Le rendez-vous [Emilitia]

Emilitia

Bien évidemment, Emilitia n'aurait pas manqué ce petit rendez-vous convenu une semaine plus tôt, encore moins avec cette surprise annoncée que la demi démon avait grand hâte de découvrir. Emilitia tarda à arriver pourtant, pas tant parce qu'elle avait prit le temps de paraître un peu moins sauvage, un peu moins solitaire que d’habitude mais la demi démone avait eu un autre demi démon dans les pattes. Vanitas grandissait et était maintenant capable d'aller bien plus loin sans se fatiguer, si Emilitia n'aurait pas été dérangée qu'il la suive -sans l'attendre pour autant, l'enfant devait se débrouiller pour ne pas se faire semer – ça l'embêtait un peu qu'elle l'ait durant sa rencontre à venir. Quelques arguments avancés sur l'immense potentiel de l'ennui à venir pour le jeune démon avait fini par convaincre ce dernier de ne finalement pas la suivre, c'est donc bien seule, un peu en retard et les cheveux démêlés que Emilitia arriva finalement sur cette plage où l'attendait le chasseur de démon.

L'enthousiasme n'aurait pas rendu la solitaire moins prudente et avant même d'apercevoir l'Etelkru convoité, il y eu quelque chose d'inhabituel de l'odeur laissée par la trace de ce dernier. C'était bien celle d'Iris, celle de sa meute, mélangée à une petite odeur de souffre semblable à cet endroit où il l'avait emmené sur son territoire qui lui collait au pelage. Il y avait cette fragrance de l'individu propre, celle que tout à chacun avait de personnel et c'est dans celle-ci qu'il y eu comme un changement. Il se fit plus compréhensible lorsque la demi-démon découvrit pourquoi.
Emilitia se stoppa dans son élan alors qu'elle s’apprêtait à venir au contact. La surprise et la curiosité lui firent pencher la tête sur le côté alors qu'elle découvrait cette silhouette à nouveau, toujours familière mais avec quelque changement qui se faisait jusque dans la voix.

« Oh ! »

Ça pour une surprise !

« Je comprend mieux maintenant, quand tu disais être mâle. »

Plus qu'une lubie qui avait échappé à la demi démone bien qu'elle l'ait accepté, une concrétisation qui se faisait dans son entièreté.

Emilitia

« Oh je vois ! »

Une explication qui aurait satisfait n'importe quelle question. Emilitia en était une preuve vivante même, la magie, qu'importe sa nature, était puissante en ce monde, qu'une louve devienne jusqu'à la pointe même de ses poils un loup n'avait rien de si extraordinaire que ça du moment qu'on trouvait où chercher.

La surprise passée, c'est un sourire qui à présent pointe sur le visage de la noire. Pas à pas, elle se rapproche lentement, la tête plus basse que les épaules dans une démarche plus prédatrice alors qu'elle minaude un peu, les yeux bleus à la pupille fendues fixés sur le nouveau mâle.

« Ce qui m'intéresse surtout, c'est cette âme Etelkru porteuse de Lumière qui pourtant a trempé ses pattes dans les ombres et joue avec les démons. Ça, tu le sais déjà. »

Elle était maintenant proche de lui, son odeur semblait bien plus forte, bien plus agressive avec ces nouvelles hormones mâle. La demi démone vint frotter son museau le long de la joue jusqu'à atteindre l'oreille de l'Etelkru, profitant de sa taille plus petite s'appuyer sans gêne contre lui.

« La curiosité demande à être satisfaite à présent. Qu'est-ce que ça fait d'être entièrement mâle en cette période particulière ? »

Sa moitié louve n'oubliait pas qu'elle avait elle aussi, quelques hormones à vif.

Emilitia

Il souffle, il gronde et se montre bien plus entreprenant que les rencontres précédentes. Il y a comme une impatience alors qu'il la fait glisser au sol et la demi-démon se laisse faire alors que le museau de l'Etelkru vient se faufiler dans son cou. Elle lui laisse le loisir de la dominance physique.

Indescriptible.

Bien plus rapidement et bien plus intensément que toute les autres fois, la demi démon sent l'influence qu'elle a sur le guerrier marbré, devine son esprit enivré. Elle n'aurait su dire si c'était l'action des chaleurs qui agissaient sur le mâle nouveau ou l'euphorie d'une nouvelle condition. Aucune paroles en guise de réponse, la noire se contenta de relever la tête vers l'arrière pour venir attraper entre ses crocs un morceau de peau, joue ou morceau d'encolure entre ses crocs, sent quelques gouttes de sang venir perler sur sa langue. La propre euphorie du mâle était contagieuse et elle, Emilitia, demi-démon, à cet instant, aurait été prête à le dévorer tout entier.

