Voici venue la lumière † Iberis

Minuit est passé,
La petite vie veut arriver.

Elle ouvre les yeux dans la nuit noire, aux côtés de son Roi endormi. Dans le creux d'un ventre qui jamais ne su devenir remarquablement rond, vint s'ajouter à la petite vie ce qu'elle attendait comme ce qu'elle redoutait.
C'est une douleur qui monte et qui tiraille, qui remonte et qui taille, qui étrangle dans sa gueule un fond de gémissement qu'elle mue en une plainte longue. Elle se lève et se tourne, se retourne.
Du museau, pousse son Roi.

Il nous revient,
De l'Autre âme, soudain un chagrin.

La réminiscence est celui d'une petite vie qui fut morte née, des pensées qui l'engendrèrent, de ce qui l'amena à être là. Miraj porte en elle la volonté de mieux faire, promise à un avenir plus grandiose par cette âme qui n'était plus ou plutôt se mêla à elle.
Elle papillonne de ses longs cils blancs sur ses yeux qui s'embuent de larmes ; celles de tristesse tant de mal.

« Par mon Oncle..! »

Elle respire et halète, assise sur sa couche, une patte portée à ce ventre assassin. Le sang n'est point encore, ce n'est là que le début d'un travail.

Elle prit son temps.
Notre enfant...

« IBERIS ! »

C'est un glapissement d'une reine,
Demandant au Roi qu'il soulage sa peine.

Que puis-t-il faire, son Roi ?
Notre venue fut longue et douloureuse,
Tant qu'elle ne permit à l'air d'investir nos poumons et nous fit naître sans vie.
Il n'y eu ni guérisseuse,
Ni trace d'un membre d'une famille trop désunie.
Mais elle n'était point seule, puisqu'il y avait son Roi et père de cet enfant, avec elle. Dans de amples respirations, qui lui donnaient quelque peu le tournis, elle articula.

Sa patte ne quitta son ventre que pour essuyer la sueur venue perler à sa tempe, goutte inélégante qui collait les mèches non retenues de son chignon contre son front.

« Appelle-donc servantes et eau fraiche, mon Roi, et ne me laisse pas seule, surtout pas seule ! »

C'est ainsi que l'on dressait une perte : en l'étant.
Elle tourna sur elle-même, cherchant place confortable dans l'inconfort de cette situation.

C'est une promesse qui l'apaise.
Nous ne serons jamais seule.
Point comme ne le fut le parent,
Qui perdit ainsi l'enfant.
Nous ne serons jamais seule.
Il nous le promet,
Lui tant dévoué !
Prêt à devenir Père,
Quand nous nous apprêtons à être Mère.

Nous le savions...
Il ne pouvait y avoir meilleur choix que notre Roi.
Et ses yeux se ferment à son hurlement, un ordre lorsqu'elle se sent désordre.
Vinrent ! Ces serviteurs et servantes, avec eux et linges pour accoucher leur Reine.

Les contractions font pulser son ventre, son corps entier en tremble.
Elle se contracte, pour mettre un terme, expulser, découvrir.
Il est long et difficile,
De faire naître une petite vie quand on eut corps mort.
Il est long et difficile et pourtant ce n'est point un enfant sans vie, qui lui vint en un premier cri, une fois qu'elle déchire autour d'elle, elle !, la poche qui la protège et qu'elle lèche frénétiquement le sang noir qui la recouvre.
Miraj est épuisée.
Et...

« Nour, Nour, te voilà, enfin ! »

Voici venir la Lumière.