Cela faisait longtemps... (Teddy - Vanhir- Sakura)

Comme d'habitude, c'est avec une de tes filles que tu avais décidé de passer un moment privilégié, Teddy.
Pour n'avoir à partager ton regard entre tes trois merveilles, pour de tes deux yeux n'en englober plus qu'une. Pour être le seul à partager quelques rires, formant au passage de nouveaux souvenirs qui a jamais et plus encore resteraient dans la mémoire d'une enfant.
Des trois il fut venu le tour d'Agathe d'avoir son après-midi consacrée à elle et rien qu'à elle, devenant soudain le plus beau des trésors de ton monde. La petite dernière, pourtant la plus grande de la portée.
Celle qui, un jour, tu soupçonnais de te dépasser, toi pourtant grand mâle.
Marrant, tu trouves. Tant qu'ça n'la complexe pas, toi, t'serais fier de ta grande fille.
Eh. De qui t'aurais pas été fier, de toute façon ?

Y a un grand sourire qui vient étirer tes babines, toi le père et le compagnon comblé.

Tu regardes l'enfant courir et sauter dans le sable, creusant derrière elle des trous par ses bonds. Parfois, elle s'arrête écouter un coquillage, cherchant le son de la mer au fond-de celui-ci en y collant bien son oreille. Ce chant que la vrai mer couvre, par le fracas de ses vagues qui montent sur la plage avant de se retirer, laisser l'écume et le sable mouillé dans leur sillage.
Pour rien au monde, tu n'aurais changé cette journée paisible. Qu'on aurait pu trouver oisive, qu'on aurait pu trouver inutile.

Mais tu n'avais plus d'ambition, Teddy, si c'n'est celle que d'finir heureux. T'étais bien, comme ça. Avec ta vie de solitaire, ta go', tes gosses. Loin des clans, derrière qui tu avais couru une bonne partie de ton existence, pour finalement terminé épuisé et lassé.
Tu regrettais rien, pourtant.
Et si c'était à refaire...

Tu referais tout pareil, si tu possédais à la fin la certitude de vivre exactement le moment actuel.

T'jours un sourire, qui prend plus de place encore sur ta gueule, quand sur le minois d'Agathe se dessine cette même expression.
Aah putain que t'es trop gaga, mon gars.

Il y a au bout de ce moment le crépuscule qui tombe et le coucher du soleil que vous regardez ensemble, Agathe positionnée entre tes pattes avants et toi assis là, contemplatif et serein.
Puis il faut rentrer, la nuit tombe et t'veux pas inquiéter toutes les gonzesses qui attendent ton retour, quand bien même y avait pas encore de quoi sonner la tirette d'l'alarme.
Seulement...

Seulement ouais.
Y a cette odeur, qui monte à ton museau.

« Qu'est-ce que tu sens Papa ? C'est un poisson pour manger ce soir ??
- Non c'est..quelqu'un.
- Oh ! Euh...Ok !! »

Quelqu'un qui savait pécher ce poisson évoqué, parce que tu lui avais brillamment appris, Teddy. Quelqu'un que tu n'avais pas vu depuis longtemps.
D'un mouvement du museau tu incites ta fille à te suivre. Tu sais qu'en suivant cette trace, tu le surprendrais sur la place. Là où peut-être il désirerait être seul, et dans ce cas là tu le laisserais.
Mais...
Tu peux pas t'en empêcher.
D'voir ce qu'il devenait, ton ancien apprenti.

Sur le haut d'une dune qu'ensemble vous gravissez, tu le trouves en contrebas.
Ton menton se lève. Ta queue, dans ton dos, exécute un mouvement de balancier.

« Bonsoir, Vanhir.
- Bonsoir, Vanhir ! »

A tes côtés, ta fille a prit même position. Pour faire comme Papa. Mais quand toi, tu poses tes yeux sur le jeune mâle, elle, c'est la petite fille de presque son âge qu'elle ne peut s'empêcher d'observer, se demandant si elle voudrait bien jouer, si elle dormait pas trop profondément...