Emilitia

Alors qu'Iris vint s'étendre à ses côtés, Emilitia se roule avec plaisir dans le sable, de gauche à droite, étirant chacun de ses membres dans un excès d'énergie qui ne retombait pas encore. Elle écoute à peine la question du mâle mais celle-ci la fait tout de même s'arrêter, le pelage plein de sable et les yeux en face de ceux de l'Etelkru et ses sourcils froncés.

« Quel genre de problème veux-tu qu'il y est ? »

S'inquiétait-il pour ses traces de morsures ? Pour cette odeur solitaire qui lui collerait au pelage ? C'était les risques de leurs jeux et dans une envie de l'embêter encore un peu couplée avec un excès de possessivité, elle vient venir lui attraper à nouveau la peau du cou, l'enlacer entre ses pattes sans se soucier de la nécrose qui viendrait lui brûler un peu la peau ou lui faire des trous dans le pelage ni se soucier qu'elle venait l'écraser un peu également. A cet instant comme au précédent, l'Etelkru était tout à elle et cette envie de le dévorer, lui, son âme, son entièreté demeurait pour qu'il ne puisse appartenir à quelqu'un d'autre.

Emilitia

Une pression sur son dos alors que le mâle la sert contre lui et la solitaire noire elle, accentue sa propre pression, celle de ses mâchoires sur la peau, celle de la nécrose par ses pattes. Lui qui lui appartenait tout entièrement, lui à qui, la demi démon en était persuadée, elle avait fini par dévorer une partie de l'âme, ça devait ressembler à quelque chose comme ça.
Mais l'Etelkru propose déjà de se revoir le lendemain, dans un murmure glissé à l'oreille. C'est l'annonce d'une séparation imminente à laquelle Emilitia choisie de ne pas répondre tout de suite. Elle profite encore un peu de cet être qu'elle possède, de cette odeur qui emplie ses narines, du goût de ce sang sur sa langue lorsqu'elle mord trop fort, du poids de ces pattes sur son dos et de la chaleur du soleil sur son pelage sombre.

Elle se relève cependant, lâchant le guerrier Etelkru et se dégageant de son étreinte. Elle s'ébroue et commence d'une patte à recoiffer ses longs cheveux emmêlés.

« Nous pouvons nous retrouver demain. »

Ses yeux bleus revinrent sur Iris.
Il te suffira de suivre les traces de cendres, celles laissées par la nécrose.

Emilitia

Elle prit le temps de finir de se recoiffer, de faire gonfler son pelage également avant de lui redonner volume et forme initiale dans un soubresaut qui lui éviterait de passer trop de temps à lisser chacun de ses poils, lui permettant également de se débarrasser d'un reste de sable. Elle s'étira, fit craquer pattes et colonne vertébrale avant de revenir comme plus calme comme Iris vers le mâle. Cette fois-ci, c'était Emilitia qui le dominait de sa hauteur, le regardant à l'envers, le coupant dans l'admiration du ciel alors que ses longs cheveux, tombant vers l'avant, l'emprisonnèrent dans une cage sombre.

« Mes démoneries peuvent patienter, il n'y a personne pour les attendre. »

Sauf Drippir peut-être mais le petit démon semblait avoir abandonné l'idée d'inciter la demi louve à se montrer plus rigoureuse. C'était pour ça, peut-être, qu'il se faisait bien plus muet depuis quelques temps.

Emilitia

A l'évocation du masque, une des oreilles pivota vers l'arrière alors que Emilitia délaissa Iris pour aller inspecter la plage un peu plus loin, à la recherche de quelque chose à grignoter.

« Ne me prends pas pour une idiote, je sais que la réputation des Etelkrus n'est pas totalement de simple on dit et à quel point il serait suicidaire de se rendre si loin à l'intérieur des frontières. »

Elle gratta le sable pour en déterrer un couteau qu'un autre prédateur avait déjà dévoré ne laissant que le coquillage. Elle releva le museau distraitement, cherchant sans y être vraiment concentrée un autre point de chasse, avisant une colonie de bécasseaux beaucoup plus éloignée.

« Et puisque tu n'es pas une solution, il me faut bien y réfléchir à de nouvelles. »

Emilitia

Son pelage se gonfle au souvenir de cette si [i ]désagréable[/i] journée et si quelques instants plus tôt, Emilitia aurait pu à nouveau aujourd'hui s'ouvrir à Iris, la conversation avait nettement refroidit la demi-démone. Sa queue eut des soubresauts de tics agacés alors que les yeux bleus n'avaient pas quitté la colonie d'oiseau au loin.

