Les damnés | Raeders

La chouette était revenue, ses serres dénuées de la lettre qu'Uma lui avait confiée il n'y a pas si longtemps de cela.

Au lieu du parchemin, elle portait à présent une sorte d'algue sèche entre ses doigts, preuve que le message avait bien été livré. La louve retint son souffle, son regard suivant la silhouette de l'oiseau attentivement afin qu'elle puisse se poser quelque part. Quand la messagère vint finalement atterrir sur un arbre auprès d'elle, elle reprit son souffle de nouveau. Uma s'approcha, remerciant son familier du regard, les yeux brillants de larmes. Elle ne savait pas trop comment se sentir, mais un poids était définitivement partie de ses épaules.

Le silence avait enfin été brisée, ou du moins, sa lettre avait été lu et prise en compte par Chimaera.

Ses plans de la journée allait être reportés à une prochaine fois, car à l'instant, elle avait un voyage à faire en compagnie de sa descendance, le temps pressait.

« Va prévenir Mimë pour moi, nous devons partir. », ordonna t-elle à sa fidèle bête.

Le volatile obéit, se dirigeant vers la bibliothèque.

***

Le ruissèlement d'ailes vint tirer lea jeune de sa rêverie.

Bien qu'iel n'était plus à l'intérieur de la bibliothèque, l'hybride avait un livre sous la patte, préférant continuer sa lecture sous le soleil de l'après-midi. L'habitation qui logeait les livres était si poussiéreux après tout, et iel en avait marre d'éternuer entre deux paragraphes. L'arrivée de la chouette ne lea dérangeait pas plus que ça, car iel avait déjà lu meilleur bouquin que celui-ci. Mimë s'étira, avant de mettre le livre à l'abris, juste à l'entrée de la grande bibliothèque: un passant allait probablement le placer à sa place de toute manière, les Nakhus étaient reconnus pour leur respects des choses qui les entouraient.

Défiant la chouette à la course, la boule de poils se mit à courir en direction du cimetière, l'oiseau formant sa deuxième ombre en lea suivant dans les cieux.

***

Ils partirent ainsi la journée même, longeant la Plaine aux Champignons, pour ensuite rapidement contourner la Rougelande à la nage : Uma savait que l'héritage raeder prédisposait Mimë à détester les environnement trop chaud et elle se surprit à regarder au loin l'Île aux Roses avec horreur, ayant presque peur de voir débarquer la déesse dans l'étendu d'eau qu'ils traversaient.

Finalement, l'Île de Morne-Oeil se faisait remarquer à l'horizon, un endroit qu'elle avait seulement pu montrer à son enfant à travers des histoires et des dessins dans les livres. Ce-tte dernier-e était tout simplement sous le charme de toute ces nouveautés qui s'offraient à ellui et était enfin ravi-e de savoir où se situait la demeure des pirates.

Les deux loups au pelage pâle et à la tête de jais se rebroussèrent les poils, enfin arrivés à leur destination.

Autant Uma que Mimë se demandait à présent qui allait les accueillir.

Peu de temps s'écoula avant que leur arrivée fut remarquée.

Leur laissant à peine le temps de souffler et d'être présentable, la nakhu passa timidement ses griffes dans ses cheveux, puis s'ébroua de nouveau un peu, embêtée par l'état de son poil. Mimë, au contraire de sa mère, ne fit rien de particulier, à l'aise avec son pelage mouillé et ses cheveux en bataille. Iel renifla l'odeur du territoire, la queue bien haute, les oreilles attentives.

Uma jeta un œil à son enfant et elle pouvait y voir son reflet inquiet dans grand regard bleuté. Elle tenta de reprendre un air de confiance cependant, souriant aux trois pirates qui venaient de les rejoindre.

Le plus dur avait été fait, tout allait bien aller. Il le fallait.

Afin de détendre l'atmosphère, Uma fit les présentations. Peu importait la malédiction, il fallait être aveugle pour ne pas voir le lien de parenté.

« Mimë, voici ton grand-père, Abysse. Abysse, Mimë. »

Elle sourit faiblement à ce dernier, avant de finalement oser rencontrer le regard du capitaine qui se tenait un peu à l'écart.

Si elle s'écouterait, elle plongerait dans son cou tout de suite, afin de le rassurer, de lui demander pardon... afin de tout simplement lui dire qu'elle l'aimait. Sauf qu'elle ne pouvait pas maintenant, ce n'était pas le moment, et peut-être n'était-il pas prêt à recevoir son affection après les terribles nouvelles qu'elle lui avait partagée.

Alors que la croque-mort se battait contre ses démons intérieurs, c'était tout un autre cas pour l'adolescent-e. Iel avait bien sûr tout de suite reconnu Chimaera et Astrid, mais sa curiosité reposait bien évidemment sur le vieillard du milieu.

C'était donc de lui que ça venait ses grosses narines ! Mim' ricana légèrement à ses pensées, avant d'hocher respectueusement la tête au vieux loup. Surement avait-il un tas d'aventures dans le corps, et l'adolescent-e avait hâte d'en apprendre plus sur ses origines.

