Bâtir son foyer - Helga

La vie suivait son cours.
Il aurait été mentor d'affirmer qu'Holly ne s'était pas mise une certaine pression : Elle se faisait vigilante, guettant avec impatience les premiers signes d'une grossesse tant désiré.
Ce n'était pas la première fois, qu'elle s'offrait à un mâle -le premier ayant été Méridor- pendant ses chaleurs, et, la première fois, elle était restée vide, hélas. La louve bleue avait donc prié pour que ce ne soit pas le cas, cette fois, et que rien ne vienne l'empêcher de porter des enfants.
Son corps n'avait pas le droit d'être stérile, elle le lui interdisait.

Ces derniers temps, elle avait été un peu malade. C'était peut-être juste une coïncidence et peut-être qu'elle connaitrait un sacré ascenseur émotionnel... Mais elle voulait y croire, à ce signe là. Et aux autres, aussi.
Elle voulait tellement d'autres enfants.

Alors, pour cette fois, par ce qu'elle souhaitait être seule, elle avait laissé Nirvana à Perrine -Elle ne serait pas longue, de toutes manières- et était partie voir une autre panseuse, moins débordée par une armée de gosses.
Elle ne tarda pas à l'apercevoir et son coeur loupa un battement.

- Bonjour, Helga !

Elle se rapprocha de la brune.

- Tu vas peut-être pouvoir m'aider... J'aimerais savoir, si je suis gestante.

Ca, au moins, c'était dit.

Helga

Elle rentrait dans la tanière des guérisseurs. Elle était de garde, aujourd’hui, et elle était allée voir Rafale, qui se remettait de sa blessure à l’aile. C’était sympa de sortir de la tanière des panseurs un peu de temps en temps, lors des jours de garde. Ce devenait très épuisant de rester toujours dans le même espace, après plusieurs heures ! Elle avait pris une grosse partie des gardes de Perrine, lorsqu’elles avaient été redistribués alors elle était souvent occupée. Cela lui permettait aussi d’avoir des excuses pour pas visiter son amie de toujours trop souvent. Non seulement la tristesse de ne pas avoir de petits à elle lui mordait le ventre, lorsqu’elle la voyait, mais la réalisation que Perrine était hors de sa portée maintenant la mettait d’humeur maussade, même si maintenant, elle s’en était un peu remise.

Mais une voix l’appela, et elle tourna la tête avec un sourire, reconnaissant le ton avant de voir la personne en question ; C’était Holly, une des Alpha. Depuis qu’elles étaient allés, avec les jeunes guerrières, se battre contre des monstres, elles ne s’étaient pas beaucoup reparlés.
Elle paraissait pleine d’une énergie latente, comme si lui parler alors ouvrir les cieux, alors Helga la regarda approcher, un peu surprise, avant qu’elle lui explique immédiatement la raison de sa venue. Au moins avec elle, il ne fallait pas passer par 4 chemins pour comprendre ses problèmes médicaux !
« Bien sur, rentre ! » lui proposa-elle, en souriant et en désignant l’entrée de la tanière des panseurs.

Il n’y avait personne, à cette heure-là, alors elle lui montra une couche en paille.
« Est-ce que tu veux bien t’allonger là, sur le côté, pour que je puisse t’examiner, s’il te plait ? » demanda-elle, avant de se laver les pattes avant dans le l’eau. Elle ne voudrait pas salir Holly avec la terre sur ses coussinets.

« De quand est-ce que ça date ? » demanda-elle, calme, en tissant autour d’elles d’un environnement calme, aidée par le silence de la tanière, les odeurs d’herbes fraîches et séchés. Elle se demandait souvent comment rendre plus rassurant cet espace, quand il s’agissait de confessions qui pouvaient être personnelles.

« Est-ce que tu as remarqué des changements récemment, ou des maux qui sont apparus depuis ? »
Elle commença à lui appuyer sur le ventre avec ses pattes, très doucement au début, pour la rassurer, puis un peu plus fort, pour essayer de sentir quelque indice.

La louve bleue hocha la tête et pris place à l'endroit indiqué par la panseuse.

- D'une lune... à peu près.

D'une lune, exactement. Elle avait compté les jours, scrupuleusement.

- J'ai quelques nausées de temps à autre, mais rien de plus... Un appétit plus présent, aussi, peut-être.

Et les nausées pouvaient être causées par bien des choses : Ce n'était pas comme si elle avait subi une gastro carabinée, quelques mois plus tôt.
Là, c'était, tout de même, bien plus tranquille, mais toujours pas suffisant pour qu'elle n'ose en tirer des conclusions hâtives. C'était pour cela, d'ailleurs, qu'elle préférait se rendre voir une panseuse, si elle pouvait sentir, via ses palpation, d'éventuels louveteaux.
S'il vous plait, Dairo, offrez moi ce bonheur là.

Son regard se posa sur Helga, inquiet, et elle attendit le verdict de la louve brune. Ou d'autres questions, si elle en avait.

Helga

Elle recherchait calmement avec ses pattes une forme agrandie qui prouverait que la louve bleue avait bien de petiots dans le ventre. Elle sentait des choses, c’était sûr, et cela lui paraissait bien parti, mais il valait mieux récupérer toutes les informations.
« Tes nausées, c’est plutôt le matin ou le soir ? » demanda-elle en palpant le ventre de la bleue.

Le matin, c’était très caractéristique de la louve enceinte, le soir beaucoup moins.
« Je vais écouter dans ton ventre pour voir si j’entends des bruits » lui indiqua-elle ensuite, avant de poser son oreille sur le flanc de la louve et d’écouter avec concentration.

