La liberté, c'est de ne plus réfléchir et d'y aller droit devant | LIBRE

Le vent chaud caressait chaque plume des six ailes de Séraphin, panseur des Etelkrus. Le loup s'était octroyé un petit temps de repos, ou du moins, de prendre l'air, loin de sa terre natale et de découvrir les étendues sauvages qui entouraient son territoire. C'était un de ces moments de liberté qu'il appréciait prendre, afin de réfléchir sur lui-même, de se détacher de tout lien avec les siens. À vrai dire, il profitait plus de l'instant présent, de se sentir libre de tout travail, de toute personne.

Ces terres sont plutôt arides, chaudes et seul un vent soufflait au-dessus du grand canyon. La végétation n'était que de piquants et de bois sec, pas un seul arbre dont le feuillage offrait un peu d'ombre fraîche. Mais c'était ça aussi, la liberté, c'était de découvrir des terres qui peuvent être hostiles, sans personne aux alentours. Oublions simplement l'image d'une île tropicale dont l'eau est si claire qu'on y voit les poissons, et quelques dauphins. Oublions ces instants dans des terres de rêves où la vie s'éparpille de mille et une couleurs. La liberté, c'est aussi des endroits où le soleil ne se lève pas, où les arbres sont si sombres qu'on n'ose y pénétrer. La liberté, pour Séraphin, c'était un endroit où il n'y a pas de loi, là où on peut se découvrir et apprendre de nouvelles choses, seul.

Il volait, le loup aux trois paires d'ailes, il aimait sentir l'air chaud entre chacune de ses plumes. Ne pas savoir où aller, se laisser porter par le vent, tout ça faisait parti de la liberté puisque c'était ces souffles qui l'avaient guider jusqu'ici. Ainsi était le destin, ainsi était la liberté de ne pas penser, de laisser le futur faire.

Séraphin s'amusait même à replier ses ailes sur lui-même, pour glisser jusque dans les ravins, pour reprendre alors l'ascension du vent qui remontait dans le canyon. Et les yeux bleus du loup pétillaient, à chaque fois qu'il voyait un petit animal se faufiler dans les buissons arides, appeuré de le voir tel un aigle chassant sa proie. Pourtant, il n'était pas là pour chasser, le panseur, il voulait juste profiter de ces moments là, loin de chez lui.

Puis, finalement, le loup se posa à l'ombre, dans le gouffre et releva la tête vers le ciel. Sans ses ailes, Séraphin avait l'impression d'être prisonnier, enchaîné à la terre. Comment ses compères terrestres pouvaient-ils supporter de garder leurs pattes sur le sol terreux ? Ah, il soupira un long moment, un petit air triste sur le visage. Séraphin voulait vraiment montrer à ses camarades qui ne possédaient pas d'ailes, de voir ce que cela faisait, de voler. Parmi toutes les libertés, celle-ci était bien la meilleure. La gravité n'existe plus, seul le vent qui nous mène, la crinière volant dans les airs, sentir le soleil caresser le dos, il n'y avait rien de plus sensasionnelle.

Décidement, Séraphin enviait les oiseaux, ceux qui se laissaient guider le vent et ne sont rattachés à aucun clan. Ils volent juste, et ne s'arrêtent uniquement lorsque la mort les gagnent. Peut-être pourrait-il le faire, lui aussi ? Se détacher de sa meute, de partir à l'aventure, d'être libre de faire tout ce qui lui plait, sans en subir les conséquences ? Pourtant, au fond du coeur du panseur, il savait que jamais il ne pourrait quitter les siens. Il est né etelkru et veut mourir etelkru. Après tout, Séraphin les aime, chacun de ces membres... Holly, Sakura, Litchi... Tout ces loups étaient sa famille, même s'il ne s'entendait pas tout le temps avec tout le monde. Chacun a ses différents après tout.