Une urgente nouvelle † Dame Noire

Miraj se languissait de voir son ventre s'arrondir, s'observant davantage chaque matin dans l'éclat de l'Océan. La vie était à peine prise en elle qu'elle guettait déjà le moindre changement qui trahirait davantage son état, celui qu'elle voulait dévoiler, montrer, authentifier à tous les yeux. Qu'on les pose sur elle, qu'on se dise Cette louve porte la vie !
L'enfant se voulait pourtant discret.
Il ne tenait pour l'instant ni d'elle ni de son Roi, à ne pas vouloir trop se montrer.
Laissons-lui le temps de s'affirmer,
Mais ne trainons trop à l'annoncer.

Si l'évidence avait désigné son Roi comme premier mis au courant, elle désigna aussi qui serait la seconde.
Par le ver au fond de son oreille, jadis placé là dans un rituel qui n'avait concerné qu'elles, Miraj invita alors à la joindre celle considérée comme étant amie.

« Dame Noire, m'entends-tu ? Il me faut t'annoncer grande nouvelle, viens donc me rejoindre sur ma plage ! »

Elle tourne sur elle-même et l'on entend au travers de sa voix toute la pétillance et l'enthousiasme que véhicule en elle cette grande nouvelle.
Et c'est calme et régalienne qu'elle se mit à arpenter sa plage, une capeline noire sur ses épaules, dans l'attente que lui vienne cette amie qui lui avait fort manquée et qu'elle s'impatientait d'enfin retrouver.

Qu'elle surprise, de surprendre la Dame Noire ainsi dévêtue ! Elle aurait pu ne pas la reconnaitre, si son odeur et son pelage ne lui avait pas été tant familier. Sa queue se relève et Miraj s'en approche, ses yeux bleus trouvant ceux de sa consœur. Il est plaisant de la voir apprêté de la sorte, son amie n'en restait pas moins une louve fort belle, de celles dont on aurait eu honte de s'entourer.
Sa queue se balance et ses mouvements voluptueux la porte à ses côtés.

« Si tu savais à quel point ! »

Que le plaisir est immense !

« Oh ! Je suis rendue fort curieuse, il me tarde de t'entendre dès lors que je t'aurais dit ce que tu te dois de savoir ! »

Avant tout autre,
Car la petite vie portera notre sang peu commun,
Celui des démons et des défunts.
Elle rejoindrait celles que l'on disait maudites.
Un sourire étire ses babines, lui donnait air ravissant. Et alors que son postérieur touche le sol, c'est une patte qu'elle porte à son ventre, là où s'était logée l'enfant portée et que, par ce geste simple, elle lui dévoilait déjà.

« Dame Noire, me voilà enfin porteuse d'une petite vie. »

Elle a un éclat de rire.

« L'on aura su laver mon sang noir avant qu'enfin je ne le transmette. Tu es la seconde à qui je l'annonce, après mon Roi ! »

C'est une nouvelle portée avec une haute importance ; elle n'avait point caché son désir d'enfants à la Dame Noire. Ses yeux pétillent, de joie immense et d'excitation ! Pour autant, n'en oublie, que cette chère Dame Noire avait à porter à ses oreilles des nouvelles, pour elle, équivalentes.
Elle les dresse vers elle, prête à l'écouter.

L'enthousiasme gagne ses mouvements. Elle hoche avec vivacité sa tête et ondule de ses hanches tant de sa longue queue. La Dame Noire est heureuse pour elle, comme elle n'en aurait point douté ! L'inverse, sans doute, lui aurait porté une vague once de déception.

« Tu ne peux te douter d'à quel point cela me réjouie, de l'avoir obtenue sans artifice ! C'est un droit que je m'octroie. »

L'on aurait su lui refuser une moindre chose ; elle était Reine, de ce fait se devait de tout disposer.
Nous n'aurions accepter,
De ne jamais enfanter.
Elle nous aura suffit, notre volonté...
D'un sourire éclatant, elle s'en veut pourtant curieuse et attentive à ce que lui apporte sa chère amie. Et quelle nouvelle ! Elle forme un o de sa gueule, avant que ce o ne se transforme en un sourire qui ouvre sa gueule en deux et la fende jusqu'à la moitié de ses joues.
C'est un revenant qu'elle lui annonce, un loup mort qui retrouva la vie.
Une histoire qui lui plait,
tant !
Que c'est le tour de la Dame Noire, qu'elle se veut faire.

« Diantre, c'est formidable ! Les Oncles sont vraisemblablement tous des êtres formidables, il est drôle de voir que chacun des nôtres ont œuvré pour nous faire exister. »
Elle penche sa tête d'un côté, puis ajuste la courbure de celle-ci.
« Cela me ferait en effet grand plaisir, que de le rencontrer ! »

Pour l'importance dont il disposait, dans la vie de son amie.
Mais le sujet de l'Oncle fut bien vite éclipsée, au profit d'un loup qu'elle comprendrait comme était un potentiel amant. Ses yeux s'écarquillent, bleus et grands, alors qu'elle tend le cou pour que son museau, presque ! frôle le sien.

« Dame Noire, tu ne peux te contenter de si peu ! Dit-moi tout. »

Tout. Tout !
Miraj veut tout savoir.

« Bien sûr, que les tracés m'intéressent toujours autant ! Seul le temps ne m'a permit de m'y pencher davantage : ma priorité fut ailleurs, mais désormais que mon rêve est réalisé..! »

Elle pourrait pleinement se concentrer sur bien d'autres choses, oui oui oui ! Sur cette brèche jadis ouverte à la Plaie et qui lui permit de renaitre, sur les tracés et les runes, sur..! Il y avait d'abord à profiter de sa grossesse et de sa petite vie ; et la sienne, de vie, n'était point encore assez engagé pour qu'elle ne s'inquiète de tout accomplir en celle-ci.
Elle, que l'on annonça courte et qui pourtant se vouait à persister au-delà de celles des guerriers ou des égarés.
Nous sommes voué à une grandiose existence,
Et plus qu'on ne nous en pensait capable, nous disposons de résistance.
Devant la confidence de son amie, ses oreilles se dressèrent davantage.
Ses yeux se firent billes lumineuses, et son sourire montra ses crocs chiroptères.

« Ainsi n'as-tu pas cesser d'entrecroiser vos routes ! Je ne l'aurais revu que lors d'un amusant rêve, pour ma part, bien qu'un peu perturbant. J'ai désormais crabe à son effigie, que je fais danser sous le son de mon violon. »
Elle amène une patte à sa gueule et son rire se veut être clair.
« S'il te venait un jour envie de mêler ton sang noir au sien, je me ferais joie d’accueillir telle extension de ma famille ici~ »

Elle s'étire, le dos creusé, alors que ses yeux gardent cette même lueur joueuse.

« Bien que je ne sais, si tu portes ou porteras un jour même ambitions que furent les miennes, que de s'amuser à répandre le sang que d'autres veulent éteindre ! »

« Il est vrai, que la noire couleur n'en détermine tous les effets. »

L'obscurité de leur veine en commun ne les rendait pour autant similaire ; il est donc compréhensible qu'elle ne puisse se permettre même exploit que fut le tien.

« Tu en seras avertie la première, juste après mon Roi. Ce plaisir est réciproque, Dame Noire, je me plairais à te retrouver bientôt ! »

Elle lui adressa un dernier éclat de rire léger, lorsque son museau vint glisser contre sa joue en un ultime geste d'affection et d'au-revoir, avant de la laisser prendre le large pour bientôt se revoir.