Eh, oh, bien sûr qu'tu étais vivant, c'était quoi cette pensée !
Certes, sans cette magie rajeunissante sorti des poches d'une joueuse attachée, tu aurais été plus croulant du haut de tes quatorze ans. Au lieu de ça, tu étais resté à c'qui semblait être dix ans. Avec l'arthrose et le mal du dos matinal que ça impliquait, certes, mais mieux que si tu avais été rendu au crépuscule de ton existence.
Surtout... Tu restais disponible plus longtemps pour cette descendance engendrée, qui elle n'en était qu'à l'aube de leur vie, et que tu désirais accompagner jusqu'à leur âge adulte. Pour qu'elles soient fortes et indépendantes, pour que tu ais eu l'temps de leur offrir tout ce que tu avais à leur transmettre.
Pour qu'elles n'aient de toi que de bon souvenirs et non une présence trop brève.

On n't'enterrerait pas tout d'suite, Teddy.

Tu fais un pas vers lui, émet un bref rire face à l'exclamation de Vanhir.

« Et moi donc, c'pas ici que j'pensais te revoir gamin' ! Ca m'fait plaisir, d'voir que t'as l'air en forme. »

Que la chute du dôme n'avait pas eu raison d'lui, qu'il s'en était sorti au point de fonder une famille. En témoigne la p'tite gamine près de lui. C'était cool, vos filles avaient donc l'même âge !
Lui jeune père, toi le daron vieillissant (mais super sexy et en super forme, of course).

« Alors, tu d'viens quoi ? ...J'te présente Agathe, ma p'tite dernière. »
- Et toi c'est comment alors ? »

Curieuse de l'autre c'est approchée sa fille, remuant son arrière-train à défaut d'être en mesure de bouger sa queue, aujourd'hui faite de calcédoine et laissant briller sous la lune ses stries dessinées. Elle penche la tête vers elle, sans venir contre elle. Avec ses cornes, elle lui aurait fait mal.
C'était la deuxième fois qu'elle rencontrait une autre enfant, différente de ses sœurs. Elle espérait s'en faire une copine !
Voeu partagé par toi, histoire d'regarder les enfants joués pendant qu'vous vous retrouveriez, toi et ton premier apprenti.

« Oh. Mes condoléances, pour tes parents. J'suis content d'voir que tu as décidé d't'en sortir, et si jamais tu as un jour besoin d'aide n'oublie pas que j'serais t'jrours dispo pour toi hein. »

Tu as baissé les oreilles en arrière, un peu, étirant tes babines dans un sourire se voulant moue désolée. T'savais que c'était dur, de perdre ses parents. Tu regrettais, tous ces moments que tu n'avais pas passé avec eux, rattrapait ça en t'occupant au mieux de tes propres enfants. Ceux qui, jamais, ne pourront regretter de ne pas avoir assez profité d'toi, tant tu comptais les blinder de souvenirs.
Le dôme fut un peu comme Morne-Oeil. Une séparation familiale. Et d'son père, il devait pas avoir beaucoup profité, lui.

Tu ne laisses longtemps les mauvaises ondes t'envahir, les chasse pour te recentrer sur quelque chose de plus positif. Ce moment actuel, ces naissances survenues après les morts et qui d'une autre manière viennent égayer votre existence.
Ton regard se porte sur tes filles, puis sur Vanhir te demandant l'autorisation tacite d'les laisser s'éloigner. T'hoches la tête, et ta gosse bondit de joie. En même temps, tu lui laisser déjà le privilège de la distance, avec ses sœurs : c'pas d'vant une nouvelle copine que tu allais l'en priver, quand même, tant c'était rare que ça arrive.

« Youpiiiii ! »

Et Agathe se mit un peu à courir, entrainant avec elle l'autre louvette. Plus loin, elle s'applatit au sol, antérieurs et torse contre quand son arrière-train restait en l'air. Elle l'appelait au jeu, ni plus, ni moins... Juste avant de se redresser, la petite chipie à la bouche en o, captivée par un détail chez sa nouvelle copine et p'têtre meilleure amie (pour rendre jalouse ses soeurs qui en avaient PAS).

« Tes yeux..! On dirait trop ceux d'une sorcière, ils sont trop jolie ! Moi aussi j'ai une sœur un peu sorcière.
OH ! On pourrait jouer à faire des potions avec des algues et de l'eau de mer et des coquillages tu veux bien ?? »

Elle était vive, dynamique et imaginative. Franche, aussi. Un grand sourire vient soulever ses petites joues potelets qui te fond complètement fondre, Teddy, quand tu détaches d'elles ton attention et donne, de manière un peu taquine, un p'tit coup d'épaule à ton apprenti qui avait eu l'air bien stressé, face au départ d'sa pec.

