rendit compte que le lionceau avait disparu. Sans doute plus malin qu’elle, il était parti se cacher loin de la bataille. L’esprit de l’enfant se mit à tourner à toute allure. Il fallait trouver de l’aide car sa mère était en mauvaise posture. Elle pouvait fuir, car n’ayant d’odeur naturelle de loup, elle serait intraçable. Au plus proche il y avait les frontières Etelkrus, juste derrière les Dents de Roc avec peut-être… Son père ! Ou au moins, le Légionnaire. Au passage, les veilleurs de la tour la verrait sans doute passer dans tous ses états et pleine d’hémoglobine et déclencheraient l’alerte. Une fraction de seconde plus tard, Epine bondissait derrière les buissons jusqu’au ruisseau qu’elles avaient remonté pour chasser jusqu’ici. Elle découvrit son reflet dans l’eau, ne reconnue pas la louvette aux prunelles embrasées et au museau strié de rouge qui lui fit face. On aurait dit des peinture de guerre.
Troisième électrochoc.

Elle était fille de guerriers vaillants et loyaux, elle était née pour se battre et défendre. Après la réflexion, l’action ! Elle ne pouvait pas fuir comme ça quand Maman avait besoin d’aide ! Alors elle sauta encore au travers de ces mêmes buissons pour redécouvrir la scène sauvage du combat entre le puma et la Conseillère Etelkru qui se défendait avec de moins en moins de volonté. N’avait-elle plus envie de se battre ? N’avait-elle plus la force ? Etait-elle trop épuisée ? Ou était-ce la faute de tout ce rouge qui inondait son poil si clair habituellement ? En jappant de toute sa petite voix, la boule de poil verte se jeta dans les pattes du félin. Surpris, l’animal eu une demi-seconde de réflexion qui lui fût fortement dommageable : alors qu’il rejetait le mioche-loup d’un coup de patte puissant, Joy, paniquée par la ré-apparition de sa fille, déchira de ses crocs la gorge de son adversaire en profitant de ce temps de battement.

Epine valsa plusieurs mètres plus loin, roulant dans l’herbe et les fougères. Par pure chance, elle n'atterrit pas sur ces racines, qui lui auraient sans nul doute briser la nuque ou le dos. Choquée mais entière, elle essaya de reprendre ses repères avant de se lever et de tomber au sol, sonnée. Dans un gargouillement, le lion des montagnes s’effondra sur la louve Etelkru de tout son poids, se débattant mollement, dans le vide. C’en était fini de lui, ou ça le serait très vite. Comme une plainte, la femelle blessée demanda une dernière fois à Epine de chercher de l’aide, soufflant qu’elle ne pourrait pas soulever le puma, elle n’en avait plus la force. Cette fois-ci l’enfant ne se fit pas prier, et même si les vertiges et les douleurs dans les pattes et la tête et le dos la faisaient trébucher parfois, elle courut le plus vite possible jusqu’aux frontières en aboyant, les poumons en feu et le coeur prêt à exploser dans sa petite poitrine.

La journée promettait d'être agréable.
Ils étaient tout un petit groupe à être partis en chasse, encadrés par leurs mentors, pour préparer l'expédition au Nord. C'était sympathique, de pouvoir passer du temps ensemble, d'unir leurs forces. Elle sourit, apaisée, tout en courant à travers les terres, aidant à traquer, à encercler, à tuer.
Ce soir, elle dormirait bien.

La journée promettait d'être agréable, elle disait.
Ça faisait combien de temps, qu'un drame ne s'était pas abattu sur la meute. Quelques mois tout au plus ? Pourtant, lorsqu'elle vit la petite Epine revenir seule, affolée, courant de toute la vitesse que ses petites pattes le lui permettaient, la Conseillère sut instantanément que quelque chose n'allait pas. Où était Joy, bon sang ? Où était sa collègue ?
Son échine se redressa, elle lança un bref regard à Pepper et s'élança en avant, de ses longues pattes, à la rencontre de la petite louve verte.
Elle s'abaissa à la hauteur de l'enfant, son regard dans le sien, calme, malgré son cœur qui cognait si fort dans sa poitrine.

- Où est ta maman ?

Elle la laisserait donner cette information, si elle le souhaitait, avertir les siens qui, sûrement, n'avaient pas du manquer son arrivée.
Son regard bleu se posa sur Pepper. Elle n'eut pas besoin d'un ordre, pour prendre la décision qui lui semblait être la plus adaptée à la situation.

- Je vais m'occuper d'elle. Vous pouvez aller chercher Joy.

Car c'était ce qu'elles allaient sûrement faire, ses Alphas. Elles savait qu'elles ne laisseraient pas l'une des leurs, conseillère qui plus est, seule dans la nature, peut-être blessée.
La louve bleue, elle, ramena la petite Épine, toute petite Épine, contre elle. L'enfant était désormais sa priorité.

EPINE
★ 4 mois ★ 4 PVs
F A E I

Ouf. Quelqu'un ! Holly-la-bleue-moins-bleue-que-Pepper surgit devant l'enfant à bout de souffle. Heureusement qu'elle était là, elle et... Tous ce monde. La tête lui tournait et ses pattes douloureuses devinrent cotonneuses. Epine s'affaissa dans les pattes de la Conseillère, le coeur battant la chamade et l'odeur poisseuse du sang ne la quittant pas. A la question de l'adulte, elle leva une patte tremblante dans la direction d'où elle venait, à peu prêt en ligne droite. Ils ne pourraient suivre sa piste en sens inverse grâce à cause de son manque d'odeur lupine, mais sans doute les grands sauraient sentir le sang et retrouver le lieu de la bataille pour aider Maman à se décoincer de sous le monstre aux grandes dents et aux griffes tranchantes. Sans attendre, les chefs et leurs équipes s'envolèrent d'un mouvement presque commun vers la direction indiquée.

