Mamie ! | ft. Sakura

Une brise de vent frais fait frissonner le petit corps bariolé de tout plein de couleur. Il manquait quelque chose ce matin, quelque chose qui tenait chaud. Par réflexe, les deux billes émeraudes s'ouvrent doucement bien qu'encore collées. Tout venait à point à qui sait attendre, sauf que Phy' se montrait déjà impatiente.

Sa tête se lève pour tenter de scruter les environs. Sa vision était encore floue, ses oreilles tombantes mollement sur sa tête, lui donnant un air idiot et mal réveillé. Il n'y avait pas la grosse masse grise habituelle qui servait de repère, qui tenait chaud, qui donnait à manger. Il n'y avait que du bleu, aussi grande qu'elle.

Alors elle se blottit un peu plus contre le corps bleuté pour ne plus avoir froid autant que possible, fixant au loin l'entrée de la tanière où se profilait une ombre.

Ses yeux turquoise s'ouvrent un peu plus à chaque pas de l'inconnu, impressionnée, intimidée aussi de voir que quelqu'un entrait alors que ses mamans n'étaient pas là. Ses tous petits crocs ridicules mais pourtant bien aiguisés se montrent avant de disparaitre aussi rapidement, reconnaissant des couleurs et des formes familières.

- Ma- mamie !!

L'enfant jappe avec sa voix encore stridente, rampant jusqu'à la louve aux milles marques de combat victorieux. Sa queue féline fouette l'air à tout va, encore bien incapable de gérer ses émotions trop fortes. Au point où en ne sachant plus trop comment bouger, elle vient juste s'écraser sur le dos, les quatre fers en l'air, toujours remuante.

Sa voix l'intéresse. Pourtant, elle a un peu de mal à comprendre. Petit machin ?

- Oui oui oui !

Ca devait être un compliment après tout, Mamie semblait avenante.

Toujours un peu gonflée et méfiante, ses yeux aux airs de topaze se rivent sur cette patte qui brillait et faisait vibrer le sol. Pourquoi mamie faisait tout ça ? Est-ce qu'elle était gentille, au final ? Phy' la fixe dans les yeux désormais, un air vicelard, rancunier même, sans décamper ses positions menaçantes.

Attrape le.

Un ordre simple que l'enfant connaissait déjà bien, ses mamans, taquines, faisaient jouer les deux chiots à chasser tout ce qui bougeait. Si la louvette avait bien envie de poursuivre cette patte remuante et répondre à "attrape". Elle contourne, reste à l'écart, son regard chasseresse s'alternant entre la bébête imaginaire et sa méchante mamie.

Des allés et retours qui se répètent, font des feintes, une enfant encore sur ses gardes. Et au moment décisif, saute très vivement sur la patte grise, frappant et fuyant immédiatement en un bond sur le côté, le tout dans les deux mêmes secondes. De retour à sa place initiale, après avoir mordu, plutôt pincé, son ennemi, Physalis revient sur le regard de sa grand-mère balafrée, prête à recommencer.

Une tape vient la faire manger le sol encore une fois, l'enfant sent le poids de la patte lourde sur son dos, gémit, hurle, tente de niaquer l'air vraisemblablement agacée et surtout vexée. Déjà si jeune et très hargneuse, elle sent ce feu l'envahir, incapable encore de gérer ses émotions.

Elle parvient à se dégager comme une petite anguille et revenir se coller à sa soeur -qui n'avait pas l'air d'avoir bronché-, vraiment en colère et humiliée. Pas de larme, pas de pleurs, mais un grondement constant et ses petites quenottes toutes blanches de sortie, ses longues oreilles encore un peu tombantes ramassées sur sa nuque. Pas deux fois !