« Initialement, je n'avais rien contre ta sœur mais elle m'est devenu quelque peu déplaisante depuis qu'elle m'a scellé et voler mon masque. »

L'acte le plus odieux envers un démon suivit du vol d'un objet non pas précieux mais qui avait tout de même sa petite importance.
Avec cette conversation, Iris perdit l'intérêt qu'il avait aux yeux de la solitaire noire pour aujourd'hui. Emilitia avait suffisamment profité de lui, maintenant il devenait agaçant. Elle s'éloigna pour partir à la chasse sans même prendre la peine de clore la conversation. Elle ne chasserait pas l'Etelkru s'il la suivait, ni même si elle le retrouvait un peu plus tard à cet endroit mais la demi démon offrit toute son attention aux oiseaux du lointain.

Emilitia

L'inhabituel était devenu le quotidien et si Emilitia n'avait jamais repoussé les avances d'Iris lorsqu'il venait la retrouver sur cette plage, bien au contraire, la solitaire noire commençait tout de même à se lasser un peu. Peut-être parce que doucement les chaleurs se terminaient et que la moitié plutôt louve se rendormait. Allongée aux côtés de l'Etelkru sans le coller, elle se léchait le pelage dans un excès de coquetterie qui l'occupait durant cette pause entre deux instants alors que la nuit se faisait plus douce avec la belle saison qui promettait de revenir. Une de ses oreilles pivote vers le mâle à ses mots mais elle ne lui prête qu'une attention distraite.

« Ces derniers temps, tu descends bien plus la montagne que je n'ai besoin de la remonter pour atteindre tes frontières. »

C'était peut-être parce qu'il était devenu un vrai mâle, mais Iris avait été bien plus simple et entreprenant depuis qu'il était revenu changé qu'il ne l'avait été avant. C'était de sa faute, s'il manquait d'endurance.

Emilitia

Elle aurait pu lui lancer le pari du nombre de jour qu'il mettrait avant de redescendre de sa montagne, parier sur son humeur plus ouverte aux prochaines chaleur, ne pas prêter plus d'attention à cette affirmation. Emilitia sent cependant comme une conviction un peu plus profonde, comme une décision prise et mûrement réfléchie et accorde un sérieux suffisant aux paroles pour qu'elle relève ses yeux bleus vers le mâle. Son visage n'exprimait aucune émotions en particulières sans pour autant être tout à fait neutre pour autant, la demi louve partagée sans doute entre plusieurs sentiments qu'elle n'aurait pas su nommer.

« C'est assez soudain. »

Mais pas spécialement étonnant, il l'avait toujours plus ou moins averti.

« Il y a une raison particulière à cette affirmation ? »

Simple curiosité, il n'y a pas vraiment de reproche. En réalité, Emilitia se demande si cela ne tombe pas « bien » plutôt. Si elle apprécie grandement ces rencontres, il est indéniable que leur nature finirait petit à petit à changer. Un cap avait été passé et en parallèle, le monde des ombres grandissait également autour d'Emilitia, Vanitas grandissait et Illidan semblait de plus en plus prompte à éveiller certains démons plus puissants sur ce monde.

Emilitia

« Je vois. »

Elle se relève, prend le temps se s'étirer et de s'ébrouer tout de même avant de se dresser face à Iris. L'Etelkru étant encore couché, elle le domine de sa hauteur et ne baisse pour le voir, que les pupilles de ses yeux bleus. Il n'y a plus la malice habituelle, même pas la bouderie des choses qui ne lui plaise pas, une simple expression froide, presque inquisitrice.

« Alors redevient dans ton entièreté Porteur de Lumière, protège la et répands la pour la gloire de ton dieu, ainsi est ton rôle retrouvé. Mais ne vient pas te perdre à nouveau dans les ombres puisque tu te déclare à nouveau leur ennemi, cette fois-ci, elles te dévoreront pour de vrai. »

Elle se rapproche, se penche alors que la pointe blanche de ses crocs se dévoile, comme un prédateur prêt à mordre mais la demi démon vint simplement à nouveau glisser son museau contre le poitrail du mâle. C'est une dernière étreinte, elle en a consciente alors elle la prends, se frotte et remontre jusqu'à son cou et sa mâchoire.

« A notre prochaine rencontre, car indéniablement elle aura lieu, prends garde aux démons. »

Elle le mord, franchement. Si ce n'est pas une blessure qui viendra entacher sa vie de guerrier, qui le blessera suffisamment pour l'obliger à la convalescence lourde, la morsure est loin du mordillement trop violent habituel. Ce n'est pas un jeu affectif, c'est un avertissement.

« Je viendrais te prendre tout ce que je convoite, ton âme, tes yeux, ton coeur »

Qu'elle arrachera au corps, aux orbites, à la cage thoracique.
Et elle l'abandonne une dernière fois, disparaît de cette plage comme elle s'enfuit à chaque fois, dans une soudaineté aussi abrupte que la déclaration de la cessation de leurs affectueuses retrouvailles régulières.

Emilitia redevenait démon plus entière.