« Un p'tit peu papa poule~ ? »

Ptit clin d’œil et sourire en coin, tu n'jugeais pas toi qui était bien mal placé.

Tu écoutes d'une oreille attentive ton apprenti, sur qui presque comme un père tu veilles. Il est entendu que tu ne chercherais à te substituer à celui-ci, car il en avait eu un et l'avait bien connu. Tu agissais... Comme un mentor, seulement. Un bon mentor, qui se soucie d'ses apprentis comme d'ses propres gosses. Et si tu pouvais lui v'nir en aide, d'une quelconque façon, eh bah... Tu s'rais ravi.
Tu émets un rire bref et clair, qui secoue tes larges épaules.

« Ça, c'est clair : c'est plus costaud qu'on n'le pense, ces p'tites bêtes. Et ça ne demande qu'à nous la montrer, leur force. »
Quand il te retourne la question, tu fis l'offusqué, pressant une patte contre ton poitrail de façon quelque peu théâtral, dans cet art de la comédie que possédait naturellement tout disciple de la Tigresse.
« Moi, papa poule ? Ah ! Mais tu en as devant toi le Roi. »

Ton regard tombe sur les deux enfants qui s'amusent. Elles ont l'air de bien s'entendre, et tu sens ton cœur battre un peu plus fort. Tu te laisses envahir par cette vague de chaleur qui part de ton estomac et réchauffe tout ton corps, étire le long de tes babines un sourire attendri.

« J'peux pas m'empêcher d'surveiller mes filles. Mais j'essaie aussi d'leur donner d'la liberté, parce que c'est comme ça qu'elles forgeront leurs propres expériences, qu'elles apprendront de leurs erreurs et qu'elles n'seront pas étouffés.
Alors Papa Poule, quand on y réfléchit bien, c'pas mal comme terme. On est là pour les couver un peu, puis on les accompagne dans leur premier envol. »

Et au lieu de les foutre en cage, on les regarde plutôt arpenter le ciel avec le cœur gonflé de fierté.
Ton sourire ne te quitte plus, Teddy...

Et Agathe, elle, ne se rend pas compte à quel point elle est couverte d'amour, à quel point elle a de la chance d'avoir deux parents aussi aimant. Elle ne pense pas à ça, ta fille. Elle préfère jouer, dans son innocence.
Et c'est bien, comme ça.
Avec Sakura, elle discute.

« Une sorcière c'est une madame qui peut faire de la magie, avec des pouvoirs mais aussi grâce à des plantes et des insectes et des grenouilles ! »

Certains auraient dit qu'une sorcière était une vieille femelle moche, comme Mona Lisa, qui jouaient des tours aux enfants. Mais Agathe n'était pas du tout de cet avis et elle trouvait ça g é n i a l.
Quant à la potion...

« Et une potion, c'est un mélange qu'on fait avec pleins de trucs et qui est magique !, enfin, elle se penche vers la louvette, la bouche en cœur cachée par ses deux pattes pour mieux lui souffler à l'oreille, Enfin c'est pas vraiment magique, mais si on croit que ça l'est ça le devient tu comprends..! »

Elle émet un petit gloussement, avant de l'inviter à la suivre. Avec l'aide d'une coquille de pétoncle, elle racle le bord de la mer, bondit parfois en arrière quand l'écume menace de lui toucher le bout des pattes.

« AH ! Attention au sel dans la mer, ça peut piquer les pattes des petites sorcières !! »

Elle lui donne un coquillage, un rapana qui trainait là. Ses yeux brilles de malice, elle est à f o n d dans le jeu.

« Tiens, avec ça tu pourras prendre de l'eau de mer sans avoir mal !! »

Puis comme ça, elles pourront aller tout mélanger dans un trou creusé dans le sable.

Combien de petits ? La question te fait sourire, Teddy. Toi, le vieux père, en âge d'être grand-père. Tu bascules un peu ta tête en arrière, laisse retomber sur ta nuque quelques mèches blanches venues se démarquer dans ta chevelure violette.

« Combien de petites, plutôt. J'n'aurais eu que des filles. »

Ça t'fait rire, un peu, de façon légère. A contrario, tu n'avais eu que des apprentis mâles ; ça compensait quelque part cette disparité, quand bien même tu ne t'en étais finalement jamais soucié. Parce que tu les aimais, toutes tes filles. Celles encore avec toi, celles parties de la maison. Celle partie pour toujours...
De ton nez, il s'échappe un long souffle.

