Un refuge pour les Sans-Tribu [Quête refuge]

Aouh, aouh !
C'était pas comme ça, qu'ils faisaient, les gus' qu'appelaient d'autres gus' ? Genre les mecs super importants comme l'avait probablement été son daron un jour, c'qu'avait du faire Méridor pour la reconstruction des terres, aussi. Pas qu'elle se considère comme super importante, loin d'là, elle elle était juste une p'tite meuf toujours en vadrouille avec une tête pleine de projets.
C'était pour eux, qu'elle devait, cependant, se faire entendre, pour les projets.

Alors elle hurla, encore et encore, perchée sur un rocher, histoire de s'grandir un peu.
Partant du principe que son appel attirerait quelques curieux, et par ce que sa joueuse allait pas imposer aux joueurs un post vide, c'était un p'tit peu chiant, quand même, elle ne tarda pas à expliquer ce qui murissait.

- Salut à tous ! Bon, j'vais faire vite : C'est trop triste, ces habitations Lazuli toutes vides, plus personne en fait rien ! Et si on en faisait un refuge pour les Sans-Tribu comme nous ? Pour ceux qui ont b'soin d'un endroit ou se reposer provisoirement, ou pour ceux qu'en ont leur claque de rester seuls mais qui veulent pas non plus de supérieur hiérarchique.

Elle inspira, pour se remettre à parler.

- On pourrait faire un grand jardin à coté, avec de la nourriture comme des légumes, du miel, des poules pour les oeufs... Et des plantes aromatiques pour les soins, aussi ! J'ai d'ja parlé au Patron Nakhu, y'a moyen d'récupérer des plants ! De ça, j'm'en occuperai.

Un large sourire fendit son visage.

- Alors, quelqu'un d'partant pour filer un coup de patte ?

Aouh. Aouh.
Prudence porte son regard vers la direction du cri. Bon sang, y’avait qu’un membre de ta famille pour se montrer aussi peu discret… Encore heureux, c’était comme ça que vous vous distinguiez. Un sourire étire les babines de la disciple rose, alors qu’elle se redresse, laissant le temps à Peter de s’installer à son cou. Le reptile était plus que flemmard quand même…
Sans surprise, c’est Onyx qui se tient sur un rocher (pour compenser ses centimètres en moins). La solitaire vint s’installer, pour écouter le discours de la frangine. Un refuge. Hum… Bien avant leur naissance déjà, les Lazulis avaient éclatés, pour ne laissé que deux meutes sur les continents. Les Etelkrus qui semblaient s’accaparer une partie du pouvoir et les Nakhus. Et ils y avait eux. Ceux qui n’appartenaient à aucun de ces meutes, ceux qui voulaient resté libre mais se retrouvaient isolés.
Solitaires.
À la mention d’un jardin, Prudy penche légèrement la tête sur le côté. Ce serait bien. Plutôt que de piquer chez les voisins (même si bon le temps consacré au désherbage et à l’entretien compensait).

« — Toujours partante pour ce genre d’aventure. »

Même si c’est ma grande soeur adorée qui m’a caché son obtention de glowstick qui le propose.

« — Il faudra mettre en place un système d’irrigation pour alimenter continuellement le jardin… De sorte que même si certains viendraient à s’absenter, les plantes ne meurent pas. »

C’était fragile les plantes.
Et demandait pas mal d’entretien.

« — Je suis convaincue qu’on peut rendre cet endroit vraiment chouette. »

Un p’tit nid douillet où il ferait bon vivre. Ouais, ça la bottait carrément Prudence.

Cela ravivait des souvenirs, de passer ici. Un endroit qu’ils avaient habité jadis. Ce qui fut leur foyer. Leur ancien antre devait toujours porter les traces de crocs de Méluciole, ainsi que les gribouillis de Nugget. C’était chose agréable de repasser ici, aux côtés de Teddy.
L’était plus tout jeune ton Bélier quand même, avec ses longues cornes, ses cheveux blancs et son pelage un peu délavé. Mais ça restait ton Bélier. Ton sale gamin de compagnon.
Au cri, pas même de la surprise. Leikn les avait trop entendu crier toutes les trois pour pouvoir les reconnaître.

« — C’tte gosse seulement ? J’tiens à te rappeler que les trois sont des pipelettes, pas pour rien que ce sont tes filles. »

Elle lui rendit un coup de museau affectueux au Bélier, les yeux brillant de malice. De vrais moulins à paroles. Tiens d’ailleurs, y’avait déjà Prudy (devenue disciple de la Tigresse entre temps comme le temps passait vite) et un autre cornu. En voyant Teddy jouer des coudes, la disciple d’Ao lève les yeux au ciel, toujours autant amusé par ses pitreries (quand bien même elle se retint de commenter pour ne pas l’encourager dans ses bêtises).
Déjà il parle système d’irrigation avec Prudence.
Quand parvint une autre odeur. Enfin les chuchotements, qu’elle ne connaissait que trop bien. Les voix de ses filles qu’elle entendait via son pouvoir, Leikn avait vite appris à les reconnaître, alors même qu’elles étaient encore en son ventre. La tête se tourne, quand l’expression trahit son bonheur.