Elle entendait les gargouillis normal d'un ventre rempli d'intestins, mais aussi... mais aussi ...

- Le matin.

Elle hocha la tête, pour ce qui allait suivre, n'osant pas parler de peur de cacher un son, quelque chose qui pourrait brouiller les pistes. Si ce n'était son propre cœur battant.
Son regard se fit interrogateur et plein d'espoir.
Alors ?

Helga

Elle redressa la tête, et avant qu’elle n’annonce quoi que ce soit, un radiant sourire trahissait déjà le verdict.
« Tu es bien gestante ! Deux petits au moins, on entend déjà leurs petits cœurs ! »

Son sourire s’agrandit encore, ses yeux vairons brillant. L’annonce était surement celle espérée, le regard curieux de la bleue ne pouvait faire douter ce qu’elle espérait. Annoncer une nouvelle comme ça remplissait le cœur de Helga de joie et de bonheur, et ancrait en elle sa joie d’avoir ce travail : Quoi de plus beau qu’annoncer le tant-espéré ?
« Toutes mes félicitations ! »

L'examen lui avait semblé être interminable et elle était restée, durant tout ce temps, aux aguets de chaque changement d'expression de la part de la louve brune.
Alors, quand elle releva vers elle ce sourire radieux, il ne fallut pas longtemps à Holly pour comprendre ce qu'il en était. Tout aussi vite, son regard se remplit de larmes qu'elle essuya, maladroitement, du revers de la patte.
Ils étaient deux ! Au moins !

Enfin, après toutes ces années passées à en chier, après tous ces abandons, ces choses auxquelles elle avait du renoncer par amour, ces deuils à faire, après tout ça... Elle allait enfin être maman, par les Dieux, enfin !
Ca avait presque quelque chose d'irréel. Pouvait-elle vraiment y croire ? Est-ce que quelque chose n'allait pas venir lui voler ce bonheur là ?

Il lui faudrait prendre soin d'eux, et tout irait bien. Elle se le promit, le leur promit, la mâchoire tremblante et les joues mouilles par les larmes.
Pour peu, elle en aurait enlacé sa panseuse... Mais s'abstint de cette familiarité.

- Merci, Helga.

Elle rit, tout en continuant de s'essuyer les yeux.

- J'ai hâte de faire leur connaissance, maintenant. Il va falloir que je réfléchisse à des prénoms pour eux.

Pour cela, il lui restait un peu de temps, pas tant, ceci dit. Voilà qui l'occuperait bien.

Helga

Elle souriait aussi, et dès que la louve bleue commença à pleurer, elle aussi, eut les yeux humides. Ah, les larmes ! Elle n’y résistait jamais longtemps !
Elle aurait aussi voulu faire un câlin à Holly, tellement elle était heureuse pour elle - et elle fit sans doute un mouvement qui le trahit – mais elle ne se connaissaient pas si bien que ça, et elle ne voulait surement pas la mettre mal à l’aise.

Elle vint s’asseoir à côté d’elle en essuyant ses yeux et posa une patte sur son épaule pour lui parler.

« Je suis certaine que tu trouveras ceux qui leur iront parfaitement ! »

Elle enchaina sur d’autres sujets :
« Mange bien, autant que tu en as envie, et continue à t’exercer un peu. Je te conseillerai d’éviter les entraînements ou batailles trop vigoureuses à partir de maintenant -il ne faudrait pas aller taper de nouveau sur les monstres de l’Ile Abysse haha !- mais marcher tous le jours serait une bonne idée. N’oublie pas de boire souvent de l’eau, et ne touche pas aux aliments fermentés ! »
Elle se redressa et lui proposa une patte pour l’aider à se lever. Elle n’avait pas encore le ventre qui avait beaucoup gonflé, mais c’était une marque de politesse.

« Si jamais tu as une question, une hésitation, ou si tu t’inquiètes, n’hésite pas à venir me voir, même si je ne suis pas de garde ! » lui dit-elle, avec un grand sourire.
Elle était heureuse pour elle, elle espérait elle aussi, un jour, avoir cette joie de se savoir enceinte. Elle se demandait qui était l’autre parent, Méridor peut être ? Mais si il ou elle n’était pas venu, ce n’était pas son rôle de s’en enquérir.

Holly hocha la tête, un grand sourire sur les lèvres et des larmes de bonheur qui continuaient de rouler sur ses joues.
Elle écouta les instructions de la panseuse, bien décidée à les respecter du mieux possible pour ne pas mettre en danger ces vies qu'elle portait et qu'elle attendait depuis si longtemps. Il n'y aura pas de bataille, ni d'entrainement durant cette grossesse, pas d'aliments fermentés non plus, quand bien même Holly ignorait ce qu'était un aliment fermenté, puisqu'elle ne mangeait que de la viande, en bonne carnivore.

- D'accord, c'est noté !

Elle s'autorisa un instant pour se remettre, un peu, de ses émotions.

- Merci encore, Helga ! Je n'hésiterai pas !

Elles seraient probablement amenées à se croiser à plusieurs reprises : Par ce qu'elles étaient de la même meute mais aussi par ce qu'Helga semblait s'y connaître, peut-être plus que les autres panseurs, en suivi de gestation. Ce serait donc à elle que l'Alpha bleue se remettrait, pour vérifier que tout irait bien et pouvoir vivre, sereinement, cette aventure incroyable.

- Je ne t'embête pas plus longtemps. A bientôt.

Un dernier sourire, et la louve s'éloigna.

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