« J'ai élevé sept p'tites gonzesses en tout, mais seules les trois dernières me sont liés par le sang. Enfin, ça n'fait pas d'différence, quand on aime. »

Un fin sourire s'étend sur tes babines. Tu étais un loup plein d'amour, d'une paternité marquée qui te faisait couvrir n'importe quel louveteau qui aurait été un peu trop délaissé par ses géniteurs. Tu aimais les gosses, étais une force tranquille sur laquelle ils pouvaient s'appuyer. Quelqu'un de stable. Un pilier, présent.
Tu lèves un antérieur, l'agite et reprend un rire, comme un reniflement.

« Allez, j'dépasserais p't'être la dizaine avant mes vieux jours~
...
Nan, plus sérieusement, j'l'aisse ça aux plus jeunes maint'nant. Ce fut toujours une belle aventure, ça l'est encore maintenant, mais c't'épuisant les gosses. »

Et t'avais passé l'âge, maintenant, tu regrettais parfois de ne pas être plus jeune pour courir après tes ptites dernières qui débordaient d'une énergie un peu trop dingue.
Place aux jeunes pères comme Vanhir, maintenant, pour repeupler Punk Wolf ! Sur tes babines, un sourire persiste, tandis que tes iris mauves ne quittent les deux petites silhouettes qui jouent près de l'eau, ramasse des coquillages et construisent tu ne sais quoi.
C'est putain de trop mignon, dans tous les cas.

Mignon, Agathe trouvait que ça l'était moins, quand on disait que la magie c'était pour les IDIOTS. HAN ! Outrage. Heureusement qu'elle ne prenait pas facilement la mouche, parce que sinon elle aurait pu être un petit peu en colère ! Au lieu de ça, elle fait juste des yeux ronds, un peu surprise qu'on lui dise ça.

« Ça a pas besoin d'être utile, ça doit juste être rigolo ! 'pis c'est pour imaginer... Pour jouer tu vois ! Même si la magie, je l'ai déjà vue en vrai, avec une carte magique, et des étoiles filantes qui viennent en plein jour !! »

Elle fait un grand sourire, ne se démonte pas Agathe. Elle avait juste pas compris, Sakura, c'était pas grave ! Et qu'importe le jugement qui suit, aussi. Elle a juste... Pas la chance d'avoir des sœurs, sans doute ? C'est ça !

« Avec mes sœurs, oui ! Mais que ça. On joue aussi aux aventurières ! ...Et toi, tu préfères jouer à quoi ? A rien du tout ?? »

C'était une v r a i question, parce que cette pensée lui était venu d'un coup en tête, la surprenant tant qu'elle en lacha son coquillage. OH, et si c'était vraiment possible ?! Trop triste.

Toi, ça t'allait très bien, de n'avoir eu que des p'tites meufs. Pire que ça. T'avais espéré n'avoir que ça, justement, et t'avais été servi. Sept, bordel, qui pouvait prétendre à plus ?! T'étais fier de ta tribu, quand bien même celle-ci se trouvait être totalement éclatée. Vous étiez des voyageurs, votre lien persistait dans le cœur.
Alors, au final, ça n'avait que peu d’importance.
Tes babines se plissent et tu sors ta langue d'entre tes clos, taquin suite aux mots de ton apprenti.

« J'compte surtout sur mes ainées pour m'rapporter des ptits enfants, adieu les risques et bonjour les bons moments sans besoin d'faire l'éducation tiens ~ »

Tu t'abstiens un peu du reste, sous peine de faire gonfler tes chevilles. Genre bien sûr, qu'il était fort, eh ! T'étais pas le grand Teddy pour rien, connu pour sa légendaire endurance et son pouvoir extraordinaire (et son égo qui formait, à lui seul, une entité à part entière tant il était balèze). Puis bon, hein, plus que de ne plus être prêt, c'est surtout qu'il aurait davantage l'âge d'être papi que papa, l'temps que ses p'tiotes quittent la maison. Et pas sûr que Leikn soit opé' pour porter de nouveau des mini-vous, c'que genre tu comprenais parfaitement. Avec ton sang, ça n'pouvait qu'être des boules d'énergies qui tapent dans l'ventre dès que l'opportunité s'présentait, à en croire ce qu'avait donné votre union, notamment avec la sacré Onyx qui putain, te ressemblait vach' niveau grande gueule énergétique (grosse fierté).