« — Agathe ! »

Leikn laisse Teddy entre les pattes de Prudy (priant quand même pour qu’à eux d’eux ils ne fassent pas trop de bêtises) et s’approche de sa grandeeeeeee fille.
P’tite pichenette sur la truffe, alors qu’elle passe une patte derrière le cou d’Agathe pour l’étreindre, lui chuchotant à l’oreille :

« — Tu m’as manqué ma grande. »

Elles lui manquait toutes, dès qu’elles quittaient la maison après une visite, mais les retenir serait les empêcher de grandir.
Et comme leur père, elles avaient soif d’aventures.
Leikn libéra sa fille pour l’observer avec amusement.

« — T’aideras bien ta vieille maman à construire un abri pour les poules, hein ? À deux Licornes et un troisième co-équipier on arrivera bien à quelque chose, tu crois pas ? »

Bon, Leikn n’en doutait pas une seconde ceci-dit.

Puis voilà un cornu qui se pointe. Prudence penche la tête sur le côté à ses mots étrangers, ah y’en a un qui allait avoir besoin d’un p’tit récap.
Courage Onyx.
Puis y’a les darons qui viennent aussi, le paternel se lance lui aussi dans des idées concernant l’irrigation et vient même proposés qu’ils fassent équipe. Tss, fallait pas lui demander deux fois à la Licorne.

« — Oui et pour rendre cela plus efficace, l’on pourrait également utiliser la technique du paillage, cela gardera les plantes hydratées ! »

Un léger coup de coude dans les côtes du daron, alors que l’expression de Prudy se fait taquine.

« — Avec nos deux cerveaux ? On va tout déchirer ! »

Y’a Agathe aussi ! Prudence était si heureuse de la revoir, jappe à son intention. C’était tellement cool que toute la famille soit réunie pour ce projet si cool !

Il avait entendu le hurlement Carcajou.
Il ne le connaissait pas et la curiosité pris rapidement le dessus, après tout c'était peut-être une personne qui avait besoin d'aide ? Où alors par ennuis ne savait que faire à par hurler ? Quoique ce n'était pas très malin de faire ça il y avait des dangers partout, et hurler à la mort comme ça pouvait interpeller des prédateurs dangereux ou loups mal intentionné.

Enfin, il suit la voix qui continuait toujours à se faire entendre quand le paysage lui changeait de plus en plus. D'un endroit lumineux et empli de vie, un endroit presque mort et lugubre qui ferait pâlir n'importe qui. Le loup des montagnes ignorait ce qui c'était passer ici mais aurait le loisir de posé la question plus tard à un des loups qui se trouvent dans cette petite assemblé de fortune. Carcajou ne connais personne mais loin de le mettre mal à l'aise alors il s'assoit à une distance raisonnable, donc ni trop loin ni trop éloigné. Il écoute ce que disait cette louve à corne...tient ? Il se souvint de ce que lui avait dit Fenna, une louve licorne...était-ce d'elle qu'elle parlait ? Peut-être.

Les voix se font entendre par mont et par vaux. Système d'irrigation ici, plantation par là-bas...
De ce qu'il avait compris il était question de faire un refuge pour ceux n'ayant nul part d'autres où aller. Mais le principe de voyager n'était-il pas de dormir là ou l'ont voulait ? Il se trompait peut-être sur le terme du mot Voyage.

«_ Je peux aider pour la plantation. Je sais labourer la terre correctement pour que les plantes poussent bien.» Sa voix s'élève elle aussi. Il avait l'habitude du travail dur et puis si il pouvait aider pour ce petit refuge pourquoi pas. «_  On peut peut-être aussi consolider l'intérieur des grottes pour ne pas qu'elles s'effondrent si il y a un tremblement de terre par exemple.»

Parce qu'on était jamais à l'abri du danger. Alors toute les précautions étaient bonnes à prendre.

Joaquín était ici, lui aussi.

Ayant entendu l'appel comme tant d'autres alors qu'il se reposait à l'ombre d'une falaise de la Passe Ventue, il avait pris la route des anciennes terres Lazuli. Par curiosité certes, mais aussi par sécurité : si quelque chose se passait sur des terres solitaires, qui plus est à proximité de l'endroit où il avait élu domicile, il était bon qu'il soit au courant. Pour éviter les mauvaises surprises, et s'assurer que des meutards ne tentent pas de s'accaparer plus de terres qu'ils ne l'avaient déjà fait.