« Le puma... Il a voulu me manger parce que je jouais avec l'autre bébé... »

Souffla t-elle, d'une voix peinée, complètement ignorante de la gravité de la situation. Elle se laissa ensuite porter vers le maison, sachant parfaitement que la meilleure copine de maman et l'autre Reine allait forcément l'aider sans problèmes. Enfin rassurée, la petite louve verte pu penser à prendre de grandes inspirations pour calmer son coeur fébrile, accompagné de la douce Holly pour rentrer en sécurité vers le Castel et son papa, ses frères et ses soeurs.

• 7 ans et demi •
F A E I

Elle se battait depuis trop longtemps déjà. Elle se débattait encore, pourtant, quand une ombre couvrit sa vision si floue. Elle n'abandonnait pas, parce que sa fille était là, quelque part et qu'elle n'avait fait qu'écarter le danger temporairement. Elle ne lâchait pas ce fil si fin qui la maintenait encore là, a demie, parce qu'elle avait des responsabilités. Joy avait souffert le martyre à ses flancs éventrés, à ses pattes ayant poussés jusqu'à ce qu'il y ai plus de sang hors de son corps qu'à l'intérieur ou était sa place. Elle avait essayé. Encore, et encore. Elle avait poussé en ordonnant à Epine de trouver de l'aide alors qu'elle n'était plus là depuis de longs instants. Pourtant, aussi fort qu'elle avait voulu mourir, aussi fort qu'elle avait voulu abandonner ses petits derniers-nés, elle n'avait jamais eu si peur de partir. Elle n'avait jamais été si déterminée à continuer. Et peu à peu, elle chaque sensations dans son corps l'avaient abandonnées, la laissant seule avec elle-même à se haïr plus que jamais. Pour sa faiblesse, mais aussi pour toutes ses erreurs passées et présentes.

D'abord était partie la douleur. D'un coup disparue, la Conseillère avait senti le soulagement l'envahir, avant de comprendre quand l’essoufflement avait suivi. La peur s'était muée en angoisse. Et toute la colère et la rancune qu'elle avait pu ressentir pour ses bébés ou pour n'importe qui s'envola, pour ne laisser que la culpabilité du désamour, et l'affront de l'échec. Le souffle court, la vision ternie et l'esprit au bord du gouffre, c''est là qu'elle arriva. La chef admirée, l'Alpha-soleil tant appréciée. Elle ordonna le combat, encore. Joy rouvrit ses prunelles vitreuses, d'un or terne qui n'avait plus d'éclat, et ne vit rien de plus qu'une lumière rouge, apaisante toutefois. Elle expira, soulagée. Si Anette était là, c'est qu'Epine avait réussit. C'est qu'Epine était en sécurité. Alors tout irait bien. La sérénité fût complète lorsque l'odeur de sa plus ancienne amie vint couvrir ses narines. Voilà que l'être aimé, la personnalité adorée, la Meneuse vénérée était à son chevet elle aussi. La naine bleue, étoile glacée pour qui elle aurait tout donné, même sa vie, serait aujourd'hui avec son autre Reine les seules à qui elle pouvait se confier. Dans sa déchéance, deux des louves qui comptaient le plus pour elle étaient là.

« Di...dites leu-eurs. Qu'ils sont merveilleux... Qu'ils sont- »

Meshret, Léo, Kalashnikov, Etna, Taehung, Artyom, Epine, Tawana, Dag, Te Hari, Saqqarah, Harmakhys, Désastre, Pepper, Anette. Aka. Tous ceux qui avaient un jour comptés pour elle. Elle souffla, elle cracha. Son palais s'assécha. Elle n'avait plus de force.

« Aimés. Comme vous. Mes astres. »

Les paupières se closent, une oreille bougeait encore. Sa truffe frémit car d'autres odeurs lui parviennent, sans doute y a t-il beaucoup de mouvement autour. Elles sont nombreuses, mais ses souvenirs s'échappait et il n'y en eu que deux qui la retinrent une seconde de plus. Joy rouvrit ses yeux vides qui ne voyaient plus rien, comme pour les chercher. Léo et Meshret, ses enfants. Ses premiers-nés. Ses trésors.

« Mes fiertés... »

Tels furent les derniers mots de la luciole. Tel fut, adressés à ses grands et vaillants enfants présents d'abord, à ses petits si turbulents mais si aventureux en seconde intention, au Prêtre Rouge qu'elle avait fini par aimé sincèrement comme un compagnon de vie, à Tawana et ses enfants qui avaient été comme sa propre famille, mais aussi à ses Alphas en dernière intention, l'aveux de son amour pour eux tous de la part de celle qui n'avait jamais su le verbaliser.

Sur ces mots cassa de battre le coeur. Sur ces mots se suspendit le souffle. Sur ses mots, fût trouver la rédemption et la paix.
Adieu Joy. Adieu petite battante au caractère bien trempée. Adieu luciole.