Agathe, elle...
Agathe tenait plus d'un mix. Tantôt calme, tantôt boule vive. Surtout aventureuse, au final.
Joueuse, aussi. Son regard pétille, quand elle comprend que sa nouvelle copine avait juste pas compris. Ouf ! Elle avait cru avoir à faire à un bébé qui ne jouait pas, ou qui trouvait ses jeux NULS. Et ça, ça aurait été terrible, vraiment.
Au lieu de ça, elles se trouvaient posséder des passions en commun. Et ça, c'était vraiment vraiment trop génial, au point qu'elle piailla un peu fort, Agathe.

« OH OUI CHASSER LES INSECTES ET JOUER DANS LA BOUE !
J'adore ça, moi aussi. Même qu'avec Onyx ma grande p'tite sœur, on a essayé de faire une sculpture dans la boue, mais elle s'est écroulée..! Ca a fait..s p l o t c h. »

Elle a levé ses pattes, hautes ! Juste avant de les relâcher, et de les tenir ballantes le long de son corps. Comme ça, oui, elle avait fait leur statue...

« Et tu as déjà pu attraper combien d'insectes différents ? A la savane, on a surtout des mouches et des araignées et des scorpions mais ça je sais pas si c'est un insecte. »

Elle aussi elle sourit, tortillant de l'arrière train sur le sable, creusant des sillons de sa queue cristalline.

Aah, y a des trucs que tu dis pas, Teddy. Le fait que tu pris du temps, beaucoup de temps, pour avoir telle famille. Que tu restas seul longtemps, et que souvent ça t'fit mal, la solitude. Il te fallut six ans pour rentrer dans une meute, six ans pour commencer à te faire vraiment des potes. Huit ans pour tomber amoureux. Et puis... L'équivalent de treize ans, pour avoir tes dernières filles.
Vanhir était encore jeune. Il avait de quoi prétendre à une vie plus entourée que la tienne, lui aurais-tu dis si tu avais su le cheminement de ses pensées. M'enfin, on baignait pas dans le méta ici, alors... Passons.
Ton regard glisse sur ton ancien apprenti, quand il te pose la question.
Il s'est allongé et toi tu restes assis, redresse vers les cieux baignés d'étoile un museau à l'air fier.

« P't'être. Elles sont encore jeunes. Et toi aussi, t'es encore jeune. Tout peut encore changer.
J'ai bien pris six ans, avant d'joindre une meute et d'être moins seul, t'sais. Alors, n'te morfonds pas trop, et fait toujours en sorte de changer c'qui ne te plait pas, dans ton quotidien.
Donne-toi les moyens de mener la vie que tu souhaites, c'le meilleur conseil que j'puisse te donner ! »

Tu lui fais un clin d’œil, la tête penchée dans sa direction et un sourire qui affiche tes crocs. T'as la tête de l'assurance, toi qui aura tant galéré à te trouver une place quelque part. Et maintenant... Maintenant, t'es l'plus heureux des hommes.

Plus encore quand il vient à tes oreilles le rire de ta fille.

Celle qui rit devant Sakura, contente d'apprendre qu'elle chassait t o u t ça. Ça en faisait, des choses ! Elles ont ce point commun, que de cette leçon qu'elle énonce, point sur lequel elle revient la gamine.

« Papa et Maman non plus ils veulent pas qu'on chasse les abeilles. C'est parce que ça pique la gorge, comme une épine et après B L E R G H ! On meurt. »

Elle a refermée ses pattes autour de sa gorge et fait semblant de tomber sur le dos, raide morte comme une planche en bois. Puis elle contorsionne ses postérieurs, Agathe, les envoie en avant et se redresse d'un coup.
Reprend plus calmement.

« Ou pt'être que c'est aussi parce que ça fait du miel et que le miel c'est utile. Tu en as déjà goûté ? Tu devrais venir à la maison, sur des tartines de courgette c'est trop bon ! »

Bienvenue dans le monde extraordinaire des expérimentations culinaire d'Agathe.

