À nos démons — Maps

Les pattes trient les coquillages, écartent ceux qui sont abîmés pour les jeter plus tard, les remplace par d’autres en meilleur état. Tout, devait être parfait.
C’est une journée tranquille.

La sirène chantonne joyeusement. Il n’y a plus de réflexion dans son esprit. Plus rien, tant que ça ne concerne pas Dairo. L’échange avec Iris, ne l’avait pas dérangé, n’avait même pas dérangé l’emprise de la brume. Nirvana se réfugiait un peu plus dans l’emprise qu’avait son pouvoir, emprise froide dont pourtant elle n’en ressentait que la chaleur.
Parce que Dairo était à ses côtés.
C’est une journée tranquille.

Le museau se tourne vers l’odeur d’un enfant de Dairo. Disciple jadis partie, que Nirvana aurait tout fait pour détruire le orange qu’elle portait… mais Dairo avait rendu son verdict, lui avait laissé garder l’orange.
La prêtresse ne pouvait contester la décision de sa déesse.

« — Bonjour Maps ! »

Les yeux suivent les fleurs posés sur l’autel de la déesse, à côté des luxueux coquillages et perles que Nirvana avait déniché au fil des années dans les profondeurs. Un sourire aux babines, la prêtresse s’approcha de la statue représentant sa déesse, l’effleurant affectueusement du museau.
À la question, un frisson que la louvette cherche à cacher. Bien sûr que non. Dairo était devenue silencieuse, pour une raison mystérieuse. Nirvana ignorait même si la Renarde l’écoutait, voulait s’en persuader. Étais-ce la brume qui fragilisait son lien avec l’orange ?
Impossible.
Le regard se pose un instant sur le masque à son épaule, quand résonne les mots de la solitaire dans son esprit.
Tu ne deviendras pas plus Lumière véritable.

« — Hélas, les dieux ne peuvent pas sans cesse parler avec nous.
Mais je sais qu’elle écoute.
Cela devrait nous suffire. »

À nous simples mortels et serviteurs.

« — Comment était ton voyage chez les Nakhus ? »

As-tu trouvé la lumière que tu cherchais ?

Les mots sont étranges. Nirvana observe, sans pour autant que quoique ce soit ne se reflète dans ses yeux pâles. Emprunter des chemins, en se disant qu’il y avait toujours d’autres possibilités.
Une hésitation.
Un frisson.
Avait-elle emprunte l’unique chemin possible en renonçant à toute émotions… pour Dairo ? Pour oublier ce qu’elle ressentait, ce qui l’avait blessé ou qui pouvait la détruire ?
Est-ce que-
Une grimace qui étire ses babines, alors qu’elle ressent une douleur vive à son crâne. La brume resserrait son emprise, pour ne pas laissé place à l’hésitation. Le regard vide se repose sur Maps, un sourire venant étirer ses babines.

« — Je pense, qu’un chemin est unique.
Simplement que c’est à nous de déterminer comment nous voulons le construire.
Sans se tourner vers le passé.
Le passé est une entrave. »

Dont-il nous faut nous libérer.
Émotions, passé… à quoi bon les conserver ?

« — Comment vois-tu ton avenir, maintenant que tu es rentrée ? »

Radieux, baigné de la lumière de Dairo ?

Remercier Dairo plus souvent, cela ne devait pas être qu’une simple pensée. La Renarde méritait une dévotion complète. Nirvana scruta un moment Maps, avant de reporter son attention sur la statue.
Pardonnes le manque de foi de certains, parfois ils s’égarent.

« — Les Nakhus… j’ai parlé avec Stendhal.
Certains aspirent à une vision plus centrée sur la Corneille pour leur clan, sans autre couleurs. »

Peut-être que ce Nakhus irait au bout des choses, lui.

« — Jaimerais organiser une fête, en l’honneur de Dairo. Rassemblant ses disciples… ceux aspirant à sa couleur.
Pour que nous soyons tous réunis. »

C’était quelque chose qui lui semblait être important à la prêtresse.

Maps est la deuxième avec qui Nirvana partage cette idée. À la question, un silence qui plane. Quand, oui. Après avoir éliminé l’entité, ennemi de sa déesse ? Lors d’une pleine lune ? Le moment choisi devait être réfléchi… La Brume se fait un peu plus dense à ses pattes.

« — À l’automne. L’orange est la couleur dominante en cette saison, cela me semble adapté. D’ici là, si tu croises la route de loup qui sont intéressés par Dairo ou qui pourrait prétendre à sa couleur… invites-les. »

Nirvana ne fermerait jamais les frontières aux prétendants du glowstick oranges si ils en sont dignes. Seule Dairo était en mesure de les juger.
Aucun autre n'a à s'y opposé.
Rien ne doit se mettre en Dairo et ses disciples.