Uma se faisait petite, attendant les prochaines directives. Elle ne sentait pas que c'était sa place de décider la prochaine étape à prendre, mais bien aux pirates, qui savait bien mieux qu'elle comment se débarrasser d'une lourde malédiction.

Chimaera leur avait-il expliquer ? Il ne fallait pas trop compter là-dessus.

La chevelure déjà en bataille, voilà qu'elle se décoiffait encore plus avec le souffle de la respiration du Papi.

Mimë le laisse faire, restant le plus immobile que possible, sursautant presque à la venue de la langue humide sur son front. Iel n'avait pas l'habitude qu'on entre aussi empressement dans sa bulle, quoi qu'iel avait déjà vécu cela auparavant avec la dame Blizzard. Iel répondit timidement à la déclaration du vieillard avec un sourire tout aussi charmant que le sien, trouvant son accent particulier. Peut-être que les raeders avaient plusieurs langages dans leur culture ? L'hybride se sentait découragé-e d'être aussi ignorant-e.

Astrid, toujours aussi avenante, semblait être prête à les accueillir, mais quant était-il du Capitaine ? Le grand regard reptilien se posèrent sur lui, mais Chimaera n'avait yeux que pour sa mère. Classique, car tout tournait toujours autour d'elle, pas vrai ? Puis, il expliqua son plan, mais Mimë fut surpris de ne pas être inclus dans l'équation. Pourquoi était-iel ici alors, si c'était pour faire l'autruche ? Iel regarda sa mère avec frustration, mais elle ne releva pas.

Iel détestait qu'on le prenne pour un-e imbécile.

« D'accord Chimaera. », dit-elle au capitaine.

Elle se mit à suivre Astrid, acceptant son offre sans hésitation.

Mimë, tant qu'à ellui, regarda son père de haut en bas, avant de suivre les deux autres femelles.

Cette fois-ci, la visite d'Uma était un peu plus... paisible en un sens ? Il n'y avait, après tout, aucun grand monstre à vaincre dans l'immédiat. Alors maintenant que l'accueil avait été fait, elle était déjà un peu plus calme, se sentant idiote de ne pas avoir demander de l'aide plus tôt. Heureusement, Mimë ne semblait pas trop y avoir souffert, et avait l'air très curieux-se de l'endroit et d'en apprendre plus sur ses origines. Probablement n'était-iel pas content-e de se faire mettre de côté, mais il valait mieux ne pas compliquer la chose.

Elle passa le reste de l'après-midi avec Astrid, visitant aussi la grande porte, se souvenant du grand combat qu'il y avait eu lieu. Elle avait tellement eu peur cette journée-là, car Chimaera avait prit un sale coup. C'était impressionnant à quel point il s'était remis sur pattes rapidement, et en moins de temps qu'il fallait le dire, voilà qu'Uma avait été gestante et... touchée par la malédiction.

On ne pouvait pas dire que sa vie était ennuyeuse.

Uma s'approcha de la tanière du capitaine et pouvait sentir son énervement dans l'air, elle savait cependant que cette colère n'était pas nécessairement sur elle, mais bien Moiro, mais il était si têtu quand il était de mauvaise humeur, qu'elle espérait que sa présence allait pouvoir le calmer un peu. Elle posa ses yeux noirs sur lui, douce et prête à faire tout ce qu'il fallait pour remédier à cette fichue situation.

« Merci. », lui chuchota t-elle.

Elle savait bien que son mot allait sonner insincère, mais elle en avait marre de rester muette auprès de ses proches.

Mimë arriva peu après, se frottant contre le pelage de sa mère, l'air de dire « je suis là aussi » à Chimaera. Iel avait passé un bon moment avec le Papi, mais iel voulait quand même voir ce qu'il allait se passer. De toute manière, il fallait sa présence aussi pour lea guérir, non ?

C'était rassurant, de savoir que le pouvoir des dieux avait une certaine limite.

Cela enlevait un peu de poids sur les épaules de la croque-mort, alors elle avait apprécier les paroles de Chimaera.

« Les filles de Paquot- », commença Mimë.

« -n'ont pas pu nous protéger. », coupa instantanément Uma, heureuse de pouvoir former une phrase qui n'allait pas être remise en question, vu son ambiguïté.

Elle fut étonnée de voir que son enfant avait prit la parole, mais peut-être se sentait-iel plus à l'aise avec lui qu'Uma le pensait. Tant mieux en même temps, car elle savait que son arrivée dans la vie du capitaine avait été une surprise, mais ils avaient l'air de bien s'entendre quand même.

Mimë abandonna sa question, car il était vrai que tout ce qu'ils disaient ressortait bizarrement dans l'oreille des autres. Peut-être allait-iel devenir plus bavard-e une fois la malédiction envolée, qui sait ?

Uma hocha la tête aux paroles de Chima, bien d'accord avec le plan qui avait été mis en route. Elle était contente de savoir qu'elle avait l'appuie déjà de la moitié de l'équipage, et Paquot lui avait donné une bonne impression lorsqu'elle l'avait croisé au banquet de célébration.

Elle était prête à tout, mettant tout son espoir dans cette rencontre.