C'est ton esprit paternel qui se veut parler de plus en plus, Teddy. Tu fus mentor de Vanhir, pourtant voilà que tu joues un peu au daron avec lui. Est-ce que c'était mal ? T'estimes que non, et qu'au pire si ça l'faisait chier, qu'tu lui donnes des conseils, bah il aurait qu'à t'le dire. C'n'est pas comme si tu t'en serais senti vexé, toi.
T'étais bien au-dessus des réflexions qu'on aurait pu te faire, toi et ton égo correctement dimensionné.

« Bon, si tu n'sais plus quoi faire ! Permets moi d'te donner cette suggestion. J'ai croisé beaucoup de loups, vu beaucoup de mode de vie différente. Alors...
Tu peux trouver un endroit où t'installer, avec elle. Un endroit que tu trouveras sécure, tu vois ? Genre en rejoignant une meute, ou bien en créant un semblant de communauté avec des loups qui te sont proches.
T'auras qu'à y rester jusqu'à ce qu'elle atteigne sa première année, genre. Et t'autoriser ensuite à partir en voyage ?
...C'finalement c'que je fais, avec ma go et mes dernières filles.
»

Tu haussas les épaules. Bon, t'avais pas rejoins de clan, mais tu t'étais installé avec ta femelle sur ce p'tit territoire que tu défendais désormais, éloignant les prédateurs de marques laissés sur un périmètre arbitrairement définis par des arbres, prévenant par la même occasion les loups que quelqu'un logeaient là et qu'il ne serait pas forcément bien commode.
Et une fois que tes filles seraient devenus grandes, une fois qu'elle prendrait le départ de la maison pour... Allez où bon leur semblait (gasp, ton cœur allait mourir ce jour là)... Toi, tu prendrais chemin d'un nouveau voyage avec ta Licorne, dans cette surprise qu'tu comptais bien lui faire.

Avant qu'vos vieux jours vous rattrapent, et qu'il n'soit plus possible de faire grand chose, eh.
D'jà qu'tu te levais avec les articulations en vrac le matin, il te fallait profiter de tes derniers élans de fleur de l'âge avant d'virer vieux crouton.
Et de n'plus être capable de suivre, des filles avec autant d'énergie que les tiennes.

Ptit soupir, en voyant Agathe sautiller à gauche. A droite.
Ouais, t'avais définitivement plus cette forme, mon bon Teddy...

Agathe qui écoutait en bougeait les explications de la petite louve, en se demandant si la chance, ça suffirait à ce que Papa et Maman n'aient pas peur le jour où elle goberait une abeille. Parce que la chance, c'était comme voir des étoiles filantes : le soir, on espérait l'avoir, mais parfois bah on en voyait pas et..On était un peu déçu, un peu triste.
Agathe les aimait tellement, les étoiles filantes !
Mais là n'était pas le sujet.

« Les tartines, c'est comme quand tu te mets du miel sur un bobo ! Sauf que le bobo, c'est un morceau de courgette, et le miel..reste le miel !
Et une courgette c'est un légume qui pousse dans notre jardin, c'est une plante qui se mange ! Parce que Maman, et Prudence, et Onyx, et moi, on peut pas manger de viande. Enfin ! C'est pas très bon pour nous parce qu'on peut pas la tuer nous-même la viande ! C'est à cause de notre sang de Licorne...alors on mange surtout des plantes voilà !
...
Mais c'est vrai qu'on en voit pas beaucoup, des courgettes, juste dans notre jardin. »

Il fallait expliquer, parce que c'est vrai que c'était pas quelque chose de normal. Tu lui avais longtemps expliqué, Teddy, et si d'oreille tu avais eu attentive pour ta fille, t'aurais sans doute était fier et soulagé de savoir que cette leçon était bien retenue.
Au sujet du sang de Licorne, bien sûr, pas des courgettes ; bien que leur rareté sur les terres questionnaient tout autant Agathe que son sang.

Bien. T'avais fais ta BA du jour, Teddy, en répondant présent à l'appel à l'aide envoyé discrètement par ton jeune apprenti. Tétais satisfait de toi, au fond, de voir l'orage se dissiper d'la tête de ce dernier, d'lui permettre d'ouvrir les yeux sur un ciel plus clair. Ouais. C'était mieux, comme ça, t'préférais l'voir moins incertain. Il était si jeune, encore ! Fallait pas qu'il s'déprime autant maint'nant, bordel.
Ah, quelle chance, qu'il ait pu croisé la route d'un aussi bon gars qu'toi, quand même... Un sourire en coin, te donnant un air de daron satisfait (autant que si une de tes filles t'avait rapporté un A+ en revenant de l'école, si d'école vous aviez eu) vint s'étirer sur tes babines.
...
Puis tu relèves finalement le museau, prenant un air plus pensif, quand il évoque le fait de venir chez toi. Leikn allait te tuer, mais...

