Terre contre Mer. ψ libre

MAKARA
ψ Chapardeur Raeder ; 5 ans ψ
F A E I

Le mâle noir s'assit, observant son environnement direct. Ici tout était opposé à Morne-Oeil. On en était pourtant pas si loin. Pourtant là où l'île était pâle et austère, la crête rocheuse -ressemblant étrangement à une épine dorsale de quelques monstre gargantuesque marin- abritait des cuvettes d'eau tranquilles, épargnées de toute houle ou courant. De fait elle était domicile d'un grand nombre d'espèces de toutes tailles et culeurs de poissons, de coraux, et d'algues en tout genre. Si dans les premiers temps le mâle noir s'était senti agressé par ce soudain entassement de petits bancs multicolores et guillerets dignes des plus belles hallucinations que provoqueraient des champignons hasardeux, il avait fini par trouver ce spectacle rafraichissant et... Inspirant. Bien sûr c'était son secret le mieux gardé : il n'aurait permis à personne, pas même sa mère, de cheminer dans les élucubrations des méandres de son esprit pourtant d'ordinaire si dirigé vers l'utilité et la praticité des choses. Il jugeait cela parfaitement niais et honteux. Cependant ça avait le mérite de le détendre... Il souffla des narines et s'allongea à nouveau, pour relire ses dernières lignes et les corriger.

Le tonnerre se déchaînait, le ciel pourpre de la fin du jour se rayait de lumières violentes. L'Ours Rouge s'avança d'un pas lourd et décidé, faisant trembler la terre autant que rugissait la mer, fief de son ennemie de toujours. A peine eut-il traversé la barrière imaginaire opposant le continent à l'océan, piétinant des coraux dans son immense rage, qu'il trébucha. Une bête tout aussi immense que lui, ou à peine plus petite, se redressa avec morgue. La longue queue de la Murène aux écailles grenat s'était enroulée si vite autour de la patte du colosse qu'il n'avait eu le temps de réagir. L'eau ruisselant du corps de l'invertébrée donnait l'image d'une pluie de sang se mélangeant à la mer. Dans sa chute, le titan planta ses crocs puissants dans ce qui l'entravait. De douleur et de rage, le monstre marin se jeta à son côté et l'étreignit si fort qu'elle espéra le faire suffoquer. Leurs regards opalescents -si similaires pour des êtres que tout opposait- se croisèrent, s'ancrèrent l'un dans l'autre, s'entrechoquèrent avec tant de violence que leurs deux souffle se suspendirent. Tel un miroir, ils se découvrirent dans les yeux de l'ennemi. Si identiques dans leur brutalité, leur hargne, leur dévouement au combat. Comme si soudain ils n'étaient plus qu'une seule âme vibrante des mêmes objectifs, des mêmes ressentis, des mêmes dés...

Makara se redressa d'un bond, ferma son carnet de note et le cala bien en sécurité sous son postérieur alors que tous ses sens étaient en alerte. Un bruissement -peut-être rien- avait fait bondir son coeur et fait jaillir la peur d'être découvert. Ne voyant aucun danger immédiat, il fourra son livre dans son sac, essuya sa plume sur son poil déjà noir et la rangea également. Puis il sangla son paquetage contre son poitrail, le myocarde palpitant. En sécurité. Avant d'à nouveau écouter et étudier le moindre détail de ce qui l'entourait et s'évertuer à retrouver son sang-froid. Il ne fallait pas éveiller les soupçons, enfin !