Il avait trouvé là un petit attroupement de solitaires, pour certains des visages connus, et était demeuré dans l'ombre, sans particulièrement chercher à se cacher mais sans trop s'avancer non plus. Écoutant avec attention l'amorce d'un plan pour rendre cet endroit plus vivable.
Son nez se fronça.
Etait-ce là l'ébauche d'une nouvelle meute qui ne se savait pas ? Ou un réel projet ZADiste dont le résultat aurait vraiment pu être une bonne chose ?

Joaquín observait pensivement la foule, oscillant entre des émotions contraires. Il y avait cette part de lui, tannée par de longues années de solitude, un passé compliqué et un nombre certain de rencontres peu agréables, qui lui criait de ne pas s'en mêler et de retourner vivre sa vie dans le canyon d'à côté.
Et il y avait le reste.
Le vide intérieur et l'ennui terrifiant qui le consumaient depuis des mois, le plongeant dans une torpeur dont il ne savait comment s'extraire. Le souvenir des nuits au coin du feu passées avec ses confrères, de la camaraderie d'une bande, des joutes et des chamailleries. D'une vie sociale sur laquelle il avait tiré un trait en quittant son pays. Une vague chaleur dans sa poitrine.
Evidemment, c'est ce reste qui l'emporta.

Après une profonde inspiration, et une dernière seconde d'hésitation, Joaquín décida de ne pas se cantonner à l'habituel rôle de connard caché dans un coin qui écoute mais ne participe pas dans lequel il se complaisait d'habitude, et finit par s'avancer.

— Je peux aider à construire. Ou protéger, ou traquer. Ou distiller alcool.

Ses compétences versaient clairement plus dans le domaine du combat et de la chasse, mais il avait aidé de nombreuses fois — du mieux qu'il pouvait – au bar familial, notamment lorsqu'il avait été question de réparer la charpente ou de la consolider. Ce n'était clairement pas son domaine de prédilection ni là son activité préféré — il avait largement préféré tenir le bar, même si on ne lui en avait que très rarement laissé la possibilité, dans les cas d'extrême nécessité car avec sa sale gueule de noiraud il allait faire fuir les clients – mais il se savait capable.

La Licorne était si heureuse de passer du temps avec sa fille, celle qu’elle voyait moins souvent, mais que pourtant, elle aimait tout autant que les autres. Aussi, quand le sourire d’Agathe disparaît progressivement, Leikn se retrouve face à un refus.
Pas de poulailler, car c’était contre ses convictions.

« — Agathe… »

Un murmure.
Au fond la tâche importait peu, ce qui comptait le plus, c’était passer du temps ensemble… mais peut-être n’étais-ce pas ce que voulait Agathe. Peut-être étais-ce une moyen de refuser sans blesser ouvertement Leikn. La Licorne se mordille la babine, se forçant à sourire pour ne pas faire culpabiliser sa fille. La laissant ainsi s’occuper de ce qui l’intéressait davantage.
Ce n’était pas grave. Ou peut-être que si. Mais si c’était comme ça qu’Agathe préférait que soit les choses… Leikn ne voulait pas la forcer.

Perdue dans ses pensées, elle ne prête pas vraiment attention qui arrivent entre temps. Des loups qu’elle ne connaissait pas, avec lesquels elle ne devrait pas avoir de contact.
Pour ne pas entendre leurs murmures.
Pour ne pas partir en poussières.

Puis vint un étranger, qui parle alcool. Longtemps médecin, ici, mais également en son monde d’origine, Leikn redressa la tête. Ce serait quelque chose d’utile.

« — L’alcool serait aussi un bon désinfectant. Je veux bien t’aider. »

Ne serais-ce que pour assurer aux visiteurs du refuges un moyen d’éviter que leurs plaies ne s’infectent en l’absence d’un panseur.

Woah !
Si elle s'était attendue à ce que son appel ramène autant de monde et que, mieux encore, ils soient motivés par ce projet. Ca lui allait droit au cœur, bien sûr. Avec toutes ces pattes, le refuge serait vite bâti : Adieu, gouffre aux rapaces tout vide et triste, bonjour lieu plein de vie !
Elle sourit. Y'avait toute sa mifa et elle était tellement heureuse de tous les voir, là : Ses frangines, son daron, sa mère. Quelques autres visages connus, aussi, et des inconnus.

C'était vraiment trop bien.

Onyx descendit de son promontoire, puisque le but était juste de se faire entendre : Pas d'jouer plus longtemps les petites cheffes. Elle vint vers Fenouil, adressa un clin d'oeil à son père qui, déjà, s'emballait.