« Ca s'rait avec plaisir, Vanhir ! C'est quand tu veux. Nous sommes installés dans la savane. Quant à te décrire précisément l'endroit... Tu s'ras à même de le trouver, il te suffira de suivre mon odeur. T'la connais bien, hein ? Bien sûr.
Les filles voient peu d'monde, alors elles sont t'jours ravies d'voir de nouvelles têtes. Quant à ma compagne, elle est un peu plus sauvage, faudra pas lui en vouloir c't'une grande timide à l'antipode de mon caractère ! »

Caractère génial, soit dit en passant. Mais bon, on pouvait pas être tous aussi parfait que toi, et tu aimais Leikn telle qu'elle était. Sinon, c'pas à elle que t'aurait fait des gosses, c'était quelque chose qui se méritait quand même eh !
Allons allons, calmons cette introspection avant d'se faire taper par ta Licorne, au cas-où l'antenne de son front lui permettrait de capter ce qui se pensait d'elle dans son dos.

Agathe serait, elle, ravit de pouvoir montrer à Sakura de vraies courgettes. Ce qui lui permit de répondre sans mentir, en plus, même si elle ne savait encore la visite future de sa nouvelle copine dans sa maison à elle.

« Oh oui bien sûr ! Dès que tu passeras à la maison !! ...'y faudra que tu y viennes, à ma maison, hein ?
Et une licorne, bah... C'est quelqu'un qui a une corne comme celle-ci tu vois. »

Elle penche la tête en avant, lève une patte pour lui montrer plus précisément la corne qui pourfend le centre de son crâne. Toi, t'étais la seule vraie licorne de ta famille, avec ta maman. Les autres, c'étaient des minis béliers ! Même si elle restait Licorne dans le sang et dans le coeur, quand même.

« Ça fait qu'on a pas le droit de tuer même des viandes, sinon nous aussi on meurt. Mais les insectes ça va, c'est pas des viandes c'est des..insectes. »

Elle hausse les épaules et lève les pattes, coussinets tournés vers le ciel et tête penchée sur le côté dans une drôle de posture.
Bah ouais, c'était comme ça !

Ton sourire s'aggrandit, l'idée d'avoir de la visite te sied bien. Eh ! C'qu'il allait falloir faire le ménage, un peu. Et ranger la baraque. Disons que c'était pas forcément hyper clean chez moi, ni hyper ordonné. Tu aimais maintenir un peu d'ordre sans être un gros maniaque, mais avec trois tornades à la maison autant dire que tu aurais passé ta life à ranger derrière elles plutôt qu'à profiter d'elles. Fallait faire des choix, et perdre du temps à cleaner ton domicile pour qu'il soit à nouveau sans-dessus-dessous au prochain aller-retour des filles à l'extérieur ne t'enchantait que trop peu.

« Ça marche ! »

Avec affection, tu lui donnas une p'tite tape dans le dos.

« J'te dis à bientôt, alors. Portez-vous bien en attendant. »

Puisqu'il bouge tu bouges aussi. Tu n'eus même pas besoin de rappeler Agathe, parce que déjà elle te revint, ayant hocher vigoureusement la tête à en agiter ses p'tites couettes aux mots de Sakura pour la suivre jusqu'à vous.

« Oh, on s'en va déjà ! ...Bon bah à bientôt Sakura, je te rapporterais une courgette la prochaine fois !! »

Elle rit d'une façon claire, alors que d'un p'tit cou du museau tu l'incites à prendre le chemin de la maison. Allez. Vous aviez passé un bon moment, rentrerait même en retard à la maison. Il était donc temps d'y aller, vous aussi, retrouver les autres filles de la famille.
Toi, heureux d'avoir retrouvé ton premier apprenti et d'avoir pu rencontrer son enfant.
Elle, contente d'avoir pu se faire sa première copine et d'avoir pu jouer avec une autre fille que ses sœurs.

C'fut une bonne journée pour tout l'monde.
Vivement la prochaine.