Les terres empestaient. Trop de sentiments, de joie… de couleurs. Vell était soulagée de s’éloigner de cet endroit. Mis à part la bibliothèque et qu’ils appelaient le cimetière (drôle d’endroit pour entreposer ses morts) où elle appréciait errer… le reste était d’un ennui mortel. Les panaches de fumée qui s’échappent du sol deviennent de plus en plus présent au fur et à mesure qu’ils s’enfoncent dans ce nouveau lieu.
Des ruines, en voilà un paysage fort agréable.
Ombre s’amusait à se cacher, surgissant parfois juste devant sa partenaire pour la surprendre.

Cette odeur la tire de ses pensées.
Et en voyant cette nouvelle inconnue, un profond ennuie né chez Vell, jusqu’à…
Qu’elle aperçoive ce détail chez toi.
Un grognement qui monte dans sa gorge, alors que sa gueule s’entrouvre, dévoilant ses multiples crocs ainsi que sa langue dotée d’yeux.

« — S’en ai une tu penses ? »
« — Dévorons-la avant qu’elle ne nous jette un autre sort ! »
« — Peut-être ne l’est-elle qu’en partie ? »
« — Mangeons-la quand même ! »

Ombre s’agrandit pour faire face à la louve.
Vell se contente d’observer, ses prunelles vairons ne quittant pas la corne.
Pour le moment.

Déjà ce sourire béat qu’affichait les loups dotés de cette odeur (un groupe en particulier ?) signifiait à quel points ils étaient niais.
Et cela agaçait déjà Vell.
La longue queue claque dans l’air. Pour le moment, pas de mouvement brusque, l’attention demeure portée sur la corne. Une fois ils l’avaient enfermés ces maudites créatures, plus jamais.
Nous ne l’accepterons pas.
Aux mots, Ombre s’agite, s’agrandissant d’indignation.

« — UN RÊVE ! ELLE OSE NOUS INSULTER DE RÊVE ! »
« — Du calme. »
« — Mangeons-la ! »
« — Que fait-elle ici ? Pourquoi auraient-ils banni ceux de leur espèce sur ces terres pitoyables ? »

Ombre conserva le silence pensif.
Le démon se redressa sans pour autant se détendre, au moins geste suspect, elle attaquerait.

« — Que fais-tu ici, créature ? »

Hum… peut-être une simple coïncidence dans ce cas. Bien que méfiant, Ombre avait réduit sa taille, se tenant au niveau de la gueule de Vell, ses yeux étranges étudiant la scène.

« — Ce n’est pas mon amie. »

Les démons n’étaient pas faits pour avoir des amis. Alliés, partisans, oui, mais les amis, c’était pour les simples mortels.
Au mouvement, Vell dévoile ses crocs, avant de se raviser… cette louve était-elle en train de s’empêcher de respirer ? Quelle était donc cette pratique ? Ombre vint chuchoter à son oreille (comme si cela était utile).

« — Ne serait-elle pas un peu simplette ? »
« — Je le crains… »
« — Il y a peu de chances qu’elle parvienne à nous lancer un sort… »

Déjà respirer semblait un exploit.
Vell haussa les épaules, se sentant de moins en moins menacée par cette petite louve.

« — Du moment qu’elle ne me touche pas… »

Par les démons… cette louve était bien trop agitée au goût de Vell, qui ‘observa mi-dégoutée, mi-méfiante. Pourquoi sa queue remuait-elle ainsi ? Bien que l’idée de recevoir quelque chose en échange était intéressant, le démon n’avait malheureusement rien à offrir.

« — Non. Nous sommes ainsi, quand toi tu abordes cette chose. »

L’une des griffes vint pointer la corne verte de la louve.
Vell ne pouvait rien faire pour donner vie à l’ombre de la cornue.
Et le voudrait-elle vraiment ?

« — Nous ne pourrions la corrompre, même avec toute la volonté du monde… »

Un moment, le démon conserva le silence, avant de s’intéresser à la petite lueur violette qui brillait sur le poitrail de la louve.

