Compagnie | ft. Etna // Archives

Les temps changeaient, et la verte ne pouvait pas y échapper, aussi rapide qu’elle était.

Elle se demandait ce qu’elle faisait encore ici d’ailleurs, pas seulement dans ce clan, mais encore en vie. Elle allait vraiment finir seule, vieille et aigrie, à rigoler avec Kiro. Alors qu’elle s’était préparée au départ douloureux des deux vieillards du clan qu’elle appréciait - Dough et Tawana, elle n’avait pas vu venir l’énorme gifle d’une perte supplémentaire. Plus qu’une perte, mais d’une raison de vivre.

Te Hari.

Elle s’était endormie un soir pour ne plus se réveiller, malgré les nombreuses tentatives d’Etna afin de la réanimer. Les spasmes qu’elle avait produit avant de s’éteindre hantaient encore ses nuits, voulant effacer ce souvenir traumatisant pour se rappeler que des bons moments en sa compagnie. Sauf que c’était si facile à dire…

À qui demander conseil ou soutien, alors que sa jumelle vivait la même chose ? Alors elle gardait la tête haute Etna, ne se permettant que de pleurer lorsque personne ne pouvait la voir ni l’entendre. Parce qu’elle se devait, n’était-ce pas le fil naturel de la vie ?

Son temps viendra, un jour aussi.

Une voix enjouée vînt interrompre les pensées de la verte, qui ne releva pas plus que cela.

Ses yeux oranges se pose sur Zen, fermant un instant ses paupières pour ensuite les reouvrir ã nouveau.

C’était son salut le plus chaleureux qu’elle su faire à l’instant.

Pourquoi faisait-il cette tête tout d’un coup ?

Elle prend une grande inspiration, tentant de reprendre de sa vivacité d’antan.

« Mais oui, reste pas dehors à m’regarder comme un poisson mort ! »

Elle fouette le sol poussiéreux avec sa queue, n’étant pas habituée à accueillir qui que ce soit ici. Après tout, c’était elle qui allait énerver les autres, rarement le contraire. Elle se recule un peu, laissant de l’espace pour deux.

« Alors, que puis-je faire pour toi ? »

Peut-être avait-il besoin de quelqu’un pour l’accompagner dans une ronde, ou pour aller chasser, pour aider la meute quoi.

Depuis quand venait-on voir Etna seulement pour se taper la discute ?

La verte se gratte l'arrière de la tête, pensive.

Qu'avait-elle bien de besoin, qui puisse être réaliste ? Elle savait bien que Zen n'avait pas le pouvoir de faire revenir les morts, ce n'était pas un pouvoir octroyé par les dieux.

« Ah euh non, j'suis incassable en fait, Kiro veille bien à ça... »

Le seul qui ne partait pas de sa vie d'ailleurs, c'était bien parce qu'il était immortel.

Elle hésita à continuer la discution, car le sujet s'en allait vers un chemin douloureux, mais peut-être que le mâle pouvait lui donner conseil.

« C'est ici, que ça va moins bien m'sieur Zen. », dit-elle en pointant son cœur.

Ses yeux étaient humides de nouveaux, malgré elle.

Etna laissa Zen poser leur patte au sol, retenant son souffle.

Puis elle laissa le mâle parler, les mots qui sortaient de sa bouche sonnaient intelligents, peut-être un peu trop pour la verte, mais elle resta attentive par politesse. Les choses qui lui disaient, eh bien, ce n'était malheureusement pas la première fois qu'elle les entendait, mais elle n'avait pas la force de stopper ses efforts de lui remonter le moral. Le fait qu'il essayait était déjà si gentil, car peu de loups étaient venu la voir depuis la tragédie. Alors qui était-elle pour se plaindre et se mettre à lui gueuler dessus par frustration ?

Son discours fini, Etna répondit.

« Sauf qu'elle m'a promis qu'elle ne m'abandonnerait pas. »

Une larme tomba à cette phrase, la verte habité d'un sentiment d'impuissance.

« J'sais pas m'sieur Zen, pour la proposition... Faut croire que quand j'passe trop de temps avec certains, ils finissent tous par partir. Faudrait pas que quelq' chose de mauvais se passe pour toi... T'as un enfant, n'est-ce pas ? Faut qu'il ait son père près de lui le plus longtemps possible ! »

Pas comme moi et ma fratrie, aurait-elle pu ajouter.

Etna écouta attentivement, presque ennuyée que le mâle semblait avoir réponse à tout.

Sauf qu’elle ne pouvait pas se sentir en colère contre lui, car elle voyait à quel point il essayait d’être là pour elle, chose qui était magnifique, bien qu’effrayante. Allait t-il lui aussi partir sans rien dire ? Etna se devait de garder son cœur ouvert, malgré les nombreuses blessures.

« J’l’espère. »

Elle s’étend au sol, émotionnellement drainée. Elle ne sait pas si Zen va rester pour une sieste en tandem, il pouvait bien faire ce qu’il voulait après tout.

Avant de fermer les paupières, elle lui chuchote un timide merci.