L’imprévisible - Alexandrine

Les enfants s’occupaient seuls et elle n’avait plus rien à faire en tant qu’Alpha, ni en tant qu’Epée.
Alors Holly avait pris la décision de se trouver un rocher exposé au soleil pour s’y étendre et profiter de sa chaleur.
Un peu de repos, ça faisait du bien, aussi.

Les yeux mi-clos, elle ne surprit pas immédiatement la présence de la louve ailée.
Et lorsqu’elle le fit… Ce ne fut que quelques insignifiantes secondes avant que l’eau, versée, ne vienne tremper son visage. Holly se redressa subitement.
Son regard se posa sur Alexandrine et elle déclara, on ne peut plus sérieuse.

- Ce crime odieux ne demeureras pas impuni.

… on ne peut plus sérieuse, on disait.

Il ne lui manquait plus qu’à trouver comment.
En attendant, elle s’approcha, doucement et, lorsqu’elle se sentit prête… Bondit sur elle pour tenter de la chatouiller.
Elle ne pouvait pas faire grand chose d’autre, de toutes manières, n’ayant pas mis en œuvre tous les moyens d’Alexandrine et sa bassine.

Et comme souvent, elle fut prise à son propre jeu.
Son corps se cambra vers l’arrière, sa gueule s’ouvrit et elle rit, tout en tentant, comme elle pouvait, de la repousser.

- Nooooon pitié !

Elle rit de plus belle, jusqu’à se calmer.
Il n’y avait pas moyen pour elle de lutter.

- Quel rôle élogieux que celui d’un dimetrodon mort.

Mais, plus que cela…
Elle était si proche.

Holly tenta de la repousser, sans trop de convictions…

Il y eut une patte qui resta en suspens, juste au dessus de l’épaule de la louve dragon et un regard qui se floute.
Ce ne serait qu’un instant éphémère alors qu’Alexandrine leur rappelait la réalité, juste en se levant.

Rien ne sera plus jamais comme avant.
Ses paroles firent sortir Holly de sa torpeur.

- Oui. Et toi ?

Une conversation on ne peut plus banale… Et pourtant, elle soutenait son regard.

Elle haussa les épaules.

- Ca va. C’est parfois un peu compliqué, de gérer les disputes, j’essaye de les laisser se débrouiller entre eux…**

Elle sourit.

- Mais je les adore, quand même.

Elle fronça les sourcils.

- Est ce que tu m’en veux encore ?

Elle gesticula.

- Pour tout.

Elle hocha la tête et ferma les yeux.

- Je suis triste, que ça se soit passé comme ça.

Cette difficulté à communiquer qu’elles avaient eu, l’éloignement, les projets différents… Mais surtout le manque de communication.
Holly savait, qu’elle n’aurait pas pu renoncer à son envie d’enfants sans être malheureuse : Ca l’avait bouffée, durant des années et elle avait eu peur, lorsqu’elle s’était vue vieillir.

- Et que les choses soient comme ça, maintenant.

- Non, je ne regrette pas. J’ai toujours voulu être mère.

Ce n’était pas quelque chose qu’elle pourrait lui cacher, de toutes manières et.. et elle ne voulait plus rien lui cacher.
Son regard, dans celui d’Alexandrine, ne se détourna pas.

- Je comprend, que tu n’aies plus confiance en moi. Je sais que j’ai mal agi. Je m’en suis voulu, beaucoup et ne me le pardonne pas non plus, aujourd’hui encore.

Elle souffla.

- Je sais que rien ne peut être parfait, est-ce que je t’ai déjà demandé quelque chose de parfait ? Est-ce que tu ne penses pas que je serais partie bien plus tôt, si je voulais que les choses soient parfaites ?

Elle hocha la tête.

- J’ai eu mes enfants. C’était tout ce qui me tenait réellement à coeur. Maintenant, le reste…

Elle n’en voulait pas d’autres, d’enfants. Les choses étaient bien comme elles étaient, à ce niveau là.
Elle se rapprocha.

- Toi.

Ça avait le mérite d’être clair.

Elle secoua la tête.
Est- ce qu’elle avait vraiment besoin de lui faire un dessin ? Ses oreilles se couchèrent sur l’arrière de son crâne, mais Holly resta droite, sure d’elle (pour une fois), et déterminée.
Dans son regard de glace, brulait une flamme bien réelle.

- Non. Je te veux toi, comme tu es. Je ne te demande pas d’être à ma botte, ou quoi. Je ne peux pas t’emprisonner, je le sais et je ne le veux pas.

Elle inspira.
Aboya.
Emprunta, en partie, un peu du vocabulaire fleuri de la louve dragon.

- Je t’aime. Je t’aime de tout mon putain de coeur. Et quoi tu fasses, quoi qu’il se passe, rien ne peut changer ça.