« — Qu’est-ce que c’est ? »

Un glowstick. Une source de lumière qui peut donner un pouvoir ? Écoeurant. Le pouvoir ne pouvait pas naître de la lumière, c’était contre-nature… anormal. Le poil du démon se gonfla, alors que sa queue bougeait en arc de cercles étranges.

« — Détruisons cela. »
« — Mangeons-la. »

Cette Yurai, ne pouvait pas être un démon, les démons ne donnaient pas de lumière.
C’était quelque chose lié à la magie blanche.
Leur ennemie.

« — La lumière chasse le chaos. »

Et cette fois, Vell bondit cherchant à atteindre le glowstick. La mâchoire s'ouvrent, dévoilant les nombreuses dents, pour se refermer sur le collier où était suspendu la lumière, sans s'intéresser à si les dents laisseraient des marques dans la chair.

L’objet ne reste que brièvement entre les pattes de Vell. Le démon observe le sang qui s’écoule de la blessure. Hum… à l’avenir il lui faudrait faire attention à la pression exercée sur ses dents.
Nous ne voulions que le collier.
La blessure n’était pas souhaitée.

« — Pourquoi ? »

Le museau se penche sur le côté. Pourquoi cette petite lumière était donc si importante ?
Si elle la garde, elle restera bercée d’illusion.

« — Montrons-lui les ombres. »
« — Je ne veux pas la tuer. »

Je ne voulais pas la blesser, elle ne représente aucun intérêt.
La queue de Vell s’agite dans son dos. Peut-être qu’en l’assommant… cela simplifierait les choses.
Auquel cas...

« — Nous la dévorerons ! »

Vell leva sa patte, visant la mâchoire de la louve. Une fois dans les vapes, pourquoi ne parviendrait-elle pas à lui prendre cette lumière ?

Entre ses griffes, le collier auquel est suspendu la luière. Vell ne peut la regarder directement. Si cela donnait un pouvoir, alors pourquoi cette louve ne l’avait pas utilisé ?
Peut-être n’est-ce pas pour les idiots ?

« — Je ne comprends pas. »

Le démon se tourna vers Ombre, perplexe.

« — Doivent-ils réussir un test ou quelque chose pour pouvoir utiliser ce pouvoir ? »
« — Peut-être doivent-ils dévorer quelqu’un ? »
« — Ne sois pas stupide, ce sont des êtres utilisant la magie blanche. »

Ombre se pencha au-dessus du corps de la louve inconsciente. Au moins, elle respirait encore. Vell n’avait aucun intérêt à la tuer, maintenant qu’elle avait ce qu’elle voulait.

« — Ne pouvons-nous pas donc en prendre une bouchée ? »
« — Je ne mangerai pas de ça pour toi. »

La solitaire fit volte-face, prête à poursuivre sa route. L’ancienne porteuse de lumière se réveillerait bientôt après tout et ses blessures n’étaient pas assez graves pour l‘empêcher de rentrer chez elle.
Vell n'avait plus rien à faire ici, sauf si on cherchait un moyen de l'y retenir.

C’est une voix qui fait stopper net Vell dans sa marche. Le museau se tourne vers la loue à terre. Quelque chose rôdait. La lumière entre ses pattes disparaît.

« — Voyez-vous ça. »

La queue claque, tandis que les babines s’étirent en un sourire. Vell sent quelque chose la brûler, mais la gêne que ressent le corps n’est rien face à l’excitation qui l’envahit. Ce n’était pas la gamine, c’était quelque chose de plus puissant.
De la magie blanche.
Ce que Vell se promettait de détruire.

« — Les tiens brûleront, bien avant. »

Eux et toutes leurs espérances.
Ombre ricana alors que le corps de la louve blanche disparaissait. Hum. Quelle importance de toute façon. La solitaire était juste déçue d’avoir perdu la lumière mauve, cela aurait été intéressant de cherché à la corrompre lors d’un rituel. Ce serait pour une autre fois. Après tout, il était question de brûlure, mais qu’étais-ce que la douleur pour les démons ?
N’ayant plus de temps à perdre dans cette zone, la solitaire reprit son chemin.