- Roh Fenouil, c'pas très sympa de parler comme ça de ma Déesse. Y'a sûrement un malentendu ! Dis, tu nous aiderais ? Tu pourrais faire un poulailler, attraper des poules ou consolider la grotte ? On veut faire de cet endroit un lieu où on pourra dormir en sécurité, et trouver à manger et de quoi se soigner !

Bon, elle le voyait pas trop construire le poulailler, fallait avouer. Mais on savait jamais !
Autour d'elle, des binômes se formèrent. Elle, posa ses yeux de chat sur le mâle gris aux marquages de toile d'araignée.

- Salut ! Tu construirais une ruche avec moi ?

D'autres loups qui prennent part à la petite réunion quand d'autres prennent parole. Doucement des groupes se formaient et il n'attendra pas longtemps avant de trouver celle qui l'aidera. Une louve faisant la même taille que lui s'était assise, posant ces pattes sur ses épaules fortes lui demandant si c'était bon pour qu'elle l'aide à labourer.
Les yeux d'or rose se pose sur la brune.

«_ Bien sûr.»

Le ton est neutre un peu, mais le petit sourire qui se peint sur le visage montrait qu'il était content, quand l'énorme queue en flamme elle se déplace avec aisance sur le sol.

«_ Nous commencerons demain aux premières lueur du soleil. Rendez-vous ici Mademoiselle.»

Il se lève donc pivotant sur lui même, d'un hochement de tête en signe de salutation il quitta l'assemblé slalomant entre les corps pour ne devenir qu'un point blanc dans le paysage sombre.

Oooh, trop bien, il voulait bien aider, Fenouil !!
C'était vrai qu'il avait l'air fort, et qu'il serait sûrement super utile pour tout c'chantier. Onyx n'eut pas à réfléchir bien longtemps, pour trouver une idée de ce qu'elle pourrait lui proposer qui irait avec ce qu'il souhaitait faire.

- Alors, tu pourrais retourner la terre avec ma sœur, Agathe, qu'est juste là bas, et l'gros loup dont j'connais pas le nom ? Ou alors, couper et ramener du bois ? On en aura besoin pour pas mal de trucs, de toutes manières.

Genre pour les petites constructions, pour la consolidation, ou même si ils voulaient faire une p'tite réserve de bois pour le feu. Pour faire cuire de la bouffe ou pour se réchauffer lorsqu'il faisait froid, c'était toujours sympa.
A lui de choisir, donc.

Ça s’annonçait déjà intéressant avec ce partenaire de fortune. S’attendait à quoi ? À ce que la Licorne accepte de fabriquer de l’alcool pour que toute ses jeunesse (ses trois filles y compris quand même) en profitent ? Sûr que Leikn préférait voir l’aspect médical de la chose.
Parlait une autre langue, mêlant le langage courant avec ce dialecte inconnu.

« — On va trouver un moyen de s’arranger. »

Ça aussi, ça sonne comme une menace.
C’était pas à ses dix ans passés que Leikn elle allait se faire. Encore moins pour une question d’alcool.

« — Comment on procède alors, tu préfères qu’on se retrouve demain ? Ou t’es pas trop fatigué pour qu’on commence maintenant ? »

Vraiment… ça allait être intéressant c’tte fabrique…

Voilà que mémé montrait les dents.

Les babines de Joaquín frémirent d'agacement, et le regard qu'il portait sur la femelle se durcit. Elle allait le faire chier. Il le voyait venir gros comme le tigre à dents de sabre de la dernière fois dans un terrier : elle allait le faire chier.
Les muscles de sa mâchoire inférieure se tendirent tandis qu'il la faisait légèrement jouer à droite et à gauche, ruminant probablement une répartie acerbe qui aurait largement outrepassé les limites de la décence au vu de celle qui en aurait été la destinataire. Même pour lui.
Il se passa lentement la langue sur les crocs, ses griffes fouillèrent distraitement la poussière, cherchant un point d'ancrage, une distraction, quelque chose pour détourner la tension qui s'accumulait. Elle allait le faire chier et il allait regretter.

Sa poitrine se gonfla soudainement et il expira sèchement avant de répondre :

— On peut commencer maintenant.

Elle allait le faire chier mais il les connaissait, les matriarches autoritaires. Elles étaient le socle même sur lequel était bâtie l'entité familiale, chez lui. Et la famille, c'était au centre de tout. Donc le sujet, il maîtrisait très bien.
En sa qualité, qui plus est, de seul mâle de sa portée.
Il espérait juste savoir faire preuve d'au moins à moitié autant de patience avec une sombre inconnue affublée d'une corne ridicule au milieu de la face qu'avec celles qui partageaient son sang. Et ses valeurs. A peu près.

— Je te suis, conclut-il sombrement, et attendit qu'elle fasse le premier pas.